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 Lettre à l’attention de Benoît Duquesne

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FleurOccitane
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Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Lettre à l’attention de Benoît Duquesne   Lettre à l’attention de Benoît Duquesne EmptyLun 3 Juil à 20:48

Citation :

Lettre à l’attention de Benoît Duquesne, présentateur et responsable de l’émission « complément d’enquête ».
lundi 8 mai 2006 par Olivier Saltiel.

J’ai décidé d’écrire à la direction de France télévision, au CSA et à Benoît Dusquenes, animateur présentateur du magazine « complément d’enquête » aux sujet d’un reportage traitant le Peer-To-Peer, le piratage de morceaux de musique sur internet et son incidence sur la rémunération des artistes-interprêtes français, diffusé le 13 février 2005 sur France 2. Je joins ci dessous la lettre envoyée à ce dernier dans laquelle sont relevées quelques inexactitudes flagrantes. Pour de plus amples informations sur le sujet, on pourra se reporter sur le site à quelques papiers qui ont déjà été publiés. Ce sujet a été traité à plusieurs occasions sur notre site.

Monsieur,

Je souhaite dénoncer la manière dont le premier reportage de votre émission du 13 Février 2006 a été traité.

Ce reportage, programmé en première partie d’émission (c’est-à-dire à un moment où le taux d’écoute est le plus fort), comporte de nombreux amalgames et plusieurs affirmations non fondées.

Il présente la réalité du thème abordé de manière incomplète et subjective.

Ce reportage consacré au Peer-to-Peer passe sous silence plusieurs aspects d’une même réalité et privilégie la thèse selon laquelle le téléchargement sur internet serait à l’origine de la baisse des ventes de disques et menacerait gravement les artistes français.

Je précise par ailleurs que cette thèse est celle défendue par notre ministre de la culture, les « majors » et les rares artistes qui se sont opposés à la notion de licence globale. C’est d’ailleurs cette thèse qui justifierait l’adoption de la loi DADVSI en urgence... (le contexte de ce reportage n’est donc pas neutre...)

Dans ce reportage, tout semble fait pour donner, à une personne mal informée, une vision excessive de la réalité du Peer-to-Peer et de la menace qu’il ferait peser sur les artistes français. La licence globale, solution alternative proposée comme base de travail par les opposants de la loi DADVSI n’est évoquée que sous un angle négatif, à travers les propos de Jean-Louis AUBERT.

Or, comme vous devez le savoir, la réalité est bien plus nuancée.

Malgré ça, dans ce reportage, « tout se passe comme si » votre équipe avait pour objectif 1/ de présenter les artistes comme les « gentils », menacés par le Peer-to-Peer et 2/ de stigmatiser les internautes, en les rendant responsables des pertes financières des maisons de disque et en les présentant (on verra comment, plus loin) comme de « méchants » pirates, insouciants, irresponsables et sans morale.

Rentrons dans l’analyse de ce reportage :

Le reportage commence avec un titre « on ne peut plus » orienté : « Le Peer-to-Peer est à venir » (l’absence de point d’interrogation serait-il un oubli ?)

Sans entrer dans un débat sur le pouvoir des images subliminales, il me semble que, dans votre profession, on sait combien ce genre de détail compte.

Dès les premières images, le ton est donc donné et le message est clair : le Peer-to-Peer est « montré » comme une menace et le pire serait à venir...

Au début du reportage, on s’attend à ce que le contenu du reportage nuance cette première impression mais ce ne sera jamais le cas !! Ce reportage n’aura de cesse de stigmatiser les internautes et de mettre en avant l’idée selon laquelle les artistes et l’industrie musicale seraient gravement menacés par le Peer-to-Peer et la licence globale.

Revenons au déroulement du reportage et à ce qui ressemble à s’y méprendre à du conditionnement ou à de la manipulation : les images qui suivent montrent une trentaine de stars, représentatives du show-business actuel, très populaires et idolâtrées par bon nombre de français.

On se croirait au Téléthon ou à la soirée des « Restaus du cœur » ... Ces stars, qu’on a l’habitude de voir s’engager pour de grandes causes, qui ne leur ferait pas confiance ?

Elles nous sont familières et sympathiques... Elles nous font rêver et on y est attaché : comment pourraient-elles se tromper ou défendre une mauvaise cause ?

Or, c’est dans ce contexte chargé d’irrationnel, que vous avez manifestement choisi de faire passer un message alarmiste et caricatural sur le Peer-to-Peer et la licence globale.

En tant que journalistes et spécialistes de la communication audiovisuelle, donc parfaitement au fait des techniques permettant d’influencer les opinions, votre équipe semble avoir choisi de présenter ce message en prenant le risque d’influencer les téléspectateurs.

Il est évident que, dans ce contexte d’émotion et d’images, les discours de SHIREL puis de Jean-Louis AUBERT ne pouvaient que donner l’impression que la cause défendue par ces artistes était et "juste" et "fondée".

Revenons à la suite des images : on voit donc SHIREL, jeune chanteuse d’apparence douce et fragile, au visage d’ange, adresser son message. Difficile, dans ces conditions, de ne pas se dire : « Oui, ça doit être vrai... les artistes sont en grand danger à cause du Peer-to-Peer... ils ont l’air sincères... »

Le problème, c’est que la réalité est toute autre car ceux qui, comme Jean-Louis AUBERT et cette trentaine de stars, se disent menacés par internet et s’opposent à la licence global, sont minoritaires au sein des artistes français.

Je vous invite à lire l’article du journal Le Monde « Qui a peur d’Internet ? Pas les artistes » écrit par Philippe OGOUZ et François LUBRANO. Cet article précise que 82% des artistes français sont favorables à la licence globale et que toutes ces vedettes qui se mobilisent contre la licence globale sont en réalité les rares artistes à toucher de l’argent sur les ventes de disques...

Malheureusement, dans votre reportage, cet aspect des choses est complètement passé sous silence.

Après avoir écouté le discours de SHIREL, on s’attend à ce que vous donniez la parole à des artistes qui défendent l’opinion contraire (cette fameuse règle de la thèse et de l’anti-thèse).

Seulement voilà, ça n’arrivera pas... en tout cas, pas dans ce reportage... En réalité, il faudra attendre l’interview de Louis BERTIGNAC pour entendre un avis contradictoire. Et cette interview, comme par hasard, n’arrivera que bien plus tard dans la soirée, après plusieurs reportages, à une heure où la plupart des gens sont allé se coucher (ce qui signifie que les personnes n’ayant vu que le premier reportage auront reçu une information tronquée et partiale...).

Le « Peer » est à venir... Et oui, le reportage continue et les contre-vérités aussi :

Analysons, la façon dont vous arrivez à faire croire que la Peer-to-Peer est en train de ruiner nos artistes et notre culture... Observons l’enchaînement habile des images et des commentaires en voix Off. C’est du grand art !

[...]


http://www.info-impartiale.net/article.php3?id_article=365
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FleurOccitane
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MessageSujet: Re: Lettre à l’attention de Benoît Duquesne   Lettre à l’attention de Benoît Duquesne EmptyLun 3 Juil à 20:51

(suite)

Citation :

Tout d’abord, on voit apparaître à l’image une série de symboles qui défilent sur tout l’écran reprenant le générique du film de science-fiction « Matrix ».

La voix Off nous dit :

« Les artistes seraient en danger. Voici en tout cas ce qui leur fait peur » « Le déferlement de la technologie numérique »

L’allusion au film « Matrix » (film dans lequel la technologie et les machines ont pris le pouvoir contre l’homme lui-même) est-elle le fruit du hasard ? En tout cas, elle rend le message encore plus fort et dramatique.

La voix Off continue :

« Aujourd’hui, la musique, on peut la télécharger gratuitement et illégalement sur internet » « Des échanges qui court-circuitent les distributeurs » « En 4 ans, les maisons de disques ont perdu un tiers de leurs chiffres d’affaire et les artistes craignent également pour leurs revenus »

Voilà donc comment vos journalistes (d’investigation ?) sont parvenus à suggérer cette idée qu’il y aurait un lien de cause à effet entre le téléchargement gratuit et les pertes financières des maisons de disque alors même que ce lien n’a aucune réalité avérée. En effet, à l’heure actuelle, la seule étude sérieuse qui se soit intéressée au sujet montre qu’il n’y a justement pas de lien entre les 2 phénomènes et qu’au contraire le Peer-to-Peer favoriserait globalement les achats de disques.

Pourquoi ne pas avoir évoqué cette étude ?

Il s’agit pourtant d’une étude sérieuse réalisée par des chercheurs de l’Université Paris XI en collaboration avec l’UFC-Que choisir ...

Reprenons le cours du reportage (morceaux choisis) :

Vous plongez à nouveau le téléspectateur au coeur cette soirée du début reportage pour nous montrer le moment où Jean-Louis AUBERT sort un plaidoyer émouvant contre cette licence globale. Les images et la réalisation accentuent le caractère solennel du message et rendent l’atmosphère encore plus grave (gros plans sur les visages graves et fermés de toutes ces vedettes, parfois millionnaires). Jean-Louis AUBERT finit son discours ; il nous arracherait presque des larmes lorsqu’il évoque cette menace qui pèserait sur la trentaine de stars réunies sur cette scène...

La suite du montage est encore plus incroyable : le réalisateur s’attarde un instant sur le visage de M. DONNEDIEU DE VABRES, tout à l’écoute, comme ému par ces artistes qu’on croirait « au bord du gouffre... »

Résultat : tout téléspectateur normalement constitué ne peut qu’éprouver de la compassion pour ces vedettes millionnaires et M. DONNEDIEU DE VABRES semble apparaître tel un sauveur, dévoué à la cause de ces chers artistes tant aimés, mais malheureusement menacés par les « méchants » pirates que vous allez monter dans la suite du reportage...

Nous arrivons donc au moment du reportage où vous présentez le « camp » des internautes...

La suite est édifiante tant les amalgames qui y sont faits sont énormes !

Pour montrer qui se cache derrière ces internautes adeptes du Peer-to-Peer, vous auriez pu choisir d’interviewer un de ces jeunes adolescents qui souhaitent découvrir un groupe avant d’acheter ses CD ou bien encore, un de ces passionnés de musique qui n’arrivant pas à trouver dans le commerce les groupes ou les vieux disques qu’ils aiment se tournent naturellement vers le Peer-to-Peer.

Et bien, au lieu de cela, vous nous montrez l’internaute sous son visage le plus extrême. Résultat : de manière implicite, il y a amalgame entre ces gens que vous nous montrez et l’ensemble des internautes du Peer-To-Peer...

Est-ce vraiment cela, l’information impartiale ?

Le « monde » que vous avez choisi de nous montrer n’est absolument pas représentatif de cette portion de la population qui télécharge sur internet !

En effet, les gens que vous avez filmés utilisent des musiques téléchargées par leurs clients pour faire tourner leur bar et donc à, titre lucratif. On est donc loin du téléchargement pour usage privé... C’est vraiment le cas extrême ! Et puis, le bar que vous avez choisi de filmer est carrément glauque ce qui donne vraiment une sale impression des internautes dont vous êtes censés parler OBJECTIVEMENT. Est-ce un hasard ?

Jugez plutôt.

La voix Off dit : « Mais cette technologie, les consommateurs s’en sont déjà emparés ».

La séquence qui suit nous montre l’entrée d’un bar parisien, la nuit. Les images montrent ensuite ces habitués de la nuit, mines pâles avec un côté insouciant et un brin « décadent » ... et, le plus souvent, en « plan rapproché », comme pour accentuer cet aspect décadent et dérangeant...

Est-ce vraiment l’image que vous souhaitiez donner des internautes ?

En tout cas, si c’était votre objectif, il est atteint car, une fois qu’on a vu votre reportage, on se dit vraiment que les internautes qui téléchargent sont tous des pilleurs, marginaux, sans scrupules et sans morale qui menacent dangereusement nos artistes français et la culture française... alors que, je le répète, la réalité est bien plus nuancée...

Mais ce n’est pas finit, vous nous donnez ensuite l’exemple d’un jeune homme, un peu coquin et insouciant, qui se vante de télécharger et de ne JAMAIS acheter de CD. Là-dessus, votre voix OFF affirme que « Le problème, c’est qu’ils sont 8 millions à en faire autant » !!!

Mais qu’en savez vous ? Quelles sont vos sources ? Ils sont peut-être 8 millions à télécharger sur internet mais cela ne veut absolument pas dire qu’ils sont 8 millions à faire comme ce jeune homme !

Votre affirmation, soit dit en passant, contredit les conclusions de l’étude dont j’ai parlé plus haut et dont vous ne faites JAMAIS mention dans votre reportage ! Votre affirmation est tout simplement gratuite !

Avez-vous le droit d’influencer les gens en avançant des choses sans certitudes, sans sources fiables ? D’ailleurs, quelles sont vos sources ? Vous ne les citez même pas !

C’est scandaleux de faire des reportages aussi partiaux, surtout dans le contexte de cette loi DADVSI tant controversée.

BRAVO pour les amalgames, les contrevérités, les affirmations non fondées et les simplifications caricaturales.

Ce reportage illustre une fois de plus la façon dont vos chaînes traitent désormais l’information, de manière subjective et incomplète. Que ce soit volontaire ou non de la part de votre rédaction, le fait est que ces pratiques desservent la qualité de vos émissions d’information et favorisent souvent des intérêts particuliers, politiques ou non.

Je vous remercie de bien vouloir me donner quelques explications. Merci également de me citer vos sources.

Etant contribuable, j’estime pouvoir vous demander de bien vouloir faire le nécessaire pour qu’à l’avenir vos enquêtes soient plus fouillées et présentées de manière plus objective, moins partielle et moins caricaturale. Il me semble en effet que cela fait partie de votre mission de service publique que d’informer les citoyens de manière complète et impartiale.

La moindre des choses serait de programmer à une heure de grande écoute un reportage rééquilibrant les choses et mentionnant tous les aspects de la réalité que vous avez purement et simplement passés sous silence.

J’attends une réponse de votre part.

Cordialement.
Olivier SALTIEL

REMARQUE IMPORTANTE : je tiens à vous signaler que l’avocat que vous avez interrogé à la suite de ce reportage a fait un amalgame incroyable entre logiciel de Peer-To-Peer et logiciel libre. Les logiciels libres sont des logiciels dont les auteurs acceptent de rendre public le « code source » c’est-à-dire le cœur du programme de manière à ce que le logiciel puisse être amélioré ou réutilisé par d’autres programmeurs. Le logiciel libre ne se résume en rien aux logiciels de Peer-To-Peer, loin de là !! Il existe de multiples logiciels libres de traitement de texte, de lecture de fichiers audio ou vidéo, de traitement d’image, etc.... Ces logiciels sont souvent plus fiables que ceux de Microsoft et bien moins chers. Les logiciels libres sont les plus gros concurrents de Microsoft...De nombreux auteurs informatiques et de nombreuses PME en vivent. De nombreux projets de recherche développés dans le monde universitaire et de nombreux projets culturels développés dans le monde associatif ou dans les collectivités territoriales utilisent des logiciels libres, beaucoup moins chers, plus fiables et plus évolutifs que les logiciels dits « propriétaires » de Microsoft... Le logiciel libre est reconnu d’utilité publique par l’UNESCO. Il garantit une saine concurrence dans le domaine du logiciel et favorise la créativité, la fiabilité, la sécurité et l’évolutivité dans le monde du logiciel. Assimiler les logiciels libres à des logiciels de Peer-to-Peer, eux mêmes assimilés à des logiciels de piratage est non seulement mensonger mais c’est aussi dangereux puisque dans le contexte actuel de lutte contre le piratage sur internet, cet amalgame peut tout simplement conduire à interdire des logiciels libres qui n’ont rien à voir avec le piratage sur internet. La lutte contre le piratage et la copie « abusive » (par opposition à la copie privée) ne nécessite pas la mort du logiciel libre. La mort du logiciel libre serait en revanche un coup porté à la libre concurrence et à l’innovation dans le domaine de l’informatique. Dans un monde où l’information et la culture sont de plus en plus diffusés sous forme de fichiers numériques, laisser le monopole de diffusion et de la lecture de ces fichiers à certaines grosses entreprises comme Microsoft, c’est prendre le risque de menacer le pluralisme de l’information et la diversité culturelle. A noter que le remise en cause par le Sénat de l’article 7 de la loi DADVSI sur l’obligation d’interopérabilité est un des éléments dont plusieurs professionnels disent qu’il risque de favoriser la disparition du logiciel libre.

A MEDITER... pour un prochain reportage ? Copie au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pour réclamation et à M. Patrick DE CAROLIS pour explication

http://www.info-impartiale.net/article.php3?id_article=365
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