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 Du salariat au précariat ?

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FleurOccitane
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Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Du salariat au précariat ?   Du salariat au précariat ? EmptyMar 3 Mai à 13:51

Citation :

par Evelyne PERRIN (AC !, Stop Précarité) - Mai 2005

Depuis quinze à vingt ans, d'importants bouleversements ont ébranlé l'économie et l'emploi en France comme dans d'autres pays, entraînant une transformation en profondeur du salariat de la période fordiste. On a assisté à une lente mais sûre remise en cause du modèle de l'emploi « à vie » en contrat à durée indéterminée à temps plein et des carrières de longue durée au sein des entreprises, modèle qui assurait à beaucoup une mobilité sociale ascendante. Aujourd'hui, c'est la progression constante des formes d'emploi dites atypiques, temps partiel contraint, contrats à durée déterminée et intérim, qui caractérise les nouvelles entrées sur le marché du travail.

Selon l'enquête emploi 2003 de l'INSEE, il y aurait 428 000 intérimaires, soit 2 %, sur 21,5 millions de salariés, près de 2 millions de CDD, soit 9,2 %, et 273 000 apprentis, soit 1,3 % ; ainsi, 12,5 % des salariés ne disposent que d'un statut précaire, c'est-à-dire ne disposent que de revenus aléatoires, d'horizons de vie de court terme. A ceux-là, il faut ajouter les actifs en temps partiel, le plus souvent imposé dans le secteur privé, qui représentent 16 % des actifs occupés, mais 30 % pour les femmes. Mais parmi les 14 millions de salariés en CDI (une fois exclus les fonctionnaires, au nombre de 4,5 millions mais dont on s'efforce de réduire le nombre), beaucoup peuvent être licenciés du jour au lendemain ou presque, avec de faibles chances de retrouver rapidement un emploi. Cette incertitude sur l'avenir, qui pèse surtout sur les moins qualifiés, est l'une des transformations majeures de notre société.

De plus, quelle que soit la conjoncture, crise ou croissance, cette précarité de l'emploi et du revenu ne fait que croître. En dix ans, le nombre de CDD a connu une augmentation de 60 % et celui des emplois en intérim une croissance de 160 % , alors que le nombre de CDI n'augmentait que de 2 %.

I- Allons-nous vers une généralisation du précariat ?

Dans les conditions de la production contemporaine, le chômage n'est plus seulement une situation relativement limitée à un noyau de travailleurs, c'est plutôt l'un des moments par lesquels passe un salarié entre des périodes d'emploi ou de formation plus ou moins longues, et l'un des moments par lesquels il repasse de plus en plus souvent . La fin de CDD est devenue la cause majeure d'entrée au chômage, devant les licenciements. C'est un nouveau mode de gestion de la main d'oeuvre qui s'est instauré pour de plus en plus larges parties d'entre elle (à l'exception des travailleurs stables et qualifiés des secteurs technologiques et de recherche), et qui repose sur la flexibilité et la mobilité imposées, le turn over systématique, pis, l'absence de carrière programmée dans l'entreprise.

En même temps cette mobilité, ces périodes d'inactivité et de formation, sont l'une des conditions pour créer de nouveaux besoins, de nouveaux savoir-faire et de nouvelles coopérations productives. « La force de travail mobile, flexible, apprenante, qui circule sur un territoire a donc besoin de nouvelles formes de protection sociale qui ne soient pas seulement une assurance contre les risques sociaux, mais aussi une forme de financement de ses mobilités et de ses savoirs qui produisent l'économie et la ville », comme le souligne Maurizio Lazzarato.

Le nouveau mode d'organisation du capitalisme repose de plus en plus sur la production de connaissances et leur circulation, et sur la mobilisation d'une force de travail intellectuelle extrêmement mobile, flexible, en emploi discontinu, travaillant dans ou hors de l'entreprise, passant d'un emploi à l'autre, d'un statut à l'autre, et reproduisant ses compétences tantôt dans le salariat, tantôt sous le régime de l'assurance chômage(sous ses multiples formes, y compris le régime des intermittents du spectacle), tantôt à ses propres frais. Cela ne veut pas dire -contrairement aux thèses des « négristes » (Maurizio Lazzarato, Antonella Corsani, Yann Moulier-Boutang...) qui prônent le revenu garanti universel pour répondre à l'avènement du capitalisme cognitif - que les emplois deviennent massivement des emplois intellectuels et immatériels. En fait, malgré les progrès de la scolarisation et la montée en qualification des services, de vastes franges du salariat, notamment dans les services recourant à une main d'oeuvre peu qualifiée (restauration rapide, nettoyage, gardiennage...) sont encore soumis à des méthodes de travail de type fordiste, à des rythmes et conditions de travail très pénibles, sans aucune reconnaissance de leur qualification et sans accès à la formation.

Dans cette nouvelle organisation capitaliste, le précariat devient structurel, et pour les patrons, il s'agit de lui faire supporter le risque de l'emploi, d'externaliser tout ce qui était protection sociale et garantie collective contre la perte d'emploi. C'est le projet de refondation sociale du MEDEF qui consiste à dire aux actifs (et non plus seulement aux salariés, le salariat lui-même ne devenant plus qu'une des formes possibles de mobilisation de la force de travail, à côté du travail indépendant ou dit tel, du travail en free-lance, etc...) « Cultivez votre employabilité dont vous êtes seuls responsables, assumez en le risque ! ».

Face à cette nouvelle donne, la majorité des syndicats et les partis de gauche sont en retard d'une guerre. Ils continuent dans la majorité des cas à raisonner en termes de catégories professionnelles fixes, de droit à l'emploi, de croissance de la productivité, et de retour hypothétique au plein emploi. Certes la CGT a-t-elle fait oeuvre prospective en élaborant son projet de sécurité professionnelle, qui permettrait au salarié licencié ou en fin de CDD de conserver un statut professionnel, un revenu et un droit à la formation, elle reste très floue sur la garantie de revenu à exiger au sein de la continuité des droits, étant violemment opposée à tout revenu universel déconnecté de l'emploi. Le G10 Solidaires, qui regroupe les nouveaux syndicats alternatifs SUD, reste attaché au CDI et à la pérennité de l'emploi et des droits qui lui sont liés, ainsi qu'au maintien d'un revenu ou salaire décent en cas d'interruption du contrat de travail. En fait, c'est essentiellement la Coordination des Intermittents et Précaires d'Ile de France qui tout au long de l'été et de l'automne 2003 a mené un intense travail de réflexion collective et d'élaboration d'un nouveau modèle d'indemnisation des intermittents, à terme généralisable à tous les précaires, avec la proposition d'une indemnisation du chômage basée sur le salaire annuel de référence, avec un plancher égal au SMIC et un plafond assez bas pour éviter le cumul de cachets et d'allocations élevés.

Ce nouveau modèle a l'immense intérêt d'être le fruit de toute une maturation collective effectuée sans hiérarchie et loin des querelles de boutiques syndicales, et, en s'appuyant sur une connaissance concrète des diverses et multiples situations professionnelles de précarité ; elle s'efforce de répondre à cette précarité par la proposition de nouvelles garanties, attachées à une continuité des droits mais aussi à une continuité du revenu, sans le déconnecter complètement de l'activité, mais en prenant en compte toutes les périodes de reconstitution de sa créativité, d'auto-formation notamment (ce qui pourrait valoir pour une prise en charge des étudiants), qui actuellement ne sont pas prises en charge par les employeurs, mais dont ils tirent profit. La force de ce mouvement est qu'il est issu de professionnalités certes distinctes, mais d'une même prise de conscience professionnelle, qui est loin d'exister chez les travailleurs précaires de nombre d'autres secteurs.

Avec le mouvement des intermittents, ainsi qu'avec le mouvement des emplois-jeunes en 2002-2003 et le mouvement des chercheurs qui l'a suivi, des modes d'organisation nouveaux propres aux précaires dans leur diversité apparaissent, qui sont capables pour la première fois -ce que n'avaient pu faire les centrales syndicales - d'élaborer des alternatives et des propositions tissées au coeur même des processus productifs de création de valeur et aptes à répondre aux mutations du capitalisme.

Reste à ce que se développe un pareil travail d'échange et d'élaboration collective de revendications parmi les précaires, éclatés, isolés souvent dans de petites entreprises de services sans syndicats, eux-mêmes peu syndiqués et très mal défendus par les syndicats traditionnels. Or la plupart des luttes, souvent longues et déterminées comme on le rappellera plus bas, restent isolées et centrées sur la réaction à la répression antisyndicale ou sur des revendications salariales, sans que la CGT par exemple ne mette cette combativité à profit pour développer ses propositions de statut professionnel, et sans que les syndicats parviennent à étendre le mouvement de revendication (par exemple sur le treizième mois dans les Mc Do) et à lui offrir des perspectives de rebondissement.

II - Les résistances des précaires

On assiste incontestablement depuis quelques années à la montée d'une nouvelle combativité chez des salariés précaires de divers secteurs, aux statuts et conditions de travail très différents, de la restauration rapide et du commerce de biens culturels au nettoyage et aux secteurs recourant à de la main d'oeuvre fraîchement immigrée.

De fin 2000, où a éclaté une grève de 15 jours au Mc Do de Saint-Germain des Prés, à 2004, des grèves longues et déterminées se sont produites dans ces secteurs. Pour ne citer qu'elles :
- grève de 112 jours, d'octobre 2001 à février 2002 du Mc Do de Strasbourg-Saint-Denis à Paris, après le licenciement pour vol de cinq salariés qui voulaient créer une section syndicale, grève aboutissant à leur réintégration.
- Grève de 115 jours, d'octobre 2001 à mars 2002, des salariés du Mc Do de Strasbourg Saint-Denis à Paris contre le licenciement (et l'accusation de vol) de cinq salariés voulant créer une section syndicale, victorieuse, et nouvelle grève d'un an, de mars 2003 à mars 2004 du même Mc Do de Strasbourg Saint-Denis après le licenciement d'un délégué syndical, avec occupation, se terminant par la réintégration de ce délégué.
- Grève d'un mois en février 2002 de la FNAC des Champs-Elysées, aboutissant à un réalignement des salaires sur celui des autres FNAC
- Grève d'un mois à Pizza Hut en février 2001, pour des primes de fin d'année, et à nouveau d'un mois au printemps 2004 pour des augmentations de salaires
- Grèves chez Go Sport pour des augmentations de salaires, chez Virgin contre le travail du dimanche et pour un 13ème mois
- Grève de plusieurs mois en 2003-2004 des cuisiniers sri-lankais des pubs Frog à Paris, pour de meilleures conditions de travail, malheureusement non victorieuse.
- Grève d'un an, de mars 2002 à février 2003, des femmes de ménage africaines d'Arcade, sous-traitant des hôtels du groupe Accor, aboutissant à une meilleure prise en compte des heures travaillées et à une diminution des cadences
- Grève d'un mois à Maxilivres Porte de Montreuil en 2002 contre la fermeture de ce magasin, et nouvelle grève d'un mois au Maxilivres Gare de Lyon en juin 2004 pour obtenir un point d'eau et l'accès libre aux toilettes...

Malgré leurs difficultés, et leur relatif cloisonnement, ces grèves ont marqué des succès importants contre des multinationales aux reins très solides, à l'image de David contre Goliath. Ce qui a permis le succès de ces luttes, plus que le soutien syndical qui fut parfois mesuré ou de courte durée, ce fut la constitution de comités de soutien interassociatifs et intersyndicaux plus ou moins larges (l'apogée étant atteinte avec le comité de soutien de la première grève des Mc Do), sortant des chapelles syndicales et des limites de l'entreprise pour faire appel à l'opinion publique, aux média et à la rue, aux citoyens. Cela a permis de révéler le point faible de ces grands groupes internationalisés, à savoir leur image de marque.

Un enseignement qui ressort de ces conflits très médiatisés est que les syndicats aujourd'hui, s'ils restent indispensables et incontournables, ne sont plus en mesure de faire gagner les luttes seuls dans de nombreux secteurs de salariés précaires, peu syndiqués, dans de petites structures (les franchises ou les sous-traitants des grands groupes), et doivent accepter le concours de forces externes à l'entreprise, ce qu'ils ont du mal à admettre.

Alors que les revendications syndicales restent le plus souvent centrées sur des augmentations de salaires ou des primes, ou contre la répression anti-syndicale, les revendications mises en avant par les salariés précaires sont davantage une exigence de dignité, de reconnaissance de l'ancienneté (avec la revendication unanime d'un 13ème mois), et de reconnaissance de la qualité du travail et des compétences mises en oeuvre. Parfois (grève de la Fnac Champs-Elysées) on voit apparaître la double revendication de passage, à la demande du salarié, de temps partiel à temps complet et de CDD en CDI, ce qui affirme un « droit à carrière », opposé au turn-over systématique et à l'absence de promotion.

Alors que les comités de soutien essaient d'accompagner les attentes des salariés en « tirant vers le haut » les revendications pour dénoncer la généralisation de la précarité, les syndicats peinent le plus souvent à généraliser les luttes et à créer un front commun entre celles-ci, s'enfermant trop souvent dans des revendications catégorielles. Ainsi c'est le « comité de soutien aux luttes Mc Do, Arcade, Frog, etc » qui depuis septembre 2004, suite au licenciement de la déléguée de SUD par Arcade (sous-traitant du groupe Accor pour le nettoyage des hôtles), organise des piques-niques sauvages dans des hôtels parisiens du groupe Accor pour lui demander de mettre fin à la sous-traitance du nettoyage. De quelle garantie de revenu devrait s'accompagner la continuité des droits proposée par les syndicats alternatifs et par la CGT ?

Quels enseignements les travailleurs d'autres secteurs de précarité peuvent-ils tirer de la proposition d'indemnisation de l'emploi discontinu élaborée par la Coordination des Intermittents, ce modèle est-il généralisable à d'autres branches professionnelles ? Comment lutter contre le développement de la sous-traitance, comment étendre les conventions collectives des donneurs d'ordre aux sous-traitants ou obtenir la réinternalisation des tâches sous-traitées ? Faut-il demander la taxation fiscale, ou des cotisations sociales plus fortes, pour les entreprises recourant massivement à la précarité ? Voici des questions dont devrait débattre le mouvement social, en associant les syndicats qui le veulent, et en s'appuyant sur les secteurs en lutte. A quand une Coordination des précaires, ou l'organisation d'Assises contre la précarité de l'emploi ?
[...]


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Dernière édition par le Mar 3 Mai à 13:54, édité 2 fois
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FleurOccitane
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MessageSujet: Re: Du salariat au précariat ?   Du salariat au précariat ? EmptyMar 3 Mai à 13:52

(suite du post)

Citation :

[...]

III- Une jeunesse salariée réflexive, en butte à un modèle en crise

Les conditions de travail et de salaire, le statut d'emploi offerts aux jeunes générations se sont considérablement dégradés, au moment même où la jeunesse, formée et socialisée par des études plus longues, est plus exigeante quant au sens et à la qualité du travail. Le nouveau modèle salarial, dont les ingrédients sont le turn-over, le recrutement au salaire minimum légal et l'absence de promotion, les cadences infernales et la « marchandisation » du travail (non reconnaissance des qualifications et compétences), les temps partiels imposés, le déni du droit à carrière, se heurte de front aux aspirations des jeunes, notamment les plus qualifiés. Ce nouveau modèle est en particulier imposé par des établissements appartenant à des firmes multinationales aux reins très solides, qui sont de plus allergiques à l'implantation syndicale et qui font tout pour l'éviter. De plus, dans de nombreuses petites entreprises (qui se multiplient avec la sous-traitance et la franchise), les syndicats sont inexistants. Le taux de syndicalisation en France est l'un des plus bas des pays européens (7 % dans le secteur public, 2 % dans le secteur privé).
Or les jeunes salariés, s'ils ne sont que rarement syndiqués et sont souvent peu au courant de leurs droits, sont plus exigeants et ne supportent plus la hiérarchie brutale et les « petits chefs ». Ils aspirent à exprimer leur subjectivité au travail, et à être reconnus comme « êtres travaillant », avec un profond désir d'autonomie, d'émancipation, voire de subversion.

Aussi les tactiques de contournement et la stratégie d' « exit » (démission ou sortie de l'entreprise) sont-elles fréquentes, ce qui explique une partie du turn-over dans les entreprises. Mais les jeunes, s'ils ne s'investissent pas dans les syndicats ou encore moins dans les partis politiques, se politisent néanmoins, mais sous des formes nouvelles, plus difficiles à cerner car elles sont plus fluides, plus labiles, et reposent sur des fonctionnements en réseaux affinitaires et interpersonnels, où la confiance et l'absence de hiérarchie sont les principes de base (C'est le cas par exemple du réseau Stop Précarité créé à Paris en 2001 par des salariés syndiqués de la restauration rapide et du commerce, et des chercheurs, ou encore du « Comité de soutien aux luttes de Mc Do, Arcade, Frog, etc... »).

Aussi la plupart des luttes récentes de salariés précaires ont-elles donné lieu à des comités de soutien formés « ad hoc », de militants de plusieurs étiquettes syndicales et politiques ou associatifs et non syndiqués, fonctionnant sur le mode de la démocratie directe sans hiérarchie ni leadership syndical.

Une autre contradiction pèse sur le nouveau régime salarial, au rabais, qui est proposé aux jeunes générations, dans un pays comme la France qui avait élaboré un système de protection sociale assez avancé : les classes moyennes et même une partie des classes supérieures n'arrivent plus à reproduire leur position pour leurs enfants, malgré l'allongement des études et la sélectivité scolaire. On assiste ainsi à un relatif déclassement des enfants des couches qui avaient connu l' »ascenseur social » des trente Glorieuses, avec la généralisation du précariat parmi les chercheurs et l'introduction de la précarité, sous forme d'externalisation et de CDD ou vacataires, dans de nombreux secteurs du secteur public. Or, que devient une société qui durablement n'offre plus d'avenir à ses enfants ?

Aujourd'hui, alors que le salariat est plus hégémonique que jamais en part des actifs, et bien que les statuts précaires d'emploi soient encore minoritaires en termes de stocks, l'insécurité et l'instabilité de l'emploi se généralisent et CDD et intérim deviennent la norme d'entrée sur le marché du travail, débouchant de plus en plus difficilement sur l'emploi stable.

Parallèlement, la faiblesse et la division syndicales sont sans précédent et fragilisent la défense des travailleurs, tandis que la sous-traitance et la multiplication des très petites entreprises (système de franchise) font éclater les collectifs de travail et concourent à la désertification syndicale. C'est dans ce contexte que le patronat, notamment sous sa forme de multinationales, et les gouvernements de droite ou de gauche à orientation néo- ou ultra-libérale ont déclenché une vaste offensive contre les salariés, en cassant et en remettant en cause une par une ses protections et garanties collectives : réforme des retraites, de la sécurité sociale, de l'assurance chômage, « workfare » et casse du droit du travail...

Ainsi, alors qu'il est de plus en plus urgent de présenter un front uni contre ces attaques sans précédent, et de refonder les bases du contrat social face aux nouvelles figures du capitalisme, il est devenu plus difficile que jamais pour le salariat de s'organiser, de lutter, de s'entendre sur des revendications communes. En passant du salariat au précariat, en effet, c'est toute l'architecture de la protection sociale qui est à repenser, avec une difficulté supplémentaire qui est l'extrême division des précaires et le morcellement des situations de travail qu'ils vivent. La crise syndicale fait également qu'ils ont à reconstruire les outils de leur défense collective. C'est donc à un défi sans précédent que sont confrontés aujourd'hui les salariés, tant précaires que « stables » ou supposés tels.

Source/auteur : ac-forum

http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=6243
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