Les « agros-tarés » : Véritable association de malfaiteurs

altermonde.levillage- dimanche 10 juillet 2005, Jean Dornac
Les « agros-tarés » : Véritable « association de malfaiteurs »

Il y a trois jours, je me demandais si l’on ne pourrait pas retourner la plainte pour « association de malfaiteurs » lancée par deux multinationales contre les faucheurs, mais cette fois contre ces multinationales (Voir : Association de malfaiteurs ! Qui sont les « malfaiteurs » ?). Hélas, je n’ai eu aucune réponse à ma question, question que je posais à d’éventuels amis à la fois lecteurs et juristes...

Citation :

Depuis, j’ai appris que deux nouvelles parcelles venaient d’être arrachées. Je suppose que le propriétaire de l’essai va s’associer à la « smala » des porteurs de plainte contre « malfaiteurs associés »... Ces « boîtes » me choquent profondément. En effet, cela reste choquant que :
- des multinationales n’aient rien à foutre de notre santé, ni de la biodiversité ;
- qu’elles n’hésitent pas à se mettre sous le parapluie des Etats, elles qui prônent le libéralisme le plus « ultra » ;
- qu’elles exigent, on s’en doute, de ces mêmes Etats qu’elles méprisent fondamentalement, l’emploi de la force policière toujours synonyme de brutalité aveugle (par exemple à Solomiac-Auch l’an dernier (Voir : Auch : 5 septembre 2004) ;
- qu’elles exigent de ces mêmes Etats la sanction judiciaire, elles qui devraient depuis longtemps être fermées par la Justice et leurs dirigeants mis en prison ! (Voir : Monsanto : Fous de fric )

Mais l’Etat néolibéral, sous la direction de Jacques Chirac, est un bon garçon qui obéit aussi magistralement que servilement aux « cols blancs » dotés de portefeuilles débordants d’argent sale. Et, voulant prouver la servilité de l’Etat néolibéral envers les multinationales qui veulent sa peau, le gouvernement du noble de Villepin, lance ses « ministres-grenadiers » en première lignes des âmes indignées ! Ce qui nous donne le charmant chœur suivant :

« Essais d’OGM : des destructions de parcelles inacceptables
Paris, le 8.07.2005
Ministère de l’agriculture et de la pêche
Ministère de l’écologie et du développement durable
Ministère délégué à l’enseignement supérieur et à la recherche... »

J’ignore si j’ai le droit de publier la totalité du communiqué des ministres... des fois qu’ils aient, à l’exemple des droits du brevetage sur le vivant, mis des droits d’auteur sur leurs textes... Aussi, ne vais-je vous livrer que des extraits, larges il est vrai. Cela dit, s’ils me poursuivent pour ça, ce ne serait pas sympathique, parce qu’en publiant ici de larges extraits de leur communiqué, au moins quelques personnes l’auront lu...

Mais vous vous doutez bien qu’il n’est pas possible de laisser passer « ça » sans quelques commentaires qu’eux ou leurs conseillers trouveront nécessairement perfides, s’ils venaient à en prendre connaissance...

Le fait que ces trois ministres « condamnent, encore une fois, avec la plus grande fermeté ces nouvelles destructions de parcelles » n’est évidemment pas fait pour nous surprendre. Il y va de leur autorité auprès des amoureux de l’ordre pour l’ordre et de leur crédibilité auprès de leurs amis dirigeants de multinationales.

« Les actes de vandalisme (...) sont non seulement illégaux, nuisibles à l’intérêt général, mais aussi sans justification », disent-ils en chœur !
Illégaux , facile à dire puisque ce sont leurs amis, de droite extrême et de gauche libérale qui ont décidé de ce qui est légal ou illégal ce qui, à mes yeux, compte tenu de leurs agissements continuellement antidémocratiques, enlève toute signification à ce qui est, on n’est pas illégal.
L’intérêt général , voilà qui est amusant et prétentieux quand on sait que plus de 70% des Français sont opposés aux OGM.
Sans justification ... Ils n’ont qu’à lire ce que disent quelque 750 scientifiques mondiaux de renom avant de dire et, surtout, d’écrire des bêtises... (Voir : Lettre ouverte contre les cultures GM signée déjà par 750 scientifiques internationaux)

« Les expérimentations en plein champ (...) sont autorisées conformément à la réglementation nationale en vigueur au terme d’une procédure exigeante d’évaluation des risques pour la santé publique et l’environnement. Toutes les décisions d’autorisation font l’objet de contrôles systématiques par le ministère de l’agriculture à différents stades de développement des cultures. » affirment-ils encore...
Ciel, nous sommes fichus ! « des procédures exigeantes », ça ne mange pas de pain ! « ...des contrôles systématiques par le ministère de l’agriculture » ! Ciel, disais-je, nous sommes fichus, et je confirme ! Personne ne sait ce que peut provoquer à moyen ou à long terme ce genre de manipulation du vivant, mais le ministère, après des procédures exigeantes et des contrôles systématiques nous garantit le risque zéro !
Il est vrai, qu’en des temps pas si reculés, un peu moins de vingt ans, le même genre de ministère nous avait déjà affirmé que le nuage de Tchernobyl avait eu l’extrême amabilité de s’arrêter à la frontière du Rhin ! Il est vrai aussi que des contrôles sans doute exigeants et systématiques ont permis de ne pas arrêter la contamination du sang par le virus du sida ! Il est vrai encore que des contrôles exigeants et systématiques ne nous ont pas évité les vaches folles en France...
Paroles, paroles, paroles... (merci Dalida) !

« Les biotechnologies offrent un potentiel important pour l’agriculture, la santé et l’environnement. »
Là, chapeau ! Il faut oser sortir des affirmations aussi grotesques ! La diversité agricole sera anéantie ; la santé risque d’en prendre un très sale coup ; quant à l’environnement, il a toutes les chances de ne s’en remettre jamais ! (Lire le même texte des 750 scientifiques mondiaux, si vous ne l’avez pas encore fait !)

« La recherche et le développement dans ce domaine permettent, notamment, de mettre au point : des plantes nécessitant moins de pesticides et consommant moins d’eau ».
A n’en pas douter, les ministres ont à leur chevet le petit « bréviaire » du parfait manipulateur du vivant ! C’est du « copié-collé » pur de toute la propagande des multinationales !
On sait que c’est l’inverse, mais dans le monde néolibéral, on a pris la fâcheuse habitude d’utiliser les mots qui affirment le contraire de la réalité, on voit que c’est encore le cas cette fois-ci !

« ... des moyens de produire de nouveaux médicaments destinés au traitement de certaines maladies humaines. »
J’ignore s’il y a un traître mot de vrai dans cette affirmation. Ce qui est vrai en tout cas, c’est que la résistance à certains antibiotiques (dans certains OGM destinés à la culture) risque très vite d’avoir des effets tout à fait tragiques pour soigner certaines maladies virales puisqu’ils n’auront plus d’effet...

« Dominique Bussereau, Nelly Olin et François Goulard apportent leur soutien aux chercheurs, aux ingénieurs et aux agriculteurs victimes de ces destructions. »
Une chose amusante et significative : Ces trois ministres n’osent pas dire leur soutien à leurs amis dirigeants de multinationales. En auraient-ils honte ?
J’aurais aimé, pour ma part, qu’ils aient une pensée émue envers la France du refus, la France des 70% qui rejettent ces trucs manipulés et qui, sous une forme ou une autre, seront victimes de la voracité des multinationales de la « bouffe trafiquée » et du « vivant violé ». Mais ne rêvons pas, il faudrait déjà qu’ils consentent à baisser leurs têtes vers le peuple qu’ils considèrent toujours et forcément « d’en bas »...

« Les trois ministres ont demandé aux préfets de saisir les procureurs aux fins de poursuites judiciaires. »
La répression, ça ils connaissent ! Ne sont-ils pas du même gouvernement que Sarkozy-Fouché ?
Là encore, il y a inversion du sens, une inversion des valeurs, comme toujours chez les tenants du néolibéralisme dogmatique : Il faut mettre en prison les faucheurs qui agissent dans l’intérêt des Français et de tous les humains, et protéger les malfrats du système « agro-taré » !

Il est un pays dont le dirigeant est très prudent face aux « agros-tarés », c’est la Zambie. (source : www.afrik.com par Anna Borrel)

« Le président zambien persiste dans son refus de l’aide alimentaire proposée par les Nations-Unies. Levy Mwanawasa préfère voir son pays souffrir de la famine plutôt que d’exposer sa population aux inconnues du maïs génétiquement modifié. (...) " Ce n’est pas parce que mon peuple a faim qu’il faut lui donner du poison, lui donner une nourriture qui est potentiellement et intrinsèquement dangereuse pour sa santé ", tempêtait encore Levy Mwanawasa en marge du Sommet de la Terre de Johannesburg. »
Le prudent président, en revanche, est un amateur d’essai en vraie grandeur. S’il protège son peuple de la folie de quelques scientifiques déjantés, il veut bien voir ce que ça donne sur les réfugiés qui vivent dans son pays... Original, fallait y penser... Ne parlons pas de moralité...

« 130 000 Congolais et Angolais réfugiés en Zambie vont bénéficier du programme d’aide alimentaire des Nations-Unies (ndlr : au travers de maïs OGM). »
On peut, légitimement, se demander si les pays riches, USA de GW Bush en tête, n’ont pas trouvé en Afrique l’excellent moyen de tester l’effet des coups de folie des scientifiques débiles, bricoleurs du vivant. Si ça marche, c’est tout bénéfice ; si ça ne marche pas, ce ne seront que des Noirs, des descendants d’esclaves restés au pays, qui y laisseront la peau ou la santé. L’humanité des « gens biens », des gens de valeur, forcément Blancs, ne s’en portera que mieux ; des pauvres en moins, c’est tout bon, non ?
N’est-ce pas Bush qui laisse entendre qu’il a des contacts directs avec Dieu ?... J’ai comme un doute, là...

Françoise Ngoma, dans un article nommé « L’ultime chantage » sur le même site, écrivait déjà le 3 septembre 2002 :
« Il y a quelques jours, les pays de cette région étaient soumis à un chantage (...) insoutenable. Soit les autorités acceptent le maïs transgénique envoyé par milliers de tonnes par les Etats-Unis et réduisent ainsi la famine, soit ils refusent cette aide au risque d’être accusées d’incompétence ou de non-assistance à peuples en dangers. Dilemme infâme, injuste. Nul n’a le droit d’imposer un tel choix. Accepter le maïs transgénique ou mourir de faim. »
Voilà qui ne gêne pas nos « croyants-pratiquants » et puritains dirigeants américains... Au fait, en-dehors de leur pouvoir et de l’argent, ils croient en quoi, en qui ?

« En contraignant les plus pauvres à servir de cobayes pour les Organismes génétiquement modifiés (OGM), les pays donateurs (Etats-Unis et les institutions internationales, Programme alimentaire mondial PAM) en arrivent à faire de l’Afrique australe un immense laboratoire à ciel ouvert ; c’est une insulte, une humiliation de plus. »
J’ajouterais que c’est un crime évident, pas seulement si par malheur les OGM se révèlent effectivement être un poison mortel, mais déjà par le simple fait de transformer les habitants de ces pays en cobayes d’essais douteux et potentiellement dangereux.

« Les risques de la famine dans la région étaient prévisibles depuis plus d’un an. Tout le monde avait tiré la sonnette d’alarme. La réaction des pays donateurs a tardé, beaucoup tardé. A moins que cela ne soit programmé. »
Il y en a qui doutent du fait que cela fut programmé ?...

Au milieu de ce bourbier infâme, y a-t-il une lueur d’espoir ?

Il y a, bien sûr, le courage des faucheurs volontaires. Mais en France, ils seront très puissamment réprimés. L’autre jour, à Magny-Cours, José Bové me disait que Dominique Perben, au dernier jour de sa malheureuse présence au ministère de la Justice, avait sorti une ultime circulaire, ordonnant que les faucheurs volontaires soient arrêtés et placés en « comparution immédiate ». On sait ce que cela veut dire ! A ce niveau de complicité des gouvernants et des multinationales, il faudra, c’est évident, beaucoup de courage. Et comme l’a dit José dans l’interview accordée à Madeleine R. (voir : Marche pour la décroissance - Interview de José Bové : Un système de décervelage collectif) lorsque qu’il y aura 50 000 condamnés, nous aurons gagné !
J’espère, pour ma part, que nous serons plutôt quelques millions... C’est probable vu ce que nous ferons en matière de résistance à tous niveaux s’ils enferment les faucheurs... Mais il est évident que, sauf révolution réelle, ils n’arrêteront tout de même pas leurs tentatives d’empoisonnement de la population et de l’environnement en France. Comme « l’association de malfaiteurs » consiste à nuire aux intérêts de la société, il n’y a nulle raison qu’ils s’arrêtent... Ils restent dans leur logique !

La solution, l’espérance d’une solution pour contrer les effets des recherches débiles, vient peut-être d’un chercheur américain. J’ai lu, hier, cette nouvelle qui, je l’espère, n’a rien d’un canular et ne doit rien à une nouvelle manipulation du vivant.
« Un agronome du Nebraska, Tom Hoegemeyer, a annoncé avoir fait breveter une nouvelle variété de maïs conventionnel capable de pousser à proximité de champs de maïs transgénique sans risque d’être contaminé via une pollinisation croisée. Baptisé PuraMaize, ce nouveau maïs issu d’une variété originaire d’Amérique centrale pourrait faire son apparition sur le marché américain en 2006. Après avoir sélectionné une variété ancienne de maïs originaire d’Amérique central, cet agronome a produit en climat tropical huit générations de plantes pour en éliminer tout élément génétique extérieur. Il a ainsi fini par mettre au point une variété rejetant systématiquement tous les pollens extérieurs au sien. Le PuraMaize est actuellement en cours d’évaluation auprès de l’Agence américaine de réglementation des produits alimentaires et pharmaceutiques. »

Si cette découverte se confirme ; si l’agronome ne se fait pas assassiner ; s’il ne se fait pas voler son brevet, ou plutôt s’il ne cède pas son brevet aux inévitables sirènes multinationales (pires que celles que dû subir Ulysse) ; et, enfin, si l’agence américaine de réglementation des produits alimentaires et pharmaceutiques, ne triche pas, ne laisse pas acheter sa conscience par les mêmes multinationales, alors il y a enfin une espérance de contrer les « techno-fêlés » !

Si ce type de plante se révèle efficace, alors ce sont tous les plans de servitude des peuples au travers de l’alimentation, ces plans montés par les multinationales en complicité très active avec les gouvernements, qui s’effondrent. Cet homme-là, si tout ceci est vrai, méritera un prix nobel en or !

J’espère que nos agronomes vont se lancer rapidement dans ce type de recherche pour créer d’autres variétés tueuses d’OGM et neutralisatrices d’immenses bénéfices des multinationales...

Et « pan » sur le bec des ministres et des dirigeants de multinationales !

source : http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=3184

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