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 Militaire rime avec nucléaire

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FleurOccitane
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Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Militaire rime avec nucléaire   Militaire rime avec nucléaire EmptyDim 12 Mar à 1:35

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Militaire rime avec nucléaire

APRÈS LES ÉTATS-UNIS (Hiroshima et Nagasaki) et l'URSS, ce fut la France qui se dota de l'arme atomique. Un militaire, le général de Gaulle, donna pour mandat au Commissariat à l'énergie atomique (CEA), créé à cet effet en 1946, de fournir du plutonium pour alimenter le futur arsenal nucléaire français. Ce qui fut fait à partir des installations de Marcoule, dans le Gard. C'est seulement lors de la mise en activité des lieux de production militaire que l'on envisagea de fournir de l'énergie à usage civil. Cette découverte entraîna le développement exponentiel de la filière énergétique nucléaire.
Le programme militaire français était ambitieux, puisqu'il s'agissait pour de Gaulle d'assurer l'indépendance militaire des blocs de l'Otan et de Varsovie, tout en maintenant l'armée française à la pointe de la dissuasion nucléaire, face aux deux super grands, les États-Unis et l'URSS. Stratégiquement, la question est donc d'importance pour les militaires, la place politique de la France en Europe et au Conseil de sécurité de l'ONU était en jeu.
Les premiers essais nucléaires des militaires français débutent dans les années 60 en Algérie colonisée. Ils se poursuivront en Polynésie « française ». L'empire colonial, occupé par l'armée française, fut donc déterminant dans les essais, outre qu'il donna aussi des minerais d'uranium (Madagascar). Ces essais entraînèrent notamment l'irradiation de personnel militaire et de civils; les procès actuels des vétérans nous le rappellent opportunément: la finalité de l'armée est de tuer, de sacrifier au nom de la patrie. Ce qui fut fait.
Pierre Messmer, ministre de la Défense nationale jusqu'en 1966, a déclaré cyniquement en décembre 2004 au cours d'une émission télévisée consacrée aux « irradiés de la République »: « Nous sommes fiers d'avoir Durant les premières années du nucléaire en France, la finalité guerrière imposait aux chercheurs français de passer sous les fourches caudines des militaires. Ainsi, à la fin des années 40 et le début des années 50, lorsque des scientifiques français comme Jolliot-Curie, firent part publiquement de leur opposition à l'usage des bombes atomiques, le CEA fut purgé de ses éléments indésirables, pacifistes, considérés comme communistes. Puis le recrutement de personnel par la Direction des affaires militaires pesa lourd sur les personnels civils du CEA. Plus tard, la construction de l'usine de Pierrelatte, dans la vallée du Rhône, fut financée par des budgets civils et militaires. Comme Marcoule.
En fait, jusqu'à aujourd'hui, l'armée française a souvent contrôlé les finalités des recherches et le recrutement du personnel, les budgets, les usines de productions. Le 24 juillet 2003, le gouvernement classe « secret défense » un certain nombre d'activités et d'informations bées au nucléaire civil. Le décret du 8 septembre 2003 définit que le secrétaire d'un comité interministériel de gestion de crise en cas d'accident nucléaire serait le secrétaire de la Défense nationale. Même le projet ITER, colossal projet de recherche international, offrira des débouchés aux militaires par la production de tritium (nécessaire à la fabrication et au renouvellement des bombes) et les techniques utilisées. Quant au Laser Mégajoule, près de Bordeaux, il s'agit ni plus ni moins de continuer les essais militaires qui n'ont plus lieu en Polynésie.

Sous le civil se cache le militaire

Pour fabriquer une bombe, il faut des matières spéciales: de l'uranium enrichi, du plutonium et du tritium pour les bombes les plus sophistiquées (Bombes H ou thermonucléaires). Ces trois éléments sont à la base de l'industrie nucléaire civile. Donc, tout État accédant à la production d'énergie à partir du nucléaire est en capacité d'accéder à des armes nucléaires. Pour les États les plus pauvres, l'enrichissement de l'uranium n'est même pas nécessaire pour faire des dégâts. Il faut se rappeler que des armes. à uranium appauvri ont servi dans le Golfe en 1991, puis au Kosovo, en Afghanistan, etc. Et les trafics en tout genre peuvent permettre de faire des « bombes sales » (par opposition à... bombe propre?) à partir de déchets radioactifs.
La production massive d'énergie électrique à .partir de l'énergie nucléaire a inversé la situation. Au départ, il fallait produire du plutonium pour alimenter les bombes; aujourd'hui, le plutonium est tellement abondant, que les militaires n'ont plus à le produire exprès. La menace de prolifération est sérieuse, le stock actuel de plutonium est évalué à 1000 tonnes environ; six kilos de cette matière sont nécessaires pour réaliser une bombe « artisanale » '... Et ce n'est pas l'échec du récent sommet du Traité de non-prolifération (TNP) de NewYork (mai-juin 2005). qui peut rendre optimiste.

Et aujourd'hui?

80 % des armes nucléaires françaises sont installées sur quatre sous-marins basés à Brest; le reste est aéroporté, à Istres (Bouches-duRhône). L'entretien des 348 armes nucléaires françaises représentent 20 % du budget de la Défense, ce qui est énorme; c'est quasiment la même chose qu'à l'époque du général de Gaulle, alors que le contexte international a changé du tout au tout (fin de la guerre froide, fin des blocs, etc.).
Il y a un conservatisme des milieux militaires français qui ne changent rien dans la stratégie de défense. Il faut dire aussi que pour. le système industriel français, c'est un marché considérable: des avions, des sous-marins, ce sont des emplois, des entreprises colossales, le Commissariat à l'énergie atomique, des infrastructures portuaires, etc. Tout cela est commun au ministère de la Défense et à l'industrie civile. Si la France renonçait à l'armement nucléaire, c'est tout un pan de l'industrie qui en pâtirait, et aussi l'industrie nucléaire civile. C'est aussi pour cela qu'il y a une vraie difficulté pour les opposants, car cela représente des aspects énormes: financiers, économiques, politiques et de prestige également.
Bruno Barrillot, dans son livre le Complexe nucléaire 2, écrit: « Quand on parle de complexe nucléaire, il faut se rendre compte que ça concerne non seulement l'arme nucléaire mais aussi l'ensemble de l'industrie, de la recherche nucléaire, et donc c'est tout ce milieu qui, en France en particulier, structure la société politique, industrielle et militaire. Le Complexe, c'est des personnes, des capitaux énormes, des structures industrielles et la majorité du système militaire sur lequel repose en partie la défense de la France. »
À cause de ces liens structurels qui restent indissociables aujourd'hui, la critique des activités nucléaires civiles ne peut se passer d'une mise en évidence de la responsabilité des militaires. C'est d'abord pour répondre aux besoins des militaires que l'on a structuré la filière énergétique civile. Dans le même temps, parler de l'armée sans évoquer sa responsabilité dans la construction de l'arsenal nucléaire, c'est la dédouaner de son implication dans la construction des armes de destruction massive. L'armée est coupable de préméditer légalement des crimes contre l'humanité. L'armée, de par ses coûts, ses finalités, ses implications dans le nucléaire civil et guerrier... reste l'ennemie du progrès social et humain.

Daniel groupe Gard-Vaucluse de la Fédération anarchiste

1. La Filière nucléaire du plutonium, Jean-Pierre Morichaud, éditions Yves Michel.
2.Le Complexe nucléaire, des liens entre l'atome civil et l'atome militaire, de Bruno Barrillot, coédition Réseau Sortir du nudéaire.

Le Monde libertaire #1425 du 9 au 15 février 2006

Mis en ligne par libertad, le Vendredi 17 Février 2006, 22:09 dans la rubrique "Ecologie".

http://endehors.org/news/9647.shtml
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