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 Racisme des villes, fascisme des champs ...

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FleurOccitane
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Nombre de messages : 5959
Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Racisme des villes, fascisme des champs ...   Racisme des villes, fascisme des champs ... EmptyDim 22 Jan à 23:56

Citation :

RACISME DES VILLES, FASCISME DES CHAMPS ...

lu sur cnt-ait. : Dans "Le Monde" du 16 nov 05, Alain Badiou, professeur émérite à l’École normale supérieure, a publié son témoignage sur le racisme au quotidien. Extraits.


MON FILS EST NOIR

J’ai un fils adoptif de 16 ans qui est noir. Appelons-le Gérard. (...) Son histoire se passe à Paris tout bonnement. Entre le 31 mars 2004 (Gérard n’avait pas 15 ans) et aujourd’hui, je n’ai pu dénombrer les contrôles dans la rue. Innombrables, il n’y a pas d’autre mot. Les arrestations : Six ! en dix-huit mois… J’appelle "arrestation" qu’on l’emmène menotté au commissariat, qu’on l’insulte, qu’on l’attache à un bac, qu’il reste là des heures, parfois une ou deux journées de garde à vue. Pour rien (...) [Voici la] toute dernière arrestation (…) se range le long du trottoir, tous freins crissants, une voiture de police. Deux de ses occupants bondissent sur Gérard et Kemal, les plaquent à terre, les menottent mains dans le dos, puis les alignent contre le mur. Insultes et menaces : "Enculés ! Connards !" Nos deux héros demandent ce qu’ils ont fait. "Vous savez très bien ! Du reste, tournez-vous -on les met, toujours menottés, face aux passants dans la rue- que tout le monde voit bien qui vous êtes et ce que vous faites !" Réinvention du pilori médiéval (une demi-heure d’exposition), mais, nouveauté, avant tout jugement, et même avant toute accusation. Survient le fourgon. "Vous allez voir ce que vous prendrez dans la gueule, quand vous serez tout seuls." "Vous aimez les chiens ?" "Au commissariat, y aura personne pour vous aider." (...) J’indique au passage que lors de la troisième des arrestations de Gérard, tout aussi vaine et brutale que les cinq autres, on a demandé à son lycée la photo et le dossier scolaire de tous les élèves noirs. Vous avez bien lu : les élèves noirs. Et comme le dossier en question était sur le bureau de l’inspecteur, je dois croire que le lycée, devenu succursale de la police, a opéré cette "sélection" intéressante. [Pour en revenir à l’affaire racontée ici :] On nous téléphone bien après 22 heures de venir récupérer notre fils, il n’a rien fait du tout, on s’excuse. Des excuses ? Qui peut s’en contenter ? Et j’imagine que ceux des "banlieues" n’y ont pas même droit, à de telles excuses.

DANS MON VILLAGE

Comment parler de la région où j’habite depuis deux ans ?

J’habite un village d’environ quatre mille habitants à une vingtaine de kilomètres de Béziers. Que cela plaise ou pas aux individus érudits sur le sujet du fascisme, c’est bien une région fascisante où je vis, avec son cortège de traditions (tradition religieuse très forte, tradition barbare comme la tauromachie et la chasse -très prisée-, tradition corporative des "vignerons"... ). C’est une véritable ambiance fascisante communautaire entre les "blancs" et les autres, "maghrébins d’origine" ; c’est comparable à l’apartheid.

Le matin, dans ce village, sur la place de la mairie, les blancs discutent, le verbe haut. Le soir, après une dure journée de labeur, les individus de la communauté "d’origine maghrébine" discutent entre eux, à voix très mesurées.

Il y a le Front National (sur 2 000 électeurs, 800 votent FN), la FNACA (Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie) qui est très populaire dans la région, vu la forte communauté issue des colonies d’Afrique du Nord.

Il y a les murs qui sont recouverts, aux endroits stratégiques, d’inscriptions comme "Mort aux bougnoules", "Le Pen au pouvoir et les Arabes à l’abattoir" … et je ne parle même pas des tracts et affiches du FN, du FNJ, collés à pratiquement tous les feux de signalisation du village.

Alors, comment voulez-vous qu’avec cette incitation permanente à la haine, on n’arrive pas à des drames comme celui de cet été : un autochtone “de souche” tire sur des "jeunes d’origine maghrébine" qui, soi-disant, sèment la terreur dans le village. Entre parenthèses, le type qui a tiré sur les jeunes faisait partie d’un club de tir et détenait une arme de gros calibre (P38). Des jeunes sont dans un état très grave à l’hôpital. La presse régionale est très évasive sur leur état de santé mais surtout "explique" que la victime c’est … le malheureux tireur qui, excédé, "a pété les plombs". A la suite de son arrestation, ce dernier s’est pendu dans sa cellule. Et comment croyez-vous que les habitants ont réagi à ce drame ? Ils ont de suite organisé une manifestation de soutien au "français de souche" victime d’avoir tiré sur les jeunes, avec, en tête des 1 500 personnes du village, le maire, le Parti socialiste, le Parti communiste, le Front National et une organisation Occitaniste. En effet, beaucoup d’habitants "de souche" du village se revendiquent à la fois très fortement de leur identité régionale "occitane" (manifestant un attachement identitaire à la région et à sa langue d’Oc) et d’une "Europe blanche".

A mon avis, il y a quand même dans cette région une concentration, une multiplicité de paramètres qui me font penser que le fascisme peut avoir des formes différentes du fascisme institutionnel. Il est vrai qu’en ce moment, l’État a une politique du tout répressif qui encourage implicitement ce genre de facho-individualisme.

Cela ne me fait pas oublier que la machine de guerre du système capitaliste exerce avec une plus grande ampleur à l’échelle planétaire sa barbarie. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut fermer les yeux sur le quotidien.

Virginie

Ci dessous deux témoignages, l’un citadin et l’autre rural, du racisme quotidien ...

Mis en ligne par patrick83, le Vendredi 13 Janvier 2006, 18:19 dans la rubrique "Actualité".

http://endehors.org/news/9382.shtml
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