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 Le Royaume-uni en crise existentielle

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wapasha
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wapasha


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MessageSujet: Le Royaume-uni en crise existentielle   Le Royaume-uni en crise existentielle EmptySam 13 Aoû à 18:19

samedi 13 août 2005 (Liberation - 06:00)
Le Royaume-uni en crise existentielle

Depuis les attentats de juillet, les Britanniques s'interrogent sur les problèmes d'intégration des immigrés et le modèle multiculturaliste.


Par Marc SEMO


Citation :
Jamais les appels n'ont été aussi nombreux. «Plus d'une centaine par semaine, trois fois plus qu'avant les événements», assure Shareefa Fulat, directrice de la Young Muslim Helpline (SOS jeunes musulmans), une association de soutien et d'aide psychologique du nord-ouest de la capitale britannique. Les thèmes sont ceux de toujours : solitude, dépression, tendances suicidaires, automutilations, refus d'un mariage arrangé. Mais en filigrane apparaît aussi le malaise croissant des jeunes musulmans britanniques depuis les attaques-suicides des 7 et 21 juillet à Londres. «Il y a une suspicion générale, et le regard des autres qui accroît encore leur déchirement identitaire», explique la jeune femme, qui s'avoue elle-même troublée par cette britishness (identité britannique) que les autorités mettent désormais en avant.

Loyauté. «Je ne sais pas moi-même ce que cela signifie vraiment. Est-ce la langue ? Est-ce le fait de vivre en Grande-Bretagne ? Finalement, c'est surtout quand je suis à l'étranger que je me sens britannique», précise cette diplômée en chimie, qui porte toujours le foulard. La réponse ne va pas de soi. Une enquête d'opinion pour la télévision Sky News montre que 46 % des musulmans britanniques «se sentent d'abord musulmans». Un autre sondage de l'institut Yougov révèle que, si quelque 70 % des membres de cette communauté se disent prêts à donner des informations à la police sur les «terroristes», 18 % affirment ne ressentir «aucune loyauté particulière» envers le Royaume-Uni.

«C'est quoi être britannique ? Ce n'est même pas le fait de parler anglais, qui est aujourd'hui une langue internationale», ricane Ali, assidu d'une des mosquées de Brick Lane, un grand bâtiment de briques noircies qui fut un temple de réfugiés huguenots français, puis une synagogue, au gré des vagues d'immigration qui ont déferlé successivement sur ces rues misérables de l'est de Londres, devenues aujourd'hui un ghetto bangladais.

Les Britanniques eux aussi remettent en question leur «multiculturalisme». Fondé sur le respect des différences des communautés ethniques et religieuses, il fut longtemps considéré comme une panacée. Les émeutes raciales de 2001 à Bradford (au nord de Londres) avaient été une première alerte. Les récents attentats ont précipité la crise. «Le choc a été d'autant plus fort que les poseurs de bombe du 7 juillet semblaient avoir réalisé ce que le modèle multiculturel peut attendre d'enfants d'immigrés : ils avaient fait des études correctes et s'étaient insérés dans la vie professionnelle. Ils n'en sont pas moins devenus des kamikazes», remarque Rime Allaf, chercheuse au Royal Institute of International Affairs (RIIA), soulignant qu'«il y a un réel problème d'intégration. Il y a par exemple beaucoup moins de mariages mixtes au Royaume-Uni qu'en France».

Adaptation. Le Premier ministre, Tony Blair, clame haut et fort qu'il est aberrant que «des gens vivant depuis vingt ans sur le sol britannique ne parlent toujours pas la langue». Hazel Blears, sa vice-ministre de l'Intérieur, propose qu'on parle désormais d'«Asian-british» ou d'«Indian-british», et non plus comme jusqu'ici d'«Asians» ou d'«Indians». Il s'agit en fait moins de remettre en cause le multiculturalisme que de l'adapter. «Nous devons apprendre notamment des Etats-Unis, où la fierté dans les valeurs communes de la nation est plus forte qu'ici», suggère Trevor Phillips, qui préside la Commission for Racial Equality (CRE, Commission pour l'équité raciale).

Les limites du modèle n'en restent pas moins évidentes. «Pendant des décennies, on a refusé de voir que les communautés allaient chacune de leur côté, évoluant séparément dans une ségrégation de plus en plus forte au fur et à mesure que les Blancs quittaient les zones habitées par les minorités», accuse Herman Ouseley, ancien président de cette Commission pour l'équité raciale, qui fut le fer de lance institutionnel de la lutte contre les discriminations dans un pays où les communautés immigrées représentent 8 % de la population totale. Les musulmans, pour la plupart originaires du sous-continent indien (Pakistan, Bangladesh, Inde), sont 1,6 million, soit 3 % de la population britannique.

Minorités visibles. La politique multiculturaliste a certes permis des avancées significatives. Des représentants des communautés ont été anoblis, et siègent à la Chambre des lords. Les «minorités visibles» le sont beaucoup plus qu'en France, apparaissant parmi les présentateurs et journalistes de la BBC. La police a de longue date lancé des campagnes de recrutement dans les minorités et a même installé des salles de prière dans les commissariats pour les bobbies musulmans.

«Les diverses communautés ont réussi à créer leurs propres institutions et elles participent à la vie de la société. Elles ont leurs élus et ont obtenu des lois antidiscrimination modèles par rapport aux autres pays européens», souligne Danièle Joly, sociologue et directrice du centre de recherche sur les relations interethniques de l'université de Warwick (Centre). Mais elle n'en reconnaît pas moins les carences de ce système «qui a tout misé sur la culture et la construction de mosquées, mais a laissé en friche le reste, n'assurant pas la mobilité sociale pour les immigrés de deuxième ou troisième génération».

Le fiasco est particulièrement évident pour les jeunes musulmans. Un quart d'entre eux sont au chômage, alors que le taux moyen n'est que de 2,8 %. A peine 45 % des musulmans britanniques en âge de travailler ont un emploi, alors que ce pourcentage est de 75 % pour le reste de la population. Ils habitent le plus souvent dans des quartiers-ghettos. Cette réalité est encore plus patente hors de la capitale, notamment dans les villes industrielles du Nord, où règne un apartheid de fait. «Les autorités britanniques ont reproduit vis-à-vis des minorités leur modèle colonial, en cooptant comme interlocuteurs des notables qui ont en charge la gestion et le contrôle de la communauté. Ceux-ci sont pour la plupart des hommes et des immigrés de la première génération», explique la sociologue Danièle Joly, soulignant que «les jeunes n'arrivent pas à ce statut de notable. S'ils s'en sortent, ils quittent les quartiers ghettos».

Frustrations. Les propos de Tony Blair sur la nécessaire maîtrise de l'anglais ont suscité d'autant plus d'ironie que les vrais problèmes naissent avec la deuxième génération, dont tous les membres parlent anglais. C'est au contraire parmi eux que les frustrations sont les plus fortes. «Les parents étaient arrivés en pensant seulement au travail et à se faire une vie meilleure. Mais leurs enfants cherchent autre chose. Au travers de l'Internet ou de la télévision, ils sont directement en contact avec ce qui se passe en Irak ou en Palestine, et s'identifient totalement à ces combats», explique Mahmoud Sultan, professeur dans une école religieuse de Luton, petite ville à 50 kilomètres au nord de Londres où vivent 15 % de musulmans, pour la plupart pakistanais ou cachemiris, dans un quartier-ghetto considéré comme un fief islamiste. L'animatrice de la Young Muslim Helpline est pourtant convaincue que cette crise et le débat sur le multiculturalisme peuvent s'avérer positifs : «Cela montre à quel point ce modèle est fragile, donc qu'il faut faire des efforts pour le préserver...»
source : http://www.liberation.fr/page.php?Article=317159

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