wapasha Langue pendue
Nombre de messages : 4560 Localisation : Pays des Abers Date d'inscription : 30/04/2005
| Sujet: Alter : Une illusion peut en cacher une autre Jeu 9 Juin à 16:54 | |
| altermonde.levillage-REÇU DE ALTER-jeudi 9 juin 2005 Alter : Une illusion peut en cacher une autre Une contribution intéressante dans le débat pour un nouveau pouvoir après le NON...
Jean Dornac - Citation :
- De traité en traité, le marché sans enfreinte est devenu Roi. Il a pour Reine une Commission. Au royaume de la concurrence non faussée, nous étions sur le point d’approcher la perfection.
Sous la protection d’une main invisible, un vaste territoire de paix et de prospérité, traversé par d’incessants flux d’échanges libres et vertueux, allait enfin donner la référence dont le monde a tant besoin. Avec le projet de traité « constitutionnel », comme une pluie d’étoiles, les promesses illusionnistes s’étaient à nouveau abattues sur les braves habitants de l’Union : croissance, progrès social, environnement préservé, puissance européenne, démocratie épanouie. Pourtant, cette fois-ci, rien n’y fit. Les peuples de France et de Hollande n’ont pas avalé la potion de boniments et d’injonctions culpabilisantes et le gouvernement anglais est sur le point de se dérober. Les fous médiatiques sont groguis, les tours des partis oui-ouistes ébranlées, la Commission Reine est coincée au fond d’un corridor. Echec au Roi.
Mais une illusion peut toujours en cacher une autre. Chez la plupart des partisans du non, on n’a cessé de demander une renégociation du texte de traité « constitutionnel ». Faute d’audace - ou d’idées ? - ils feignent toujours d’y croire.
Les gens d’Alter n’y ont jamais cru. Nous ne l’avons même jamais souhaité, car il ne peut y avoir de renégociation satisfaisante sans projet politique. Or le cadre d’élaboration d’un projet politique, répondant aux enjeux d’aujourd’hui, ne saurait être celui de cette Europe à 25.
La préparation d’un texte au rabais sur le fonctionnement des institutions de l’Union est toujours possible, mais il se pourrait bien que, dans quelques mois, le centre de gravité du débat européen se déplace vers les idées que nous énoncions dans un texte du 12 février dernier. Il est stupide de croire que l’Union à 25 sera capable d’apporter une réponse cohérente avant longtemps. Face aux urgences sociales et environnementales, la création d’une Communauté de quelques pays européens, partageant des priorités similaires, est le chemin le plus sûr pour sortir de l’ornière néolibérale. Ce nouvel ensemble, « comprenant la France et l’Allemagne, pèserait lourd sur la scène internationale, beaucoup plus lourd qu’une Europe sans projet et sans boussole(...)Ayant vocation à s’élargir , il pourrait très vite proposer des coopérations à géométrie variable avec d’autres pays européens ou avec des pays du Sud ». (Le NON d’Alter, 12 fév. 2005, www.alter-m.org) Nous saurons le rappeler le moment venu et participer, avec tous ceux qui le souhaitent, tant à l’approfondissement de ce projet qu’au travail de sensibilisation qui permettra sa mise en œuvre.
Mais il faudra pour cela que le jeu politique libère vite les espaces dans lesquels de très nombreux électeurs sont prêts à s’engouffrer.
Dans un texte de campagne de mai 2005, nous pariions sur une large victoire du NON et sur ce qu’il allait révéler comme cassure : « Un schisme est possible car la preuve est aujourd’hui donnée que les peuples ne sont pas si endormis, versatiles ou mélancoliques que se plaisent à le dire certains observateurs de la vie publique. Les ex-partenaires de « la gauche plurielle », qu’ils soient ou non partisans du traité constitutionnel, doivent entendre la vraie résonance de ce NON : au-delà de la réponse à la question posée, il faut reconnaître que ce vote se veut aussi un défi lancé aux structures et aux formes traditionnelles de la vie politique. Loin d’être l’expression d’un refus borné, le NON incarne déjà l’exigence d’un projet. »
Nous n’avions cependant aucune illusion sur les réflexes naturels de la corporation politique au lendemain du référendum : « Chacun cherchera à tirer profit de la situation en fonction de l’issue du vote : préparation de vastes coalitions multicolores pour partir à l’assaut des postes à prendre en 2007, énièmes assises de la recomposition de la gauche, et/ou de la gauche de la gauche, devraient nourrir et rythmer la « vie politique » post-référendaire(...) Alter considère que la bataille en cours n’est qu’une étape dans l’indispensable renouvellement du champ politique. » (Schisme, 25 mai 2005, www.alter-m.org2 ).
La gauche oui-ouistes reste autiste : les électeurs, inaptes à voter en conscience sur le traité, auraient seulement voulu sanctionner la politique du gouvernement. Avec de tels raisonnements, nos oui-ouistes ont de la constance. C’est parfait. Qu’ils ne changent rien. Obsédés par la conquête du pouvoir, ils tendent déjà la joue pour la prochaine claque.
Les autres, pour les mêmes raisons de surface, sont à l’affût des trains dans lesquels ils pourraient monter. La victoire du non a pour fonction principale la revitalisation de leurs structures politiques en vue de conquérir des positions à l’horizon 2007. Le projet à long terme, sans cesse invoqué, ne viendra pas, car il ne peut résulter de calculs électoralistes.
Il semblerait donc que de nombreux roitelets soient à mettre mat sur l’échiquier politique avant de pouvoir dompter le Roi du Grand échiquier, le marché peu régulé. Patience. Le processus de décomposition politique progresse à grands pas.
Il suffit parfois d’avoir un ou deux coups d’avance pour laisser la main à ceux qui s’épuisent. Alter a lancé un vaste chantier de réflexion sur les contenus d’une véritable alternative. « Pendant que d’autres rêvent d’une recomposition, pendant que des appareils à bout de souffle inventent à longueur de réunions des mécanos dont chacun s’imagine être le centre, allons à l’essentiel : produisons des contenus de rupture, en lien avec les gens. » (Rapport d’orientation, AG du 9 oct. 2004, www.alter-m.org ).
Un projet audacieux est donc en construction. A titre d’exemple, notre position sur l’Europe, datant de février 2005, ne se voulait guère consensuelle, mais certains s’en rapprochent déjà et nous gageons que nombreux sont ceux qui y viendront. Plusieurs textes sont ainsi en préparation, sur la démocratie et la refonte des institutions politiques, sur l’articulation entre environnement et transformation sociale, sur les organisations internationales et sur la reconfiguration de l’attelage culture-éducation-médias. Nous invitons tous ceux qui le souhaitent à participer à ces groupes de travail. D’ici à quelques mois, le choix du bon moment pour participer à des élections ne sera plus qu’affaire d’opportunité.
Alter, le 6 mai 2005. http://www.alter-m.org/ source : http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=2963 @+ | |
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