wapasha Langue pendue
Nombre de messages : 4560 Localisation : Pays des Abers Date d'inscription : 30/04/2005
| Sujet: "Pas de compassion mais de l'action !" Lun 26 Sep à 19:33 | |
| NOUVELOBS.COM | 26.09.05 | 14:59 "Pas de compassion mais de l'action !" par Olivier Berthe, président des Restos du Cœur - Citation :
- Il y a 20 ans jour pour jour, Coluche lançait un appel à sponsoriser "une cantine gratuite". Quel est le bilan de l'action des Restos du cœur ?
- Malheureusement, vingt ans après nous devons faire face à de plus en plus de demandes, 15% de personnes en plus ces deux dernières années. Il y a plus de précarité, alors que l'on pensait qu'il y aurait une prise de conscience il y a 20 ans. Nous aidons de plus en plus de jeunes et de personnes âgées, la faute aux familles quelques fois… et à une absence de solidarité (comme lors de la canicule), cumulée à l'absence de volontarisme. Aujourd'hui, une personne sur dix vit en dessous du seuil de pauvreté. Au démarrage, les Restos consistaient en de l'aide alimentaire, aujourd'hui les aides se sont étendues, nous aidons les personnes dans leurs démarches administratives, pour leur travail… Il y a 20 ans, nous aidions les SDF, des personnes qui avaient eu un pépin dans leur vie, puis les chômeurs en fin de droits. Aujourd'hui, ce sont les jeunes de moins de 25 ans qui n'ont pas le RMI et les personnes âgées qui n'arrivent pas à tout payer, le prix de la vie a augmenté. Les personnes qui sont le plus en difficultés sont les familles monoparentales, des mère seules avec deux ou trois enfants et qui n'ont pas les moyens de les nourrir.
Vous avez déclaré qu'il n'y avait pas de quoi se réjouir…Quel est votre sentiment ?
- Tous les bénévoles ont décidé de ne pas fêter ces vingt ans et aujourd'hui nous sommes un peu amers, notre rôle est loin d'avoir diminué et devient de plus en plus crucial. Tous les jours de l'hiver, ce sont 130.000 personnes à qui nous servons des repas. Notre but est de rapetisser, nous ne sommes pas une entreprise mais une association qui aide des personnes qui ont des "accidents" de la vie. Nous ne voulons pas nous réjouir et préférons que les décisions politiques soient prises par ceux qui en ont les moyens. Les jeunes sont dans la rue, on ne peut que crier notre colère tout en aidant d'abord. Nous agissons puis nous dénonçons.
Comment envisagez-vous l'avenir alors que l'association distribue 67 millions de repas contre 8 il y a vingt ans, et que le PEAD (Plan européen d'aide aux plus démunis) doit baisser ?
- Nous sommes très inquiets alors que les demandes ne cessent d'augmenter sur ces deux dernières années. L'initiative de Coluche, il y a vingt ans, de faire ouvrir les frigos était pleine de bons sens: donner au lieu de stocker. Depuis, Bruxelles donne aux associations. Le problème est qu'il y a dix nouveaux pays dans l'Europe et que les aides ne sont pas recalculées à l'ensemble de cette proportion. Il faut augmenter l'enveloppe, il serait aberrant d'en faire autrement. Le gouvernement français nous a écoutés, il doit maintenant jouer son rôle. Monsieur De Villepin est intervenu personnellement et le maire de Paris nous soutient également sur les dossiers locaux mais sans trouver de solutions. C'est important d'être écoutés mais il faut aller au-delà et être têtus, obstinés, pugnaces, ne pas faire preuve de compassion mais d'action ! Nous avons également d'autres menaces: nous avons beaucoup de mal à trouver des locaux. Il y a une pénurie de locaux dans les grandes villes. Nous ne voulons pas être loin des gens pour les aider. Concrètement, on se bat auprès des élus mais ils ne trouvent pas encore de solutions. Il faut qu'il y a ait une volonté des politiques. A Paris Rambuteau, nous avons fermé un centre, des milliers de familles se retrouvent sans aides, il faut poursuivre l'effort. A Lille, nous avons un entrepôt qui a été endommagé par les orages de cet été et nous devons en louer d'autres à des prix prohibitifs. Les 20.000 bénéficiaires nous attendent à partir du 5 décembre, date à laquelle nous redémarrons notre saison hivernale, la plus grosse activité. Mais tout l'année, nous distribuons des aides alimentaires et menons des actions pour les personnes les plus démunies, qui n'ont aucune ressource. Il faut que l'opinion publique se mobilise pour faire entendre ce message. Les politiques sont sensibles à l'opinion publique, ils entendent les gens dans la rue et ne restent pas sourds à leurs actions. Ce sont à eux de trouver des solutions pérennes et durables, l'association n'est là que pour "adoucir" le sort aux pépins de la vie…
Propos recueillis par Christine Gomez (le lundi 26 septembre) source : http://permanent.nouvelobs.com/social/20050926.OBS0254.html @+ | |
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