lettre ouverte au premier ministre contre le plan Villepin

bellaciao-mercredi 25 mai 2005
Sans-papiers : lettre ouverte au premier ministre contre le plan Villepin

lettre ouverte au premier ministre contre le plan Villepin Sans-papiers2

Citation :: Monsieur le Premier ministre,

Depuis de longues années, les sans-papiers se voient imposer des conditions de vie de plus en plus précaires.

Acculés au travail au noir par leur non-statut de clandestin, il leur est impossible de se loger dans des conditions décentes : le drame de l’hôtel Opéra est venu le rappeler de la manière la plus cruelle.

Leur accès aux soins est rendu plus difficile (négation de fait du statut d’étranger malade, suppression progressive de l’AME).

Les perspectives de régularisation ne cessent de s’amenuiser : alors que souvent, les sans-papiers travaillent, créent de la richesse, cotisent et paient leurs impôts, les seuls documents acceptés pour prouver la durée de leur séjour ne peuvent être obtenus qu’en situation régulière.

Lors de la pratique sur le terrain, nous constatons beaucoup de problèmes sont constatés. Le fait de se marier avec un étranger est suspecté d’être un mariage blanc. Celui qui accueille un étranger est suspecté d’être le complice d’un immigré qui veut s’installer illégalement en France. Que devient le droit d’asile, quand les procédures expéditives, qui sont déjà la norme en zone d’attente, menacent de s’étendre à plus de demandeurs encore sur la base d’une liste de pays réputés « sûrs », en négation complète du caractère individuel de la demande d’asile ? Nous constatons que le droit de vivre dignement n’existe plus quand quand toute une partie de la population est maintenue artificiellement dans l’illégalité et livrée à l’exploitation la plus éhontée. Que devient l’école lorsqu’on y arrête des mineurs étrangers pour faire pression sur leurs parents ?

La seule place accordée par le débat politique français aux sans-papiers relève de la stigmatisation pure et simple. En suspectant systématiquement les sans-papiers d’être de faux demandeurs d’asiles, de faux malades, de faux mariés et de faux parents dans une France qui serait devenue « une passoire », on ne fait que ranimer le vieux spectre de l’invasion dont on ne connaît que trop l’arrière-fond politique.

La question de l’immigration mérite mieux, Monsieur le Premier ministre, que cette stigmatisation sommaire. Alors que de nombreux rapports ont souligné le besoin en main d’œuvre étrangère, il est aujourd’hui urgent de remettre au centre du débat politique français et européen la question de la régularisation de tous les sans-papiers. Sans cautionner le mode de régularisation qui a prévalu en Espagne, force est de constater qu’au moment où le ministre Villepin estime qu’il y a en France entre 200 000 et 400 000 sans-papiers, le gouvernement espagnol en régularise plus de 600 000.

Nous souhaitons, Monsieur le Premier ministre :

-La régularisation de tous les sans-papiers
-L’arrêt des expulsions et la fermeture des centres de rétention administrative
-L’abrogation des lois Pasqua-Debré-Chevènement-Sarkozy
-Une réelle abolition de la double peine
-Un véritable droit au séjour et aux soins pour les étrangers malades
-La reconnaissance de toutes les preuves de présence obtenues dans la clandestinité
-La garantie du droit d’asile par la suppression de l’examen sommaire en zone d’attente et des délais pour les dépôts de dossier à l’OFPRA
-Le respect de la scolarité des mineurs étrangers
-La suppression des enquêtes suspectant toute une union de mariage blanc
-L’égalité des droits entre Français et étrangers

Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération.

Premiers signataires : CSP 92, CSP 77, CSP 18ème, CSP 19ème, CSP 3ème, 11ème collectif, Droits Devant, LDH, MRAP, PCF, Verts, CGT... Collectif Bellaciao

source : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=15376

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