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 La CGT à la croisée des chemins

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FleurOccitane
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Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: La CGT à la croisée des chemins   La CGT à la croisée des chemins EmptySam 13 Mai à 0:28

Citation :

LA CGT A LA CROISEE DES CHEMINS
lundi 10 avril 2006 par pierre delvaux.

Mis à part les publications économiques spécialisées, les médias, dans leur ensemble, ne parlent des syndicats qu’à l’occasion des conflits de dimension nationale. Inutile de revenir sur l’image poujadiste qu’ils en donnent alors. Le reste du temps, les citoyens sont tenus dans l’ignorance de la vie syndicale. Bien entendu, ce n’est pas par hasard. Ils pourraient être tentés de se syndiquer s’ils avaient conscience du poids réel d’organisations dont on préfère leur répéter inlassablement qu’elles sont « faibles ».

Ainsi, à part quelques anecdotes de personnes, gageons que les Français ne sauront rien de ce qui va se jouer dans le congrès de la CGT, alors que leur avenir en dépend dans une part non négligeable.

LE COUP DE GRACE ?

La CGT avait, lors de précédents congrès, abandonné des pans importants de ses positions de classe traditionnelles (comme, par exemple, la socialisation des grands moyens de production). Si on lit bien les mots contenus dans le rapport d’orientation, ses auteurs semblent décidés, aujourd’hui, à concrétiser l’abandon de ces principes dans une série de propositions formant un projet cohérent. Au centre de ce projet : nouveau statut du travail salarié et sécurité sociale professionnelle. Et d’après les récentes déclarations, on peut s’attendre à voir évoquer au congrès le contrat unique. Les orientations du « syndicalisme rassemblé » et du « syndicalisme de proposition » qui avaient été amorcées ces dernières années voient leur inspiration idéologique précisée dans ce rapport 2006. Malgré quelques rappels dans le texte destinés, sans aucun doute, à rassurer ceux qui demeurent attachés à une ligne de classe, la tendance lourde du rapport s’inscrit dans les thèses altermondialistes, dans un projet revendiqué comme « sociétal » (II-96), terrain jusqu’alors privilégié de la CFDT (et pour cause...).

COOPERATION...

A lui seul, le préambule est très clair : pour « peser plus fort dans le sens d’une réorientation de la mondialisation... le syndicalisme doit promouvoir la coopération et la solidarité pour un développement durable ». On est assez loin du combat contre l’exploitation capitaliste sur quoi fut fondée la CGT. Coopérer dans le cadre de la mondialisation, voilà ce qui est aujourd’hui proposé aux adhérents. Coopérer comment et avec qui ? On peut en avoir une idée en lisant « qu’il s’agit notamment de peser sur les directions des groupes et des multinationales dont les centres de décision sont de plus en plus concentrés et éloignés des salariés, d’instaurer une nouvelle régulation des relations internationales, un contrôle des mouvements de capitaux. »(I-97). Si je comprends bien, les marchés financiers et les multinationales peuvent poursuivre leurs transactions à conditions qu’ils veuillent bien se rapprocher des salariés avec l’aide des syndicats. N’est-ce pas, d’ailleurs, la démarche d’ores et déjà adoptée par la CGT et les autres confédérations dans la CES, laquelle revendique la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne (ratifiée en 2000 par Chirac et Jospin et qui, faut-il le rappeler, renforce les critères de convergence de Maastricht dans le cadre du pacte de stabilité européen).

REFORME DE L’ETAT, DECENTRALISATION ET DEMOCRATIE PARTICIPATIVE

Ce travail de co-élaboration mené à l’échelle européenne avec les institutions et les ONG est, en toute logique, revendiqué par le rapport à l’échelon régional : « une démocratie participative en territoires avec des lieux d’intervention dotés de réelles prérogatives. »(II-45). Et, pour mettre en œuvre les nouveaux droits, le rapport demande l’accélération de la décentralisation et, plus largement, de la réforme de l’Etat : « L’aménagement du territoire demande à être adossé à la responsabilité territoriale et sociale de l’entreprise. La réforme de l’Etat doit assurer une nouvelle cohésion sociale » (II-38). Faut-il comprendre que les droits nouveaux pourraient être élaborés par des assemblées locales en fonction de l’économie locale ? Et, donc, que les droits des salariés pourraient varier d’une région à l’autre ?... Les mots ont leur importance. Un début de réponse est donné dans le chapitre le plus important du rapport, celui consacré au nouveau statut du travail salarié : « Il s’agit de garantir à chacune et chacun des droits individuels et collectifs équivalents quels que soient les entreprises et les sites, la branche professionnelle ou le bassin d’emploi, le secteur public ou le secteur privé » (II-14). Il ne s’agit donc pas des mêmes droits pour tous et partout mais de droits équivalents. S’articulant avec la démocratie participative, le nouveau statut du travail salarié et la sécurité sociale professionnelle remettent bien en cause les droits collectifs et l’égalité républicaine. Nos droits ne seraient plus déterminés par notre métier, nos qualifications mais par notre parcours particulier et le territoire où nous nous trouvons. Cette « sécurisation des parcours individuels » entraînerait à moyen terme l’effacement des droits collectifs qui sont le principe de base unissant les travailleurs et leur donnant, par là même, la force de conquérir de nouveaux droits (dans le cadre du syndicalisme ouvrier pour qui ce serait aussi un piège mortel).

DU NOUVEAU STATUT DU TRAVAIL SALARIE AU CONTRAT UNIQUE

Selon les auteurs du rapport, ces concepts en vogue sont des facteurs d’émancipation pour les salariés « à l’opposé de la domination que traduit le lien de subordination » (dans le contrat avec l’employeur). Serions nous arrivés à la fin du salariat ? En fait, il s’agit d’un projet qui, face à la précarisation généralisée du travail, vise à maintenir les salariés dans un « filet social » permanent ; un projet qui intègre le fait que les salariés changent régulièrement d’entreprise, de métier et doivent multiplier les formations. Ses auteurs ont des idées pour accompagner les travailleurs de demain dans leur errance perpétuelle : « droit à la formation rémunérée transférable d’une entreprise à une autre... possibilité de changer d’entreprise pour accéder à un emploi de niveau au moins égal... contrat de travail et rémunération maintenus jusqu’à ce que le salarié ait obtenu un reclassement effectif dans un nouvel emploi de niveau au moins équivalent... ».

De telles mesures semblent intéressantes pour les travailleurs en CDD mais pourquoi nécessiteraient-elles de revoir le statut des salariés ? Cette volonté de nouveau statut n’est-elle pas à mettre en rapport avec le principe d’activité que certains voudraient voir se substituer à la notion de travail, ainsi qu’avec le contrat unique dont les dirigeants de la CGT ont plusieurs fois déclaré qu’ils n’y étaient pas opposés « selon ce que l’on mettait dedans » ? En quoi ce nouveau statut du salarié rompt-il le « lien de subordination » avec l’employeur ? Ne serait-ce pas plutôt qu’il exonère le patronat de ses responsabilités en diluant la relation contractuelle entre employeurs, instances locales et Etat ? Jusqu’à présent, c’est le contrat de travail avec l’employeur qui ouvre les droits des salariés : en vendant notre force de travail à une entreprise nous obtenons des droits au chômage, à la formation, etc... Si on a le même statut quand on a un emploi et quand on n’en a pas, il n’est plus question de CDI ! Ce nouveau statut du salarié appelle, de fait, le contrat unique. Bernard Thibault l’a clairement laissé entendre lors du « Grand Jury RTL » en déclarant : « Nous souhaitons qu’un certain nombre de droits soient moins dépendants de l’emploi que de la personne... » pour, juste après, tendre la perche suivante au gouvernement : si celui-ci retirait le CPE, la CGT était prête à discuter du contrat unique.

UNE TRANSFORMATION SOCIALE A SENS UNIQUE

Pour pouvoir financer ce vaste projet, le rapport propose un « fonds mutualisé » (II-23) faisant appel au plus grand nombre d’acteurs sociaux sans en préciser la proportion de part patronale. Au demeurant, l’ensemble du rapport semble faire son deuil des droits déjà perdus au profit des exonérations patronales : « Face aux politiques qui ont réduit la couverture sociale solidaire et reporté sur l’individu la charge des risques pour se procurer la sécurité de l’existence, il nous faut construire des réponses qui favorisent le développement des personnes et de la société ... » (II-27) ou encore : « Il convient de bâtir de nouvelles conditions de travail, de nouvelles formes de sécurités collectives et sociales... » (II-10). C’est clairement une stratégie de repli et d’accompagnement qui nous est proposée. Sur l’emploi statutaire, la protection sociale, les reculs sont enregistrés. A partir de ce constat, nous sommes appelés à rivaliser d’imagination pour relever les défis d’un nouveau projet : la transformation sociale. Il s’agit, en fait, d’inventer diverses adaptations aux évolutions de l’économie de marché présentée comme une réalité immanente (il y a quelques semaines, Maryse Dumas déclarait sur LCI que les fermetures d’entreprise étaient « quelque chose de naturel ... »). Il s’agit bien de nous transformer au gré de l’économie dominante.

Ce serait donc cela l’avenir de la CGT !?... L’urgence ne serait-elle pas plutôt à exiger l’abrogation des lois Fillon, le rétablissement de l’autorisation administrative de licenciement, une politique de relance industrielle appuyée par de solides protections douanières ?... Plutôt que de sacrifier aux chimères sociétales, la CGT ne devrait-elle pas se refonder sur ses bases historiques pour s’opposer avec les autres peuples à la mondialisation et à son Europe subsidiaire ? Et n’est-il pas significatif que plusieurs responsables de droite, y compris au gouvernement, se soient félicités de ces propositions dans la CGT ? L’Histoire nous a douloureusement enseigné que de compromis en compromissions on s’expose à cautionner le pire. La CGT a une grande responsabilité non seulement vis-à-vis de ses adhérents mais aussi de toute la société française et des autres travailleurs de par le monde. Espérons que la majorité des délégués au congrès ne l’oublieront pas...

Pierre Delvaux

http://www.info-impartiale.net/article.php3?id_article=334
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