FleurOccitane Rang: Administrateur
Nombre de messages : 5959 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/04/2005
| Sujet: Mobilisations dans toute le Mexique après la répression ... Mer 12 Juil à 19:10 | |
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MOBILISATIONS DANS TOUT LE MEXIQUE, APRÈS LA RÉPRESSION À ATENCO
Les adhérents et adhérentes à la Otra Campaña impulsent une série de mobilisations à travers le Mexique, dans le but de libérer les près de 240 prisonniers politiques.
Le vendredi 5 mai, soit un jour après la terrible répression orchestrée par la police mexicaine dans le village de San Salvador Atenco - situé à moins d’une heure de la capitale, Mexico -, près de 5000 personnes manifestaient contre la répression, pour la liberté de tous les prisonniers politiques capturés la journée passée, plus ou moins 240, et pour la réapparition de la quarantaine de personnes disparues lors de cette même journée.
En effet, le jeudi 4 mai, la police mexicaine (police fédéral, locale et de l’Etat) entrait avec 3000 de ces membres pour procéder au "nettoyage" d’Atenco. L’objectif officiel, libérer les 11 policiers capturés le jour antérieur lors des affrontements entre habitants d’Atenco et police de Texcoco et de l’Etat de Mexico (un des 32 Etats du Mexique). Ces affrontements se produisirent suite à l’expulsion d’un groupe de fleuristes de la ville de Texcoco (située à quelques kilomètres de San Salvador Atenco) de leur lieu de travail, la place du centre-ville.
Mais, au-delà, la police, dirigée par le directeur de la PFP (Police fédérale préventive) et suivie de près par le gouverneur de l’Etat de Mexico, venue à Texcoco, cherchait à éradiquer le FPDT, Front des villages en défense de la terre, de San Salvador Atenco, dont les membres avaient largement participé aux affrontements, et ses sympathisants et sympathisantes qui étaient venus dans la nuit soutenir les habitants d’Atenco, en préparant la résistance.
Vers 6 h 30, la police entra dans le village. En l’espace d’une heure, elle gagne l’ensemble du village et pousse les personnes résistant à l’avancée (avec bâtons, pierres et cocktails Molotov) à se cacher dans les maisons. Commence alors une chasse aux sorcières terrible où les policiers, sans aucun ordre d’appréhension ni recours juridique, extrairont plus de 130 personnes des maisons, en frappant nombre d’entre elles. Parmi elles, des personnes âgées pouvant à peine marcher et des enfants.
La marche qui partit le lendemain, de Chapingo à Atenco, fut organisée par des adhérents et d’adhérentes à la Otra Campaña. Parmi les un peu plus de 5000 manifestants répétant "Nous sommes tous Atenco" ou "Vous n’êtes pas seuls", s’adressant aux prisonniers politiques, se trouvait le sous-commandant Marcos, représentant l’EZLN. A la fin de la manifestation, il prit la parole et dénonça le rôle qu’avaient joué les médias.
"Hier (le 4 mai), nous avons été témoins d’une véritable campagne de mensonges et de lynchage contre le Front des villages en défense de la terre et le peuple de San Salvador Atenco. En manipulant les images, les photos et paroles, les médias se mettent au service du mensonge", affirma le "Délégué Zéro" de la Otra Campaña, en référence à l’attitude des grands médias, "les médias d’en haut", qui entonnaient tous ensemble, avec les grands leaders politiques du pays, que ces délinquants n’ont eu que ce qu’ils méritaient. Par la suite, il précisa que l’appui donné par le FPDT aux fleuristes menacés d’expulsion était un reflet de ce qu’est la Otra Campaña : "Les compañeros du FPDT sont adhérents à la Otra Campaña et comme tels accomplissent notre parole, qui dit que nous devons nous aider.
Les compañeros de Texcoco demandèrent de l’aide parce qu’ils allaient les expulser. Ces compañeros demandèrent à dialoguer avec le maire de Texcoco, du PRD, ce droit leur fut refusé et ils furent menacés d’expulsion."
Enfin, il informa qu’il allait rester à Mexico jusqu’à ce que les prisonniers politiques soient libérés et qu’il allait se joindre aux actions qui se feront pour leur libération, la réapparition des personnes disparues les 3 et 4 mai et l’annulation des ordres d’appréhension contre les personnes ayant participé aux actions des 3 et 4 mai près d’Atenco.
Il promit aussi de donner une conférence de presse (chose qu’il n’a jamais faite depuis sa sortie, le 1er janvier) aux journalistes qui apporteraient des balles que portaient la policiers lors des affrontements du 3 mai. Car l’autopsie de l’adolescent de quatorze ans tué le 3 mai montre que sa mort n’est pas due à l’explosion d’une grenade lacrymogène (première hypothèse soutenue) mais à un tir d’un pistolet de calibre 38, en pleine poitrine. Ce calibre est de ceux qu’utilisent les policiers de l’Etat.
Le gouverneur de l’Etat de Mexico nie toujours la possibilité que ce soit un policier de l’Etat qui ait commis le meurtre, car la loi n’autorise pas ces policiers à porter des armes à feu dans ce genre de situation. De son côté, la police fédérale rejette aussi toute responsabilité, affirmant par la voix de celui qui planifia et mena l’attaque contre Atenco, Roberto Madrid, qu’ils n’utilisent pas ce genre d’arme.
A cette marche se sont ajoutées d’autres manifestations, barrages de routes et prises de places publiques dans quelque 25 villes du Mexique. La très grande majorité de ces mobilisations avaient été convoquées par les adhérents et adhérentes à la "Otra".
Le jour suivant, le samedi 6 mai, un peu plus de 300 membres de la Otra Campaña de tout le pays se réunissaient à Atenco afin de voir quelles avaient été les actions réalisées la journée passée et envisager les futures mobilisations.
Cette assemblée adopta le programme suivant :
Dimanche 7 mai : journée nationale d’information sur la répression à Atenco et ses conséquences.
Lundi 8 mai : bloquage de la route Mexico-Morelos et réunion à la faculté de sciences de l’UNAM (Université nationale autonome du Mexique) pour élaborer des bulletins d’informations.
Mardi 9 mai : journée nationale d’information sur la répression à Atenco et la situation des prisonniers politiques et des disparus. Mercredi 10 mai : arrêt national des activités des universités mexicaines en soutien aux prisonniers politiques.
Jeudi 11 mai : bloquages de routes au niveau national.
Vendredi 12 mai : marche du secrétariat de gouvernement (que l’on peut rapprocher de Matignon) à Los Pinos (résidence du président Fox).
Samedi 13 mai : assemblée nationale contre la répression. Elle se déroulera à partir de 12 heures à Atenco et élargira la participation aux non-adhérents à la Otra Campaña.
Lundi 15 mai : manifestation prévue avec la CNTE, Centrale unitaire des travailleurs de l’éducation. Les familles des prisonniers politiques et de disparus prendront la tête de la manifestation.
Vendredi 19 mai : marche de Toluca à Almoloyita (lieu ou se trouvent la plupart des prisonniers politiques).
Il s’est aussi décidé, lors de cette assemblée, d’ouvrir toutes les actions aux personnes n’étant pas adhérentes à la Otra Campaña. Ainsi que d’installer un campement permanent à côté de la prison d’Almoloyita où sont présents la majorité des prisonniers politiques.
Ce même jour, le 6 mai, se réunissait aussi le CNI, Congrès national indigène, qui prit la décision d’apporter son soutien dans la lutte pour la libération des prisonniers politiques d’Atenco.
Les actions exigeant la libération des prisonniers politiques et la réapparition des personnes disparues dépassent les frontières mexicaines. A travers toute l’Amérique et l’Europe, s’organisent des protestations qui visent principalement les ambassades mexicaines.
Concernant les blessés, une dizaine d’entre eux sont à l’hôpital, dont quatre menottés et près de cinquante autres, emprisonnés, ont des lésions graves et nécessitent des soins médicaux important (selon la commission de droits humains de l’Etat de Mexico). Un grand nombre de prisonniers politiques ont souffert des violences policières et, les visites autorisées restant, pour l’instant, réduites, il est difficile de savoir combien de personnes ont subi les coups de policiers. Combien de femmes ont été violées (plusieurs cas de violences sexuelles ont déjà été identifiés, allant jusqu’au viol). Plusieurs organisations de droits humains dénoncent cette situation, en affirmant que cela va contre la Constitution mexicaine.
Quant à Ignacio del Valle, leader du FPDT, il est accusé d’avoir séquestré deux fonctionnaires de Texcoco, entre février et avril, dans le cadre de la lutte contre l’expulsion des fleuristes de leur lieu de travail. La peine pourrait aller jusqu’à cent ans de prison.
Franck Zapatiste, depuis Mexico-DF.
(après quelques corrections par le subcorrector pour le CSPCL)
De : Franck Zapatiste mardi 16 mai 2006
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=27931 | |
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