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 Tentative de réflexion : la notion de citoyenneté

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FleurOccitane
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Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Tentative de réflexion : la notion de citoyenneté   Tentative de réflexion : la notion de citoyenneté EmptyMer 25 Jan à 19:13

Citation :

Tentative de réflexion sur la très sainte notion de citoyenneté

Au départ, qu’est ce qu’un citoyen? Selon sa définiton antique, c’est un individu ayant « le droit de suffrage » dans les assemblées publiques. Comme dans les premiers types de démocratie, à Athènes par exemple. Un citoyen était un agent de ces protodémocraties.

Qu’est-ce qu’est devenu exactement le citoyen, aujourd’hui? Un citoyen est toujours un agent de la démocratie, sauf que maintenant tout individu peut prétendre à être citoyen. C’est à dire à disposer d’une égalité politique, dans laquelle on inclut notamment le droit de vote ou l’égalité face à la justice. Il est considéré au-delà des caractéristiques propres (croyances, etc.). Nuançons déjà quelque peu ce portrait : un étranger, en France par exemple, ne possède pas une citoyenneté totale.

Le citoyen, depuis le passage en République, a remplacé le sujet qui existait sous la monarchie. Mais est-il plus libre qu’auparavant?

On ne peut pas raisonablement nier que la démocratie dans laquelle nous vivons, globalement respectueuse des droits de l’homme, est humainement préférable à tous les régimes de type monarchiques qui ont été ceux de la France dans le passé. Mon objectif n’est pas de prouver le contraire, mais de mettre en évidence que « le de voir de citoyenneté » contemporain a remplacé ce que l’on pouvait appeler « le devoir d’obéissance » au souverain, à l’époque médiévale ou moderne. Montrer que qui se déclare citoyen aujourd’hui prête allégeance par là même à tout pouvoir qui se voudrait démocrate ou républicains, même si cette appelation n’était qu’une apparence.

Sous Louis XIV, on enseignait dès l’enfance la nécessité de l’obéissance au roi. Les temps changent : de nos jours on dit vouloir enseigner la citoyenneté, la liberté. N’est ce pas le but de l’éducation civique? Mais observons donc le résultat de ce processus : on forme des légions de démocrates formatés, parce que « la démocratie c’est bien » comme on l’entend parfois. Si demain un tyran populiste persuasif se présente aux élections, un nouveau Napoléon III, et se donne des toutes les belles apparences du démocrates, quelle sera la réaction du peuple? Bien entendu, me direz vous, la Vème République a formée ses enfants, elle en a fait des êtres capables des critiques les plus perspicaces, eux sauront reconnaître l’infamie. Permettez moi d’en douter. La Vème République, tout comme les deux précédentes, n’a nullement été capable de former ses « citoyens » à la réflexion critique. Tout juste a-t-elle été capable de leur faire adopter la notion de citoyenneté et de démocratie. Comme dans les cours de catéchismes on apprend à respecter certaines valeurs « parce que ce sont celles de dieu », on apprend aux jeunes républicains qu’il faut respecter certaines institutions et certains individus « parce que ce sont les garants de la démocratie ». L’éducation civique, tout comme le catéchisme, correspond à l’enseignement d’une doctrine.

Quels sont les responsables de ce résultat? Ils sont nombreux, ce sont tous ceux qui n’ont jamais suggéré que l’éducation civique puisse devenir une possibilité de réfléchir librement. De fait, la citoyenneté est devenue une nouvelle forme de servitude. Est aujourd’hui citoyen celui qui respecte les institutions républicaines (sans systématiquement aller voter) et qui s’inscrit dans le sytème économique tel que l’état dans lequel il vit l’a défini ; est donc citoyen celui qui consomme paisiblement sans chercher la réflexion sur des institutions politiques dont il semble satisfait « car elles sont démocratiques, c’est bien ».

Alors à quoi parler de cela maintenant? Tout d’abord cela fait déjà quelques temps que j’évoque cette idée, elle avait notamment été intégrée dans le mouvement contre la réforme Fillon. Cela n’aura pas changé grand chose : on se retrouve avec un favori dans les sondages pour la présidentielle qui représente un véritable danger populiste. On se retrouve aussi aujourd’hui avec la poursuite des réformes libérales entamées par Fillon au ministère de l’éducation : Robien souhaite ainsi diminuer le nombre de postes au CAPES. Il faut bien comprendre que la politique éducative de ce gouvernement possède tout de même une certaine cohérence et que, par conséquent, la réforme Fillon et la diminution du nombre de postes au CAPES participent d’une même logique. Cette logique est celle qui consiste à dire que l’éducation doit être un outil rentable dans lequel on forme de futurs agents économiques, c’est à dire des citoyens.

Face à cela nous devons continuer à opposer la liberté. L’éducation ne doit pas avoir pour objectif de former des agents économiques, des marchandises, ou des citoyens. Sa seule ambition doit être l’émancipation de l’individu au sein d’une communauté, au-delà de toute logique marchande ou républicaine. Qui poursuit des études doit pouvoir se produire émancipé, et devenir un être humain libre, et pas un citoyen.

Il est certainement possible de faire un grand nombre de propositions pour aboutir à cette finalité. En ce qui me concerne je tiens à répéter les propositions faites lors du mouvement contre la réforme Fillon. Il s’agit dans un premier temps d’instaurer au moins une heure de « philosophie » dès la sixième, ou du moins une heure de « réflexion libre » par semaine, sur des textes majeurs qui peuvent être compris par des élèves de ce niveau, le but étant de les amener à développer une réflexion critique. Une telle discipline ne serait, évidemment, pas noté. Cette proposition est loin d’être inapplicable comme certains se plaisent à le faire croire : un enseignement plus ou moins similaire existe en Allemagne, et des classes de troisième en Seine-Saint-Denis commencent à mettre en oeuvre ce type d’enseignement. C’est uniquement par ces moyens qu’il nous sera possible de former des « êtres humains libres », et c’est uniquement en courrant le risque que ceux-ci ne subissent pas un formatage républicain que nous pourront connaître de véritables démocrates.

De : Renaud B.
jeudi 19 janvier 2006


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