wapasha Langue pendue
Nombre de messages : 4560 Localisation : Pays des Abers Date d'inscription : 30/04/2005
| Sujet: Actualité des centres de rétention Sam 2 Juil à 18:10 | |
| bellaciao-samedi 2 juillet 2005 Italie : les Centres de rétention, etat d’urgenceGIANFRANCO BETTIN traduit de l’italien par karl&rosa - Citation :
- Le ministre Pisanu (Ministre de l’Intérieur du gouvernement Berlusconi, NdT) a parfaitement raison : "Les Centres de rétention sont des structures indispensables", comme il l’a dit hier au Sénat. Elles sont indispensables à la loi Bossi-Fini et à ses objectifs substantiels. Qui ne sont pas des objectifs visant à gouverner le phénomène migratoire, mais à contrecarrer directement et concrètement les migrants en chair et en os, considérés en eux-mêmes comme un danger, dans une logique de guerre des mondes.
La loi Bossi-Fini a besoin des centres de rétention afin que s’y réalise d’une façon accomplie le sens le plus profond de cette loi : rendre éternel et formellement légitime cet "état d’urgence" qui consiste dans la suspension de l’ordre juridique (en ce cas de l’Etat de droit tout court), traditionnellement extraordinaire et transitoire. Avec la loi Bossi-Fini les migrants deviennent des personnes de seconde catégorie et c’est bien à leur égard que l’on réalise la suspension de l’état de droit. Les Centres de rétention sont des lieux où cette suspension devient pleine, totale.
Ils sont nos petits Guantanamo. C’est pourquoi ce sont "des structures indispensables", et le fait qu’ils soient aussi odieusement affligeants à cause des conditions matérielles dans lesquelles se trouvent les personnes retenues n’est qu’un élément de plus, dur et brutal, d’aberration, mais leur essence authentique, la chose vraiment "indispensable" de ces centres est cette "suspension". Qu’on le dise sans équivoques, surtout dans la perspective d’une possible victoire du centre gauche aux prochaines législatives : que la nouvelle, éventuelle majorité ne rêve pas qu’elle va "humaniser" un peu les Centres de rétention pour ensuite, une fois rafraîchis et embellis, les conserver.
Les Centres de rétention ne sont pas humanisables, même pas si on y installe la climatisation, parce qu’ils sont, comme le dit Pisanu, "des structures indispensables" à une logique et à une politique incompatibles avec n’importe quelle logique et politique démocratique et qui assure des garanties. La logique des Centres de rétention est, entre autre, contagieuse. Parce qu’à leur intérieur s’installe un nouveau "droit", s’amorce une normalisation ultérieure et distordue qui provoque à son tour d’autres effets de distorsion de l’ensemble du cadre et du climat juridique et politique. On commence par les migrants et on arrivera partout, à tout le monde. Il suffit que se créent des conditions considérées comme "exceptionnelles" par la majorité.
C’est donc l’ "état d’urgence" qu’on doit dépasser, avec la logique politique et culturelle qui l’inspire. Qui est la même que celle qui a fait dire au Sénat à Pisanu qu’il existe "une campagne politique furibonde" contre les Centres de rétention plutôt que de parler d’un scandale diffus qui augmente au fur et à mesure que les conditions de vie réelles à leur intérieur sont connues. C’est la logique qui a fait mélanger au ministre "destructeurs et terroristes" avec le réseau de plus en plus vaste d’opposants à ces camps de concentration, qu’il ne veut pas entendre appeler ainsi et qu’il voudrait décrire comme des centres de premier accueil méritants.
C’est la même logique, encore, qui a motivé hier matin à Milan la destruction d’un camp de nomades où résidait l’un des inculpés du viol de la semaine dernière. Par une opération de police appelée d’ "assainissement" (et les mots révèlent l’idée sous-jacente) le camp a été rapidement rasé, quelques-uns de ses hôtes ont été interpellés et transférés ensuite au Centre de rétention et des dizaines d’enfants, de femmes et d’autres hôtes ont été laissés littéralement dans la rue. Une opération napoléonienne, que quelques électeurs de la Ligue lombarde et de la droite réactionnaire vont applaudir.
Il est tout à fait improbable, au contraire, que des opérations comme celle-ci servent à quelque chose, si l’objectif est d’empêcher que se répètent des épisodes dont l’origine est dans la détérioration et dans la violence. Ce n’est plutôt qu’une politique de régularisation et de requalification de ces camps et d’autres réalités (souvent tout à fait italiennes) marginalisées, traitées comme des décharges sociales et humaines (à "assainir", justement) qui pourra produire de nouveaux niveaux de cohabitation et de sécurité pour tout le monde.
Donc l’abolition des Centres de rétention, outre qu’elle effacerait une honte, qu’elle abolirait les camps de concentration aujourd’hui historiquement possibles dans un pays comme le nôtre, représenterait une rupture nette avec une logique et une mentalité aberrantes, selon lesquelles le seul fait d’être un migrant fait en soi-même d’un homme ou d’une femme des hors-la-loi. L’initiative lancée par Nichi Vendola (président de la région Pouilles, NdT) et soutenue par Il Manifesto, qui a reçu heureusement l’adhésion de la plupart des présidents de région est, en ce sens, la première vraie initiative politique que le centre gauche a mise en œuvre sur l’immigration depuis l’époque de la loi Turco-Napolitano, à laquelle on doit faire remonter, hélas, l’idée des Centres de rétention (même si l’aberration a fait un bond en avant avec la loi Bossi-Fini). Que Romano Prodi se soit lui-même prononcé avec clarté contre les Centres de rétention laisse bien augurer, même si restent dans le centre gauche des zones de résistance et d’ambiguïté auxquelles toutefois des initiatives comme celle-ci peuvent s’opposer à temps.
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/30-Giugno-2005/art5.html source : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=16841 @+ | |
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wapasha Langue pendue
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| Sujet: Re: Actualité des centres de rétention Sam 2 Juil à 18:12 | |
| bellaciao-samedi 2 juillet 2005 Grande Bretagne, il se tue dans le centre de rétentionTraduit de l’italien par karl&rosa - Citation :
- Ramazan Camlica, un demandeur d’asile de nationalité kurdo-turque, s’est pendu dans le tristement célèbre centre de rétention anglais de Campesfield, dans l’Oxfordshire.
Le jeune homme était désespéré : sa demande d’asile avait été rejetée pour la troisième fois et depuis sept mois il était enfermé dans le centre.
Il avait perdu sa mère, il était malade et terrorisé à l’idée d’être enrôlé dans l’armée turque.
Ramza est le cinquième suicidé en 12 mois dans les camps pour demandeurs d’asile de la Grande Bretagne.
Récemment, les demandeurs d’asile zimbabwéens ont entamé une grève de la faim pour protester contre le gouvernement Blair, qui a décidé de les livrer au régime de Mugabe.
http://www.ilmanifesto.it/Quotidiano-archivio/30-Giugno-2005/art20.html source : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=16842 @+ | |
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