wapasha Langue pendue
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| Sujet: La pauvreté grandit dans l’Union Lun 9 Mai à 13:53 | |
| humanite-8/05/05 La pauvreté grandit dans l’Union - Citation :
- Précarisation. La misère et l’exclusion se sont aggravées au sein de l’UE ces dernières années, prouve une étude réalisée par le Centre public d’action sociale basé à Bruxelles.
Bruxelles, envoyée spéciale
C’est un travail important qu’a présenté devant la presse et un panel de députés européens, le directeur du Centre public d’action sociale (CPAS) de Bruxelles, Yvan Mayeur : une analyse de la pauvreté et de l’exclusion sociale en Europe. Les auteurs de cette étude se sont posé cette question simple : cinq ans après le sommet de Lisbonne, qui s’était donné pour objectif d’éliminer la pauvreté de l’Union européenne d’ici 2010, où en est-on ? La réponse est consternante : au lieu de reculer, la pauvreté et même la grande pauvreté ont progressé. Pas seulement parce que l’Union vient d’accueillir dix nouveaux membres au revenu par habitant extrêmement bas. Même dans les pays du « groupe de tête », dont la Belgique, la situation s’est considérablement dégradée : aujourd’hui, 13 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. « Et pourtant, note Yvan Mayeur, la Belgique dispose d’un système de transferts sociaux sans lequel il y aurait deux fois plus de pauvres dans le pays, puisque le chiffre passerait de 13 % à 38 %. » Or, certains pays de l’Union, notamment parmi les dix nouveaux membres, ne disposent pas d’un tel système de protection sociale et le projet de Constitution européenne ne prévoit pas de les rendre obligatoires : il n’y a pas, par exemple, de salaire minimum garanti, ni de droit au logement, pas plus que de droit au travail ou à la sécurité sociale.
L’étude rendue publique s’accompagne d’un tableau saisissant des seuils de pauvreté dans les 25 pays de l’UE. La disparité est extrême : 94 euros par mois en Lituanie contre 1 198 au Luxembourg, 730 euros pour la France, 774 pour la Belgique et 414 pour le Portugal. Comment, face à de tels écarts, comparer la situation d’un pays à l’autre, à partir de quels indicateurs ? Yvan Mayeur explique que deux indicateurs principaux ont été choisis : l’accès au logement et l’accès aux soins de santé : « En Belgique, par exemple, le revenu minimum garanti pour une personne seule est 614 euros par mois, mais le loyer moyen dépasse les 400 euros. Même dans les communes les plus aisées, il y a des pauvres et de sans-abri. Le taux de chômage est de 22 % à Bruxelles. Plus de 10 % de la population a besoin de nous pour vivre. »
Une évolution inquiétante confirmée par les députés présents. La Portugaise Ilda Figueiredo (groupe GUE) attire l’attention sur l’augmentation constante du nombre de travailleurs pauvres : au Portugal, le SMIC se situe à 314 euros, bien au-dessous du seuil de pauvreté. Les chiffres de la Commission indiquent que, pour la première fois depuis dix ans, nous détruisons plus d’emplois que nous n’en créons.
Le député irlandais Proïnsas de Rossa souligne l’impossibilité, pour beaucoup de ces « travailleurs pauvres », d’accéder à un logement. « Désormais, a-t-il dit, donnant l’exemple des quartiers ouest de Dublin, l’exclusion ne concerne plus seulement des individus, mais des communautés entières qui sont à resocialiser. »
Pour Françoise Castex (Groupe socialiste), « il n’y a aucune chance d’améliorer la situation tant que les contraintes du pacte de stabilité pousseront les États à réduire les crédits dans le secteur social ». En Allemagne, explique Gabriele Zimmer (PDS), « il existe des pressions très graves sur les chômeurs pour qu’ils acceptent n’importe quel emploi à n’importe quel prix ».
C’est donc bien une harmonisation par le bas qui est en train de s’opérer, au détriment d’un nombre croissant de citoyens européens que l’on dépouille sans vergogne de leurs droits sociaux. En toute hypocrisie puisque, dans le même temps, on fait mine de les proclamer. Le CPAS de Bruxelles a fait oeuvre utile en tirant la sonnette d’alarme.
Françoise Germain-Robin source : http://www.humanite.fr/journal/2005-05-06/2005-05-06-633830 @+ | |
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