Biométrie ou le développement quotidien de la police

Citation :: Biométrie ou le développement quotidien de la police technologique.

Qu’est ce que la biométrie ?
Les appareils à reconnaissance biométrique permettent d’identifier des personnes sur la base de caractéristiques physiques individuelles, comme l’empreinte digitale, l’iris, la forme de la main, du visage, etc... Leur développement récent était jusqu’alors freiné par le coût très élevé du matériel, qui devient à présent abordable.

Pourquoi la biométrie se développe-t-elle ?
De nombreuses sociétés trouvent dans cette technologie un moyen de sécuriser efficacement leurs secrets et leurs accès, en évitant les problèmes liés aux mots de passe et autres indentifiants. Cependant cela ne va pas sans soulever des problèmes éthiques. Mais quel rapport avec le domaine scolaire public ?

A l’école ?
L’utilisation de la biométrie dans les écoles pour l’accès - pour l’instant - au self, a été un phénomène de mode assez important cette année. Cependant quelque chose cloche... Le discours des sociétés qui développent des systèmes biométriques évoque presque uniquement une sécurité renforcée et la disparition des problèmes liés aux mots de passe... Le self du collège doit-il être sécurisé ? Y a-t-il des problèmes d’effraction ? Le lien entre ces systèmes de haute sécurité et l’accès d’enfants et d’adolescents à la cantine n’est pas évident.

Pourtant, nombre d’administrations ont jugé cela utile, voire essentiel, étant donné l’empressement peu respectueux de la loi dont elles on fait preuve. Pourquoi ? « Le système de carte est onéreux » Les élèves payent 5 euros à chaque carte perdue... Une carte magnétique est-elle donc si chère à fabriquer ? Rappelons que la machine biométrique a coûté 3500 euros, à ce -prix, on doit ajouter le prix d’entretien de la machine, notamment pour l’hygiène.

Alors... La biométrie au self, quel avantage concret ? Une économie - peu crédible - pour l’intendance du lycée, et puis surtout un lycée moderne, qui peut se vanter d’être à la pointe de la technologie... Voilà c’est pas grand-chose, mais bon ça gène personne, et puis c’est sympa, alors pourquoi pas ? S’il n’y a pas de véritable avantage bien convainquant, il y a des griefs.

Pourquoi nous opposons-nous à ce système ?

- Nous voulons préserver nos libertés fondamentales. L’utilisation abusive de ce type de système pose un lourd problème d’éthique et met en danger les libertés fondamentales. Elle s’inscrit dans une logique sécuritaire tentaculaire qui chercher à infiltrer le public par tous les moyens. La mise en oeuvre dans les cantines est particulièrement vicieuse : sous ses allures innocentes, elle habitue les enfants dès leur plus jeune âge à des contrôles inutiles, divers et systématiques, alors que la vocation d’un établissement scolaire public est de développer la réflexion et l’esprit critique des élèves, futurs citoyens, de les éduquer à l’autonomie, à la responsabilité. Pour un simple gadget, nous permettons la mise en place d’un fichage systématique et inutile qui peut s’étendre à volonté, et alors devenir dangereux.

- C’est le premier pas vers cette sécurisation systématique et oppressante. Si le self collège est géré par biométrie, alors pourquoi pas au lycée, finalement ? Et puis après un ou deux ans, pourquoi rester à la traîne, alors que les technologies fleurissent ? Un système biométrique à l’entrée du lycée, voire de chaque salle, résoudrait tous les problèmes de carnets, d’emplois du temps et autres, et permettrait à nouveau quelques économies (pas de pions à l’entrée, de carnets à imprimer...), après tout... Ce serait bien pratique ! Mais cela veut aussi dire que quelque part sera enregistré qu’à telle heure, tel élève était à tel endroit et à a fait telle chose, et ainsi la journée de chacun sera fichée, archivée. La puissance de ce type de base d’informations peut-être gigantesque, et c’est pour s’opposer à cette logique de société de surveillance que nous nous opposons à une application inutile et disproportionnée de ses outils.

- Nous nous opposons à l’offre de la part des lycées au privé, sous la pression intéressée de certains lobbies de l’électronique (Gixel...), un marché lucratif de plusieurs milliers d’euros financé par les contribuables c’est-à-dire les parents et les personnels.
C’est pourquoi nous appelons à un rassemblement le 24 mai à 11 heures devant Maurice Ravel afin de protester contre l’installation d’une machine biométrique au self collège.

De : CAL Ravel
mercredi 17 mai 2006

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