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 Décroissance et néo-malthusianisme

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FleurOccitane
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Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Décroissance et néo-malthusianisme   Décroissance et néo-malthusianisme EmptyDim 11 Sep à 18:58

Citation :

Décroissance et néo-malthusianisme

En 1798, dans un ouvrage intitulé, Essai sur le principe de population, l'économiste anglais Thomas Malthus (1766-1834), établit que la population croît en progression géométrique alors que les subsistances n'augmentent qu'en progression arithmétique, entraînant ainsi un décalage provoquant périodiquement guerres, famines, épidémies... Malthus en conclut que la chasteté serait alors la solution pour mettre un terme à ces fléaux...

C'EST VERS LA FIN du XIXe siècle que, dans les milieux libertaires, en particulier sous l'influence de Paul Robin, va se développer la théorie néo-malthusienne. Si elle reprend l'analyse de Malthus concernant la croissance de la population et des ressources, elle diffère dans les moyens à mettre en oeuvre pour résoudre les problèmes qui y sont liés. Ainsi à la chasteté volontaire est substituée la théorie de la sélection scientifique, ou « bonne naissance » selon les termes de Robin, c'est-à-dire. une maternité désirée, avec les moyens de la mener à bien. Ce dernier, créateur de la Ligue de régénération humaine et éditeur du journal Régénération, estime que, pour parvenir à un nouvel ordre social, sans passer par une révolution violente, il faut réunir plusieurs conditions
- Une maternité librement consentie.
- Une éducation saine et complète.
- Une nouvelle organisation sociale.
Il affirme alors: « Cessons de procréer au hasard, un nombre de fois déraisonnable et, comme cela se pratique le plus souvent dans des conditions d'hygiène et de santé lamentables. Nous aurons alors des individus sains, que leurs parents pourront élever dans . de bonnes conditions puisqu'ils lés auront mis au monde volontairement [ ...]., Assurons alors une bonne éducation à ces enfants et, tout naturellement, se réalisera cette organisation sociale que les hommes recherchent en vain depuis si longtemps, car les gens biens nés, bien élevés, n'auront aucune peine à s'entendre pour créer les organisations sociales basées sur la réelle liberté de chacun, assurant à tous l'abondance de tous les biens produits par la nature et l'industrie, et la félicité générale résultant de la bonté de tous envers tous ».(1)
Face à la misère d'un prolétariat sans cesse grandissant, lé contrôle de la natalité (2), la diffusion de moyens de contraception, le droit à l'avortement, mais aussi le développement de pratiques hygiéniques représentent des mesures apportant des solutions à des problèmes concrets, de façon immédiate, sans attendre un hypothétique Grand Soir. Une éducation intégrale, basée sur l'apprentissage intellectuel et manuel, ainsi que sur l'activité physique, viendrait alors compléter' ces dispositions et constituerait le premier pas vers le nouvel ordre social.(3) Il faut bien reconnaître que, une fois encore, sur certaines revendications, les anarchistes font figure de précurseurs.
Ainsi de nombreux libertaires, en Franc (dont Sébastien Faure), aux États-Unis (Emma Goldman), en Espagne (la Liga de regeneracion humana), au Brésil, partout où le mouvement anarchiste est développé, vont s'atteler à diffuser ces théories.
On peut cependant regretter, et critiquer, chez Paul Robin, une certaine tendance au scientisme et à l'eugénisme, la première étant caractéristique d'une époque qui pensait que la science et le progrès technique résoudrait presque tous les problèmes, et la seconde une conséquence presque logique de la première, en étant sa transposition et son application dans le domaine de la natalité. En effet, Paul Robin estimait que les conditions déplorables de procréation engendrait des êtres « dégénérés » et que l'application des principes néomalthusiens donnerait vie à de nouvelles générations d'hommes et de femmes, et que l'espèce humaine s'améliorerait, tant sur le plan physique que moral.
Si nous débarrassons le néo-malthusianisme de ces deux aspects, cette théorie reste d'une grande actualité, voire d'une nécessité impérieuse, et s'intègre parfaitement au concept de décroissance.
Dans le contexte actuel, le problème de la démographie croissante et incontrôlée s'est déplacé. Auparavant phénomène lié aux intérêts antagoniques de classe, à l'intérieur des frontières du monde occidental, il s'est transposé au « conflit » opposant le Nord et le Sud. C'est dans les pays exploités par l'Occident que les maux liés à la natalité sont les plus criants et contribuent, bien qu'ils n'en constituent pas la seule raison (l'extrême pauvreté en étant une autre), à alimenter des catastrophes telles que les famines, les épidémies, les guerres, la"pollution, etc. et risquent d'ouvrir la voie à des conflits et à des dangers encore plus dévastateurs.
Actuellement, à l'inverse peut-être du début du siècle dernier, la possibilité technique existe de nourrir toute la planète. Seule manque la volonté politique, soumise aux intérêts du marché. Seulement, si nous voulons sortir du cercle infernal du « progrès » (en tant qu'idéologie en soi) et de la spirale productiviste et revenir à une « économie de subsistance » (4), il faut donc s'orienter vers une décroissance des naissances.
De plus, dans un monde fini, comme le nôtre, où les ressources se trouvent fatalement limitées, la croissance démographique n'est pas possible à l'infini. Si nous voulons consommer et produire moins, et autrement, il est indispensable que nous soyons moins nombreux sur cette terre. Il semble d'ailleurs désormais évident que les grandes concentrations humaines sont génératrices de problèmes sociaux et environnementaux. C'est donc en inversant certaines échelles et certains rapports (de consommation, de production, de concentration urbaine, de natalité, etc.) que nous nous engagerons sur une voie plus égalitaire et plus écologique.
C'est pourquoi les combats pour le droit à l'avortement, mais également l'accès aux moyens de contraception, donc à une maternité et une paternité ,librement consenties restent, aujourd'hui, comme hier, une priorité qu'il faut étendre à l'ensemble de l'humanité, et ce, en dépit de tous les fanatismes religieux et conceptions morales rétrogrades qui, comme on le sait, ont généralement la fâcheuse habitude de s'opposer à ce type de mesures. Une autre solution peut être l'adoption. Pourquoi continuer à procréer alors que tant d'enfants croupissent, à travers le monde, dans des orphelinats insalubres, ou sont livrés à
eux-mêmes dans les grands centres urbains des pays dits « en développement », en proie à toutes les violences?
Au début du siècle dernier, des voix, parmi les anarchistes, se sont élevées à l'encontre de ceux qui voyaient dans le néo-malthusianisme l'unique solution à tous les problèmes. Et cette critique est toujours valable. La réduction des naissances, à elle seule, ne peut modifier l'ordre social actuel. Ce n'est qu'accompagnée de mesures révolutionnaires, à savoir la disparition du capitalisme et de l'État, une redistribution égalitaire des richesses et la mise en place de structures autogestionnaires, autonomes et fédérées qu'elle représentera l'un des facteurs permettant de parvenir à la société libertaire, solidaire et conviviale que nous appelons de tous nos voeux.

Thierry Libertad

1.Paul Robin, « Sommaire de conférences sur le néo-malthusianisme », Régénération, ri I , avril 1900, cité par Jean Maitron, le Mouvement anarchiste en France, Paris, Gallimard, 1992, tome z, p. 346.
2.Le contrôle de la natalité que réclament les néo-malthusiens ne dépend d'aucune autorité extérieure sinon du libre arbitre de chacun.
3.Paul Robin se démarqua avant tout comme pédagogue. Il fut le directeur de l'orphelinat de Cempuis, où il appliqua ses principes éducatifs.
4.Telle que la définit Ivan Illich.


Le Monde libertaire #1402 du 9 au 15 juin 2005
Mis en ligne par libertad, le Vendredi 9 Septembre 2005, 22:51 dans la rubrique "Pour comprendre".

http://endehors.org/news/8432.shtml
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FleurOccitane
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MessageSujet: Reclus et le néo-malthusianisme   Décroissance et néo-malthusianisme EmptyDim 11 Sep à 18:59

Citation :

Reclus et le néo-malthusianisme

Dans le concert de louanges sur l’intelligence exceptionnelle d’Élisée Reclus, il m’a semblé utile d’apporter un bémol, car nul n’est parfait et Reclus ne peut évidemment pas échapper à cette règle.
Un domaine où il a commis une erreur de jugement ou d’appréciation est le natalisme, à travers l’estimation des ressources alimentaires que la terre peut ou pourrait produire, en effet il écrit à Heath en 1884 : « Nous voulons étendre la solidarité à tous les hommes, en sachant d’une manière positive, grâce à la géographie et à la statistique, que les ressources de la Terre sont amplement suffisantes pour que tous aient à manger. Cette loi prétendue d’après laquelle les hommes doivent s’entre-manger n’est pas justifiée par l’observation. C’est au nom de la science que nous pouvons dire au savant Malthus qu’il s’est trompé. Notre travail de tous les jours multiplie les pains et tous seront rassasiés. »
Aujourd’hui, un siècle après sa mort, la Terre porte plus de six milliards d’individus , dont les deux tiers sont plus ou moins sous-alimentés… et demain si cette croissance se poursuit, les craintes des néo-malthusiens deviendront des drames réels.
On peut comprendre le goût personnel de Reclus pour les grandes familles, comme la sienne, dans laquelle il a été heureux, bien que vivant chichement. Ces familles nombreuses n’étaient pas rares au XIXe siècle, les parents Reclus ont engendré treize enfants dont deux sont morts en bas âge et une à vingt ans… Restent dix enfants arrivés à l’âge adulte. En partant des deux parents, à la deuxième génération il y a donc dix individus, à la troisième plus de quarante, et aujourd’hui probablement une centaine, voire plus car le dispersion de la famille rend difficile son dénombrement exact.
Dans la même période, heureusement ou malheureusement, la mortalité infantile, la malnutrition, les épidémies et les guerres ont contrarié cette expansion galopante. Car en multipliant par cinquante la population française du milieu du XIXe siècle, soit environ 35 millions, nous serions maintenant arrivés au chiffre ahurissant de près de deux milliards d’habitants en France, alors que nous n’avons fait que doubler, ce qui est déjà beaucoup en un siècle et demi.
Quels ont été les impacts des campagnes de limitation des naissances et des outils anticonceptionnels rendus disponibles en masse, il y a moins de trente ans ? Par ailleurs, l’élévation du niveau de vie et d’instruction a-t-il joué de manière importante dans cette limitation ? En parallèle, les politiques natalistes de la droite comme de la gauche , et surtout des religions ont-elles favorisé ce doublement de population ?
Les outils anticonceptionnels ont toujours existé, même dans les populations primitives à l’aide de plantes ou d’instruments mécaniques. Avec le modernisme, le choix est vaste, du préservatif à la pilule du lendemain, mais je voudrais rappeler qu’il est un moyen radical de ne pas procréer sans aucune conséquence sur la santé et d’une grande simplicité de mise en œuvre, c’est la vasectomie. Cette stérilisation masculine, pratiquée depuis la première moitié du XXe siècle, a beaucoup de mal à se répandre en dehors du mouvement anarchiste. C’est vrai que les premiers propagandistes en sont issus, notamment Bartosek puis Lapeyre et Prévôtel dont les procès successifs auraient dû assurer la publicité de ce type de contraception, mais il y a encore beaucoup de réticences face à ce moyen définitif. Au début des années 70, après mon opération, j’avais envisagé d’en faire la publicité à mon tour et je me suis heurté à deux oppositions, d’une part les copains qui défendaient leur intégrité physique (sic), peut-être craignaient-ils une éventuelle perte de virilité, et d’autre part les copines qui situaient la procréation dans leurs prérogatives exclusives.
Le mouvement néo-malthusien a eu beaucoup de difficultés à s’affirmer dans les différents courants anarchistes et il faut saluer particulièrement Paul Robin et Eugène Humbert pour leur opiniâtreté, car les oppositions à leur thèse étaient nombreuses, émanant de personnalités de premier plan comme Kropotkine qui déclare à l’encontre de Paul Robin : « Tu entraves la Révolution », comme James Guillaume : « Tu ridiculises l’émancipation du travail », et aussi Élisée Reclus qui refusait d’insérer ses articles néo-malthusiens sous prétexte que c’était là une question privée et que, du point de vue général, la limitation des naissances n’était qu’une « grande mystification. »
Il faut aujourd’hui constater que la natalité est en légère baisse et que l’accroissement de la population en France est due à deux causes distinctes, d’une part l’allongement de la durée de la vie et d’autre part l’immigration. Les progrès médicaux qu’on ne peut pas rejeter, sauf à contester l’acharnement thérapeutique, ont permis de pratiquement doubler l’espérance de vie en un siècle et demi, ce qui ne va pas sans conséquences sur la pyramide des âges ni sur l’économie. Lorsque les premières retraites ouvrières ont été expérimentées, notamment dans les coopératives, au début du XXe siècle, puis généralisées vers le milieu, leur assise financière était garantie par un calcul de probabilité de décès dans les cinq ans suivant la cessation d’activité professionnelle. Les progrès thérapeutiques ont porté cette probabilité entre quinze et vingt ans, selon les sexes. Ce qui revient à faire supporter les revenus d’un plus grand nombre de retraités, pendant plus longtemps, à un nombre plus restreint d’actifs. Et c’est là que réside le problème de la décroissance, si elle est possible, puisqu’on voit que la croissance infinie de la population est impossible sans catastrophe majeure. Une stabilisation serait finalement préférable à une décroissance, ou alors très lente, car ses effets pervers seraient les mêmes et peut-être pire que la croissance échevelée à laquelle on assiste. Mais on est encore loin d’atteindre cet objectif qui devrait être universel pour être efficace. Une baisse de la natalité dans le cadre d’une croissance économique, entraîne systématiquement une hausse de l’immigration (appel de main-d’œuvre), puisqu’on vit dans un système capitaliste pour un certain temps encore. En cela, je ne porte pas de jugement idéologique et je sais que la France et l’Europe ont toujours reçu des émigrants, avec plus ou moins d’élégance. Ces migrants provenaient pour la plupart de pays et de milieux déshérités et ignoraient totalement la contraception, mais en s’intégrant, dès la deuxième génération, ils cessaient de procréer comme des lapins. Ajoutez à cela le fait religieux, quel qu’il soit, qui considère chaque naissance comme un bienfait des dieux…
Une brochure récente de Jean-Pierre Tertrais qui traite de la décroissance, consacre une quarantaine de pages à faire la critique du capitalisme, c’est bien mais un peu redondant, quatre pages au problème démographique et seulement une page au néo-malthusianisme… On l’a lu mieux inspiré ! En revanche, dans l’Encyclopédie anarchiste , ce n’est pas moins de dix pages grand format qui traitent du sujet. On peut seulement regretter que la démonstration s’appuie presque totalement sur le problème alimentaire soulevé par la surpopulation, la difficulté à mettre en œuvre une agriculture intensive par manque d’engrais, en cela elle est obsolète. Mais maintenant que tout le monde ou presque, en Occident, rejette ce type d’agriculture, la démonstration redevient pertinente.
Une décroissance économique est impossible sans décroissance démographique, car comment refuser le bien-être aux milliards d’individus qui n’y ont pas eu accès, quant à ceux qui en ont profité, il va falloir leur expliquer, mais bien et longtemps, que maintenant ce sera tintin ! L’inversion de la tendance ne pourra être que progressif en ne quittant pas des yeux la pyramide des âges. Agir en profondeur en aidant les associations existantes comme le Planning familial, ici et ailleurs, revendiquer le transfert des subventions allouées aux établissements et aux constructions d’édifices religieux vers une politique de limitation des naissances, et surtout commencer par balayer devant sa porte, ce qui veut dire stigmatiser les camarades qui procréent plus que de besoin.
Car le besoin de procréer existe, surtout chez la femme, on a pu constater que la libération des mœurs d’après 68 a réduit considérablement le nombre des naissances dans le mouvement libertaire, mais on s’aperçoit que vingt ans plus tard, passé la quarantaine, le désir d’enfants revenait et nombreuses ont été celles qui sont passées à l’acte, ce qui est très risqué pour la santé physique et mentale de l’enfant.
Il est déplorable que l’espèce humaine soit dénaturée au point de ne pas contrôler sa démographie, ce que font très bien les animaux. Les expériences de Laborit sur les rats en témoignent, dans un milieu confiné où les aliments sont rares, ils ne se reproduisent quasiment plus.
En conclusion, la situation est catastrophique… mais pas forcément désespérée, et c’est vraiment dommage qu’un esprit aussi lucide qu’Élisée Reclus n’ait pas pris la mesure de ce problème déjà flagrant en son siècle.

Gilbert Roth

texte publié par le CIRA en janvier 2005

Mis en ligne par Gilbert, le Samedi 10 Septembre 2005, 17:11 dans la rubrique "Pour comprendre".

http://endehors.org/news/8437.shtml
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