Marketing éthique ou mort du marketing ?

altermonde.levillage- mercredi 3 août 2005, Anonyme XXI
Marketing éthique ou mort du marketing ?

Le marketing consiste à étudier les comportements des consommateurs pour mieux les manipuler ensuite et les pousser à "passer à l’acte" de consommation, même s’ils sont déjà surendettés.
Cette activité est donc nuisible. Nuisible pour les humains et pour l’environnement. Elle est contraire à l’éthique, et comme la plupart des activités perverses, elle ne tardera pas à se parer du mot qu’elle assassine : nous pourrions voir apparaître prochainement un "marketing éthique".

Citation :

"Marketing éthique" : les linguistes parleraient d’un euphémisme ou d’un oxymore.

Une formulation qui inclut ce qui est nié, pour nous faire croire que ce qui est nié ne l’est pas. Le marketing n’étant pas éthique, le marketing éthique le devient. Simple manipulation linguistique qui coûte moins cher que de transformer la réalité. Un cache-misère en somme.

Le marketing est l’étude préalable à tout slogan publicitaire, qui vient pourrir la relation entre producteur et consommateur, entre responsable politique et citoyen-ne...

Nous connaissons déjà quelques exemples de ces formulations mensongères :
- le "développement durable" : aucun développement ne peut durer indéfiniment ; après un développement vient une période de repli ;
- la "chimie verte" : la chimie est toujours une activité polluante, même si on se contente de manipuler des produits à base de plantes ;
- les "frappes chirurgicales" : sans commentaire ;
- le nucléaire, énergie "propre" : allons tous à Bure;
- la "télé-réalité" : Jean-Pierre Foucault, philosophe à ses heures mais simple homonyme du philosophe Michel Foucault, voudrait nous faire croire que ce qui est montré dans la télé-poubelle, c’est la réalité. A d’autres, Jean-Pierre, tu nous prends pour des cons ou quoi ?
- "positive generation" de Wanadoo ou "avec Carrefour je positive" : et si je suis dépressif, ai-je encore le droit de déprimer ? Et si je suis ronchon, ai-je encore le droit de ronchonner. Il FAUT être positif : attitude totalitaire qui n’est évidemment pas positive ;
- "parce que vous le valez bien" de L’Oréal : quel réconfort pour moi, pauvre cloche qui ne vaut rien (qui ne m’accorde pas de valeur), d’apprendre que je vaux quelque chose, et que je vaux bien de m’acheter un produit qui coûte les yeux de la tête, dont l’utilité est contestable, et qui pourrait être remplacé par un produit naturel beaucoup moins cher : vous pouvez trouver des recettes de cosmétiques à faire soi-même, pour femmes et pour hommes, entre autres sur :
- Ekopedia, rubrique "Hygiène du corps" et "Soins du corps"
- Nima’Sadi

La place exagérée occupée par la publicité nous renvoie à une vieille affaire, vers l’an 700 : la querelle des iconoclastes et iconodules (par exemple, lire cet article). Il était question à l’époque d’images religieuses ; aujourd’hui il est question de produits de consommation. Dans les deux cas, il s’agit de propagande.

Qu’est-ce que la propagande ?
Définition Wikipedia
Définition du réseau Voltaire : "Les moyens mis en œuvre par les agences gouvernementales pour exercer une influence idéologique sur les individus".

Ce mot est d’origine religieuse, à l’origine "propager le christianisme", et a pris sa connotation péjorative au XXème siècle.

En matière de consommation des "fruits du monde", ce que produit la Terre, il y a un axe éthique fondamental, et peut-être suffisant : ne pas vivre que dans le présent de l’acte de consommation... mais respecter les ancêtres (les mondes passés), et respecter les enfants (les mondes futurs).

Nous héritons la Terre de nos ancêtre ET nous l’empruntons à nos enfants. Rétablir l’axe du temps, la durée, la longue durée, est la condition sine qua non de l’éthique et du respect.

L’irrespect est l’enfant terrible de l’instant, celui durant lequel on oublie toute conscience pour jouir de l’artifice.

En revanche, jouir du naturel a lieu aussi dans l’instant, mais cet instant nous rattache au passé et à l’avenir.

Alors que le "jouir consommatoire artificiel" nous détache du passé et du futur, nous donnant l’illusion que tout tient là, dans cette jouissance, et que le monde peut bien s’écrouler...

Donc, le temps est une dimension à transformer dans les consciences pour que le marketing change, et avec lui, toute l’optique de production.

L’avenir du marketing, c’est cet forme éthique. Mais appelerons-nous encore cette activité "marketing" ? C’est comme si nous appelions encore la communication "propagande".

Ceux qui voudront se "démarquer" devront travailler à cette approche nouvelle, qui les obligera à une reconsidération douloureuse de leur métier, car il est impossible d’imaginer de faire du marketing "éthique" avec les méthodes d’aujourd’hui !

De la même façon, nous attendons une forme nouvelle d’entreprise, qui ne soit pas gouvernée par les actionnaires. Un éco-village est déjà cette forme d’entreprise, dans laquelle l’argent se résume à sa valeur d’usage, incapable de participer à une spéculation, ou à un taux d’intérêt. Une forme d’entreprise qui respecte chacun, dans ses différences. Une forme d’entreprise qui refuse la violence, le pouvoir ou l’expertise concentrée sur quelques individus. Une forme d’entreprise qui refuse le machisme, le sexisme, l’âgisme, le racisme... Une entreprise éthique.

Mais appelerons-nous encore cette forme d’organisation sociale "entreprise" ?

Anonyme XXI

source : http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=2050

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