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 Fauchage OGM à Verdun sur Garonne

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wapasha
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wapasha


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MessageSujet: Fauchage OGM à Verdun sur Garonne   Fauchage OGM à Verdun sur Garonne EmptyMer 20 Juil à 17:58

altermonde.levillage- mercredi 20 juillet 2005, Anonyme XXI
Fauchage OGM à Verdun sur Garonne (1) - Départ

Répondant à l’appel de José Bové le dernier jour de la marche pour la décroissance, nous sommes partis à Verdun sur Garonne participer au fauchage d’OGM. En voici la chronique jour par jour.

A lire :
- L’annonce du fauchage
- Marche pour la décroissance - L’appel de José Bové
- Marche pour la décroissance - Une manifestation symbolique et non-violente


Citation :
De Lyon au causse Méjean

Mercredi 13 juillet

Thomas, Anthony dit "Tonio", et Stéphanie arrivent dans une voiture blanche. On se fait la bise. Thomas case mon sac dans le coffre, et en route !

Nous choisissons notre itinéraire à l’unanimité : le moins d’autoroute possible : Lyon-Rive de Gier par la nationale, St Etienne, Le Puy en Velais, Mende, Rodez, Albi, Verdun sur Garonne.

Première halte pour acheter des bières.

Deuxième halte pose pipi, pain, mimolette vieille, pêche, bière.

A Langogne, la patronne d’un café nous indique "des jeunes qui font des grillades". C’est le bal du 14 juillet. Merguez, saucisses... Une sono, dans un camion, lance quelques standards de l’accordéon. Deux vieilles femmes grosses et laides ouvrent la piste. Suivies par une mère de famille et son fils de 4 ans. Quelques minutes et la piste est pleine.

Une vrai fête décroissante. Avec des vrais musiciens, ce serait encore mieux. Nous en croisons sur la place de Mende.

La nuit est tombée ; les grillons tapissent le silence. Fatigue progressive ; notre chauffeur Thomas tricote les lacets et les épingles à cheveux, que l’on devine l’un après l’autre surgissant dans le faisceau jaune des phares.

Tonio propose un détour par le causse Méjean : nous voilà arrêtés sur un balcon naturel surplombant Ste Enimie, petit village à flanc de montagne éclairé de toutes parts par une cinquantaine de lampadaires.

Nous voilà en plein moyen-âge, éclairé au nucléaire. La route remonte indéfiniment en affreux lacets étroits. Et nous débouchons sur le causse : presque plat, passé à la tondeuse. Quelques pins sous la lune formeront notre campement.

Que c’est bon de glisser dans le sac, le visage caressé par la fraîcheur d’une brise nocturne.
source : http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=3247

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wapasha
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MessageSujet: Re: Fauchage OGM à Verdun sur Garonne   Fauchage OGM à Verdun sur Garonne EmptyVen 22 Juil à 15:16

Fauchage OGM à Verdun sur Garonne (2) - Mêler l’utile à l’agréable

Certains peuvent nous classer, mes amis et moi, dans les dilettantes du militantisme. En effet, nous mêlons militantisme et vacances, nous mêlons l’utile et l’agréable. Cette forme de militantisme a ses limites (une réflexion et un engagement insuffisants) mais elle me semble plus jouissive et plus en lien avec la vie quotidienne, donc plus efficace.
De même, je préfère ne pas séparer dans ce récit la réflexion, l’action anti-OGM, et tout le vécu pendant ce long périple de 4 jours.


Sites de référence :
altercampagne
monde solidaire


Films à voir :
"Le bien commun, l’assaut final" de Carole Poliquin
"Attention ! Danger Travail", programme de documentaires réunis par Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe

Citation :
Baignade matinale

Jeudi 14 juillet

Une voiture vient de se garer à proximité. Des jeunes citadins parlent fort : "Oh ! Il y a des gens, je les avais pas vu, parlez tout bas !". Ils s’éloignent en silence.

J’ouvre un oeil : une grosse boule rouge-orange est posée à quelques centimètres au-dessus de l’horizon. Une forêt d’oiseaux entremêlent leurs chants ; la plupart me sont inconnus.

Achat de charcuterie et de miel cévenol. Petit déjeuner en terrasse à Meyrueis. Baignade dans le Tarn : une petite rivière au fort courant d’eau fraîche.

Millau et son viaduc en dentelle de béton, St Affrique avec ses deux "f" et ses vieux tracteurs, Albi et ses vieux platanes... que nous imaginons en roulant sur la rocade de contournement.

Gaillac : nous passons sans acheter de vin. Un mur porte une inscription discrète, peinte sur le crépis grisâtre : "denrées coloniales" ! Tout un programme !

Aujourd’hui 14 juillet, jour de fête donc jour de fermeture par excellence, un hypermarché dont je ne ferai pas la réclame propose dans vos boites aux lettres des bons de réduction : 10 euros de réduction sur 50 euros achetés. Vaste couillonnade !

D’un côté, ces patrons (qui partent avec 40 millions de retraite) mettent la pression sur leurs salariés, et de l’autre ils aident à la manoeuvre en appâtant le chaland avec cette grosse ficelle. Ils peuvent ensuite dire à la presse, et aux journaux-poubelle gratuits (en prenant soin d’omettre leur petit tour de passe-passe miteux) : "vous voyez, y’a quand même du monde aujourd’hui", ce qui nous ferait presque croire qu’ils ont eu raison d’ouvrir !

La "bonne attitude" (comme dirait les crétins des TCL), c’est de refuser, de jetter, de brûler toutes ces saloperies de bons de réduction.

Après-midi au campement

Nous arrivons enfin à Verdun-sur-Garonne. Deux tentes en tubes métalliques en arches abritent des débats : environ 200 personnes sous chaque tente.

Voici un résumé du peu que j’ai écouté :
- il faut distinguer les OGM médicamenteux et les OGM alimentaires.
L’argument des "pro-OGM", c’est d’entretenir la confusion entre les 2 : confondre l’application positive de médicaments pour les enfants atteints de mucoviscidose (on nous fait encore le coup de la charité et de la culpabilité chrétienne), et l’application commerciale dont l’objectif de profit méprise tout le reste, notamment la santé des habitants de cette planète.
- la plupart des OGM médicaments pourraient être exploités sur des levures, des bactéries ou des plantes cultivées hors sol en milieu confiné (argument qu’on entend rarement).
- les OGM sont anti-scientifiques car les alternatives ne sont pas envisagées sérieusement avant la culture en plein champ.
- les OGM sont anti-démocratiques car il n’y a pas de débat publique là où les semenciers font courir des risques inconsidérés pour l’environnement.
Un exemple : le riz doré permet de prévenir la cécité précoce chez les enfants dans les pays du Sud. On nous présente ça comme un médicament distribué généreusement. Pourtant, ce riz doré fait l’objet de 75 brevets, pour conserver l’avantage commercial bien sûr.
- on ne compte plus les situations scandaleuses et les mensonges proférés à propos des OGM, ce qui justifie notre présence aujourd’hui.
- les fabricants d’OGM profitent de l’ignorance du public et de nombreux responsables politiques pour faire passer en force leurs projets commerciaux.
...

Voilà : le débat est riche, argumenté, suffisamment technique pour sortir des idéologies. Nous hésitons entre la buvette et la baignade dans la Garonne, situé à 100 mètres de là.

La Garonne se prête très bien à la baignade : un accès facile, des rives en pentes douces. Je me baigne nu. Je ne suis pas un appolon, je ne me revendique pas nudiste, mais "ça se passe comme ça" chez les faucheurs et les marcheurs.

De retour au camp, nous croisons un petit cercle d’anciens - José Bové est parmi eux - en train de réfléchir sur le suivi d’une action de fauchage qui vient d’avoir lieu dans les environs d’Orléans il y a une semaine .

Au fur et à mesure des déambulations, nous avons retrouvé nos ami-es marcheurs-euses : Marie la photographe, Virginie la rappeuse de St Denis et sa chanson "OGM pas", Bernard au béret basque, Rudy & Aurélien les jumeaux, Claire, Joëlle et Thierry, Aristide...

Je discute avec Bernard à propos de la notion de "patron" : un (petit) patron, c’est un homme ou une femme dont l’activité professionnelle répond aux besoins essentiels de l’existence : agriculteur-trice, infirmier-ère, instituteur-trice, maçons-çonnes... Domaines auxquels on peut ajouter l’énergie, les transports et la communication.

Assemblée Générale

Un grand groupe est en train de débattre au centre du terrain, à l’ombre, car le soleil est descendu derrière les peupliers. C’est l’AG (Assemblée Générale) : José Bové nous donne des explications :
- en 2002, un accident OGM a déjà eu lieu aux USA : 500 000 tonnes de cultures alimentaires contaminées par des proliférations d’OGM ont dû être détruites !
- 2 tribunaux ont donné raison aux comparants volontaires, dans le sens où il n’y a aucune raison que la justice rejette leur demande.
- notre mouvement est responsable, et c’est très bien perçu auprès des juges.
- notre mouvement, toujours en progression (2 fois plus de faucheurs volontaires cette année) fait peur au ministère de la justice, qui ne sait pas comment répondre.
- José donne quelques exemples d’actions (on peut retrouver tout le détail sur le site altercampagne) : à Valdivienne, le 14 mai 2005, 200 faucheurs fauchent du maïs OGM Monsanto, et sèment à la place du maïs bio ! Le maire et les gendarmes interviennent sans arrêter personne. Au même endroit, le 25 septembre 2004, des grenades lacrymogènes lancées par les gendarmes ont provoqué l’indignation de la population locale. Cette fois, tout le monde sympathise à la cause !

Voir le dossier complet sur Valdivienne.
Une vidéo de 20’ est disponible sur ce site

Ensuite François, l’avocat de José, nous explique les conséquences juridiques du fauchage en cas d’arrestation (peu de faucheurs font l’objet d’arrestation). Il nous rappelle nos droits en cas de garde à vue : rencontrer un avocat dans la première heure, puis à la 20ième heure. Le collectif [1] assure le soutien juridique des faucheurs en cas d’arrestation.

Le but est de faire évoluer le droit, en remontant jusqu’à la cour européenne des Droits de l’Homme.

Le premier procès remonte à une action de 1997, jugé à Vienne en 2004 : Les 3 de St Georges.

Ce procès continue en appel. Il faut venir soutenir ces 3 paysans qui subissent une situation psychologiquement difficile : le procès aura lieu à Grenoble, le 28 septembre, à 14h, à la cour d’appel.

A Solomiac, il y a eu plus de 60 blessés. A Valdevienne, plus de 20 blessés. Il faut éviter désormais les violences : rendre les luttes plus locales, sans exposer les militants aux violences des forces de l’ordre.

Un hélicoptère de la gendarmerie vient faire un tour au-dessus de nos têtes. Il repassera le lendemain. José s’exclame : "voilà où va votre argent !".

Cet hélicoptère me rappelle évidemment la marche pour la décroissance, et il me rappelle la fin du livre "le meilleur des mondes" où les rebelles sont survolés par des hélicoptères, comme des bêtes curieuses !

Soirée au bar

Trois groupes passent en concert à partir de 22h. De nombreux danseurs sont sur la piste. De temps en temps, ils s’engagent dans des danses collectives.

Je suis trop occupé à discuter, boire des bières, chanter et écouter Virginie jouer de la guitare, pour me renseigner sur d’éventuelles actions de fauchage nocturnes. Tant pis, ça va pas faire bonne impression, mais je m’en fout !

Le lendemain, nous apprendrons qu’une parcelle a été fauchée dans la nuit !

Depuis ce jour, mes amis me demandent souvent "alors, tu as fauché du maïs OGM ?". Je leur répond que non, et je passe pour un "p’tit joueur".

[1] Collectif des faucheurs volontaires :
- par courriel : faucheurs.ogm@laposte.net
- par courrier : 4 place Lucien Grégoire 12100 Millau
- par téléphone : 05 65 59 14 36
source : http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=3251

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wapasha
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MessageSujet: Re: Fauchage OGM à Verdun sur Garonne   Fauchage OGM à Verdun sur Garonne EmptySam 23 Juil à 13:29

Fauchage OGM à Verdun sur Garonne (3)
Revendiquer le fauchage collectif


Nous marchons vers la parcelle fauchée cette nuit, et nous nous présentons sans violence devant les forces de l’ordre pour revendiquer notre intention de faucher une deuxième parcelle, sévèrement gardée.

Citation :
AG du matin

Vendredi 15 juillet

A 10h, c’est à nouveau l’AG.

José Bové prend la parole et nous annonce qu’une parcelle Pionneer [1] a été fauchée dans la nuit !

Applaudissements et acclamations...

Une caméra de LCI nous filme. Pour moi, LCI évoque un journal repris dans un désentubage de Zalea TV, où l’on voit le présentateur, l’air affecté et à la voix dramatisante, comparer les faucheurs volontaires à des gangsters ou des délinquants de banlieue, sur l’air bien connu de "l’insécurité" : affligeant !

José propose qu’on aille marcher voir la parcelle fauchée pendant la nuit, puis de marcher vers une deuxième parcelle gardée en permanence par des vigiles, et éclairée la nuit, pour en revendiquer symboliquement le fauchage.

L’objectif des faucheurs volontaires : faucher les OGM en plein champ, qu’il s’agisse d’essais ou de cultures commercialisées (et qu’il s’agisse d’OGM médicamenteux ou alimentaires).

José rappelle qu’il ne faut pas revivre les violences policières des deux actions précédentes : "nous ne tomberons pas dans la provocation des forces de l’ordre".

"Hier, nous avons débatu et fauché ; aujourd’hui, nous allons revendiquer que nous avons fauché".

Les médias dominants sont venus nombreux aujourd’hui : LCI, RTL, France Inter (et France Info), l’AFP, FR3 et M6. J’en profite pour discuter avec la caméraman de LCI, Frédéric Bourgade de France Inter, et Patrick Isson de RTL. Je leur demande s’ils connaissent le livre "Media crisis" de Peter Watkins : personne ne connaît. Normal pour des professionnels de la profession ?

Je lance un mini-débat sur la liberté de la presse, sur l’implication du peuple dans les contenus et les processus médiatique, mais les gars ne sont pas très à l’écoute, ils sont là pour bosser, pas pour discuter, et mes arguments ne semblent pas les convaincre. Ils me renvoient à des vieux débats d’il y a dix ou vingt ans auxquels je n’ai pas participé.

Virginie vient à la tribune et chante sa chanson-tube :

Mais moi j’aime pas
les OGM pas
’c’que c’est pas bon
pour mon système immunitaire

mais moi j’aime pas
les OGM pas
’c’que c’est pas bon
pour ma mère la terre...

C’est un succès, immédiatement adopté par le public.

Départ pour les champs

Une bière et départ pour les champs. Nous mettons un moment à nous regrouper pour occuper trois voitures. Une voiture est déjà partie photocopier les paroles de la chanson de Virginie.

Nous coinçons sur le bas côté pour former un convoi. Un gaillard venant de l’arrière donne le signal du départ. Nous passons devant un lotissement doté d’une grille d’entrée : un ghetto pour beaufs ! "Résidence du Petit Prince". Ben mon pauvre St Exupéry, t’as de quoi te retourner dans ta tombe !

Le cortège s’égare un peu, nous faisons demi-tour. A un rond-point, deux gendarmes nous regardent passer en souriant. Tonio leur lance : "merci pour votre sourire". Ils nous répondent : "on va pas pleurer, nous on est à l’ombre !". C’est la première fois que j’assiste à une plaisanterie avec des gendarmes. C’est le même sentiment que pendant la marche pour la décroissance : les gendarmes sont avec nous.

Notre convoi s’étire sur plusieurs centaines de mètres. Dans chaque voiture, on compte 3 à 4 personnes. En vélo, ça aurait été plus décroissant, mais au moins l’état d’esprit est là avec le co-voiturage.

Les gens que nous croisont en voiture nous sourient ou nous font signe. Certains font la gueule. En général, il me semble que la population nous est plutôt favorable.

Nous trouvons une place de parking : à l’ombre !

Le groupe des faucheurs est arrêté par un cordon de gendarmes qui empêchent l’accès à la parcelle fauchée cette nuit. Plusieurs gendarmes discutent calmement avec les faucheurs.

12h30
Un hélicoptère passe au-dessus de nos têtes. J’aborde un jeune gendarme, et rapidement nous parlons de bouffe et de bons restos. Deux gendarmes portent sur leur chemise la mention "identification criminelle" : ils sont armés... d’appareils photos.

Certains gendarmes sont habillés en noir, munis d’une matraque et de jambières. De part et d’autre d’une petite barrière quasi-symbolique, nous représentons des intérêts divergents, mais l’impression que j’ai, c’est que nous sommes tous des êtres humains, dans une reconnaissance et un respect mutuel.

Olivier Besançenot est là. Plusieurs caméras le filment. Il regarde devant lui, comme si de rien n’était. J’aimerais bien qu’un jour une caméra montre les caméras en train de filmer : ça, on ne le voit jamais à la télé !

La foule chante "OGM pas" : un succès. José Bové fait un discours.

Nous nous dirigeons ensuite vers la deuxième parcelle, pour remettre à la gendarmerie la liste des faucheurs volontaires engagés collectivement, et revendiquer notre intention de faucher cette deuxième parcelle.

Un attroupement s’est formé en tête du cortège : une mini-conférence de presse est improvisée devant les caméras et micros.

Nous repartons pour une centaine de mètres et nous arrivons un peu en surplomb de la parcelle, gardée par 4 cars de gendarmes mobiles (même allure que des CRS), situés de part et d’autre du champ.

Je me dis que notre lutte est une forme de guérilla symbolique et non-violente. Une guerre de l’information, qui emprunte aux arts de la guerre : stratégies et tactiques militaires.

Le groupe rebrousse lentement chemin, en prenant le temps de se poser à l’ombre. Je suis interviewé par SUD Radio, une sorte de NRJ régionale : je tente de résumer tout ce que je viens d’écrire dans mon carnet de note.

Entrevue avec un faucheur
"Mon patron me paierait pour faire ça, je le ferai pas !". Patrick lance cette boutade en évoquant la chaleur infernale et le chemin sans ombre. Patrick habite en région parisienne. C’est la première fois qu’il vient sur une action anti-OGM. Il est syndiqué chez Sud (moi aussi, ça crée une complicité immédiate) et fait aussi partie d’Attac.

Il est maintenant retraité et a beaucoup plus de temps à consacrer au militantisme et aux actions locales. Avant, il était conducteur de train.

Ils sont venus tous les deux, avec sa femme Annick. Ils font partie du collectif de soutien "les 9 de Guyancourt". Le procès aura lieu le 17 novembre à Versailles. Ces 9 personnes font partie de la Confédération paysanne, sur 40 personnes à avoir fauché ensemble. Dès l’arrestation, le réseau de solidarité a réagit par l’intermédiaire d’Attac.

L’intérêt de constituer un comité de soutien, c’est que ça respecte la pluralité d’origine des membres, et que c’est complètement orienté sur l’action.

A Guyancourt, ils n’ont pas fauché : ils ont "neutralisé", ce qui consiste à enlever la fleur sans détruire le pied. Le pied ne fleurit pas et ne donne donc pas d’épi. Il n’y a pas de dévastation visible.

Patrick me dit que le militantisme a fait boule de neige, et qu’on en voit le résultat avec le non au TCE.

Il me parle du réseau REZO, un réseau de squats ( ?).

15h00
Retour au campement : nous passons devant de nombreux champs de maïs avec arrosage (en plein soleil), cette saloperie de plante importée après la guerre, qui n’a rien à faire sous nos contrées. Nous repassons devant l’atroce ghetto de beaufs.

Nous arrivons enfin, et notre première gorgée de bière est fameuse.

Baignade. Faire quand même attention au courant et aux rochers qui affleurent parfois : on risque de se faire raper méchament.

Au sortir de l’eau, pas la peine de se sécher. Les discussions vont bon train : politique, syndicalisme, luttes militantes, philosophie...

Nous évoquons la soirée de la veille et un épisode étonnant : le soir après le concert, nous étions encore nombreux au bar, occupés à finir le fût de bière, gratis ! Des braillards aux biceps monstrueux élèvent la voix et font un concert de hurlements ! D’autres gars surgissent de la nuit et leur rappellent qu’il y en a qui dorment. Nous sommes tous bien fracassés, mais il n’y a pas de violence.

A un moment, un gars du bar s’ennerve : un autre lui fait remarquer qu’il est violent et le barman se reprend de lui-même en disant : "ah, c’est vrai, je vais me calmer !". Scène incroyable ! La non-violence filtre dans chaque instant de la vie du groupe.

18h00

De retour au campement, je trouve le terrain quasiment vidé. Il ne reste que les tentes métalliques et une dizaine de véhicules sur la peupleraies [2].

Nous sommes invités à dormir chez Bernard, dans la ferme de son père, Jean.

Notre groupe est parti un peu devant, vers le parking. Je reste discuter avec Marie, qui n’a pas encore plié sa tente. Bernard discute à quelques mètres de là avec quelqu’un.

Lorsque nous retrouvons les autres, ils ne nous attendaient pas : nous les trouvons en pleine discussion ! Il leur faut alors du temps pour interrompre leur discussion, se lever, nettoyer le terrain, et se mettre en marche avec nous.

Et cette situation surprenante m’inspire une réflexion sur notre rapport au temps : dans la vie "habituelle", notre temps est toujours calculé, comptabilisé, limité. Ici, c’est le contraire. Le temps est dilaté, il s’étale.

19h00

Nous sommes prêts à partir chez Bernard. Quelques kilomètres en voiture et nous y sommes. Une belle ferme construite en briques de terre, séchée au soleil. La terre creusée a donné une mare, qui elle même apporte un peu de fraîcheur, et permet l’existence d’une faune et d’une flore en zone humide : quelle belle complémentarité !

La ferme est orientée au sud, et munie d’un auvent qui abrite du soleil aux heures les plus chaudes. L’intérieur de la maison reste frais, sans humidité excessive. L’hivers, la terre diffuse et garde la chaleur.

Quand je pense aux lotissements construits en parpaings, bientôt équipés de climatisations, j’ai envie d’étrangler un par un les acheteurs et les promoteurs !

Nous visitons un potager bio, posé à même le sol, de forme ovale (ça change du rectangle). La glaise est tassée par les pluies récentes. Je me demande comment ça peut pousser sur une terre aussi aride et ingrate.

A l’intérieur de la maison, il fait frais. Je relève un texte accroché au mur : "consignes à ceux qui n’ont rien à faire" . Ce texte est pour nous !

Nous passons une soirée amicale, à manger, boire, discuter, rire... sous l’auvent ouvert sur la nuit, dans la quiétude des grillons noctambules.

[1] pour une fois, j’aime bien faire de la pub : Pionneer est le premier marchand de semences mondial, devant Monsanto

[2] plantation de peupliers
source : http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=3266

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MessageSujet: Re: Fauchage OGM à Verdun sur Garonne   Fauchage OGM à Verdun sur Garonne EmptyDim 24 Juil à 14:50

altermonde.levillage- dimanche 24 juillet 2005, Anonyme XXI
Fauchage OGM à Verdun sur Garonne
(4) - Le retour


Nous étions 400 faucheurs, et environ 30 marcheurs (de la marche pour la décroissance, pour ceux qui prennent le train en marche) : nous avons répondu massivement à l’appel de José Bové.

Notre action anti-OGM est terminée, mais notre voyage continue : nous repasserons par les Cévennes, pour récupérer un voyageur, Bruno, et rentrer à Lyon.

Ce sera l’occasion de visiter un éco-lieu sauvage, caché dans la forêt.


Citation :
Petit-déjeuner

Samedi 16 juillet

Nous avons dormi à la belle étoile (je suis couvert de boutons d’araignées). Bernard est parti chercher du pain en vélo. Le chien César aboie, et une bonne minute plus tard Bernard apparaît : bonne oreille, ce César !

Il y a du pain juste pour le petit déjeuner ; il faut en racheter en allant dans un autre village un peu plus loin. Bernard me propose d’y aller ensemble en scooter : je crois que je n’ai jamais conduit un scooter. C’est amusant, mais pas très décroissant ; un compromis entre le vélo et la voiture.

Après le petit déjeuner, nous restons autour de la grande table à discuter, et attendre l’apéro. Il y a avec nous Eric, et "Chouan". Ils viennent de l’Ariège.

Chouan est RMiste et pas très bavard.
Eric est bûcheron (exploitant forestier, à son compte), et plutôt "fauché". Il dort à la belle étoile ou dans sa camionnette. Il a une adresse administrative où il peut recevoir du courrier et prendre des douches (le secours populaire à Foix).

Au départ, Eric se contentait de couper les arbres, et un gars passait les ramasser avec un tracteur. Mais Eric s’est rendu compte qu’il se faisait avoir ; alors il a acheté un tracteur. Mais maintenant, il se fait avoir par les gars qui pèsent le bois chargé sur les camions !

Jouer

Travailler moins donne plus de temps. Est-ce pour se planter comme un légume (OGM) devant la télé ?

Non, bien sûr !

Nous ne passons pas tout notre temps à discuter de décroissance ou d’OGM. Nous "perdons" notre temps, nous le dilapidons dans des activités qui peuvent sembler futiles, mais qui fondent nos relations : jeux de mots, charades, blagues, jeux de cartes, pétanques, chants et instruments de musique...

Tous ces jeux ne coûtent rien, ils nous amusent, ils entretiennent notre créativité, notre souplesse d’esprit, notre sens de l’humour, notre esprit enfantin.

Sur la route, nous nous arrêtons devant un tabac, et je vois sur la devanture une pub pour des jeux, des jeux payants bien sûr, avec photos d’îles paradisiaques, des trucs à gratter, simples et faciles, et des millions d’euros à gagner.

Voici les "jeux" commerciaux, qui isolent les gens dans des fantasmes préfabriqués, et les maintiennent dans le culte de l’argent. Quel ennui !


Un client a gratté une saloperie de la française des jeux, organe de facholand (je découvre que j’ai oublié d’écrire un article sur le Loto dans mon Petit dictionnaire de la pensée unique (H-Z)). Mais il n’a rien gagné et lance une petite phrase toute faite, insipide et creuse. La buraliste lui répond : "on rêve tous d’être millionnaires". Je me retiens de me mêler de la conversation, mais j’aurais bien placé : "ben, pas moi !".

Sur la route

Après Albi nous retrouvons les reliefs montagneux.
St Affrique. Direction le Vigan.

Arrêt un peu au hasard, à St Félix sur Sorgues : une église, mais pas de café, et nos gosiers sont secs.

L’épicier nous ouvre sa minuscule boutique. Nous avons de quoi pique-niquer, et je fais "économie locale" en achetant quelques provisions en souvenir : tripoux, daube, rillettes... Nous sympathisons avec l’épicier, qui apprécie de voir passer des faucheurs.

La nuit est tombée.

Nous roulons à travers les chênaies, nous passons la rivière "la vis" (l’occasion de mauvais jeux de mots du type "je vais lui serrer la vis"), et nous imaginons le paysage vu de jour.

Nous passons le Vigan et son ignoble "Super U".
Un petit chemin de côté, et nous grimpons sur une route minuscule.

Nous n’aurons pas le temps de passer rendre visite à nos collègues marcheurs, René et Willy, tous les deux châtains aux yeux bleus qu’on prendrait pour deux frères. Ils ont monté une association "les géants du sud" à St Hippolyte du Fort.

Nous ne trouvons pas l’adresse et décidons de poser le campement sur une terrasse d’herbe, face à une large vallée, éclairée par la lune. Quatrième nuit à la belle étoile.

Un éco-lieu

Dimanche 17 juillet

Nous sommes réveillés par le soleil.

Bruno, de la marche, nous retrouve. Pliage du campement, et nous gagnons à pied le lieu dénommé "les oiseaux de passage" : quelques tentes, une caravane, une camionnette... et une cabane en bois, avec un étage, genre "Robinson crusoë".

Le lieu est ouvert à tous, et vit essentiellement l’été. Quelques uns y habitent à l’année, dans des petites maisons en dur.

Nous prenons le petit-déjeuner dans la cabane, équipée d’une longue table massive et de bancs. Georgette (un pseudo) nous accueille. Thé et crêpes réalisées sur un gros réchaud à gaz. Nous ouvrons notre bocal de "Dessert d’épeautre" acheté à St Felix [1] qui fait comme entre un gâteau de riz et un muësli.

Je pars visiter les toilettes sèches : en bois, équipée d’un rideau, d’un petit panneau "libre/occupé" qu’on retourne au bout d’une ficelle.

Après le "dépôt de bilan", je prends un peu de terre sèche dans une boite de café recyclée, que je verse à travers la lunette. Un petit rayon de lumière apparaît, dû au nuage de poussière qui vient de se former.

On peut même se laver les mains (ou les fesses) avec un peu d’eau laissée là dans des bouteilles en verre.

Je visite ensuite une douche d’été, un tipi, et une nouvelle cabane, en cours de construction.

De retour à la cabane "Robinson", je trouve à l’étage Tonio et Stéphanie enlacés sur un matelas fin posé à même le sol.

Il y a là :
- une friperie, adulte et enfant : une mise en commun d’habits,
- un coin télé pour visionner des films militants, très peu utilisé,
- deux rayonnages de bibliothèque,
- une vieille malle,
- et un info-kiosque : des revues artisanales traitant de thèmes et de pratiques alternatives.

Quelques titres, entre autres :
- "Fraude de mieux - textes sur la gratuité" du réseau No pasaran,
- "Le droit à la paresse" de Paul Lafargue,
- "Mécanique des fleurs - adaptation des véhicules diesel pour rouler aux huiles végétales" du réseau Pétales,
- "Questions sur la communication interne dans un collectif autogéré comme un squat d’activités (contributions à la rencontre intersquats de Toulouse Juin 2001)",
- "Construire une douche de jardin solaire" Patrick Bartholomé,
- "Le livre dort aux oiseaux" : livre d’or du lieu,
- le n° 10 de la revue trimestrielle INPS "inspiré par les navigateurs solidaires" journal d’information du Plateau des Millevaches,
et "Sortir de l’activisme", traduction du texte Give up activism, texte qui met l’accent sur les dérives possibles de l’activisme militant.

Nous discutons sur les différences de mode de pensée entre les gens qui se rencontrent ici, sur la façon d’organiser un lieu collectif qui permette à chacun de s’entendre avec les autres dans le respect, l’écoute, la non-violence.

Sur la table traine un gros bouquin : "La phytothérapie - Traitement des maladies par les plantes" du Dr Jean Valnet, Le livre de poche.

Notre repas est fait de piperade, courgettes à la moutarde, saucisson de foie, pain au noix fabriqué sur place, Pellardon, pêches...

Nous repartons avec Bruno, que nous déposerons à Lyon, et qui continuera vers Belfort ou les Ardennes.

La route est superbe : Ganges, St Hippolyte du Fort, Alès, Aubenas, le col de l’Escrinet. Le reste est moins chouette après.

Fin du road movie sans images.

Anonyme XXI, le routard intermittent.

[1] Conserveries de Haute Provence, Peyruis en Provence, 04 92 33 23 00
source : http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=3274

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