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 Education, mouvements sociaux et mondialisation

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FleurOccitane
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Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Education, mouvements sociaux et mondialisation   Education, mouvements sociaux et mondialisation EmptyVen 25 Nov à 15:58

Citation :

Education, mouvements sociaux et mondialisation
PAR LOUIS WEBER


(...) Les gouvernements des pays du Nord, les dirigeants des grandes institutions économiques internationales, proposent chaque fois qu’ils le peuvent, et notamment dans des Forums internationaux (...), un certain modèle scolaire conforme aux règles du libre commerce et aux stratégies des grandes sociétés multinationales.
Ce qui est frappant, il faut le remarquer au passage, c’est que ce n’est pas l’UNESCO qui occupe le devant de la scène, comme on pouvait s’y attendre s’agissant d’éducation, mais l’OCDE, la Banque mondiale et l’OMC, c’est-à-dire des organisations économiques et financières.
Et précisément celles dont les remèdes, les solutions et les directives sont en très grande partie responsables de la situation économique désastreuse dans laquelle se trouvent aujourd’hui les pays pauvres et, notons-le aussi, des inégalités scandaleuses qui existent au sein même des pays riches.
Ce sont pourtant ces organismes qui, à travers leurs rapports, leurs analyses comparatives, leurs évaluations et leurs « conseils », voudraient transformer la nature même de l’éducation en en faisant un facteur de production conditionnant la productivité et la compétitivité des entreprises et par là, nous dit-on, l’emploi et même la capacité pour les pays en voie de développement d’attirer les investissements étrangers.

Les orientations de ces organismes ne sont pas seulement relayées par les gouvernements mais aussi par les divers lobbies que les grandes sociétés multinationales et les organisations patronales ont créés. Ces lobbies ne se contentent d’ailleurs pas de relayer ces orientations, bien souvent ils les influencent très directement. Ce phénomène n’est pas nouveau bien entendu. La volonté de faire de l’éducation un simple processus d’adaptation de la jeunesse aux postes de travail tels qu’ils sont à un moment donné organisés dans les entreprises, en réduisant au maximum la formation générale à ce qui est directement utile dans la vie sociale et professionnelle, a toujours existé. Mais on pouvait dire jusqu’ici que cela concernait essentiellement la formation professionnelle, ce qui bien sûr ne vaut pas justification ! L’éducation générale restait un champ où la puissance publique pouvait faire prévaloir l’intérêt général. Elle le faisait d’ailleurs globalement, parfois « aidée » il est vrai par l’action des enseignants, des parents ou des étudiants.

Aujourd’hui, en prenant par exemple les textes de la principale organisation d’employeurs en Europe et de ses divers lobbies, « l’éducation et la formation sont à la base de nos économies et de nos sociétés ». D’où l’importance, selon les mêmes textes, de promouvoir à travers elle la compétitivité. Et ceci par une action éducative qui va « du berceau à la tombe », pour utiliser une formule que l’OCDE affectionne aussi. L’éducation tout au long de la vie, qui est par ailleurs une notion extrêmement positive dans son principe risque de devenir à travers ce prisme un moyen de soumettre l’ensemble des processus d’éducation à ce même modèle, de l’école maternelle à l’université, et même plus tard à travers la formation continue.
Une double précision s’impose ici. L’éducation ne peut pas se concevoir dans l’ignorance du devenir professionnel des jeunes, c’est-à-dire par la négation du monde de l’entreprise, y compris de son potentiel de formation si les partenariats se construisent en privilégiant les dimensions véritablement éducatives des relations avec le monde du travail. (...)

Quelles sont ces orientations qui caractérisent aujourd’hui les réformes de l’éducation dans beaucoup de pays, au-delà même de la nature de leur système politique ? On peut les résumer en quelques phrases : L’éducation, surtout lorsqu’elle est assurée par la dépense publique, coûterait trop cher. Il faudrait rendre les systèmes de formation plus efficaces. 
 Pour cela, le remède serait tout trouvé : il suffirait d’introduire dans un domaine qui jusqu’alors semble en être préservé les mécanismes mais aussi les valeurs du marché, c’est-à-dire, et sans prétendre être exhaustif, la concurrence entre les établissements et, en leur sein, entre les individus.

Ce qui veut dire aussi que l’on voudrait privatiser les services publics ou, tout au moins, faire de l’éducation une marchandise. Elle ne serait plus considérée comme un bien public mais un service qu’on pourrait vendre et acheter sur le marché de l’éducation. Ce marché est potentiellement aujourd’hui un marché mondial, notamment grâce à l’apport des nouvelles technologies. Celles-ci ne sont évidemment pas en cause en tant que telles. Elles peuvent au contraire jouer un rôle très positif dans le développement et la transformation progressiste de l’éducation dans le monde. Mais les forces favorables au marché voudraient ordonner leur utilisation à ce seul but. 
Enfin, troisième élément, on voudrait introduire dans l’enseignement public les méthodes de gestion, de management directement importées de l’entreprise.

Dans cette course à la marchandisation du monde, y compris du monde de l’éducation, l’Organisation mondiale du commerce, notamment à travers l’accord général sur le commerce des services (AGCS), apparaît souvent et de façon justifiée comme le danger principal. Mais même quand le discours se nimbe d’un halo plus social, comme c’est le cas à la Banque mondiale depuis quelques années ou à l’OCDE, l’objectif est fondamentalement le même. En bonne doctrine néolibérale, que ces organisations ne récusent aucunement, bien évidemment, c’est une transformation profonde de l’éducation qui est recherchée.
Elle passe par la primauté des objectifs économiques de l’éducation au détriment de l’épanouissement de l’individu et de la formation du citoyen, et par l’importance donnée à la concurrence et aux valeurs du marché dans le contenu de l’éducation elle-même, mais aussi dans la façon d’organiser et de réguler les systèmes éducatifs.
Comme le précisent d’autres textes, les individus doivent « acquérir des qualifications et des compétences pertinentes par rapport aux besoins des employeurs et du marché du travail ». D’où le recours permanent aujourd’hui dans les documents des organismes financiers qui influencent de manière déterminante les politiques nationales d’éducation, de notions comme la flexibilité, l’adaptabilité ou encore, dernier-né de cette liste, l’employabilité. (...)

PAR LOUIS WEBER
mercredi 24 septembre 2003
http://www.ecoledemocratique.org/article.php3?id_article=129

De : la_mouche_du_coche
samedi 12 novembre 2005

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=20498
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