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 Le Mémento Malville

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FleurOccitane
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MessageSujet: Le Mémento Malville   Le Mémento Malville EmptySam 22 Avr à 19:36

Citation :

Le Mémento Malville
Une histoire des années soixante-dix


Notes de lecture :
(de la Coordination contre la société nucléaire)

Le Mémento Malville
Une histoire des années soixante-dix


Par Simples Citoyens
37 pages A4 sur deux colonnes, disponible exclusivement sur Internet à l’adresse www.piecesetmaindoeuvre.com , ou auprès de la coordination pour le prix des photocopies.

Lors des discussions que nous avons menées au sein de la coordination, il a été évoqué à plusieurs reprises l’utilité de revenir aujourd’hui avec un regard critique sur l’histoire du mouvement antinucléaire, à la fois pour lutter contre l’amnésie généralisée et pour s’efforcer de tirer des leçons de l’expérience passée. Le texte mis en ligne cet été par le groupe grenoblois « Pièces et main d’oeuvre » - surtout connu pour son opposition aux bioet nanotechnologies - apporte une contribution d’un grand intérêt à cette tâche

La première qualité du texte est, comme l’indique son sous-titre, qu’il s’efforce de mettre en perspective historique l’opposition à Superphénix des années 1976-77, à la fois par rapport à 68 et par rapport aux suites toujours plus lamentables, du rassurant Larzac aux grotesques illusions mitterrandiennes. Bref, ce texte ne parle pas que du nucléaire, loin de là (ce qui est remarquable pour un texte antinucléaire), mais d’abord d’une contestation qui « jamais avant, et jamais depuis [...] ne fut à la fois plus massive et plus radicale ». C’est-à-dire qu’il s’agit pour les auteurs d’un tournant décisif dans l’histoire récente, qui pour cette raison fut particulièrement « nié [...] et refoulé [...] ».

Il est très instructif également de constater à quel point était répandue à l’époque, même auprès des plus modérantistes, une critique qui, au-delà du nucléaire et à travers lui, dénonçait « la société qui le produit et qu’elle contribue en retour à transformer » (cf. la plate-forme de la coordination) : société de consommation de masse, domination technologique et étatique, etc. On mesure, à ce rappel de l’atmosphère intellectuelle de l’époque, l’extrême régression actuelle.

La deuxième qualité du texte est qu’il prend le temps de détailler l’histoire de cette opposition, et d’analyser les raisons de son échec (en tout cas : les raisons qui venaient d’elle-même et pas des forces de son adversaire). Les auteurs s’attachent ainsi à décrire les principales « personnalités » du mouvement - et aussi leurs carrières ultérieures. Ce n’est pas le moindre intérêt du texte que de voir dévoilés tous ces piteux revirements - tous ces opposants bon teint devenus depuis experts auprès de bureaucrates d’Etat ou d’entreprises. Plus que de réglements de compte, c’est bien d’avertissements dont il s’agit : les auteurs nous présentent les écologistes d’Etat et leurs amis au berceau, et nous montrent à quoi ils ont servi. Par-delà l’opposition entre violents et non-violents présentée comme la ligne de démarcation de l’époque, c’est en effet la question du rapport avec le pouvoir, et donc la conception de la politique, qui est au centre du propos.

Le texte décrit enfin en détails le déroulement des événements, les hésitations tactiques, les tentatives d’organisation, et surtout les permanentes manoeuvres et manipulations pour garder le contrôle d’un mouvement et l’orienter dans une direction : celle du mur. Il décrit aussi, évidemment, l’insuffisance de ses participants, le manque de clairvoyance ou de fermeté, puis les renoncements et l’inconséquence purs et simples de la grande majorité après l’échec de la manifestation de l’été 77. Notons les intéressantes remarques sur une « démocratie directe d’autant plus facilement manipulable qu’elle est trop informelle » pour se donner les moyens de défendre ses principes.

Les auteurs ont visiblement connu de très près tous ces événements, ce qui rend le texte très vivant et sensible. Et il serait fort intéressant de confronter leur version des faits avec d’autres témoignages, pour la confirmer ou la corriger le cas échéant. En tout cas, des textes de cette tenue sur les autres grandes étapes de la lutte antinucléaire seraient les bienvenus. Bien sûr, le plus important dans ce genre d’étude historique, c’est d’en tirer les conclusions pour aujourd’hui.

Extrait :

...
Malville : Le dernier grand rassemblement « soixante-huitard » et la fin d’un cycle (1967-1977). Le premier août 1977, le terrain est déblayé pour les « années 80 », en fait deux décennies d’amnésie et d’aphasie, à peine troublées de crises sans lendemain (grèves lycéennes de décembre 1986, grèves ouvrières de décembre 1995). Il faut attendre la contestation des OGM (1998) et le rassemblement anti-mondialiste de Seattle (1999), pour voir renaître une opposition, renouant par certains traits avec celle défaite vingt ans plus tôt.
Encore faut-il préciser. Il est classique de distinguer l’avant et l’après 68, « les années de rêve » et « les années de poudre » selon Hamon et Rotman qui dans leur pavé « Génération » célèbrent l’ascension des « figures du gauchisme » (On dit « figures du gauchisme », comme on disait « barons du gaullisme » ou « éléphants du PS »). Ces « itinéraires » se situent entre 1965 et 1975. Dix ans pour faire un chiffre rond et parce que l’arrêt d’Actuel première manière (« Underground »), fournit une fin arbitraire et commode dans une déliquescence interminable. Mais ce raccourci permet également de ne pas parler du mouvement antinucléaire, ni de Malville 77.
En fait deux générations, et non pas une, logent à l’enseigne du « soixante-huitisme ». Les aînés et les cadets, les diplômés et les décrocheurs, les parisiens et les provinciaux, les « figures » et la piétaille, les dominants et les dominés, les « incontournables » et les invisibles. Non seulement invisibles, mais innomables. Même la langue s’oppose au repérage de cette seconde vague. « Soixante-huitard » sonne comme un coup de clairon, rime avec « quarante-huitard », et, bien sûr, ratifie une sorte de propriété sur les fameux « événements ». « Soixante-dizard », comment un terme aussi artificiel, nasillard, sourd, à l’accent déclinant, fuyant, et aux connotations vaguement péjoratives, pourrait-il désigner quoi que ce soit ? Qui pourrait le revendiquer ?
Et pourtant Malville fut un événement soixantedizard.

Ils l’ont assez radoté : les soixante-huitards, contemporains des « yéyés » étaient pour l’essentiel issus d’oppositions internes à l’Union des Etudiants Communistes, élèves à la Sorbonne, à Normale Sup’, à Centrale etc. Héritiers de la nomenklatura communiste parisienne. Trotskystes ou marxistes-léninistes, leur gauchisme était partidaire, généraliste, obsédé par la prise du pouvoir. Y eussent-ils prêté attention que « l’écologie », la défense du milieu, n’eut été pour eux qu’un « front » secondaire et catégoriel. Mais intellectuels « à la française », c’est à dire extrémistes cartésiens, encore désséchés par leurs surenchères marxo-freudiennes, d’ailleurs imbus de techno-productivisme, ils ne pouvaient professer pour la nature et le sentiment de la nature, humaine ou non, que méfiance et mépris. La culture est de gauche, la nature de droite ; déterminisme, darwinisme, pétainisme, Blut und Blod etc.
Qui plus est, ces « figures » ayant vécu le meilleur, « les années de rêve » - celles de leur jeunesse -, le moment ascendant du baby-boom contestataire, et se dérobant devant l’ingratitude et les risques de l’autre versant de Mai, dissolvaient dès 1972/73 leurs joujoux groupuscules, sous les prétextes les plus nobles, avant d’entamer ou de reprendre leurs « parcours ». Politique de sabotage, afin que rien ne survive à leur défection. Ils rentrèrent dans l’ordre où, de leurs tours de contrôle dans les media et la communication, ils falsifient toujours la mémoire.
Pour l’essentiel ce sont les soixantedizards arrivés après la fête, mais d’autant plus âpres, qui, défaite après défaite, guerroyèrent des années durant à contre-courant, notamment à partir du choc pétrolier de 73 et de l’essor du chômage. Ce reflux se manifeste dans l’abandon de tout point de vue d’ensemble et de perspective historique, pour faire place à un gauchisme apartidaire, défensif et thématique. La communauté, le « groupe affinitaire » et le comité ad hoc remplacent l’organisation politique ; l’opposition « ici et maintenant » contre des cibles limitées et concrètes se substituent à la perspective totale et abstraite de la lutte finale. La mobilisation interne prend le pas sur le prosélytisme. C’est ce gauchisme d’en bas, bric à brac bricolé, qui s’incarne dans l’écologisme, le régionalisme, les radios libres, etc, résistant aux décrets des « figures », et leur infligeant des années de démentis.
Chassés de Grenoble par leurs propres militants, Pierre Blanchet et Claire Brière y reviennent en envoyés de Libération - courtoisie de la direction - pour y couvrir le mouvement contre Superphénix. Cette couverture, inévitable compte-tenu de l’ampleur du phénomène, privilégie le factuel, l’anecdotique, les opposants « locaux » - autour du site - les plus timides et les plus faibles politiquement, la dénonciation bien-pensante de la violence policière. Elle occulte le contenu, les enjeux, les discours et les débats qui consument le mouvement antinucléaire de l’été 76 à l’été 77. - Et bien sûr, le Comité Malville de Grenoble, coupable de trop de succès et d’indépendance, et de compter parmi ses membres d’anciens maos d’une faction dissidente.

« Le cas de la mobilisation antinucléaire contre Superphénix à Malville en juillet 77 est extrêmement parlant de ce désengagement de Libération et de son alignement sur une éthique journalistique classique : pressentis par les Comités Malville pour faire un appel important à ce rassemblement, les journalistes de Libération ont finalement préféré ne pas faire de dossiers spéciaux sur Malville appelant à accentuer la mobilisation, ils ont préféré s’en tenir au rôle de chroniqueurs et de commentateurs des évènements en faisant une large description de la manifestation. » (M. De Bernardy de Sigoyer. Membre de l’équipe de Vérité Rhône-Alpes et auteur de : La contre-information : un système d’expression. Le cas de Grenoble. Mai 1980. Université des Sciences Sociales de Grenoble)

Il ne fait pas de doute qu’un tel appel de Libération eut doublé le nombre des manifestants de Malville. Ceux qui organisèrent ce rassemblement, le firent dans la solitude, et en dépit de la sourde hostilité de « Libé ». Déchet ultime de la décomposition maoïste, dont la parution avait, entre autres, entraîné l’arrêt de Vérité Rhône-Alpes (Serge July venant à Grenoble, plaider auprès de l’équipe de VRA pour qu’elle se saborde en faveur de Libération), il n’avait pas fallu quatre ans au « France-Soir du peuple » pour renouer avec la fiction neutraliste. Le mouvement contre Superphénix eut lieu en dépit et au dépit des « figures » soixante-huitardes.
...

Le Mémento Malville est disponible sur www.piecesetmaindoeuvre.com
à l’adresse http://pmo.erreur404.org/MementoMalville.html
et en version Word sur
http://pmo.erreur404.org/MementoMalville.doc

www.infonucleaire.net

Mis en ligne le mardi 14 mars 2006, par Mathias Goldstein

http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=7826
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