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 Mais la révolte n’est pas précaire

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FleurOccitane
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Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Mais la révolte n’est pas précaire   Mais la révolte n’est pas précaire EmptyVen 12 Mai à 23:18

Citation :

Mais la révolte n’est pas précaire : Vous qui dites "jeunes bourgeois" vous n’avez vraiment rien compris

Mais la révolte n’est pas précaire Manif_auto_brule

de Oreste Scalzone traduit de l’italien par karl&rosa

Du bouleversement social apparu en France, on entend souvent dire "à droite et à gauche" que...au fond, il s’agit "strictement d’étudiants" (donc de "couches moyennes") qui se battent pour conserver...non, plutôt, pour revenir à un modèle de "vie active" (de...vie), de "monde-du-travail" (de...monde) qui est celui des "sécurités", de la sécurité de l’emploi, de l’emploi-à-vie "de leurs pères" (ou plutôt de leurs grands-pères, non?), avec tout ce qui va avec, tout ce que cela sous-entend, implique, comporte...

Couche moyenne est une expression d’extraction sociologique, de diffusion journalistique descriptive, faible sur le plan théorique, périmée : en quelque sorte, un pseudo-concept. Qu’il soit utilisé par des Faiseurs d’opinion, idéologue "des patrons", au sens de propagandistes de la vulgate apologétique du système intégré technico/capitaliste d’Etat est "logique".

Que de réfléchis maîtres à penser de la "haute" culture, essayiste, académique leur fassent écho ne nous étonne pas plus que cela. Que, en particulier, des penseurs[-euses] publics [-ques] au passé (non renié) soixante-huitard, se lancent à soutenir de telles couillonades est révélateur d’un dénominateur commun qui - sous diverses formes, intentions, motivations probables ou imaginées, auto attribuées - se résout en un triste syndrome d’horreur pour tout ce qui pourrait intervenir en "remettant en question" la vie, la "routine", les garanties, les bilans.

Bien sûr, au début de ce mouvement qui a pris essor à partir de la résistance, du non au CPE, l’aveuglement a été moindre. Il aurait vraiment fallu être intellectuellement aveugle pour ne pas voir que là-dessous, dans les viscères sociales, existentielles, dans la fibre même des passions, des affects, dans l’énergie, dans le pari, dans le jeu, le soulèvement qui avait incendié des territoires physiques et existentiels, topographiques et psycho-topographiques, dès l’automne dernier, était un "courant", un facteur de tellurisme à l’œuvre.

Ne serait-ce que pour un élément "visible" à l’œil nu : dans l’aspect de fête, aussi, - comme l’a montré Henri Lefebvre, comme l’ont montré les situationnistes à propos de la Commune -des mo(uve)ments insurrectionnels ("le 18 mars - jour du début de l’insurrection de la commune de Paris - sera toujours et partout la plus grande fête du prolétariat"), dans ces "étranges étudiants", jeunes et très jeunes "sujets schizométropolitains" en tout cas devenant prolétaires dans la lutte, dans la coalescence de motivations individuelles, différentes, qui trouvent un être-commun ; dans leurs charges battantes, qui "dénichaient" la formation en tortue des Crs (la police secours de la République) pour enfin se faire poursuivre, un peu (aussi) comme cela se fait avec le taureau à la fête, la fête mobile de Pampelune...n’était-il pas clair qu’il y avait aussi l’ivresse libératrice d’une émulation réussie? Cette fois, la chose, d’une façon ou d’une autre, apparaissait aussi dans les commentaires "savants" des experts en sciences sociales, dans leurs versions divulguées et auto-divulgantes. Mais il a suffi que se présentent évidemment des éléments de "Babel des langages", que s’effritent de différentes façons des comportements eux aussi différents, pour que redémarre la machine à crime continu de la pensée-propagande, propagandiste et auto-propagandiste. La tentation du schéma manichéen, les stéréotypes et les trucs qui vont avec, l’espoir dans les divisions, le vieux jeu crasseux du "diviser pour régner", de la recherche de la trahison, de la délation et de la paranoïa de la trahison est un classique.

Mais personne parmi ceux qui ont pris peur et qui ont rapidement subi et introjecté cette "représentation", en commençant par se focaliser, pour le moins sur l’incommunicabilité entre les "étudiants étudiant" et la "pègre ghettoïsée de banlieue" (dans le cas des plus "autorisés", la réédition du "classes travailleuses/classes dangereuses", "travailleurs/lumpen"...), personne ne s’est aperçu que la chose, en substance, n’a pas passé? Personne ne s’est aperçu, ou a fait mine de s’apercevoir, que, non seulement ce que nous appelons "la casse" (comme les casses de voitures), mais même certains épisodes extrêmes que la phénoménologie sociale, en levant le couvercle, révèle, porte sur le devant de la scène, fait sortir à découvert, en plein jour, n’ont pas non plus secoué plus que cela le mouvement ni ont fait fléchir la flèche montante de l’extension et de la radicalisation?

Que l’on pense à l’histoire de ces groupes de néo-dépouilleurs qui - se montrant pour le moins vertigineusement étrangers à "tout", pas les derniers à en découdre avec la police, et "batailleurs", "casse" et "casseurs" - ont commencé à répéter un comportement apparu il y a quelques temps lors d’une manifestation d’étudiants : profiter du trou, du black out, de la suspension de la surveillance, du contrôle "du territoire" et de la présence d’une "jungle mobile", a priori non hostile, pour "se jeter sur tout ce qui bouge", et en premier sur les manifestants et manifestantes à l’apparence la plus "domestique", avec un comportement racial, comme s’ils était ramenés à un soubassement "éthologique".

Et bien : malgré le caractère effectivement odieux que peut revêtir la chose, malgré le vertige qu’elle peut provoquer, il n’y a pas eu de panique, de peur, de repli légaliste, pas de diffusion de discours quérulents, pas de refuge sous les jupes de la "bonne société civilisée" et de l’Etat...C’est justement sur la base d’un comportement, digne de forces para policières, des forces syndicales, en l’occurrence la Cgt, qui, à partir de problèmes et de difficultés réels, avaient manifesté un comportement portant en son sein un germe de banditisme à type de lynchage dans la variante "rouge-stalinienne", en ne se contentant pas de s’interposer et éventuellement de bastonner aussi pour dissuader sévèrement qui que ce soit de tels comportements, mais en procédant à la manière de la police quand elle déclenche la "chasse", sur la base d’une présomption simplement fondée sur des critères typologiques, que l’on a alors "découvert" une dimension, difficilement utilisable à des fins de diabolisation : l’âge moyen de ces "dépouilleurs" s’étant révélé plus en dessous qu’en dessus de quatorze ans, la patate chaude revient à la "société organisée", comme toujours dans ces cas-là, de la Sierra Leone à Scampia...

Et que dire de la bonne tenue inédite d’un front syndical qui montre une résistance soudée, intraitable dans un Non sans conditions, une décision d’aller jusqu’au bout de la volonté d’arracher le retrait pur et simple du Cpe, et ceci en présence de signes très clairs d’une crise de "régime" plus que de gouvernement, dans le contexte d’une impression plus générale - pas seulement en France - de déliquescence du "Politique", de souveraineté des Etats-nations devenant obsolète (avec une cession de souveraineté de fait, d’un côté en direction du Frankestein commercial/financier/monétaire/pénal qu’est l’Union Européenne ; mais surtout vers les instituts de l’ "’administrativation’ globalisée de la Décision").

Nous connaissons la nature du syndicalisme et des syndicats - d’ailleurs, de plus en plus subsumés en "concertations", rôles "national-populaires", institutionnels, internes à l’exercice des différentes fonctions de la gouvernance : et donc si cela va comme cela va, c’est qu’ils ne trouvent pas - même pas la Cfdt, la Cgt, ni les plus modérés et souvent "collatéraux" des gouvernements - le moyen et l’occasion pour se défiler sans payer un prix très élevé, étant donnée la puissance du mouvement.

Alors, mouvement "d’étudiants", de "couches moyennes", par l’extraction et le mode de vie, les rôles sociaux, la mentalité, l’autoreprésentation? Mais de quoi parle-t-on? D’"extraction sociale", celle selon laquelle Kropotkin serait un prince, Marx un fils de bourgeois et ainsi de suite, avec une vulgarité digne d’un...Giovanardi? De "rêve illusoire, nostalgique", d’une vie d’emploi garanti, d’une vie de travail à vie, une vie de travail stable, à temps plein, à vie-pleine, sans échappatoire, et adieu au "travailler tous pour travailler moins", à la critique du travail, et à tout le reste?

C’est sur ce mélange de mécanicisme et de sociologisme qu’on se replie? Il ne manque plus que - je fais une hyperbole - pour finir, même ceux qui ont tant parlé de "capitalisme cognitif", de "production immatérielle", de "General Intellect", de "précariat intellectuel" risquent d’être aspirés dans un mélange de déterminisme et de moralisme aux "passions tristes"...

Il nous fallait Alex Honneth, successeur à la chaire de Habermas à l’Ecole de Francfort, pour formuler (dans le supplément du Monde du week-end dernier) la révélation évidente selon laquelle "la révolte des banlieues a joué un rôle décisif dans le mouvement contre le Cpe", en permettant aux étudiants "de prendre conscience qu’ils peuvent encore changer les choses". Le temps passe..., quelques conclusions provisoires, donc, avec quelques traces de proposition, grossièrement simplifiées. Je voudrais (et j’espère pouvoir dire, en nombre pas trop réduit, nous voudrions) dire : mais comment est-il possible de ne pas voir que - après au moins un quart de siècle où le modèle de l’accumulation et l’extraction mondiale de la plus-value sociale, avec ses formes de travail souterrain, dispersé, dissimulé, "informel", non reconnaissable, avec l’impact de plus en plus rapide de segmentations et d’ "atomisations" et avec, comme conséquence, une extrême difficulté à donner corps à une coopération antagoniste, après des effets de délocalisation, de désinvestissement, d’importation d’une armée salariée de réserve, à cause des effets de la vertigineuse accélération de la "mondialisation réelle", en l’occurrence du marché de la force-travail ; alors que la forme la plus élémentaire de lutte de classe se trouvait comme empêchée dès la racine ; la lutte de classe, je dirais même mieux, la guerre (même dans ses revers d’économie criminogène/pénale), était menée par une seule partie : seulement de haut en bas, comme si la fermeture des usines était permise, mais la grève interdite, et, pire, impossible - voilà, comment est-il possible de ne pas voir que pour la première fois, ici, maintenant, se propose et se présente à nouveau une forme de confluence, de coalescence, une forme "massifiée" qui recompose les multitudes différentes autour d’un dénominateur commun général, transversal à toutes les différences?

Il y a le lieu, il y a les formes, il y a la synchronie : je crois que le virage irréversible consiste dans le fait que s’est achevé un cycle que les uns contemplaient, dont ceux de notre bord se lamentaient, ou qu’ils tentaient de contourner ou d’exorciser : celui que domine l’idée et la réalité que la vie était devenue une variable dépendante de la Rationalité techno-capitalistico-étatique et que les immenses plaies des désastres éco-sociaux, mentaux, anthropologiques étaient d’inévitables "dommages collatéraux". Cela peut commencer à être fi-ni. Ceux qui (comme les têtes du Centre gauche en Italie) semblent ne pas vouloir voir que les lois 30, Treu, Cpe, etc. sont de simples variations sur un thème et que c’est le thème, la partition, déjà pour commencer, qui est aujourd’hui rejeté et sera démoli, rencontreront, je crois, d’amères surprises.

Ce qui nous intéresse, c’est une radicalisation élargie, puissante, capable de donner en soi, même dans les passages les plus menus, locaux, l’idée directrice d’une autonomisation commune comme unique forme apte à traduire la "puissance de vie" et à permettre aussi un défi et un pari par rapport à une tendance qui, autrement, semble la course folle vers l’anéantissement du train de "Cassandra crossing". C’est ça qui nous intéresse : quelque chose qui se trouve à l’étroit dans le terme même de "révolution". C’est précisément la raison pour laquelle nous ne sommes pas intéressés à nous regarder dans le miroir magique pour nous entendre dire que c’est nous les plus purs, les plus subversifs et compagnie. Nous pensons qu’il faudrait - à côté de l’extension, de la radicalisation, de l’augmentation d’intensité du mouvement, par exemple avec cette forme des blocages de routes et de voies ferrées comme forme d’interruption, de sabotage du fonctionnement mécanique ordinaire, au moyen d’une "grève de la citoyenneté" récurrente, produite et reproduite sans cesse - essayer deux choses.

En premier lieu, la mise en œuvre du fonctionnement autonome d’une communauté active, dans le domaine du savoir, dans les lycées et dans les universités (en réinventant bien autre chose que les autogestions bien connues).

En second lieu, essayer - pourquoi pas? (cela se fait "individuellement", mais ne dit-on pas "en chœur"?) de mettre en discussion la gestation de "Foires de la marchandise force-travail, précaire, migrante, informelle, instable" qui disputent le terrain à la mise en concurrence individuelle, ou par couches, micro-corporations, lobbies...Bras de fer explicite, déclaré : cela vaut-il la peine d’ouvrir une discussion en plein champ?

Je me fais l’avocat du diable, tout seul ; je suis assailli par la morsure du doute, du scrupule : ne retomberons-nous pas dans la "damnation" du syndicalisme, dans le clivage de l’autocontradiction entre le rejet, la contestation radicale, la subversion qui ne peut pas ne pas avoir une odeur de guerre?

Mais qu’est-ce que je dis, cette atroce scission, ne la vivons-nous pas tous les jours? Ce qu’il faudrait essayer, c’est une expérimentation autonome de l’articulation : disons, entre le terrain de la survivance et celui de la puissance désespérée tendant à la vie ; tous les deux sur un plan d’immanence.

http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=13127

De : Oreste Scalzone
lundi 10 avril 2006

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=26045
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