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 Le mythe de la grève générale et la réalité des opérations

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FleurOccitane
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Nombre de messages : 5959
Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Le mythe de la grève générale et la réalité des opérations   Le mythe de la grève générale et la réalité des opérations EmptyMar 9 Mai à 2:35

Citation :

Le mythe de la grève générale et la réalité des opérations de blocage

La coordination étudiante de la semaine dernière a repris à son compte deux moyens d'actions pour arriver à obtenir le retrait du CPE : la grève générale et la multiplication des actions de blocage.
Il me semble que la grève générale est un mythe démobilisateur alors que les blocages sont à la portée du mouvement social et peuvent être mis en oeuvre ( et l'ont été ) sans attendre quoi que ce soit venant d'ailleurs telle l'arlésienne.

Depuis longtemps à chaque mouvement social d'importance les anarchistes ressortent un mot d'ordre récurrent: la grève générale. Ce mot d'ordre est-il encore adapté à la situation présente de la lutte des classe ? Il me semble bien que non et je pense même qu'il contribue à créer par son caractère inadapté une confusion dans les perspectives à donner au mouvement social.
A l'absence de perspective fournies par les réformistes, à leur volonté de garder le contrôle des luttes, correspond chez les anarchistes un manque d'imagination, un vide idéologique, comblé par un mythe inusable : le grève générale

Le faux débat de la grève générale

Il est clair que les directions réformistes des syndicats ne veulent pas de la grève générale, gardant en mémoire celle de 1968 qui faillit devenir incontrôlable. N'ayant pas non plus de perspective de rupture avec le système capitaliste, elles circonscrivent leur action à un marchandage avec les tenants du pouvoir économique ou politique.
Pour autant la grève générale n'est-elle pas devenue qu'un simple slogan auquel personne ne croit dans les faits et que personne n'est capable de préparer ? Il semble bien que oui : à en juger l'attitude de FO sur cette question on s'aperçoit que proclamer qu'on soutient la grève générale quand on sait très bien qu'elle n'a aucune chance de se produire, est seulement un moyen de se créer une image radicale à peu de frais.
Mais les anarchistes, eux sont vraiment pour la grève générale ! Bien sur, mais tout de même, à chaque mouvement social et à chaque fois qu'un vide se crée dans les perspectives à donner, le même thème ressort, comme pour masquer l'absence de réponse concrète à trouver.
La thèse des anarchistes est simple : si le mouvement ne s'étend pas c'est parce que les syndicats réformistes n'appellent pas à la grève générale et donc qu'ils cassent le mouvement.
Lors des grèves pour les retraites, le même argument était déjà donné : « assez de ces grèves interprofessionnelles d'une journée, un seul mot d'ordre la grève générale ».

Lutte de classes virtuelle à la pause café

Cela me semble faire l'impasse sur l'analyse de la réalité des luttes actuelles : elles sont menées par une minorité de salariés ( en gros 15-20 % dans le meilleur des cas ) alors que les autres ne bougent absolument pas et refusent même de s'engager dans un grève d'une journée.
Et si la grande majorité des salariés refusent les grèves d'une journée, ce n'est pas parce qu'elles seraient inefficaces et qu'ils se lanceraient dans une grève générale si elle était "proclamée" par les syndicats mais simplement parce qu'ils refusent complètement de faire quoi que ce soit et que l'idée de perdre un peu d'argent pour faire grève leur est étrangère.
Il faut bien comprendre que complètement intoxiqués par les médias, ils considèrent les mouvements sociaux comme un spectacle qu'ils peuvent soutenir éventuellement par la parole, par exemple en tenant des propos très radicaux contre le gouvernement durant la pose café, puis estimant avoir suffisamment participé à la lutte, rejoindre leur poste de travail.
La lutte de classe virtuelle, le bougonnement, voire la critique radicale mais sans la moindre concrétisation, voilà le lot de la soumission volontaire de 80 % des salariés.
Comment faire bouger cette masse complètement amorphe et sous le contrôle complet des médias au service de l'oligarchie? Voilà un vaste chantier pour les anarchistes ! Nous ne sommes pas dépourvus d'instruments d'analyses qu'il faudrait réactualiser de "la servitude volontaire" de la Boétie à l'expérience de Stanley Milgram mais ce n'est certainement pas en leur proposant le grève générale que l'on arrivera à avancer.
Cette aveu d'impuissance que constitue le mot d'ordre de la grève générale n'est d'ailleurs pas un phénomène récent chez les anarchistes, déjà au 19ème siècle le mythe du Grand Soir, jouait ce rôle. Ce mythe servait en quelque sorte de soupape de sécurité à l'absence de perspectives : on verrait ce que l'on allait voir le matin du grand soir, thème millénariste de la fin des temps repris très largement de l'idéologie religieuse du jugement dernier.

De « L'opinion publique » à « la prise d'otage »

Aujourd'hui, un phénomène nouveau dans les luttes sociales vient d'ailleurs conforter la grande masse des salariés dans son attitude : le soutien sans participation. Désormais à chaque grève nationale des sondages révèlent si « l'opinion publique » soutient ou non la grève. Quoi de plus confortable que de ne pas faire grève mais de soutenir la grève à travers l'opinion publique ! Ainsi s'informant au journal télévisé de l'avancement du mouvement, on pourra briller le lendemain à la pose café en tenant quelques propos bien sentis. Mais attention le salarié lambda ne soutient la grève que si elle ne le touche pas personnellement car dans le cas contraire, il devient un « otage » de la grève que les télévisions aiment tant interviewer et qui permet de faire baisser la popularité du mouvement dans les sondages.
Voilà l'état de la combativité des salariés aujourd'hui : une minorité prête à se bouger, une majorité prête à ne surtout rien faire.
Ce constat peut paraître pessimiste mais il ne l'est pas forcément, les syndicalistes révolutionnaires l'avaient déjà compris au début du 20ème siècle qui faisaient du syndicalisme un combat de minorités agissantes par l'action directe.
C'est cette perspective que nous pouvons réactualiser aujourd'hui.

Ne compter que sur ses propres forces

Les discussions à l'intérieure de la coordination étudiante appelant à la fois au blocage de l'activité économique et à la grève générale montrent bien que dans leur processus de politisation, ceux -ci sont capables de se trouver des perspectives mais restent en même temps prisonniers des vieux mythes que certaines organisations ( anarchistes mais pas seulement ) peuvent encore propager.
Si les étudiants s'étaient seulement donné comme moyen la grève générale, leur mouvement était condamné par l'impuissance à l'obtenir et se retrouvait dans une impasse. Mais dans la vitalité de leur réflexion un autre moyen d'action a été choisi : le blocage de l'activité économique par des actions coups de poing, faites par eux-mêmes. Ce en quoi ils renouaient avec l'action directe des minorités agissantes, maintenant une pression et une agitation permanente démontrant leur détermination à ne pas céder. Dans certaines localités ils réussirent même à entraîner les salariés et les syndicats.
Autre force du mouvement social : les manifestations, jusqu'à trois millions de personnes dans les rues. C'est une force considérable qui n'est pas du tout utilisée ( alors qu'elle l'a été dans les pays de l'Est par exemple ). Il faudra arriver à comprendre un jour si nous voulons gagner une lutte que trois millions de personnes peuvent largement faire tomber un gouvernement si elles ne se contentent pas de défiler de Bastille à République. Ce ne sont pas les syndicats réformistes qui pourront offrir ce genre de perspectives.

Libertad

Lire aussi : Mais que font les organisations anarchistes et le mouvement libertaire ?

Mis en ligne par libertad, le Samedi 8 Avril 2006, 21:37 dans la rubrique "Pour comprendre".

http://endehors.org/news/10236.shtml
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