Discutaction
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le deal à ne pas rater :
Fnac : 2 Funko Pop achetées : le 3ème offert (large sélection de ...
Voir le deal

 

 Une lycéenne témoigne de la répression

Aller en bas 
AuteurMessage
wapasha
Langue pendue
wapasha


Nombre de messages : 4560
Localisation : Pays des Abers
Date d'inscription : 30/04/2005

Une lycéenne témoigne de la répression Empty
MessageSujet: Une lycéenne témoigne de la répression   Une lycéenne témoigne de la répression EmptyMar 31 Mai à 16:12

bellaciao-mardi 31 mai 2005
Une lycéenne témoigne de la répression : Entretien avec Pauline S.
de Silvia Cattori

Une lycéenne témoigne de la répression Lyceens8 Pauline, blonde, souriante, élève du Lycée Joliot Curie à Nanterre 92, emprisonnée à deux reprises et mise en examen, nous livre ici son témoignage spontané sur le mouvement lycéen qui depuis janvier a mobilisé des centaines de milliers de lycéens, dans la quasi indifférence du monde adulte et des mouvements associatifs. SC.

Citation :
S.C. Quand le Mouvement Lycéen en France a-t-il débuté et pour quelles raisons ?

Pauline S : Le mouvement a débuté le 20 janvier quand les lycéens sont descendus dans la rue contre la loi Fillon qui prévoyait, entre autre, une réforme du baccalauréat, des suppressions d’options de filières et de postes d’enseignants, la mise en place d’un policier référent dans chaque établissement, la mise en place d’un socle commun de connaissances réduit et n’offrant pas la possibilité à des élèves des classes défavorisées d’accéder à des connaissances correctes.

S.C. Les Lycéens ont-ils perçu cette loi comme répressive ?

Pauline S : Oui. C’est une loi à caractère répressif et qui favorise l’émergence d’une élite, au détriment d’une majorité d’élèves. Elle va encore aggraver la situation là où les lycées qui tombent déjà en ruine.

S.C. Le mouvement était-il soutenu par d’autres groupes dès le départ ?

Pauline S : Au début les lycéens étaient seuls. Il y a eu deux journées interprofessionnelles en février et en mars, avec dans certains cas des professeurs qui se sont mobilisés au niveau local. Mais les syndicats n’ont jamais appelé à la grève. Lors des manifestations massives du 15 février, il y a eu jusqu’à 200 000 lycéens dans la rue en France. Les vacances de mars n’ont pas éteint le mouvement ; à la rentrée 60 000 lycéens ont manifesté à Paris. Décision a été prise d’occuper les lycées. Mon lycée a été bloqué pendant 15 jours quasiment à l’unanimité. 500 lycées ont été bloqués par des votes quotidiens. C’était quelque chose d’énorme. Il y a eu quantité d’action en parallèle. On a occupé le rectorat, le bâtiment de l’Instruction académique, une annexe du Ministère de l’Education Nationale...

S.C. Le mouvement est-il allé en se radicalisant ?

Pauline S : Fillon a donné des consignes que là où il y aurait eu des blocages les CRS interviendraient. Le 18 et 19 mars il y a eu l’appel de bloquer tous les établissements. Des comités d’action ont été créés dans de nombreux établissements.

S.C. Du jamais vu ?

Pauline S : De cette ampleur là, sur une si longue durée, seuls, c’était quelque chose d’assez nouveau. On se réunissait en AG après les manifs. Jusqu’à 40 villes de provinces venaient à Paris. La répression été très forte. Il y a eu des jeunes qui commençaient à se faire arrêter dans les manifs pour outrage, violences ( !)...Quand on a occupé l’inspection académique à Bobigny 93 tout le monde s’est fait arrêter. Il y a eu 17 gardes à vue qui ont duré 24 heures. J’en faisais partie. Quatre lycéens sont passés en procès. La dernière occupation en date c’était l’annexe du ministère de l’Education nationale en avril par 200 élèves. Les CRS sont intervenus, ils nous ont embarqués tous par cars dans de nombreux commissariats, au total 180 gardes à vue...

S.C. Avez-vous eu peur ?

Pauline S. : Ils ont prolongé la garde à vue de 48 heures. 9 élèves ont été mis en examens. J’en fais partie. Sur les 9 il y a 2 majeurs. 4 filles, 5 garçons. Les chefs d’accusations : violence volontaire sur la force publique avec armes et destructions de bien d’utilité publique ( risque de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende)

S.C. Avez-vous causé des dégâts matériels ?

Pauline S. : Quand la police est intervenue les élèves, pris de panique, ont jeté des objets. Rien de méchant. Les dégâts c’est la police qui les a faits en défonçant le toit pour entrer.

S.C. Les mises en examens ne vous effrayent-elles pas ?

Pauline S. : Il y a un collectif de soutien contre la répression qui collecte des fonds, et appelle à l’abandon des poursuites. C’est aujourd’hui le seul moyen de nous défendre car il s’agit de procès d’un mouvement politique et non pas d’individus isolés.

S.C. Les syndicats ont-ils bougé ?

Pauline S. : Le SNES pas encore : le CNT et CGT sont avec nous. Ils ont été forcés après qu’il y ait eu 180 arrestations dont 20 mises en examen. Quelque chose d’exceptionnel.

S.C. Cela devait être pour les enfants que vous êtes en prison ?

Pauline S. : C’était dur, c’était crade. Ceux qui avaient 15 ans, étaient le plus choqués. Ils ont avoué tout ce que les policiers voulaient. Chose qu’il ne faut jamais faire. La première nuit je me suis fais interroger cinq fois. Fouille intégrale, à poil. J’ai reçu des baffes. Il y a eu des commissariats où les policiers faisaient tourner les clubs de golf au dessus de la tête pour effrayer, faire parler. Il y a eu de nombreuses plaintes contre les policiers.

S.C. Le gouvernement ne va-t-il pas miser sur l’essoufflement, les examens qui se rapprochent ?

Pauline S. : Quand les lycéens ont appris qu’il y avait eu des arrestations : 3000 personnes sont descendues dans la rue. Mais il est évident que l’on ne peut pas gagner tous seuls. Une explosion est peu probable ; mais tout est possible à la rentrée.

S.C. Vous êtes si jeune et déjà si investie !

Pauline S. : J’ai fais ce que je devais. Je n’ai rien à me reprocher. J’ai tenu face à la police.

S.C. Le bras de fer lycéen n’a-t-il pas échoué puisque la loi Fillon est passée en mars ?

Pauline S. : Pas forcément. En 1986 la loi Devaquet, déjà adoptée, a dû être retirée suite à une énorme mobilisation. Cette fois nous avons en face un gouvernement très dur. Très répressif.

S.C. Votre mouvement a-t-il fait preuve de politisation ?

Pauline S. : Il est très politisé et il pose les bonnes questions. On se fait réprimer. J’ai encore des marques du matraquage et des boucliers. Mais on tient bon. Il y a le raz le bol contre le gouvernement. Les lycéens qui se font tabasser résistent. Il y a une colère. Les diplômes ont a de plus en plus de mal à les obtenir. Et même une fois obtenus ils ne nous garantissent pas d’avoir un travail correct... L’inégalité entre favorisés et non favorisés se marque de plus en plus, alors que l’école est censée donner une chance à tous.

S.C. Après les frissons la déprime ?

Pauline S. : Non. Ca motive. Je suis en colère. Je suis sortie de prison et je suis repartie tout droit à la manif.

S.C. Vous-sentez vous prêts à affronter les procès ?

Pauline S. : C’est une bonne expérience. C’est cela qui nous attend. Le gouvernement ne va pas nous faire de cadeau. C’est dur. Mais ça rend plus fort aussi. La violence de la police et la prison ne vont pas nous arrêter.

S.C. Quelle suite ?

Pauline S. : Dans l’immédiat nous appelons à se solidariser avec les lycéens inculpés.

Fin. silviacattori@yahoo.it

Citation :
Les dates des rassemblements de soutien aux lycéens inculpés :

-Adrien, Salah et Antoine : mardi 31 mai à 8h30 au TGI de Paris.
-Jean-François : mercredi 1er juin à 8h30 au TGI de Pontoise.
-Hicham : jeudi 16 juin à 8h30 au TGI de Paris.

Le comité de soutien lance un appel à un soutien financier pour payer les frais d’avocats et éventuelles amendes.

Envoyez vos chèques à l’ordre de CDPE Paris - SSL - à FCPE Paris, 14 Rue d’Astorg -

75008 Paris.

Le Secrétariat Fédéral de SUD-Etudiant.
Kamel
06.73.43.85.31
sud-etudiant@sud-etudiant.org.

Annick Coupé
Union syndicale SOLIDAIRES
coup@solidaires.org
01 58 39 30 14
06 70 51 39 57

De : Silvia Cattori
source : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=15721
[url]@+[/url]
Revenir en haut Aller en bas
 
Une lycéenne témoigne de la répression
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Discutaction :: Parlons-en ... actualité et dossiers de fond :: Société :: De l'enseignement ...-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser