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 Clearstream : La roche tarpéienne

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FleurOccitane
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MessageSujet: Clearstream : La roche tarpéienne   Clearstream : La roche tarpéienne EmptyMer 12 Juil à 21:40

Citation :

Clearstream : La roche tarpéienne
de Denis Sieffert

Tout y est. Des ventes d’armes, des pots-de-vin, une société financière accusée de laver de l’argent sale, le financement occulte de partis politiques, des listings venus de nulle part, un général en retraite, des agents des services de renseignements, des hommes d’affaires, des ministres, et même le premier d’entre eux, sans oublier, bien sûr, l’indispensable corbeau sans lequel une affaire n’est jamais vraiment une affaire. Et, pour tenter de voir clair dans cet imbroglio, deux petits juges (les juges sont toujours « petits » face aux puissants) qui ne s’en laissent pas conter. Tous les ingrédients d’une intrigue politico-policière, avec pour l’heure un seul cadavre, et qui date un peu : celui d’un capitaine taïwanais dont le corps aété retrouvé en 1993 flottant en mer de Chine. Un seul cadavre, mais les morts politiques, dit-on, pourraient suivre. Et comme il se trouve que deux des personnages principaux de l’intrigue, l’un dans le rôle de la victime, l’autre dans celui du suspect, appartiennent au même gouvernement de la République, et, de surcroît, sont rivaux dans la conquête au Graal présidentiel pour 2007, il n’est pas exagéré de parler d’affaire d’État.

L’histoire remonte à 1988, en un temps oùla plupart des Français ignoraient jusqu’au nom de Dominique de Villepin, et regardaient le jeune et chevelu Sarkozy comme un Rastignac mal dégrossi. La République était encore mitterrandienne, et riche elle aussi en intrigues. Le groupe français Thomson souhaite alors obtenir l’autorisation de vendre six frégates à Taïwan pour la coquette somme de 14 milliards de francs (2,3 milliards d’euros). Soucieux de ne pas fâcher la Chine, le ministre desAffaires étrangères, Roland Dumas, oppose son veto. Se met alors en branle un réseau d’influence où l’on retrouve quelques éminences grises du groupe Elf, qui se font fort de faire fléchir le ministre ou directement Pékin. Et apparemment non sans efficacité, puisqu’en août 1991 le contrat de vente des frégates est finalement signé. Mais on apprend peu après que la transaction a donné lieu à d’importants pots-de-vin versés à des intermédiaires, hommes politiques, businessmen, militaires, tant en France qu’en Chine. Au printemps 2004, un dénonciateur anonyme ­ le corbeau ­ fournit au juge Van Ruymbeke, en charge de l’affaire des frégates, un listing où figurent les noms de personnalités qui auraient bénéficié des fameuses commissions et les auraient versées sur des comptes d’une société financière basée à Luxembourg, à la réputation sulfureuse, Clearstream. Officiellement, celle-ci est l’intermédiaire d’institutions financières du monde entier qui échangent des sommes faramineuses, mais cela dans une opacité totale, courageusement dénoncée par le journaliste Denis Robert (1).

L’affaire prend une autre tournure lorsqu’en novembre 2004 Nicolas Sarkozy reproche à Dominique de Villepin de dissimuler à la justice les conclusions d’une enquête de la DST qui l’innocenteraient. Unmois plus tard, le juge Van Ruymbeke démontre que les accusations du corbeau relèvent de la manipulation. Et Nicolas Sarkozy se constitue partie civile. La chasse au corbeau commence. Qui donc a glissé le nom de Sarkozy, au milieu d’autres placés là pour faire diversion, sur le listing de Clearstream ? Perquisitions dans le bureau d’un informaticien d’EADS, la maison mère d’Airbus, puis chez le général Rondot, chargé de la coordination du renseignement au ministère de la Défense, puis chez Jean-Louis Gergolin, vice-président d’EADS et proche de Villepin, puis au ministère de la Défense... Et demain peut-être, demain sûrement, à Matignon...

Questions : Dominique de Villepin a-t-il ordonné au général Rondot d’enquêter sur Nicolas Sarkozy ? Oui, selon le Monde (2), qui s’appuie sur une note manuscrite du général. Non, selon le général, dans le Figaro de mardi. Le nom de Sarkozy a-t-il été évoqué au cours d’une réunion dans le bureau de Villepin, en janvier 2004 ? Non, selon Villepin, mardi sur Europe 1 ; oui, selon Rondot, le même jour dans le Figaro... Posons la question crûment : le Premier ministre a-t-il monté ce coup très tordu pour éliminer son rival ; ou bien a-t-il pris en marche la machination conçue par un autre, et tenté de l’exploiter ­ mais quel autre ? Ou bien est-il victime, comme il le prétend, d’un lynchage médiatique ? Nous en sommes là. Quant à Nicolas Sarkozy, toujours romantique, il aurait commenté : « Celui qui a fait ça finira à un croc de boucher. » Nul ne saurait prédire les suites de l’enquête. Mais les dégâts politiques sont déjà considérables.

Après la crise du CPE et cette affaire Clearstream, voilà Dominique de Villepin à 20 % dans les sondages, lui qui côtoyait les cimes il y a encore trois mois. Décidément, la roche Tarpéienne n’est pas loin non plus de Matignon... LePremier ministre ne tiendrait-il plus qu’en l’absence de solution de remplacement ? Dans le camp chiraquien, les fidèles se font rares. Mais, au-delà de ses méandres, l’affaire met surtout en évidence deux impasses de la démocratie : un système financier opaque, propice à toutes les machinations, et dans notre République une institution présidentielle qui concentre tant de pouvoirs qu’elle finit par rendre fou.

(1) Lire sur le sujet Révélation$ et la Boîte noire (éditions des Arènes).

(2) Édition datée du 29 avril.

Voir aussi le bloc-notes de Bernard Langlois, pp. 30 et 31.

http://www.politis.fr/article1677.html

De : Denis Sieffert
jeudi 18 mai 2006

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=28022
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