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 Le système D comme mode de survie

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wapasha
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wapasha


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Localisation : Pays des Abers
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MessageSujet: Le système D comme mode de survie   Le système D comme mode de survie EmptyJeu 28 Juil à 16:22

humanite-Article paru dans l'édition du 27 juillet 2005.
Le système D comme mode de survie

Faute d’aide, les paysans de la région de Tahoua ont développé mille et une stratégies de survie.

Citation :
Tahoua, envoyée spéciale.

« Chaque jour on doit chercher ce qu’on va manger parce qu’on n’a pas de réserves. » Un gamin dans les bras, une petite accrochée aux jambes, une jeune femme en large chemise marron bordée de dessins blancs est plantée devant la hutte en paille et banco qui constitue l’habitat traditionnel. Dans ce hameau de Saouna, commune de Tabalak, à une quinzaine de kilomètres au nord de Tahoua, cela fait au moins trois ans que les cultures n’ont pas donné assez pour tenir toute l’année. « De toute façon, ici, on mange rarement plus d’une fois par jour », se lamente de son côté l’adjoint du chef de village. La tête enveloppée dans un cheich beige usé, la barbe blanche éparse, il cultive la terre avec quelques hommes du village. Sous un soleil de plomb, ils bêchent, courbés en deux, une terre sableuse qui se craquelle et résiste. « Demain, si on ne trouve pas à manger, on n’ira pas aux champs parce qu’on sera trop faible », renchérit un paysan assis sur la lame de sa bêche. Après des années de vaches maigres, tous sà dire que la situation est pire que jamais. Juste avant la dernière récolte, les criquets se sont chargés ici d’avaler le peu qui avait été produit. Les greniers à mil sont vides depuis des mois. « Si la saison est bonne, on peut tenir sept mois sans acheter de mil, mais cette année on a dû commencer à acheter dès octobre », explique une femme du centre-ville de Tabalak, qui n’a pas trop de difficulté à compenser le manque grâce à son commerce de condiments. Pas question ici non plus de vendre quoi que ce soit, les récoltes sont insuffisantes. Dans le village d’Akokou, Ibrahim, jeune homme d’une vingtaine d’années, cultive avec sa soeur le champ familial. « Le champ donne de quoi manger, pas de quoi vendre », explique-t-il. D’ailleurs, les commerçants ont renoncé à s’approvisionner dans la région. « Ce qu’ils vendent, ça vient de Maradi ou du Nigeria », assure le vieux chef.

Faute de vivres, il faut déployer des trésors d’inventivité. D’autant qu’ici, les commerçants ne font pas d’avances, tant ils craignent de ne pas être remboursés. « Pour trouver de quoi préparer à manger, ceux qui ont un enfant valide l’envoie travailler sur les champs des autres contre de l’argent », explique la jeune femme. La journée de travail rapporte 1 000 francs CFA. « Parfois, c’est le mari qui y va pendant que sa femme cultive son propre champ. » Le groupe de cultivateurs a été la veille louer ses bras au marché hebdomadaire de Tabalak. Même partiellement asséchée, l’énorme mare a également permis des cultures maraîchères. Les femmes ont loué des terrains et les hommes ont creusé six puits « parce qu’on avait besoin de beaucoup d’eau ». La vente du petit bétail est aussi pratiquée, même si elle dépossède les paysans de leur principale richesse. « Avec une brebis ou une chèvre, tu peux trouver du mil pour deux ou trois semaines », explique un homme. L’arrivée des pluies à partir de juillet offre d’autres possibilités. Certaines herbes se cuisinent mélangées avec de la farine de manioc.

Mais la principale source de revenu reste l’exil. Un, deux ou trois fils de famille partent « à l’aventure » à l’étranger, en Libye, parfois en Algérie, souvent en Côte d’Ivoire. De là, ils envoient régulièrement des fonds pour que leurs proches survivent. Le plus souvent, ils reviennent de juin à août. Courte, la saison des pluies a besoin de tous les bras valides. Rentable, cette stratégie semble pourtant menacée. Avec les accords sur l’immigration passés avec l’Union européenne, rien ne dit que la Libye restera une option. Mais c’est surtout la Côte d’Ivoire qui inquiète. Ibrahim a déjà passé trois ans à Abidjan où son père, qui s’y rend depuis longtemps, a investi dans une maison : « S’il n’y avait pas ça, on ne pourrait pas survivre. » Mais il s’inquiète : « Beaucoup ont dû rentrer à cause des ennuis là-bas. »

C. B.
source : http://www.humanite.fr/journal/2005-07-27/2005-07-27-811137

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