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 Réarmer le politique face aux OPA destructrices

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FleurOccitane
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Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Réarmer le politique face aux OPA destructrices   Réarmer le politique face aux OPA destructrices EmptyDim 30 Avr à 0:20

Citation :

Réarmer le politique face aux OPA destructrices d’emploi et de valeur

de Arnaud Montebourg

Chacun a compris qu’une grande vague de restructurations à coups d’OPA meurtrières se prépare dans l’industrie européenne, mondiale et française. Les groupes français sont dans l’œil du cyclone après l’attaque de Mittal sur Arcelor, entreprise dans laquelle les contribuables de notre pays ont investi plus de 15 milliards d’euros.

Après la menace de l’attaque sur Suez, nous observons avec inquiétude les possibles prises de contrôle sur des fleurons nationaux, en raison de la part flottante de leur capital disponible sur les marchés.

C’est le cas de Lafarge avec 91 % de son capital, d’Altadis avec 89 %, ou encore Carrefour, Danone ou Accor avec plus de 80 % de flottant. Nous observons avec inquiétude les milieux de l’intelligence économique s’intéresser à la vulnérabilité boursière de très grandes entreprises françaises, grandes pourvoyeuses d’emplois et de savoir faire. Renault, Peugeot, Air France, BNP-Paribas, Société Générale, Véolia, Vinci.

Tous les scénarios catastrophes sont désormais possibles avec une industrie française que contribuables, salariés et territoires français ont patiemment bâtie.

Les OPA hostiles détruisent de la valeur

Les mésaventures de l’attaque victorieuse du canadien Alcan sur Péchiney sont là pour nous rappeler les conséquences des OPA hostiles. Alcan s’est emparé de la quasi-totalité de l’approvisionnement de notre pays en aluminium, il a fermé les usines dans le sud de la France, il a rapatrié quelques centres de recherche encore situés sur notre territoire et est parti exploiter nos brevets au Canada.

L’aluminium vendu à Airbus, selon des brevets français, est désormais la propriété d’une société transnationale ayant son siège social au Canada. Pourtant, Péchiney avait été recapitalisé grâce aux nationalisations de 1982 et sauvé de grandes difficultés à l’époque.

Ce sont tous ces efforts industriels de la nation qui sont partis là sans mot dire en fumée.

Jusqu’où allons-nous laisser faire ce capitalisme financier sans limite qui ignore l’économie réelle et se consacre à la satisfaction de ses seuls actionnaires devenus les régnants quasiabsolus de ce nouveau monde ? Est-il permis enfin de contester l’utilité économique, et même financière, des OPA hostiles ?

Sur le plan purement économique, l’offre publique dite inamicale ou hostile, présente l’inconvénient de n’avoir été précédée d’aucune concertation qui aurait pu dégager un projet industriel et une stratégie économique commune.

Ces OPA hostiles entraînent des surenchères en matière de prix proposés aux actionnaires de la société cible. Elles sur rémunèrent donc la part spéculative des actions des porteurs de parts. Il est très cher pour les entreprises ellesmêmes de s’en protéger par avance, comme il est hors de prix de s’en défendre une fois l’attaque déclenchée.

Ainsi, les entreprises du CAC 40 ont investi l’année passée des sommes astronomiques dans l’autocontrôle et le rachat par les sociétés de leurs propres actions. La société TOTAL a consacré l’année dernière 4 milliards d’euros au rachat de ses propres actions pour éviter une OPA hostile. Il s’agit là d’un argent gaspillé car jeté inutilement dans le portefeuille de spéculateurs, qui aurait pu être investi dans la recherche, le développement ou l’emploi.

L’année dernière, nous ne nous sommes pas très éloignés du chiffre de 6 milliards en 2005 pour l’ensemble des entreprises du CAC 40, à avoir racheté leurs propres actions ; il s’agit là du plus grand gaspillage que le capitalisme français n’ait jamais toléré qui aurait pu être consacré à l’investissement productif lequel a pourtant reculé de façon spectaculaire dans ces entreprises.

Ce gaspillage exclusivement consacré à la protection des entreprises OPAables n’a aucun sens et ne fait l’objet d’aucune réponse de la part des libéraux qui ont abandonné l’idée de combattre même les effets les plus pervers, les plus stupides du marché !

Enfin, lorsqu’une entreprise a été assaillie par une OPA hostile, il est généralement imposé à la société victime des normes de rentabilité déraisonnables et des cessions d’actifs contraires aux intérêts sociaux des entreprises dans le seul but de rembourser la dette d’acquisition.

Voilà pourquoi ces OPA se transforment en machine à détruire des actifs ! Elles sont le plus souvent destructrices de valeur sur le plan économique, et il faudra le dire aux idéologues de la « création de valeur » qui ne s’intéressent qu’aux portefeuilles de ceux qui possèdent les actions et oublient de s’occuper d’économie, d’emploi et de nos territoires.

Les OPA hostiles détruisent emplois et compétences

Les salariés sont généralement les premiers concernés par le rapprochement effectué ainsi à coup d’OPA hostiles, car pour eux il s’agit à tout coup de suppressions d’emplois, de suppressions de sites industriels, de départs de centres de recherche ; qu’on soit cadre ou ouvrier, les OPA hostiles annoncent généralement des restructurations.

Les déclarations de Mittal devant un parterre d’analystes financier sur la suppression de 40 000 emplois sur 160 000 des aciéries Mittal, devraient nous alerter de réarmer le politique sur ces OPA destructrices d’emploi.

Il faut ajouter la migration des centres de décisions vers d’autres latitudes généralement hors d’Europe ; ainsi les dégâts collatéraux faits sur l’investissement de décennies de travail d’ingénieurs, de créativité sur le terrain des brevets, de laboratoires de recherche et développement sont considérables.

Quel est le sens d’une politique de pôles de compétitivité par la recherche et le développement d’une nation comme la nôtre si les concurrents directs de nos grandes entreprises peuvent s’approprier sans coup férir le produit de ces investissements et mettre fin sur le terrain à une coopération locale avec des partenaires intellectuels que sont les grandes écoles, les universités, ou les savoirs faire industriels que sont les sous-traitants et les petites entreprises qui accompagnent la performance des grandes entreprises qu’elles entourent ?

Chacun peut comprendre que des dirigeants politiques ne peuvent pas se désintéresser des conséquences négatives de cette vague d’OPA hostiles.

L’UMP organise le démantèlement des protections au profit exclusif des actionnaires

La politique, dans son acception la plus élevée, doit faire irruption devant les excès de cette économie financière devenue folle. Elle doit s’emparer de ces problèmes pour y imposer des réponses différentes de celles que le simple laisser faire du marché nous imposerait.

L’entreprise n’appartient pas qu’à ses actionnaires. L’économie n’est pas un objet qui relèverait de la sphère privée car elle relève du bien public car ses implications sur notre vie, notre bien être commun, sont énormes. L’action publique doit pouvoir exercer ses contrepoids.

En se lançant dans le discours du patriotisme économique, Monsieur de Villepin fait des moulinets au sommet de la colline de son impuissance. En vérité, pendant ce temps, les députés de l’UMP organisent le démantèlement unilatéral des moyens que l’Etat peut opposer à la violence du marché dans la transposition de la directive européenne OPA.

On entend développer, avec des trémolos dans la voix, la religion du petit porteur. Seuls les actionnaires devraient être servis selon leur idéologie aveugle. Pendant que le Premier ministre, comme Don Quichotte, fonçait sur le moulin d’acier, Lakshmi Mittal, Thierry Breton, Ministre de l’Economie expliquait le 2 février dans l’affaire Arcelor, que « notre rôle est de veiller à ce que les procédures se déroulent correctement dans l’intérêt des actionnaires.C’est tout ! ».

Le marché fait donc désormais la loi ! La politique industrielle de la France se fait donc désormais à la corbeille ! Voici venu le temps du gouvernement des actionnaires !

La directive européenne que l’on transpose ici sans trembler est d’inspiration ultra-libérale. Elle s’est donnée pour but d’unifier la réglementation des OPA mais avant tout de les faciliter comme elles ne l’ont jamais été sur le territoire national.

Réarmer le politique

Pour notre part, nous préférons assumer la nécessité que le politique puisse reprendre ses droits sur la violence destructrice des marchés et de l’économie, rendue à des actionnaires exclusivement soucieux de leur intérêt financier.

Nous proposons, dans le cadre de la discussion, de la transposition de cette directive pro-OPA, de mettre sur pied un pouvoir de suspension des offres publiques d’acquisition par le ministre chargé de l’économie « en considération des conséquences négatives qu’elles pourraient avoir sur le territoire national et sur les orientations stratégiques de sa politique industrielle » face au déchaînement du marché et des actionnaires.

Nous proposons d’installer en face un contrepouvoir, celui du politique qui prendra ses responsabilités au vu notamment des choix industriels, du respect des préoccupations du maintien de l’emploi, du maintien des centres de décision sur le territoire national, du maintien également des centres de recherche contenus dans les entreprises visées.

Le gouvernement va-t-il laisser Monsieur Mittal prendre possession d’Arcelor sans intervenir ni poser la moindre question ? Par exemple, d’où vient l’argent de Mittal ? De sa holding cotée dans les paradis judiciaires des Caraïbes, ou de sa société installée opportunément dans la place financière la plus opaque de l’Europe, les Pays-Bas ?

Sait-on que sa croissance par acquisition successives s’est exclusivement faite par de la monnaie de papier, par échange de titres. Sachant que l’évaluation de la société est faite par son propre fils et que la banque d’affaires qui a accompagné la croissance de Mittal est la même que celle de Enron et de Vivendi, selon des stratégies similaires de croissance par acquisitions externes.

Ce laxisme auquel ce gouvernement nous a habitué dans d’autres dossiers, il en paiera les conséquences politiques dans les urnes !

L’autorité politique est la seule responsable devant les citoyens et devant la société, à porter les considérations d’intérêt général au nom desquelles il pourra s’opposer à l’accomplissement stupide et parfois aveugle, lorsqu’il n’est pas destructeur, des marchés. Peut-on évoquer l’avantage considérable que représente la force de cette protection contre les OPA hostiles en termes d’attractivité de notre territoire ?

La ligne Zapatéro pour résister aux OPA hostiles

Nous avons des centaines de centres de décision, de sièges sociaux partis depuis 15 ans vers des zones de basses pressions fiscales -appellation polie des paradis fiscaux- que nous ne pouvons pas leur offrir. Car nous ne sommes pas et ne voulons pas être un paradis fiscal. Nous leur offrirons une protection, un sanctuaire.

Vous verrez progressivement se relocaliser quelques sièges sociaux qui viendront développer en paix leurs projets industriels, l’argent consacré à l’autocontrôle sera consacré à l’investissement, à la recherche-développement et à l’emploi, pour une économie équilibrée.

Faute d’argument sérieux, on cherche à s’appuyer sur le droit européen. Mais le droit, c’est le fruit de la volonté des hommes. On nous opposera les règles européennes de la libre circulation des capitaux. C’est derrière ces règles que se sont abrités certains députés de la majorité en commission des finances.

Nous leur répondons que la liberté de circuler des capitaux n’interdit pas que celle-ci soit conforme au maintien de l’emploi et au maintien de l’investissement qui sont une considération d’intérêt général tout aussi importante que la cupidité des actionnaires que la dite libre circulation a pour but de sanctuariser.

Ceux qui, comme Charles Mc Greevy, commissaire chargé du dossier des OPA ou Monsieur Manuel Barroso, Président de la Commission, ne peuvent pas utiliser l’anathème du protectionnisme pour empêcher les Etats Nations membres de l’Union européenne, de défendre des intérêts que l’Europe elle-même refuse obstinément, par excès d’ultralibéralisme, de prendre en charge.

Nous avons besoin de nous protéger des excès d’un capitalisme exclusivement financier et faiblement industriel !

Nous voulons bien une politique industrielle européenne si toutefois elle daignait bien vouloir et commencer à naître ! Tel n’est pas le cas. Mais nous ne pouvons pas accepter qu’en l’absence de politique industrielle européenne, l’union nous empêche d’exercer celle des Etats membres.

Soit l’Europe fait son travail et les Etats Nations peuvent accepter de lui déléguer la défense de leurs industries, de leurs territoires et de leurs emplois, soit elle s’y refuse obstinément et laisse les prédateurs dévorer ce qu’ils entendent et, refusant ainsi l’existence même de toute politique en matière industrielle, elle détruit la notion même d’intérêt général, distillant ainsi le pire des carburants pour tous les populismes et lepénismes de tous poils, sa politique, c’est en l’état, malheureusement, pas de politique !

Selon certains commentateurs, ces propositions seraient un retour à la ligne Maginot ? Non, c’est la ligne Zapatéro ! Du nom de celui qui vient de prendre un décret loi de cette nature en Espagne ! La ligne Junker ! Qui anime la résistance face à l’OPA sur Arcelor. Et même celle de pays hors de l’Europe qui commencent à lutter contre les excès du capitalisme financier.

La France doit prendre la tête de ce combatlà pour infléchir la version ultra-libérale de la construction européenne.

Bref, partout où il n’y a plus de politique, il est urgent que surgissent les moyens et les nouveaux outils. Tel est l’objet de nos choix.

Nous vous proposons de le faire ensemble, pour faire face ensemble aux futures OPA destructrices de notre économie, et de notre industrie.

http://renover-maintenant.org/

De : Arnaud Montebourg
mercredi 22 mars 2006

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=24662
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