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 Vous n’êtes pas seuls, unissez-vous et aucune armée au monde

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FleurOccitane
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MessageSujet: Vous n’êtes pas seuls, unissez-vous et aucune armée au monde   Vous n’êtes pas seuls, unissez-vous et aucune armée au monde EmptyLun 22 Mai à 9:18

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Vous n’êtes pas seuls, unissez-vous et aucune armée au monde ne pourra nous arrêter

Vous n’êtes pas seuls, unissez-vous et aucune armée au monde Marcos2

Marcos passe-montagnes

de Babette STERN

Le porte-parole de l’Armée zapatiste de libération nationale a quitté le Chiapas pour se lancer dans un inventaire des inégalités au Mexique, semant des graines de désobéissance civile dans tout le pays à deux mois de la présidentielle. Son cortège arrive à México pour le 1er mai.

"Vous n’êtes pas seuls, unissez-vous et aucune armée au monde ne pourra nous arrêter." Aux quatre coins du Mexique, le passage du sous-commandant Marcos laisse comme une traînée de poudre. C’est ensuite aux villageois, ouvriers, étudiants, défenseurs de l’environnement, à tous ceux qui se reconnaissent dans le nouveau leitmotiv zapatiste " en bas, à gauche, anticapitaliste", d’allumer la mèche ou non.

Après une éclipse de cinq ans dans ses montagnes, le « Delegado Zero » ­ comme il se nomme désormais ­ a laissé son état-major au Chiapas, le 1er janvier 2006. A sa manière, il participe à la campagne présidentielle mexicaine, qui verra le 2 juillet prochain l’élection du successeur de Vicente Fox. Une contribution particulière, qui doit le mener à traverser les 31 Etats du pays, afin de dresser un tableau de ce qui ne va pas. Un état des lieux, en quelque sorte. Et, pour le porte-parole de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), qui lutte essentiellement pour le droit des indigènes, une nouvelle visibilité.

« Contre le joug d’un Etat répressif »

A mi-parcours de son périple à travers le pays, le discours du sous-commandant a déjà laissé des traces : la grève des ouvriers sidérurgiques, rapidement réprimée, qui a secoué Lazaro Cardenas, dans l’Etat de Michoacán, n’est peut-être pas directement liée au passage de l’homme au passe-montagne. Il n’empêche, Marcos était dans le Michoacán du 1er au 6 avril. La grève avait commencé le 2, avant de se durcir. Ailleurs, peu après sa venue, les paysans Purhépechas de quatorze villages se sont organisés en Front pour la défense du lac Zirahuen, contre un projet de base nautique, avec casinos et hôtels de luxe. A Colima, les pêcheurs indigènes sont déterminés à lutter contre la construction d’une usine. Dans l’Etat d’Oaxaca, un mois après le passage de Marcos, la population de San Blas s’est regroupée pour lutter contre « le joug d’un Etat répressif », qu’ils disent subir depuis trop longtemps. Un peu plus loin, l’appui du porte-parole des zapatistes a redonné du courage aux Indiens Zapotec pour poursuivre leur lutte contre un projet de 2 000 éoliennes, qui, selon eux, menace leur terre et leur environnement. Dans l’Etat de Guerrero, le sous-commandant a averti le gouvernement que si l’armée délogeait de force les paysans en lutte contre la construction du barrage de La Parota, ce serait pour lui une déclaration de guerre. Le lendemain, Marc Antonio Sustegui, porte-parole des villageois de Cacahuatepec, et ses amis ont aiguisé leurs machettes et fait provision de pierres pour leurs frondes.

Ainsi, dans un pays où la moitié de la population vit dans la pauvreté, où les indigènes sont marginalisés, où la répression est monnaie courante, de village en village, partout où il existe des points de friction dans la société mexicaine, Marcos attise les foyers d’insurrection. Il accuse des membres du gouvernement de Vicente Fox d’être lié au groupe d’extrême droite religieux clandestin, El Yunque. Il frappe sur les Etats-Unis « qui considèrent le Mexique comme une étoile supplémentaire sur leur drapeau ». Il appelle les ouvriers de Volkswagen, les employés de la Sécurité sociale, de l’industrie textile, à lutter ensemble. Le 1er mai, jour de la fête du Travail, Marcos sera à México à la tête d’un cortège formé par les syndicats indépendants, les ouvriers, les paysans.

L’Armée zapatiste de libération nationale a toujours bénéficié d’une aura dans les milieux altermondialistes internationaux. Au Mexique, exception faite de l’insurrection du Chiapas en 1994, le mouvement pesait peu. Mais les choses sont en train de changer. L’EZLN a officiellement déposé les armes. Elle a pris conscience que, pour survivre, elle devait élargir sa base et sortir de son territoire d’origine. C’est le sens du périple de son porte-parole. Le sens de l’« autre campagne », comme l’appellent les zapatistes.

« Zapaaaata vive, la luuuucha sigue ! »

Tlalnepantla en est la soixantième étape. Cette petite ville de 3 500 habitants reçoit la « caravane » aux cris de « Zapaaaata vive, la luuuucha sigue ! » (Zapata est vivant, la lutte continue !) Sur la petite place ont été dressés une estrade et un chapiteau pour tromper le soleil brûlant. Dans le kiosque à musique, une petite fanfare. Pendant deux heures, plusieurs centaines de personnes, des hommes, des femmes, des enfants, ont attendu le héros du jour sur cette terre de Morelos, où naquit en 1879 Emiliano Zapata, leader de la révolution mexicaine. Comme lors de toutes les étapes de ce « Zapatour », la liturgie se répète. Tour à tour, les paysans montent sur l’estrade pour évoquer leurs problèmes. Ici, ils cultivent les nopales, des cactus qui ressemblent à des oreilles de Mickey. Ils racontent les prix trop bas, les salaires insuffisants, les promesses non tenues. Ils s’en prennent au gouvernement, à la corruption, à la démagogie des hommes politiques. Les uns après les autres, ils disent aussi leur amour pour une terre qui ne les nourrit plus, ou peu.

« Delegado Zero » écoute, sans un geste. Il observe. De temps en temps, il porte sa main à sa pipe, dont la fumée s’échappe de son passe-montagne. Lorsque, enfin, il prend la parole, raide, mains croisées dans le dos, Marcos explique la lutte des zapatistes à des gens qui ne le connaissent que par la presse ou la télévision. « Pourquoi tu te caches le visage ? » intervient un homme dans la foule. « Pourquoi venez-vous écouter quelqu’un avec un passe-montagne ? » répond Marcos. A chaque fois, il lui faut réexpliquer. L’origine de l’Armée zapatiste de libération nationale, la lutte pour le droit des indigènes, le mépris, la marginalisation, l’anonymat, « par sécurité et puis parce qu’on s’est aperçu que, en se cachant le visage, on se rendait enfin compte de notre existence ». « On dirait un personnage de BD », murmure un adolescent, en poussant du coude son copain. « Il est habillé comme un guérillero », répond l’autre.

Pour Marcos, droite, gauche, centre, tous les pouvoirs politiques se ressemblent. « Ce qu’ils veulent, c’est votre terre, de gré ou de force, pour construire des hôtels, des centres commerciaux. Au cours de mon voyage, j’ai vu des villages où il ne restait que des femmes, des enfants et des vieux.. Je leur ai demandé où étaient passés les hommes et les jeunes, ils m’ont dit qu’ils étaient partis à la ville, laver les voitures ou vendre des chewing-gums ou aux Etats-Unis pour pouvoir envoyer un peu d’argent à leur famille. C’est un business, la politique. Réfléchissez bien, existe-t-il un seul gouvernement qui a fait voter des lois en faveur du peuple ? Aucun. Nous, zapatistes, nous ne venons pas vous demander de voter EZLN ou Marcos. Nous ne voulons pas de poste. Nous voulons débarrasser ce pays des riches, des grands propriétaires terriens, des propriétaires des centres commerciaux, des banquiers. » Marcos en a fini : « Nous sommes venus vous dire que vous n’êtes pas seuls, vous ne luttez pas dans votre coin. Notre lutte contre la mondialisation néolibérale est civile et pacifique. Ou nous nous unissons, ou nous disparaîtrons ensemble. »

« C’est un révolutionnaire, dit Ramon Fuentes, paysan et médecin. L’histoire du Mexique démontre que c’est seulement avec des révolutionnaires qu’on change les choses. » Producteur de nopales, Roberto Spinoza a lui aussi assisté au meeting. Il dit ce que la foule murmure. « Marcos ? C’est une personne qui lutte contre les injustices, l’inégalité des classes. Nous, on ne croit plus aux discours de ces gouvernements répressifs. Je pense qu’en unissant nos forces, on défendra mieux l’agriculture. Le message que Marcos fait passer est celui de la lutte, mais, comme il dit, une lutte sans armes, à la main comme ce qu’on sait faire comme paysans. Il nous donne du courage. »

« Il faut être un peu fou, non ? »

Depuis douze ans, Patricia travaille avec des enfants dans des communautés zapatistes ; elle suit la « caravane » en vendant des objets réalisés par les écoles du Chiapas. But de l’initiative ? Démontrer « que l’école peut s’autofinancer et n’a pas besoin de l’aide internationale ». Pour elle, Marcos est tout à la fois : « Un romantique, un idéaliste, un révolutionnaire, un fou pour avoir pu maintenir ce mouvement pendant douze ans. » « Il faut être un peu fou, non ? Pour sillonner le pays tout seul, en laissant derrière lui au Chiapas toute la base zapatiste et l’état-major ? » dit-elle. « Il le fait d’une manière très risquée. Quand il est parti du Chiapas, il a dit : "Peut-être je reviendrai, peut-être je ne reviendrai pas." Personne ne sait. »

Mais pour l’heure, le « Delegado Zero », alias sous-commandant Marcos, que le gouvernement mexicain soupçonne d’être Rafael Sebastián Guillén Vicente, ancien prof de philo reconverti à la guérilla, poursuit son chemin, semant des graines de désobéissance civile sur son passage et appelant à un soulèvement populaire national. John Holloway, Irlandais, professeur de sciences politiques à l’université d’Edimbourg et de sciences sociales à Puebla (Mexique), auteur de Changer le monde sans prendre le pouvoir, premier théoricien du zapatisme, explique qu’il fallait « un espace pour dire "ça suffit". Le zapatisme crée cet espace avec un refus de la verticalité, des structures traditionnelles. C’est un catalyseur des luttes sociales ».

Quelle trace va-t-il laisser à Tlalnepantla, alors que la caravane s’éloigne ? « Pacifiquement, ça va être difficile. On pourrait faire des actions comme ils le font aux Etats-Unis avec "un jour sans Mexicano", suggère Ramon Fuentes, le paysan médecin. Organisons un "jour sans aliments", "un jour sans paysan", et la communauté se rendra compte que nous représentons un maillon essentiel de la chaîne alimentaire, de ce que nous valons. »

http://www.liberation.com/page.php?...

De : greenguerillero
samedi 29 avril 2006

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=27183
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