FleurOccitane Rang: Administrateur
Nombre de messages : 5959 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/04/2005
| Sujet: Bolivie : choisir entre "yuppies" ou indiens Mar 17 Jan à 14:44 | |
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Bolivie : choisir entre "yuppies" ou indiens
Une élection avancée par la société. Une question raciale. La Bolivie a eu un président par an depuis 2000 et deux ont renoncé avant d'assumer. Uniquement ces données montre la gravité de la crise étatique. Et c'est que le pays a été manié par une poignée de "yuppies" masterisés qui nous ont menés à l'échec, dans lequel ceux qui ont subi la pire partie ont été les indiens...
L'élection 2005, il est bon de l'avoir en tête, a été précipitée par l'exigence sociale-indigène d'Assemblée Constituante et de nationalisation des hydrocarbures à laquelle s'est ajoutée la pression des "autonomies" (régionales) comme forme de renforcer les pouvoirs économiques régionaux en face de l'influence croissante des mouvements sociaux.
Quelques statistiques confirment le dit : Au moins dix grandes mobilisations : 1. la Guerre de l'Eau en 2000, 2. l'encerclement aymara de La Paz et une révolte policière de base en avril 2000, 3. la création de l'Université Publique d'El Alto (UPEA), 4. l'encerclement aymara de La Paz de décembre 2000, 5. la Guerre de la Coca en 2002, 6. une révolte policière de base en février 2003, 7. l'encerclement des habitants d'El Alto de La Paz en 2003, 8. "la Guerre du Gaz" en septembre et octobre 2003, 9. la mobilisation de El Alto pour l'eau alteña en janvier 2005, 10. la mobilisation nationale en mai et juin 2005, sans compter les cinq mobilisations indigènes de Tierras Bajas à Tierras Altas entre 1990 et 2005.
Une autre statistique : cinq présidents boliviens en cinq ans : 1. Hugo Banzer (ADN), 2. Jorge Quiroga (ADN) 3. Jorge Sanchez de Lozada (MNR), 4. Carlos Mesa (MNR), 5. Eduardo Rodríguez (Cour Suprême). Et deux présidents démissionnaires avant leurs prises de fonctions, Hormando Vaca Díez (MIR) et Mario Cossio (MNR). Et 130 députés titulaires et suppléants, 27 sénateurs titulaires et suppléants, tout le Congrès (premier pouvoir de l'Etat) obligé de renoncer de manière collective par la pression sociale.
Il semblait que tous (candidats de toute nature, journalistes et "analystes" et entrepreneurs qui ont grandi sous l'aile de l'État) oublions ces froides statistiques. Peut-être cela explique-t-il la pauvreté des débats pré-électoraux et la malignité dans l'agression des candidats du système au quechua-aymara indigène Evo Morales.
De son côté, le candidat du Mouvement au Socialisme (MAS), pour ce que l'on a vu, n'a pas eu le temps pour faire connaître son programme d'administration de l'État parce qu'il a été distrait et très occupé pour répondre aux agressions qui sont allées jusqu'au mensonge.
Par conséquent, dans cette élection, il n'y a pas de propositions de débats de fond et seulement des distractions et le show médiatique qui plaît tant à la frivole classe moyenne (cette "classe à moitié") et qui engendre des rages justifiées entre indigènes et classes sociales basses, peu comprises par enquêteurs, consultants, analystes, journalistes et même par les artistes...
Alors, cette dispute électorale est entre deux groupes : 1. les "yuppies", cette matière grise (avec "maitrises" et "doctorats" économétriques) et qui a conçu, élaboré et appliqué la "capitalisation" qu'a capricieusement mise en vigueur Gonzalo Sanchez de Lozada, son ami Jorge Quiroga (actuel candidat à la présidence), entre autres... 2. les indiens (indigènes, peuples originaires, paysans, "sans terres", salariés paysans, femmes) et autres groupes de marginalisés par les politiques publiques approuvées et exécutées par les "systémiques".
Mais il y a d'autres données : 1. Les compagnies pétrolières, qui ont mis à genoux le gouvernement de transition en n'applicant pas la Loi 3058 sur les Hydrocarbures, ne veulent pas de nationalisation et encore moins une Assemblée Constituante et elles ont démontré leur pouvoir politique et médiatique. 2. Quelques entreprises productives et financières mettent la pression sur leurs employés pour "ne pas voter pour un indien" parce qu'il met en danger les investissements. Un exemple ? : Prodem. 3. Le groupe financier espagnol Santander Central Espagnol, associé majoritaire de la Banque de Santa Cruz a vendu ses actions au bolivien Bisa, trois jours avant l'élection.
Il y a différents risques : 1. Si Quiroga recommence à être gouvernement, la société aura reculé d'au moins 50 ans et renoncé aux revendications historiques obtenues. 2. L'Indien Evo Morales peut tomber dans l'"aggiornamiento" (modernisation) par l'action des imanquables "parachutistes" ou postulantes aux postes de ministres qui agissent comme "ll'unkus", "tira sacos" ("traînés" par une charge). 3. La démocratie bolivienne peut tomber dans une "domestication". 4. Les indigènes ont le défi de passer de la revendication à la proposition viable d'administration du nouvel État bolivien …
Edgar Ramos www.galeon.com EL ALTO, BOLIVIE (17-12-2005).
anonyme article:48331 fab le 18/12/2005 à 00h45 http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=48331 | |
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