Misère de la gauche

Citation :: Misère de la gauche

Texte issu de l’occupation de Rouen

Désormais il est devenu douloureusement évident pour tous, si l’on exclut quelques séniles extrémistes de gauche, que l’horreur n’est pas dans tel ou tel aspect isolé de la civilisation contemporaine, mais dans nos vies tout court. Dans la façon dont elles sont vécues quotidiennement.

L’échec complet de la gauche naît de son incapacité de prendre acte - nous ne parlons même pas de comprendre - de la transformation de la misère, qui est une caractéristique fondamentale de toutes les nations hautement industrialisées. La misère est encore conçue avec les catégories du prolétariat du XIXe siècle : la lutte féroce pour la survie dans un état de besoin, de faim, de maladie, au lieu d’être conçue comme une incapacité de vivre, hébétude, ennui, isolement, angoisse, absence totale de sens, qui caractérisent comme un cancer dévorant l’indigence de notre siècle.

La gauche accepte joyeusement toutes les mystifications de la consommation spectaculaire. Elle ne parvient pas à voir comment la consommation n’est pas autre chose que le corollaire de la production moderne, fonctionnant comme stabilisation économique et justification idéologique, et qu’un secteur est autant aliéné que l’autre. Elle ne parvient pas à voir que toute la pseudo-variété des modes d’intégration du temps libre est le déguisement de l’expérience et la réduction de chacun au rôle de spectateur passif.

Par cette perspective, la gauche est devenue rien de plus que l’avant-garde d’un réformisme permanent auquel le néocapitalisme est condamné. La révolution, au contraire, demande un changement total. Et cela, aujourd’hui, peut seulement signifier un dépassement en bloc de l’actuel système de travail et de temps libre.

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"Les principes du marketing n’ont laissé qu’à l’Homme politique que l’ambition d’être acheté." Raoul Vaneigem

Source/auteur : ac-forum
Mis en ligne le samedi 11 mars 2006, par Ludo

http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=7913