Discutaction
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

 

 LA BRÈCHE ENTRE LE PASSÉ ET LE FUTUR

Aller en bas 
AuteurMessage
wapasha
Langue pendue
wapasha


Nombre de messages : 4560
Localisation : Pays des Abers
Date d'inscription : 30/04/2005

LA BRÈCHE ENTRE LE PASSÉ ET LE FUTUR Empty
MessageSujet: LA BRÈCHE ENTRE LE PASSÉ ET LE FUTUR   LA BRÈCHE ENTRE LE PASSÉ ET LE FUTUR EmptyMar 4 Oct à 13:44

altermonde-levillage-Une initiative de Luc Douillard-mardi 4 octobre 2005
LA BRÈCHE ENTRE LE PASSÉ ET LE FUTUR

J’appuie de tout coeur cette formidable initiative de Luc. Apprendre, lire pour se souvenir, pour mieux résister aujourd’hui et demain...

Jean Dornac


Citation :
Appel à collecte des plus beaux textes sur la Résistance

Bonjour,

Dans le cadre de la suite de la célébration du 60ème anniversaire du programme social de la Résistance (CNR, mars 1944), nous vous invitons à participer et faire participer autour de vous à une collecte inédite d’un grand recueil inédit des « plus beaux » textes de la Résistance.
Ce recueil est un travail d’éducation populaire ouvert à tous, et destiné notamment aux jeunes générations.

Cette collecte évolutive sera mise à la disposition du public par tous les moyens appropriés (travaux pédagogiques d’enseignants, recours à la presse, tracts, affiches et expos, mise en ligne sur internet et CD-DVD, etc.)
Ce recueil comprendra des textes ou extraits, célèbres ou anonymes. Il est centré sur la Résistance historique anti-nazie (en France : 1940-1944), mais sans exclure a priori des textes témoins d’autres époques où s’est illustrée ou s’illustre encore l’esprit de résistance. (« Résister, c’est créer. Créer c’est résister » est d’ailleurs la conclusion destinée aux générations nouvelles de l’Appel des grands Résistants rendu public le 8 mars 2004, par le mouvement ATTAC.)

Ce dossier d’enquête comprendra des textes (inconnus ou très connus, témoignages bruts ou analyses, littéraires ou pas, en langue française ou autres), mais seront également bienvenues des références de films, poèmes, chansons, graffitis, documents sonores et illustrations, sans omettre l’œuvre considérable, sociale et démocratique, de la Libération antifasciste de 1944-1946.

A vous tous de jouer ! Vous pouvez directement envoyer vos propositions et trouvailles à :

Luc.douillard@libertysurf.fr

qui vous répondra.

Sans omettre de décrire précisément vos sources (référence des éditions originales, ou bien circonstances de la transmission, s’il s’agit de documents/témoignages encore inédits.) Vos propres commentaires personnels seront également bienvenus, surtout s’ils sont motivés et personnels.

Hannah ARENDT


« La crise de la culture - Huit exercices de pensée politique » (titre original : « Between past and future », recueil de versions revues et augmentées d’articles parus dans des revues américaines entre 1954 et 1968. Traduction française sous la direction de Patrick Lévy, Gallimard 1972, édition de poche Folio-Essais.

Préface du recueil par Hannah Arendt : « La brèche entre le passé et le futur », traduction française sous la direction par Jacques Bontemps et Patrick Lévy, Folio Essais, pages 11 et suivantes.

Préface

« Notre héritage n’est précédé d’aucun testament. » Voilà peut-être le plus étrange des aphorismes étrangement abrupts dans lesquels le poète René Char condensa l’essence de ce que quatre années dans la Résistance en étaient venues à signifier pour toute une génération d’écrivains et d’hommes de lettres européens. L’effondrement de la France, événement pour eux totalement inattendu, avait vidé, du jour au lendemain, la scène politique de leur pays, l’abandonnant à un guignol de coquins ou d’imbéciles, et eux qui, comme de juste, n’avaient jamais participé aux affaires officielles de la IIIe République furent aspirés par la politique comme par la force du vide. Ainsi, sans pressentiment et probablement à l’encontre de leurs inclinations conscientes, ils en étaient venus à constituer bon gré mal gré un domaine public où - sans, l’appareil officiel, et dérobés aux regards amis et hostiles - tout le travail qui comptait dans les affaires du pays était effectué en acte et en parole.

Cela ne dura pas longtemps. Après quelques courtes années ils furent libérés de ce qu’ils avaient pensé à l’origine être un « fardeau » et rejetés dans ce qu’ils savaient maintenant être l’idiotie sans poids de leurs affaires personnelles, une fois de plus séparés du « monde de la réalité » par une épaisseur triste [1], l’ « épaisseur triste » d’une vie privée axée sur rien sinon sur elle-même. Et s’ils refusaient « de [se] reconduire jusqu’au principe [de leur], comportement le plus indigent », ils ne pouvaient que retourner au vieil affrontement vide des idéologies antagonistes qui, après la défaite de l’ennemi commun, occupaient une fois de plus l’arène politique et divisaient les anciens compagnons d’armes en d’innombrables cliques qui n’étaient même pas des factions et les engageaient dans les polémiques et les intrigues sans fin d’une guerre sur le papier. Ce que Char avait prévu, clairement anticipé, tandis que le combat réel durait encore - « Si j’en réchappe, je sais que je devrai rompre avec l’arôme de ces années essentielles, rejeter (non refouler) silencieusement loin de moi mon trésor » - était arrivé. Ils avaient perdu leur trésor.

Quel était ce trésor ? Tel qu’eux-mêmes le comprenaient, il semble qu’il ait consisté, pour ainsi dire, en deux parts étroitement liées : ils s’étaient aperçus que celui qui « a épousé la Résistance, a découvert sa vérité », qu’il cessait de se chercher « sans jamais accéder à la prouesse, dans une insatisfaction nue », qu’il ne se soupçonnait plus lui-même d’ « insincérité », d’être « un acteur de sa vie frondeur et soupçonneux », qu’il pouvait se permettre d’ « aller nu ». Dans cette nudité, dépouillés de tous les masques - de ceux que la société fait porter à ses membres aussi bien que de ceux que l’individu fabrique pour lui-même dans ses réactions psychologiques contre la société - ils avaient été visités pour la première fois dans leurs vies par une apparition de la liberté, non, certes, parce qu’ils agissaient contre la tyrannie et contre des choses pires que la tyrannie - cela était vrai pour chaque soldat des armées alliées - mais parce qu’ils étaient devenus des « challengers », qu’ils avaient pris l’initiative en main, et par conséquent, sans le savoir ni même le remarquer, avaient commencé à créer cet espace public entre eux où la liberté pouvait apparaître. « A tous les repas pris en commun, nous invitons la liberté à s’asseoir. La place demeure vide mais le couvert reste mis. »

Les hommes de la Résistance européenne n’étaient ni les premiers ni les derniers à perdre leur trésor. L’histoire des révolutions - de l’été 1776 à Philadelphie et de l’été 1789 à Paris à l’automne 1956 à Budapest -, ce qui signifie politiquement l’histoire la plus intime de l’âge moderne, pourrait être racontée sous la forme d’une parabole comme la légende d’un trésor sans âge qui, dans les circonstances les plus diverses, apparaît brusquement, à l’improviste, et disparaît de nouveau dans d’autres conditions mystérieuses, comme s’il était une fée Morgane. Il existe alors, sans doute, beaucoup de bonnes raisons pour croire que le trésor n’a jamais été une réalité mais un mirage, que nous n’avons affaire ici à rien de solide mais à une apparition, et la meilleure de ces raisons est que le trésor est jusqu’ici resté sans nom. Quelque chose existe-t-il, non dans l’extériorité spatiale mais dans le monde et les affaires des hommes sur terre, qui n’a pas même de nom ? Licornes et reines des contes de fées semblent posséder plus de réalité que le trésor perdu des révolutions. Et cependant, si nous tournons les yeux vers les débuts de cette ère, et spécialement vers les décades qui la précèdent, nous pouvons découvrir à notre surprise que le XVIIIe siècle des deux côtés de l’Atlantique possédait un nom pour ce trésor, un nom depuis longtemps oublié et perdu - on est tenté de le dire - avant même que le trésor lui-même ait disparu. Le nom en Amérique était « bonheur public », et ce nom, avec ses harmoniques de « vertu » et de « gloire » ne nous est guère plus intelligible que son équivalent français « liberté publique » ; la difficulté pour nous est que dans les deux cas l’accent était sur « public ».

Quoi qu’il en soit, c’est à l’absence de nom du trésor perdu que le poète fait allusion quand il dit que notre héritage n’a été précédé d’aucun testament. Le testament, qui dit à l’héritier ce qui sera légitimement sien, assigne un passé à l’avenir. Sans testament ou, pour élucider la métaphore, sans tradition - qui choisit et nomme, qui transmet et conserve, qui indique où les trésors se trouvent et quelle est leur valeur - il semble qu’aucune continuité dans le temps ne soit assignée et qu’il n’y ait, par conséquent, humainement parlant, ni passé ni futur, mais seulement le devenir éternel du monde et en lui le cycle biologique des êtres vivants. Ainsi le trésor n’a pas été perdu à cause des circonstances historiques et de la malchance mais parce qu’aucune tradition n’avait prévu sa venue ou sa réalité, parce qu’aucun testament ne l’avait légué à l’avenir. (...) La tragédie ne commença pas quand la libération du pays tout entier anéantit, presque automatiquement, les îlots cachés de liberté qui étaient condamnés de toute façon, mais quand il s’avéra qu’il n’y avait aucune conscience pour hériter et questionner, méditer et se souvenir. Le point central est que l’ « achèvement » qu’assurément tout événement accompli doit avoir dans les consciences de ceux à qui il revient alors de raconter l’histoire et de transmettre son sens, leur échappa ; et sans cet achèvement de la pensée après l’acte, sans l’articulation accomplie par le souvenir, il ne restait tout simplement aucune histoire qui pût être racontée. (...)

[1] En français dans le texte (N.d.T.)
source : http://altermonde-levillage.nuxit.net/article.php3?id_article=3818

@+
Revenir en haut Aller en bas
 
LA BRÈCHE ENTRE LE PASSÉ ET LE FUTUR
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Un futur d'assurances 100% discriminatoires
» Plus que le CPE, luttons pour notre futur!

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Discutaction :: Suggestions d'actions :: Pétitions et appels-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser