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 La précarité, un mode de régulation du marché

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FleurOccitane
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Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: La précarité, un mode de régulation du marché   La précarité, un mode de régulation du marché EmptyLun 22 Mai à 9:12

Citation :

La précarité, un mode de régulation du marché

La relation salariale régulée par la durée indéterminée du travail (CDI) a été très limitée dans le temps et dans l’espace. On peut se rappeler le cas des « Sublimes » au XIXème siècle, ces ouvriers qui, grâce notamment à leur savoir-faire, échappaient à la subordination du travail salarié en jouant de leur mobilité. Le souci des employeurs était alors de sédentariser la main d’oeuvre. Au début du XXe siècle, les luttes se sont déplacées vers la garantie de l’emploi, surtout pour la seule population masculine jusqu’aux années 70. Depuis, cette régulation a été progressivement mise en cause. La primauté du CDI est limitée dans le temps mais aussi dans l’espace : dans de nombreux pays, il est resté très minoritaire.

La précarité n’est pas un phénomène de marginalisation, mais de régulation de la relation entre le salarié et l’employeur. Le but des politiques néo-libérales est d’introduire la concurrence dans tous les domaines d’activité. La concurrence, c’est un modèle de gestion qui vise à créer des inégalités et ce processus est actif depuis les années 80. Le résultat est l’instauration d’un continuum des formes de précarités qui va de l’absence de revenu, en passant par le RMI, les stages, les emplois précaires jusqu’aux emplois stables. Ce qui intéresse les politiques libérales, c’est que tous les éléments de ce continuum soient vécues dans un état d’insécurité. L’insécurité, la peur et l’angoisse sont justement générées par l’inégalité. Cette culture de l’insécurité, qu’on identifie souvent à Nicolas Sarkozy et au seul volet répressif, est en fait beaucoup plus large : elle vient aussi organiser le marché du travail et l’activité.

Un autre but des politiques néo-libérales est de s’attaquer à ce qui s’est appelé l’Etat-providence.
Le Welfare State.devait au départ corriger les inégalités et rétablir une certaine justice sociale. Il s’est transformé en une politique de gestion des inégalités et de l’insécurité. Par exemple, le système d’indemnisation des intermittents est passé d’un mode redistributif à un mode de capitalisation. Pour les politiques néo-libérales, c’est cette insécurité qui permet justement la concurrence. Le Welfare crée ou entretient ainsi aujourd’hui les inégalités tout en valorisant la capacité d’initiative et de création individuelle.

Aux vues de ces politiques, le plein emploi n’est pas un véritable enjeu : on peut très bien avoir un plein emploi dans l’insécurité et l’inégalité. Les États-Unis en fournissent l’exemple avec une situation où tout le monde a un travail (voire plusieurs) dans différents spectres de la précarité... Comprendre cette transition peut permettre d’envisager différemment le mouvement contre « la loi pour l’égalité des chances » : lutter contre la précarité, c’est lutter au coeur de la régulation capitaliste dans la mesure où la précarité permet de réguler le marché par la fabrication d’inégalités et d’insécurité.

Dans le processus Mayday, il s’agirait de trouver une forme de réponse politique à l’utilisation de la précarité. On ne peut revenir à la demande d’État providence. La lutte des intermittents a donné beaucoup d’enseignements : non seulement sur comment penser une indemnisation chômage adaptée aux emplois discontinus qui limite l’insécurité et corrige les inégalités, mais aussi sur les formes par lesquelles ces revendications doivent être portées.

Article publié dans le Journal MayDay ! Mayday !

Source/auteur : Journal Mayday ! Mayday !
Mis en ligne le samedi 29 avril 2006, par Ludo

http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=8379
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