Discutaction
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le deal à ne pas rater :
Aliexpress : codes promo valables sur tout le site
Voir le deal

 

 L'Urne comme champ de bataille

Aller en bas 
AuteurMessage
FleurOccitane
Rang: Administrateur



Nombre de messages : 5959
Localisation : Toulouse
Date d'inscription : 30/04/2005

L'Urne comme champ de bataille Empty
MessageSujet: L'Urne comme champ de bataille   L'Urne comme champ de bataille EmptyMer 12 Juil à 9:12

Citation :

L'Urne comme champ de bataille

"Ce n’est pas la rue qui gouverne !" Ce slogan de la droite décomplexée est assez révélateur de la gouvernance actuelle du pays. Dans le mépris du peuple, dans le mépris de l’histoire insurrectionnelle et révolutionnaire de la France, nos dirigeants réinventent le mot démocratie et le soumette aux seules institutions. Elles seules gouvernent et, durant leurs mandats, le peuple leur abandonne son pouvoir. Cet abandon du pouvoir s’opère dans l’urne de vote.

A partir du moment où le bulletin est déposé, le citoyen délègue ses décisions politiques à ses représentants et, par là-même, abandonne sa force de contestation politique. Il n’y a rien de nouveau en cela et, chez les anarchistes, l’analyse de l’abandon du pouvoir par le vote a depuis longtemps été faîtes. Pourtant, jamais les gouvernants n’avaient osé asséner cette vérité au peuple aussi crûment.

Il nous appartient de ne pas oublier notre héritage insurrectionnel et révolutionnaire. Si le gouvernement se permet de telles provocations méprisantes, c’est qu’il pense le peuple prêt à les entendre, et à s’y soumettre. Il n’est pas nécessaire d’être particulièrement perspicace pour noter un fatalisme évident face aux mesures autoritaires et liberticides prises par le pouvoir. Notre réaction doit être forte et doit se porter sur tous les fronts : dans la rue, les usines, les bureaux, les universités, les lycées, les collèges, les écoles, les prisons, partout où se trouvent des hommes, des femmes et des enfants.

Les moyens de lutte sont nombreux, les occasions multiples, et les idées ne manquent pas. Tout ce que je propose ici c’est une idée de plus, un autre moyen de lutte, pas meilleur que les autres et qui doit s’inscrire dans une lutte globale, sans chercher à nier les autres formes de combat. Je propose d’investir un nouveau champ de bataille depuis trop longtemps laissée aux mains de l’adversaire : l’urne.

Face à une élection, il y a trois formes d’expression possible pour un électeur : donner sa voix à un candidat (ou une liste de candidats), s’abstenir ou voter blanc. Donner sa voix à un candidat se fait en faveur de l’un contre les autres. Les élections de 2002 ont démontré qu’en pensant voter contre le candidat Le Pen, les électeurs n’ont fait que donner plus de pouvoir au président Chirac et à son gouvernement. Voter n’est donc pas une force de contestation. Prétendre le contraire et inciter à voter pour le « moins pire », c’est accepter la fatalité, baisser les bras avant même de combattre et, finalement, accepter notre sort et notre soumission.

S’abstenir de voter, c’est à dire refuser de céder son pouvoir et sa force de contestation, est devenue pour certain une tare, un délit qu’il convient de combattre en rendant le vote obligatoire. C’est que dans son refus par le citoyen de déléguer son pouvoir et sa force critique, l’abstention apparaît comme la véritable forme de contestation à la procédure électorale. Cependant, par la diversité des abstentionnistes et la multiplicité des causes d’abstentions, ce choix d’électeur est condamné à rester incompris.

Le vote blanc est depuis 2003 dénombrés à part des votes nuls. Pour certains d’entre eux, les électeurs comptabilisés comme blanc ont voulu faire savoir qu’ils n’étaient d’accord avec aucun des candidats présents mais qu’ils n’étaient pas opposés à la procédure électorale. A l’heure actuelle, ces votes ne sont pas pris en compte, ont le même poids que les chiffres de l’abstention (c’est à dire aucun) et ne jouissent même pas de la publicité faîte aux abstentionnistes. Ils sont purement et simplement ignorés.

Or si les votes blancs étaient comptabilisés, c’est à dire impactés sur le pourcentage de voix recueillis par chaque candidat, la légitimité de ceux-ci serait annulé par un désaveu massif d’électeurs votants blancs. Si les votes blancs sont comptabilisés, les deux candidats devront se partager les voix avec un troisième candidat fictif, un veto populaire, et ainsi il est possible qu’aucun des deux n’obtiennent la majorité nécessaire pour gouverner légitimement. En ce cas, il faudra bien admettre qu’aucun des deux candidats ne satisfait le peuple.

Le vote blanc a le potentiel de devenir un vote contestataire, un troisième choix laissé au peuple, une manière de dire « je ne veux pas choisir entre la peste et le choléra » Pour nous qui sommes anarchistes, et pour qui l’abstention est le choix électoral évident, nous devons toutefois nous interroger sur le mépris dont fait l’objet le vote blanc. Finalement, ne représente t’il pas lui aussi une forme de contestation ? Proudhon s’exprimait ainsi en 1864 : "[La] protestation par bulletin blanc […] cette déclaration d’absolue incompatibilité entre un système suranné et nos aspirations les plus chères ; ce stoïque veto lancé par nous contre de présomptueuses candidatures, n’était rien de moins que l’annonce d’un nouvel ordre de choses, la prise de possession de nous-mêmes comme parti du droit et de la liberté, l’acte solennel de notre entrée dans la vie politique […]"

Voici quel pourrait être l'une de nos exigences : "nous demandons à ce que soit crée des bulletins à usage spécifique (qu’il soit blanc, rose ou orange nous importe peu), que ces bulletins soient pris en compte lors de chaque élection et que leur pourcentage soit soustrait à ceux des candidats." Ainsi, le peuple disposera d’un droit de veto et d’une possibilité d’expression institutionnelle de refuser la gouvernance d’un candidat non-souhaité par la majorité.

Depuis 2003, les votes blancs ne sont plus indexés avec les votes nuls. Nous disposons donc d’une véritable tribune pour demander la reconnaissance de ce vote. Voter blanc, dans le refus de céder son pouvoir à un candidat qui ne nous correspond pas, c’est apporter du poids à ce vote contestataire dans l’espoir que, la multitude aidant, le gouvernement accepte enfin de les comptabiliser lors des élections et d’impacter le pourcentage de vote blanc sur celui des candidats. Ne pas accéder à cette demande sera la preuve définitive (s’il en était besoin d’une) que nos institutions vivent dans le mépris de la volonté du peuple et qu’elles acceptent que le pays soit gouverné par des candidats ne représentants qu’une minorité de la population. En somme que nos institutions ne sont pas démocratiques.

Je propose donc à la communauté anarchiste et libertaire de voter blanc à toutes les prochaines élections jusqu’à satisfaction de cette exigence. Même si l’abstention demeure mon choix naturel, je pense et je défends l’idée que voter blanc permet de donner plus de voix au peuple, celui pour qui nous sommes censé nous battre. La comptabilisation réel des votes blancs entamera la crédibilité des gouvernants illégitimes qui font par leurs calculs de minorité majorité.

Evidemment, il ne s’agit pas là du seul élément de lutte, il est un parmi d’autres, mais il serait dommageable de délaisser ce champ de bataille qu’est l’urne. Signons là, pour le peuple et nos gouvernants, l’acte solennel de notre retour dans la vie politique, pour paraphraser Proudhon. Et ainsi nous pourrons rappeler que, définitivement, en France et partout ailleurs, c’est la rue qui gouverne.

LordPepper
Mis en ligne par LordPepper, le Dimanche 14 Mai 2006, 15:37 dans la rubrique "Pour comprendre".

http://endehors.org/news/10595.shtml
Revenir en haut Aller en bas
 
L'Urne comme champ de bataille
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» 1. Champ d'action
» Un savoir-faire du champ au fournil

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Discutaction :: Parlons-en ... actualité et dossiers de fond :: Général :: Divers-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser