Le lobby du maïs boude les économies d'eau

vendredi 02 septembre 2005 (Liberation - 06:00)
Le lobby du maïs boude les économies d'eau

Hier à Paris, il a juré avoir baissé sa consommation d'eau de 20 % en vingt ans.

Par Frédéric PONS

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Accusées au plus fort de l'été, notamment par l'UFC-Que choisir, d'être les principaux responsables de l'assèchement des nappes phréatiques en ne payant l'eau qu'au tarif minimum, les grosses pointures de la très discrète Association générale des producteurs de maïs (AGPM), réputée l'un des lobbies les plus riches et les plus puissants du monde agricole, tenaient conférence de presse, hier à Paris. «Les Français connaissent mal le maïs, la céréale la plus produite dans le monde», commente Christophe Terrain, patron de l'association, en guise de préambule. Histoire d'expliquer que cette céréale n'a pas tant besoin d'eau que ça, il poursuit : «Le maïs, c'est seulement 39 % de l'irrigation en France. Un hectare de maïs sur quatre est irrigué. Et nous avons réduit de 20 % nos besoins d'eau en vingt ans.»

Arrosage traditionnel.

Mais comment économiser la précieuse ressource ? Plutôt que de se restreindre, il faut constituer des stocks d'eau pendant les mois d'hiver, affirme l'AGPM. Qui jure avoir atteint ses limites de cofinancement pour la construction de «lacs collinaires» ou d'autres formes de stockage. Ce serait donc aux agences de l'eau et aux collectivités territoriales de remettre la main au porte-monnaie. Quant à demander aux producteurs de maïs de gaspiller moins d'eau en abandonnant leur système d'arrosage traditionnel au profit de tuyaux du genre goutte à goutte, il n'en est pas question. «Ça nous coûterait beaucoup trop cher», réplique Christophe Terrain.

Substitution.Evidemment, les rois du maïs pourraient aussi consommer moins d'eau s'ils se lançaient dans des cultures de substitution nettement moins gourmandes en flotte, comme les pois protéagineux, le sorgho, etc. «Le problème, c'est que les rendements de ces cultures sont catastrophiques. Il n'y a aucune rentabilité. Or nous, on ne produit pas du maïs par philosophie», se justifie Jean-Jacques Girard, l'un des piliers de l'AGPM.

Et d'agiter la menace de l'étranger en cas de futures restrictions d'arrosage ou encore de limitation de la culture du maïs, comme le recommandait cet été Nelly Olin, ministre de l'Ecologie. «Si nous ne pouvons pas irriguer, la France, qui est le troisième producteur mondial de maïs doux (celui qui se mange en salade, ndlr), devra laisser la place à ses concurrents américains (censés être bourrés d'OGM, ndlr) ou hongrois. Mais nous avons reçu des assurances de Dominique Bussereau, le ministre de l'Agriculture, que nous conserverons notre place mondiale», croit savoir Christophe Terrain, le patron de l'AGPM. A condition de se débarrasser au passage de la concurrence de la Thaïlande, accusée de pratiquer des prix de dumping sur le marché européen : les producteurs français viennent donc d'engager une procédure contre ce pays auprès de la Commission européenne.

source : http://www.liberation.fr/page.php?Article=320762

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