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 Tunisie : La culture non grata

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FleurOccitane
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Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 30/04/2005

Tunisie : La culture non grata Empty
MessageSujet: Tunisie : La culture non grata   Tunisie : La culture non grata EmptySam 14 Jan à 2:22

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Tunisie : La culture non grata

Depuis 18 ans une vraie entreprise de démolition n’a cessé de dilapider un patrimoine culturel riche de plusieurs traditions culturelles. Cette politique systématique a un double objectif, le premier consiste à réviser le passé culturel du pays et notamment son histoire, le deuxième vise à favoriser l’émergence d’une génération culturellement vide, une génération qui tient le livre pour un ennemi mortel. Le dernier exemple en date est celui de l’annulation de la venue de Marcel Khalifa, le chanteur de l’amour et de la dignité. La encore on est dans la logique du régime, une logique aussi vieille que son établissement au sommet de la pyramide.

Le révisionnisme culturel : il consiste tout d’abord à purger les instances culturelles de leurs éléments les moins serviles, pour les remplacer par d’autres bien plus à même de mettre en application la politique révisionniste. Pour illustrer le propos nous allons nous référer à trois secteurs (théâtre, musique et livre), le premier est celui du théâtre, une fierté tunisienne depuis Ben Ayed jusqu’à l’aube du 7 novembre. Ce théâtre qui a connu une effervescence extrêmement créative dans les années 70/80 (-3) se trouve aujourd’hui monopolisé par un « moustakrich » le dénommé Moncef Souissi qui a purgé l’art dramatique de tous les éléments « subversifs » en faisant la pluie et le beau temps en terme de financement et de création et en écartant toute personne susceptible de lui faire concurrence. Le résultat : tant de créateurs et de créations sont évacués de la scène culturelle tunisienne et tant de visions et de lectures des maux de notre société sont tuées dans l’œuf. Où sont les théâtres de Gafsa, et du Kef, tous rangées sous la coupe du ministère de « l’inculture » pour n’autoriser que les productions serviles ou au mieux celles qui ne traitent que des sujets « consensuel » adultère, showbiz, modernité et ruralité. M. Souissi règne aujourd’hui en maître sur un théâtre devenu l’ombre de lui-même, vide de sens et sans aucune perspective au profit d’une vision négationniste de notre histoire culturelle et révisionniste puisque le théâtre aussi bien que les autres expressions culturelles doivent subir le même toilettage pour ne laisser apparaître que les productions soit politiquement orientés soit vide de toute consistance tout en faisant l’impasse sur le patrimoine aujourd’hui réduit au rang d’archives inexploitables. Ainsi M. Souissi peut encore venir à la télé nous parler de son théâtre et vanter les mérites de ses maîtres qui l’ont intronisé premier responsable. Exit Jaziri, Jaibi et les autres.

Quant à la musique, non seulement elle est soumise à la déferlante commerciale avec son calibrage et sa recette bien ficelée associant voyeurisme, rythme binaire rapide et saccadé, et bien entendu aucun intérêt pour le texte qui doit rester creux, lascif, et vide de sens à ce mouvement général s’ajoute une particularité tunisienne qui a fait du champ musical le seul espace de « liberté » toute relative pour disserter sur la manière dont Amina Fekhit prépare ses pâtes, et les derniers potins sur les lèvres en silicone de Nancy Ajram et pour couronner le tout, le ministère de « l’inculture » vend littéralement le festival de Carthage à Rotana pour qu’elle décide de son contenu « culturel » et s’en sert comme plateforme de lancement de ses chanteurs « cleanex » ou jetables. En parallèle de cela on écarte le docteur et musicologue tunisien Mohamed Garfi pour avoir osé dire qu’il n’y a pas de « politique culturelle dans le pays »

Le troisième exemple est celui du livre. Et c’est là où le bas blesse. Non content d’avoir formé une génération d’inculte et d’ennemi du livre, le régime investi l’association des écrivains tunisiens en la confiant à M. Midani qui a perdu tout sens de la responsabilité en opérant la même purge faite par Souissi au théâtre et en réduisant le livre tunisien à une série de romans photos sur « l’Ere nouvelle et ses réalisations » les vrais écrivains sont écartés et réduits à la clandestinité comme c’est le cas de Jelloul Azouna. L’édition est sévèrement contrôlée et les livres d’histoire sont révisés, et la mémoire du peuple tunisien est effacée pour être de nouveau envahie par une nouvelle « littérature » aussi propagandiste que le théâtre et aussi écervelée que la musique. Quand on veut tuer un peuple on lui efface sa mémoire et quand veut rendre le génocide culturel irréversible on inculque à ce peuple des fausses valeurs et on oriente sa « culture ». Il en va de même pour l’enseignement mais là c’est une autre paire de manches.

Liberté Chérie



Mis en ligne le mercredi 21 décembre 2005, par kurtcobain

http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=7417
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