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 Non au tatouage Biopolitique

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wapasha
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wapasha


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Localisation : Pays des Abers
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MessageSujet: Non au tatouage Biopolitique   Non au tatouage Biopolitique EmptyMer 8 Juin à 21:43

philosophie
Non au tatouage Biopolitique
par Giorgio Agamben

G. Agamben est professeur de philosophie à l'Université de Venise et New York


Citation :
Les journaux ne laissent aucun doute: qui voudra désormais se rendre aux Etats-Unis avec un visa sera fiché et devra laisser ses empreintes digitales en entrant dans le pays. Personnellement, je n’ai aucune intention de me soumettre à de telles procédures, et c’est pourquoi j’ai annulé sans attendre le cours que je devais faire en mars à l’université de New-York.

Je voudrais expliquer ici la raison de ce refus, c’est-à-dire pourquoi, malgré la sympathie qui me lie depuis de nombreuses années à mes collègues américains ainsi qu’à leurs étudiants, je considère que cette décision est à la fois nécessaire et sans appel et combien je tiendrais à ce qu’elle soit partagée par d’autres intellectuels et d’autres enseignants européens.

Il ne s’agit pas seulement d’une réaction épidermique face à une procédure qui a longtemps été imposé à des criminels et à des accusés politiques. S’il ne s’agissait que de cela, nous pourrions bien sûr accepter moralement de partager, par solidarité, les conditions humiliantes auxquelles sont soumis aujourd’hui tant d’êtres humains. L’essentiel n’est pas là. Le problème excède les limites de la sensibilité personnelle et concerne tout simplement le statut juridico-politique (il serait peut-être plus simple de dire biopolitique) des citoyens dans les Etats prétendus démocratiques où nous vivons.

On essaie, depuis quelques années, de nous convaincre d’accepter comme les dimensions humaines et normales de notre existence des pratiques de contrôle qui avaient toujours été considérées comme exceptionnelle et proprement inhumaines. Nul n’ignore ainsi que le contrôle exercé par l’Etat sur les individus à travers l’usage des dispositifs électroniques, comme les cartes de crédit ou les téléphones portables, a atteint des limites naguère insoupçonnables.

On ne saurait pourtant dépasser certains seuils dans le contrôle et dans la manipulation des corps sans pénétrer dans une nouvelle ère biopolitique, sans franchir un pas de plus dans ce que Michel Foucault appelait une animalisation progressive de l’homme mise en œuvre à travers les techniques les plu sophistiquées. Le fichage électronique des empreintes digitales et de la rétine, le tatouage sous-cutané ainsi que d’autres pratiques du même genre sont des éléments qui contribuent à définir ce seuil. Les raisons de sécurité qui sont invoquées pour les justifier ne doivent pas nous impressionner : elles ne font rien à l’affaire.

L’histoire nous apprend combien les pratiques qui ont d’abord été réservées aux étrangers se trouvent ensuite appliquées à l’ensembles des citoyens.

Ce qui est en jeu ici n’est rien de moins que la nouvelle relation biopolitique « normale » entre les citoyens et l’Etat. Cette relation n’a plus rien à voir avec la participation libre et active de la sphère publique, mais concerne l’inscription et le fichage de l’élément le plus privé et le plus incommunicable de la subjectivité : je veux parler de la vie biologique des corps. Aux dispositifs médiatiques qui contrôlent et manipulent la parole publique correspondent donc les dispositifs technologiques qui inscrivent et identifient la vie nue : entre ces deux extrêmes d’une parole sans corps et d’un corps sans parole, l’espace de ce que nous appelions autrefois la politique est toujours plus réduit et plus exigu.

Ainsi, en appliquant au citoyen, ou plutôt à l’être humain comme tel, les techniques et les dispositifs qu’ils avaient inventés pour les classes dangereuses, les Etats, qui devraient constituer le lieu même de la vie politique, ont fait de lui le suspect par excellence, au point que c’est l’humanité elle-même qui est devenue la classe dangereuse.

Il y a quelques années, j’avais écrit que le paradigme politique de l’Occident n’était plus la cité, mais le camp de concentration, et que nous étions passés d’Athènes à Auschwitz. Il s’agissait évidemment d’une thèse philosophique, et non pas d’un récit historique, car on ne saurait confondre des phénomènes qu’il convient au contraire de distinguer.

Je voudrais suggérer que le tatouage était sans doute apparu à Auschwitz comme la manière la plus normale et la plus économique de régler l’inscription et l’enregistrement des déportés dans les camps de concentration.

Le tatouage biopolitique que nous imposent maintenant les Etats-Unis pour pénétrer sur leur territoire pourrait bien être le signe avant-coureur de ce que l’on nous demanderait plus tard d’accepter comme l’inscription normale de l’identité du bon citoyen dans les mécanismes et les engrenages de l’Etat.

C’est pourquoi il faut s’y opposer.
source : http://www.philosophie.org/

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wapasha
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wapasha


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MessageSujet: Re: Non au tatouage Biopolitique   Non au tatouage Biopolitique EmptyDim 12 Juin à 19:48

suite à cet article j'ai contacté son auteur pour lui fournir differents lien pour son travail. voici un de ces commentaires :
Citation :
Le sujet est en effet d'une importance extrême puisqu'il ne s'agit en fait
que la continuation du fascisme avec des moyens technologiques autres.

L'Allemagne a été vaincue, mais le nazisme, le fascisme, formes politiques
particulières du capitalisme, sont toujours là. Et de plus en plus à l'œuvre
avec l'accentuation des crises économiques. Guerres d'un coté,
abrutissements de masse de l'autre et fichage des humains .... les vieux
délires sont toujours vivaces.

Nous allons insérer un lien vers votre site sur www.philosophie.org


Amitiés.

@+
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Dearcham
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MessageSujet: Re: Non au tatouage Biopolitique   Non au tatouage Biopolitique EmptyLun 13 Juin à 15:11

il m'a fait la même réponse en copier coller :/ et pour l'instant , pas de trace de lien ...
mais laissons lui peut-être un peu de temps
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