Un parti féministe contre le "mythe" suédois

LE MONDE | 22.09.05 | 13h16 •
Un parti féministe contre le "mythe" suédois

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Elles arrivent... A un an des élections législatives, la Suède compte désormais un nouveau parti politique dédié à la cause des femmes. Officiellement lancée à la mi-septembre, Fi, pour Feministisk Initiativ ("Initiative féministe"), bouscule tout sur son passage. En Suède même, où cette intruse dérange aussi bien par ses idées que par la personnalité de ses dirigeantes. Mais à l'étranger aussi, où l'on a généralement l'image d'une Suède championne du monde de l'égalité et qui devrait donc être le dernier pays à avoir besoin d'un tel parti.

Une jeune Suédoise brandit des drapeaux à l'occasion de la fête nationale à Stockholm, le 6 juin 2005.

Mais les féministes suédoises sont en fureur, en partie à cause de cette image idyllique : un Parlement et un marché du travail qui comptent parmi les plus féminisés de la planète, un congé parental généreux qui s'étend à treize mois, un service public où les responsables sont en majorité des femmes, une loi unique au monde sur la prostitution qui criminalise le client, pas la prostituée. Un pays encore où la plupart des partis et des responsables politiques, jusqu'au premier ministre, se déclarent officiellement féministes.

Les féministes suédoises présentent alors leur cahier de doléances : inégalité des salaires (les femmes touchent en moyenne 18 % de moins que les hommes), violences contre les femmes avec quelque 20 000 plaintes déposées par an, prépondérance des hommes dans les conseils d'administration, arrêts-maladie qui frappent plus largement les femmes. La prostitution, plus cachée qu'avant, existe toujours, et le congé parental est dans les faits essentiellement pris par les mères et toujours vécu comme un frein professionnel. L'ambition de Fi est donc très simple : "Détruire l'ordre patriarcal".

Mais, quelques jours seulement après son congrès constitutif à Örebro, Initiative féministe traverse pourtant déjà sa première crise. L'une des principales propositions, remplacer le mariage et le pacs par un "contrat de coexistence" différenciant les choses de l'amour de celles de l'économie, a été interprétée comme une apologie de la polygamie. Certaines féministes "historiques", qui ont quitté le navire, reprochent à Fi d'avoir été noyautée par la tendance gay.

Un sondage créditait récemment Fi de 8 % d'intentions de vote. En 1994, il avait suffi que des féministes suédoises respectées menacent de créer un parti pour que la plupart des formations présentent des listes paritaires. Et que la Suède y gagne le Parlement le plus féminisé au monde.

Olivier Truc
Article paru dans l'édition du 23.09.05

source : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-691640,0.html

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