wapasha Langue pendue
Nombre de messages : 4560 Localisation : Pays des Abers Date d'inscription : 30/04/2005
| Sujet: Les différences entre capitalisme et libéralisme Lun 30 Mai à 15:03 | |
| les explications de Jean-Marie Harribey sur les différences entre capitalisme et libéralisme :Capitalisme, Libéralisme : quelles différences entre ces deux notions ? - Citation :
- Extraits :
Pascale Fourier : Quelle est la différence entre libéralisme et capitalisme ?
Jean-Marie Harribey : Ces deux termes au cours des dernières années ont souvent été pris l’un pour l’autre et cette assimilation, pour ne pas dire cette confusion, est le fait à la fois des tenants du système comme de ses adversaires, ce qui rend cette confusion d’autant plus surprenante. Pour le dire simplement, capitalisme et libéralisme ont quelque chose à voir mais cependant renvoient à des niveaux différents :
Le libéralisme est d’abord une philosophie politique née, pour aller vite, à la suite du siècle des Lumières, une philosophie politique qui assure la primauté de l’individu et déclare tous les individus libres et égaux. Mais c’est aussi une doctrine économique que l’on peut décliner sous deux aspects : une présentation du capitalisme et un discours normatif sur le capitalisme. Ce système économique qu’est le capitalisme est fondé sur une déclaration de principe : la propriété privée est un droit naturel et la recherche de l’intérêt individuel mène à l’intérêt collectif. La somme des intérêts individuels recherchés par chacun d’entre nous doit nous mener spontanément à l’intérêt collectif et de ce fait on peut considérer que la société au sein de la philosophie libérale naît de la multiplication des contrats marchands que nouent les individus. Voilà la présentation, par le libéralisme, du capitalisme dans sa version doctrine économique. Mais c’est aussi un discours normatif sur le capitalisme que l’on peut résumer ainsi : rien ne doit entraver le marché, rien ne doit entraver son fonctionnement et donc l’Etat doit être réduit à sa plus simple expression c’est-à-dire doit se limiter à garantir que les règles du jeu sont respectées par tous et sanctionner éventuellement les agents qui contreviendraient à ces règles.
Le capitalisme n’est pas une philosophie politique et n’est pas non plus une doctrine économique : c’est un système, c’est-à-dire une organisation de la société qui trouve sa légitimation dans le libéralisme à la fois dans sa version philosophie politique et dans la doctrine économique. Système économique, organisation de la société donc, qui est fondé sur le fait que les uns sont propriétaires des outils de production tandis que les autres, dépossédés de ces outils, sont obligés de vendre leur force de travail, les premiers salariant les seconds et donc vivants sur le fruit du travail effectué par les salariés. Par conséquent ce système économique ne peut connaître une extension qu’en généralisant l’emploi de la force de travail salarié c’est-à-dire en prélevant une partie de la richesse produite par ceux-ci. La philosophie politique, qui est le premier volet du libéralisme, est née à peu près à partir du siècle des Lumières tandis que la doctrine économique est née un peu plus tardivement, pratiquement simultanément à l’avènement du capitalisme. Les premiers économistes, que l’on peut appeler libéraux, ont écrit, pensé au moment où la révolution industrielle et le capitalisme sont apparus, à savoir en Angleterre qui a été le premier pays européen à connaître la révolution industrielle et dans lequel est né le capitalisme ; l’Angleterre qui est aussi le premier pays qui a vu une pensée économique constituée avec notamment Adam Smith à la fin du XVIIIème siècle. Avant cela il y avait une forme de pré-capitalisme mais qui était essentiellement axée sur l’échange des marchandises, c’est pour cela que l’on parle de capitalisme marchand. Pour aller vite, depuis la fin du Moyen-Age jusqu’au XVIIIème siècle une bourgeoisie commerçante s’est peu à peu enrichie, non pas en faisant produire des marchandises pour les vendre ensuite, mais en faisant du négoce à travers le monde (dès lors qu’ont été ouvertes la route de l’Amérique, la route des Indes, etc... ) pendant deux ou trois siècles, et ce n’est qu’au bout de cette période-là qu’il y a eu une première mutation, c’est-à-dire que les capitaux, au lieu de s’investir exclusivement dans la transaction de marchandises exotiques, se sont investis dans la production ce qui a donné naissance à l’industrie. ou Sur la mondialisation : les faux débats - Citation :
- Extraits :
Un énorme contresens s’est installé dans le débat public dont la responsabilité incombe en partie aux faiseurs d’opinion qui propagent l’idéologie favorable au système économique capitaliste, mais également aux contestataires les plus radicaux qui se sont enfermés eux-mêmes dans une suite de faux débats. L’évolution économique contemporaine est appelée « mondialisation libérale » tant par ses apologistes que par ses critiques. Ce consensus est un piège redoutable pour ceux qui luttent contre les méfaits de la dite « mondialisation libérale » et qui affirment qu’ « un autre monde est possible ». Il repose sur un glissement sémantique aussi absurde que pervers qui a rendu obscure la différence entre capitalisme et libéralisme, la critique du second se substituant à celle du premier, mais au prix d’une contradiction théorique et d’une paralysie politique [...] @+ | |
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