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 Pour une transformation de la lutte

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FleurOccitane
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Nombre de messages : 5959
Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Pour une transformation de la lutte   Pour une transformation de la lutte EmptySam 13 Mai à 23:13

Citation :

Pour une transformation de la lutte

Depuis le début de la mobilisation, les étudiants n'ont pas arrêté de revendiquer le retrait de la loi sur l'égalité des chances et du CNE. Malgré cela, dans les discours de la plupart des manifestants et syndicats, nous n'avons entendu que l'opposition au CPE et c'est bien ce dernier qui mobilisait les foules. Plus nous étions nombreux à nous unir autour de celui-ci plus nous étions forts. Aujourd'hui, le gouvernement a accepté de perdre une bataille en modifiant l'amendement qui le concernait et non le texte de loi tout entier. Travailleurs, syndicats et osons le dire étudiants se désolidarisent. Combien sommes-nous à nous battre contre la loi sur l'égalité des chances et le CNE ? Combien serons-nous demain pour demander d'autres réformes ? Le mouvement étudiant risque de se marginaliser et de s'essouffler au fur et à mesure comme nous avons pu le constater dans de nombreux mouvements sociaux. Qu'aurons nous alors gagné ? Le retrait du CPE et rien de plus. Un mouvement d'une telle ampleur ne peut aboutir à de si maigres résultats, il ne sert à rien de retirer une goutte d'un vase rempli d'eau sale. Nous devons donc nous adapter au coup que porte cette manœuvre bien insidieuse à la mobilisation. Il est nécessaire de nous mobiliser autrement, de transformer notre lutte par un travail de fond. Descendre dans la rue est une arme, parmi d'autres, qui risque de se retourner contre nous si nous ne sommes que trop peu nombreux. Résister, c'est être présent, à tout moment, contre une force dominatrice et ne pas disparaître dans l'oubli et le passé après un coup de force médiatique.

Une question se pose. Que voulons-nous vraiment ? Notre lutte ne se limite ni au CPE ni à la loi sur l'égalité des chances et au CNE. Ces derniers sont le symbole d'une exaspération beaucoup plus profonde : ils sont une infime partie s'insérant dans un système global qui exacerbe la domination de l'économique sur le social. Notre lutte est surtout symbolique, nous réaffirmons dans la rue le pouvoir du peuple. Preuve est à nouveau faite que l'on ne peut pas diriger sans nous écouter.

Nos universités bloquées sont devenues le premier lieu de la mobilisation. Servons en nous pour transformer notre lutte. Revendiquons dès aujourd'hui que des conditions soient mises en place pour que la flamme qui nous a portés jusqu'ici ne disparaisse pas mais reste vivante dans nos universités. Ne demandons pas mais exigeons en premier lieu, l'obtention de locaux spacieux réservés aux étudiants, pouvant amener à des discussions, des débats, des interventions interdisciplinaires, des projections de films… Néanmoins tout ceci n'est pas suffisant. De nombreux comités de réflexion, associations, réseaux se créent en permanence mais n'y participent que des personnes déjà engagées, déjà mobilisées. Il y a pourtant des moyens de donner envie à un maximum de personnes de réfléchir par eux-mêmes et de s'émanciper d'une pensée unique qui les formate depuis leur plus jeune âge. Avec la massification de l'enseignement supérieur, l'université devient un passage obligatoire pour de nombreux jeunes. Saisissons-nous de cette institution avec ses moyens, pour changer de l'intérieur un système à présent affaibli au lieu de simplement créer des regroupements parallèles.

Nous l'avons tous constaté, cette mobilisation nous a appris énormément et nous a ouvert les yeux sur le fait que l'on peut apprendre autrement. La connaissance ne vient pas forcément du monologue d'un enseignant ou d'un livre mais avant tout de la confrontation avec l'autre. Elle ne se consomme pas. Sommes-nous des récipients dans lesquels chaque discours déverse un peu plus de connaissance à régurgiter sur une copie ? Comment un lieu enfermant de tels savoirs et de tel savants peut-il être si anonyme et si peu vivant ? Pourquoi le système transforme des individus avides de connaissance en étudiants ne pensant qu'au diplôme qu'ils vont recevoir et à sa valorisation sur le marché du travail ? La critique a perdu beaucoup de place à l'université au profit de l'utilité. La volonté du corps enseignant d'organiser des examens à partir de si peu de cours illustre bien combien notre université se soucie de nous évaluer avant même de nous apprendre quelque chose. Nous voulons des cours pas des examens. Cette mobilisation nous offre une chance historique, celle de pouvoir réfléchir aux conditions nécessaires à l'instauration du dialogue à l'université qui nous permettra ensemble d'organiser l'avenir de notre société. Quelles sont ces conditions ? Nous devons, aujourd'hui, les inventer. C'est pourquoi, nous nous opposons radicalement à la mise en place d'examens complètements hypocrites et inutiles cette année cherchant à rétablir l'ordre comme si nous n'avions pas changé, comme si nous n'avions rien fait. Ne pouvons nous pas utiliser le temps qu'il nous reste à autre chose de beaucoup plus important ? Il est préférable d'avoir des cours et de réfléchir que d'être évalué sur du vent.

Certains pensent qu'arrêter la mobilisation telle qu'elle se réalise actuellement constituerait une grave erreur. Au contraire, nous pensons que notre force doit désormais se diriger vers un autre but. On reproche aux hommes politiques de ne proposer aucune alternative. Mais comment cette minorité, si intelligente soit-elle, peut croire qu'elle trouvera seule la solution ? Le vote n'est pas l'unique moyen d'expression politique et les partis ne sont plus les seuls lieux de réflexion. La réinvention d'un modèle économique et social ne peut venir que d'un réel dialogue permanent avec l'ensemble de la population. L'université peut y participer et servir de référence en devenant un lieu de création du savoir, de contre pouvoir, espace central du politique et de l'organisation de la société.

La réforme d'un système qui vise à transformer des être humains en travailleurs aliénés et précarisés commence ici même, dans nos universités. Celles-ci doivent redevenir des lieux de vie, de rencontre et d'esprit critique. Nous n'avons pas le choix, la continuité de notre lutte doit désormais se faire à l'université. Arrêtons le blocage, reprenons les cours mais des cours qui auront pour finalité de tirer les conséquences d'un tel mouvement, sans une contrainte pesante brisant tout ce que nous avons construit. S'arrêter maintenant n'est pas une victoire. Restons ensemble et perpétuons ce mouvement là où il sera le plus efficace. Nous n'appelons pas comme d'autres à l'abandon de la mobilisation mais à une réflexion rationnelle visant à asseoir sur le long terme notre combat.

anonyme article:58648 Clément Probst
le vendredi 14 avril 2006 à 13h57

http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=58648
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