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 Le Venezuela devrait avoir une orientation plus offensive...

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FleurOccitane
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MessageSujet: Le Venezuela devrait avoir une orientation plus offensive...   Le Venezuela devrait avoir une orientation plus offensive... EmptyMar 30 Mai à 9:11

Citation :

Eric Toussaint : « »Le Venezuela devrait avoir une orientation plus offensive sur la dette extérieure

Interviewé à l’occasion de sa dernière visite à Caracas pour le Forum social mondial, les déclarations d’Eric Toussaint sont d’autant plus d’actualité dans le contexte des annonces de remboursements anticipés de la dette vénézuélienne et la propagande relayée par le ministère des Finances sur les dividendes obtenus moyennant les opérations dérivées du rachat des bons de la dette argentine.

par Gonzalo Gomez

Dans l’entretien, nous avons abordé le sujet des politiques relatives à la dette extérieure publique que suivent des pays latino-américains comme l’Argentine et le Brésil, ainsi que le positionnement et les opérations que le gouvernement bolivarien du président Hugo Chavez adopte dans cette matière.

L’Argentine et le Brésil ont récemment effectué des paiements de sommes assez considérables (de dette) au Fonds monétaire international (FMI). Quel jugement portez-vous sur ce type d’opérations ? Parce qu’il semble, à première vue, que de cette manière ces pays cherchent à se libérer de la tutelle du FMI et que par conséquent la réalisation de tels paiements serait vécue comme un progrès.

J’ai une opinion différente sur ce sujet, parce que nous remettons directement en cause la légitimité de la dette de l’Argentine et du Brésil avec le FMI. Pour nous, cette dette n’existe pas, parce qu’elle a été contractée pour mener à leur terme des politiques désastreuses, aux conséquences néfastes sur les conditions de vie de la population. Payer de manière anticipée tout l’argent emprunté par ces pays au FMI revient à légitimer cette dette. Ceci implique, dans le cas de l’Argentine, un paiement de 9 milliards de dollars de remboursement anticipé, une quantité d’argent énorme qui aurait dû être utilisée à d’autres fins. Cet argent, qui se trouvait à la Banque centrale d’Argentine, n’avait aucune raison d’être transféré dans les coffres du FMI à Washington ; il devait être dépensé en Argentine, pour des projets sociaux, pour la création d’emplois, le développement économique, la santé, l’éducation, etc... C’est là ma première considération.

Deuxièmement, nous pourrions penser qu’il s’agit réellement d’une dépense du président Kirchner ou du président Lula pour s’affranchir de la pression du FMI, mais en réalité, ces deux présidents continuent de suivre une politique totalement conforme à la politique du FMI. Même en l’absence d’accord avec le FMI, ils poursuivent (néanmoins) la même politique. Ce n’est pas un signe de revirement vers un nouveau modèle économique mais une continuité sans le FMI. Dans leur réthorique, Lula et Kirchner affirment que c’est une manière de recouvrer la souveraineté de leur pays... mais je dirais qu’il s’agit d’une réthorique dirigée vers une opinion publique qui se positionne contre le FMI, que c’est un discours qui en réalité, malheureusement, n’a pas d’implication concrète.

Pourrais-tu nous confirmer l’information selon laquelle Adolfo Perez Esquivel (argentin, prix Nobel de la paix et lié à l’organisation internationale antidette “Jubilé Sud”) aurait porté plainte contre le gouvernement de Kirchner pour ces paiements de la dette effectués en Argentine ?

Adolfo Perez Esquivel a adopté la même position que celle que je viens d’exprimer ; en d’autres termes, il a rejeté le paiement anticipé de la dette à l’initiative de Kirchner, en disant qu’il fallait annuler totalement le paiement de cette dette. Nous avons eu, durant le Forum social mondial, un atelier sur le thème, avec la participation d’un député argentin nommé Mario Cafiero, qui a déposé plainte devant la Cour suprême de justice de l’Argentine, pour dénoncer la dette envers le FMI. En conséquence de quoi , alors qu’il y a une initiative légale pour enquêter sur cette dette envers le FMI et la dénoncer, la décision du pouvoir exécutif revient à la légitimer...c’est une intervention de l’exécutif (argentin) contre une question qui est sous la responsabilité du Pouvoir judiciaire.

Et elle découle d’une initiative des citoyens...

Oui, bien-sûr, c’est une initiative de plusieurs députés soutenus par une campagne citoyenne exigeant un audit de cette dette à l’égard du FMI.

Le président Chavez a tenu des propos dénonçant le caractère pervers de la dette extérieure dans ses interventions en Amérique latine, hors du Venezuela, et pourtant le Venezuela s’acquitte régulièrement de sa dette extérieure et a récemment déclaré (en janvier 2006) qu’il s’oriente vers un paiement anticipé d’environ 11% de cette dette (une annonce a été faite en janvier et une autre en février 2006). Je ne me rappelle pas à ce moment précis de la composition exacte de cette dette eu égard à ses créanciers ; on mentionne la CAF (Corporation andine de développement), parmi d’autres organismes (comme le FMI). Et par ailleurs, le gouvernement vénézuélien continue d’acquérir des bons de la dette extérieure de pays comme l’Argentine et a déclaré que le Venezuela était disposé à aider ainsi l’Argentine à diminuer le poids de sa dette exterieure. Que penses-tu de ces orientations ?

Je crois qu’il manque une orientation plus offensive de la part du gouvernement vénézuélien eu égard à la dette extérieure, sur la proposition d’un front uni de pays d’Amérique latine et d’ailleurs sur le thème du non paiement ou de la renégociation de la dette et de la réalisation d’audits visant à démontrer que la majeure partie de ces dettes n’ont aucune base légale. Je pense qu’il y a un manque de belligérance sur la question. Selon moi c’est inquiétant, parce que je pense que Chavez dispose de la légitimité, de la crédibilité internationale pour faire cette proposition, et ce dans une conjoncture où les pays endettés ont plus de possibilités d’imposer aux créanciers une renégociation globale. Et ce serait dommage de manquer cette opportunité qui existe de manière conjoncturelle...car plusieurs pays, et à l’évidence le Venezuela, mais également l’Argentine autant que le Bresil, ont accumulé l’année passée de grandes réserves en devises. De sorte qu’ils n’ont pas besoin de nouvelles dettes. En d’autres termes, ils sont en mesure de faire pression sur les créanciers et de ne pas accepter un chantage de ces derniers qui pourraient dire que...”si vous mettez en cause la dette, alors nous allons fermer le robinet du financement externe”, parce que par exemple, le Venezuela n’a plus besoin du financement extérieur, car le Venezuela, avec sa rente pétrolière, dispose d’immenses réserves de devises. Il pourrait rembourser ses créanciers. Bien sûr, je ne suis pas favorable au remboursement, mais le Venezuela est en mesure de ne plus avoir recours aux prêts, ce qui est une position très forte. Quand quelqu’un qui est endetté n’a plus besoin d’argent, il peut dire à ses créanciers : “Messieurs, je n’ai plus besoin d’argent” ; c’est une position de force. Je crois que le président Chavez ne le fait pas parce qu’il observe la position très timide du président Lula et de Kirchner sur le sujet et que par voie de conséquence le Venezuela ne souhaite pas adopter une position individuelle. Je pense que sans s’isoler, le Venezuela pourrait faire une proposition offensive au niveau du débat, dans la discussion sur l’agenda politique de l’Amérique latine, mais malheureusement il ne le fait pas... De sorte qu’il me paraît important que les citoyens et les citoyennes du Venezuela et d’autres pays débattent de la question, pour peut-être faire pression sur leurs gouvernements et exprimer leurs inquiétudes sur le sujet.

Croyez-vous que des gouvernements comme ceux qu’il y a actuellement en Amérique latine, y compris celui d’Evo Morales, seraient capables - le cas échéant dans quelles conditions - de lancer un front des débiteurs en Amérique latine, aux côtés du gouvernement de Chavez ?

Je suis quelque peu inquiet quant à la position que peut adopter le gouvernement d’Evo Morales sur le sujet. Il est soumis à une pression très forte au niveau international qui le pousse à ne pas dénoncer les accords internationaux et à adopter des positions très “responsables”... Mais évidemment, le peuple bolivien, lui, attend des prises de position fermes sur les accords d’investissements, sur la nationalisation des ressources naturelles, sur le paiement de la dette extérieure, etc. J’ai une opinion nuancée ; j’espère qu’Evo Morales adoptera une attitude ferme, mais en tenant compte de la pression de la “comunauté internationale”, de la finance internationale, je crois qu’il va adopter une position très timide... D’où la mobilisation autonome des mouvements sociaux et citoyens pour faire pression sur leurs gouvernements, parce que si les citoyens ne font pas pression sur leurs gouvernements, la pression qui s’exercera sur les gouvernements viendra de l’autre côté, du côté de la finance, du côté du grand capital, appelant à des arbitrages “responsables”...

Une autre question sur le cas spécifique du Venezuela. Croyez-vous qu’il bénéficie, d’un point de vue économique, y compris du point de vue du processus révolutionnaire, avec ses implications sociales, etc., des opérations de rachat de la dette, d’achat de bons à d’autres pays ? Croyez-vous que cela profite au Venezuela ?

Au niveau financier, quand le Venezuela investit de l’argent provenant de ses réserves en achats de bons argentins, cela implique que l’Argentine va payer des intérêts. Il va donc y avoir une recette et non une perte financière. Mon inquiétude se situe à un autre niveau : que le Venezuela entre alors dans le système de la dette internationale et qu’il se retrouve créancier de l’Argentine, ce qui va rendre plus compliqué pour le Venezuela d’en appeler à une renégociation avec les créanciers (de l’Amérique latine) si le Venezuela est également en position de créancier. En première instance, acheter des bons de la dette argentine apparaît comme une prise de position solidaire revenant à dire à l’Argentine : il n’est pas nécessaire que vous vous endettiez auprès de Wall Street ou de la City de Londres... vous pouvez contracter un prêt auprès de pays frères d’Amérique latine qui disposent de réserves fortes en devises parce qu’ils exportent du pétrole.. Cela peut à première vue paraître sympathique, mais cela peut avoir un effet boomerang, cela peut être quelque chose de pervers, en générant une situation dans laquelle le Venezuela se positionne comme créancier de l’Argentine et se retrouve alors affaibli dans sa démarche pour lancer une initiative des débiteurs face aux créanciers.

Oui, en plus, le Venezuela, même s’il est dans une bonne situation du point de vue macroéconomique, en termes de réserves, de niveaux de recettes...est en train de payer la dette corrompue de la IVe République [1]...

Bien-sûr !

Dette qui n’a pas été contractée pour bénéficier au peuple vénézuélien , alors qu’on est en train, disons...de contenir ou d’ajourner la satisfaction de certaines revendications ou besoins populaires ; par exemple, des augmentations de salaires plus importantes, un plus grand renforcement des missions [2], la construction d’habitations..., n’est-ce pas ?

Bien-sûr, c’est pour moi une situation scandaleuse. Cela revient à dire que le Venezuela transfère à ses créanciers une quantité énorme de ressources qui devraient être utilisées pour d’autres choses.
NOTES:

[1] [NDLR] Est appelée IVe République au Venezuela le régime de démocratie représentative de 1958 à 1999, dominé par deux partis, qui a précédé l’arrivée de Chavez au pouvoir (février 1999) et l’adoption d’une nouvelle constitution (décembre 1999) donnant naissance à la Ve République.

[2] [NDLR] Les « missions » sont les programmes sociaux d’alphabétisation, de santé et d’éducation notamment lancés par le gouvernement vénézuélien à partir de 2003.

En cas de reproduction de cet article, veuillez indiquer les informations ci-dessous:

RISAL - Réseau d'information et de solidarité avec l'Amérique latine
[url]URL: http://risal.collectifs.net/[/url]

Source : Aporrea (www.aporrea.org/) ; CADTM (www.cadtm.org/), février 2006.

Traduction : Vincent Blarasin, pour le RISAL (www.risal.collectifs.net/).

http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=1716
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