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 Tchernobyl : dénonciation de la propagande qui pousse ...

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FleurOccitane
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MessageSujet: Tchernobyl : dénonciation de la propagande qui pousse ...   Tchernobyl : dénonciation de la propagande qui pousse ... EmptyMer 17 Mai à 9:14

Citation :

Tchernobyl : dénonciation de la propagande qui pousse les migrants à s’installer dans les zones contaminées de Bielorussie

Alexander Yaroshuk, président du Congrès biélorusse des syndicats démocratiques, dénonce l’insuffisance de l’aide internationale, par la faute de Lukashenko. Poussés par la propagande, les migrants affluent dans les zones contaminées, rejoints par des jeunes diplômés biélorusses contraints par l’affectation obligatoire. Dans la foulée des élections marquées par des fraudes massives et des centaines d’arrestations, notamment de syndicalistes [1], Alexander Yaroshuk appelle l’Union européenne à prendre ses responsabilités en excluant le Belarus du SPG.

Vingt ans après, la catastrophe de Tchernobyl reste-t-elle un enjeu important en Biélorussie ?

D’abord, il faut comprendre que le Belarus a payé le plus lourd tribut à la catastrophe : 70% des radioéléments sont retombés sur notre territoire, un cinquième de celui-ci est durablement contaminé. Cela a pesé et continue à peser lourd sur le budget national. Malgré les manquements et les erreurs, je pense pouvoir dire que les programmes destinés aux populations soviétiques puis, après l’implosion de l’URSS, au peuple biélorusse ont eu un réel impact positif. Comme spécialiste des questions agraires, je peux attester que des décisions opportunes ont été prises pour sécuriser la chaîne alimentaire : des engrais spéciaux ont été utilisés en quantité pour amender la terre, des additifs ont été introduits dans la transformation des produits, etc. D’un point de vue scientifique et organisationnel, les compétences étaient réelles. Mais les moyens financiers mis en œuvre ont chuté. D’abord lorsque l’URSS s’est disloquée, puis avec l’arrivée au pouvoir de Lukashenko. L’aide internationale est dérisoire. Selon moi, c’est d’ailleurs un des reproches essentiels qui peut lui être adressé. Il a tout fait pour réduire à néant le soutien de la Communauté internationale.

Quelle est sa politique par rapport à Tchernobyl ?

Sa conception reste de minimiser les conséquences et même de pousser les gens à retourner vivre et travailler dans les zones contaminées. La propagande agit en ce sens. La perception du danger diminue. Les avantages sociaux aussi. Jusque 2002, la Fédération biélorusse des syndicats agricoles se battait pour enrayer cette tendance. On cherchait à aider ces hommes et ces femmes qui, au titre de compensations salariales, parce qu’ils vivaient et travaillaient dans une zone contaminée, recevaient de quoi s’acheter deux pains. J’étais le président de cette organisation. En 2002, le pouvoir a repris en main les syndicats, y compris le mien, j’ai été désavoué, poussé vers la sortie. Pour Lukashenko les organisations de travailleurs doivent être inféodées au pouvoir. De fait, ces syndicats officiels fonctionnent aujourd’hui de la même manière que du temps de l’URSS.

Le secteur agricole aussi ? Lukashenko n’encourage-t-il pas la privatisation des fermes d’Etat ?

Ce n’est qu’une réforme de façade, sur le fond, c’est toujours la même politique ruineuse de planification qu’il y a 20, 30 ans. Des moyens financiers importants sont dégagés, 15% du budget national, c’est plus qu’en Russie ou en Ukraine, mais ils sont utilisés de façon complètement inappropriée. On ne trouve pas de vrais entrepreneurs. Le paysan est soumis à des diktats : on lui dicte tout ce qu’il doit faire, ce qu’il doit planter, etc. La réforme façon Lukashenko repose aussi sur un concept très original : l’Etat force des entreprises privées à acheter des sovkhozes et des kolkhozes sous peine de sanctions économiques. Et les « lots » sont complets, ils comprennent les locaux, le matériel, le bétail et les ouvriers agricoles. On peut parler d’une agriculture basée sur le servage. Certes, la production est à la hausse et le nombre de fermes d’Etat qui ne sont pas rentables est en baisse, mais le revers de la médaille, c’est que le secteur a perdu sa compétitivité. Les prix sont souvent supérieurs à ceux des pays voisins.

Les projets de revitalisation agricole ne font guère dans le détail et concernent de plus en plus les zones contaminées. Comment en est-on arrivé là ?

Au Belarus, l’agriculture revêt un caractère hautement idéologique, plus affirmé encore qu’au temps de l’URSS. La planification économique, l’obligation de résultats pousse les intervenants à toutes sortes d’excès. Je sais que des responsables de sovkhozes et de kolkhozes n’hésitent pas à semer et à cultiver dans des zones où cela est proscrit pour augmenter artificiellement leur rendement. Ils font ça par peur d’être mis en difficulté ou pour être félicités. Le rituel archaïque qu’on appelle « demjinki » est encore très vivace ici. Pour une médaille, une prime ou une voiture de fonction, beaucoup sont prêts à toutes les extrémités. On est dans une situation où les résultats économiques ne peuvent pas être simplement satisfaisants. Ils se situent nécessairement entre « bons » et « très bons ». Cela vaut pour les zones contaminées. A force de dire que tout va bien, les gens finissent par le croire. Les migrants sont les victimes de cette propagande. Ils affluent pour travailler dans les régions contaminées, sans conscience des dangers qu’ils encourent. Le pouvoir doit endosser la responsabilité des conséquences d’une telle politique.

Les jeunes diplômés sont aussi concernés par la revitalisation des régions sinistrées...

Oui, on doit être le dernier pays européen à forcer des jeunes diplômés à travailler quelque part pendant deux ans. C’est en contradiction complète avec les droits de l’homme, comme de purger une peine. Mais c’est encore plus intolérable d’utiliser cette mesure pour envoyer des jeunes dans les zones contaminées. Il y a même eu un projet de loi en 2005 pour faire passer ce premier emploi obligatoire de 2 à 5 ans. Je pense que si la Biélorussie était un pays démocratique, avec un débat politique, une société civile développée, on trouverait sans peine des jeunes Biélorusses qui accepteraient, en connaissance de cause, de prester quelques temps dans ces régions. Par compassion, par citoyenneté. Mais puisque c’est obligatoire, ça ne marche pas bien. Les jeunes cherchent par tous les moyens à se soustraire à cette mesure. C’est compréhensible.

La propagande tente de présenter la Biélorussie comme un pays de cocagne où il fait bon vivre et travailler. Quel est votre avis là-dessus ?

En ce qui concerne la propagande, le pouvoir a le monopole de l’information. Un exemple : nous avions avec la revue syndicale Solidarnast, l’une des meilleures publications indépendantes du pays, mais elle a cessé de paraître début 2006, à cause des attaques du pouvoir. La presse officielle dispose elle de moyens illimités pour présenter le pays comme une sorte de réserve préservée de tous les maux qui accablent les pays voisins. Dans les reportages biélorusses, les problèmes de la Pologne ou de l’Ukraine sont systématiquement amplifiés, les Etats-Unis se résument à une nation gouvernée par un monstre où des avions s’écrasent et la France est à feu et à sang à cause des immigrés ou de voyous étudiants. Bien sûr, la presse officielle ne va jamais comparer les niveaux de salaire et encore moins de libertés. Il y a un processus de « zombification » de la population qui n’a pas d’équivalent dans le monde. Comme le niveau de vie n’a pas baissé au cours de ces deux dernières années, les Biélorusses ont tendance à croire tout ce qu’on leur dit. Avec nos moyens et dans le contexte actuel, on peut apporter la preuve aux travailleurs que leurs droits ne sont pas respectés, mais c’est beaucoup plus malaisé de détruire le mythe d’un système social efficace.

Quant à la bonne santé de l’économie biélorusse, c’est tout relatif. Elle s’appuie sur un système de subventions, sur un soutien sans réserves de la Russie et sur une conjoncture favorable. Nous n’avons pas de pétrole, mais nous raffinons du pétrole russe. Et dans le contexte de hausse des prix pétroliers, cela nous place dans une situation très favorable. Les cours des engrais à base potassique sont aussi en nette hausse et nous avons des gisements très importants. Par ailleurs, notre dépendance énergétique est totale, le pays importe le gaz russe à un prix cinq fois moindre que l’Ukraine. Mais que se passera-t-il quand la Russie intégrera l’OMC ?

Pour conclure, où en est-on dans la possibilité de sanctions économiques européennes vis-à-vis du Belarus du fait des violations systématiques des droits syndicaux ?

En 2004, le rapport de la Commission d’enquête de l’OIT avait confirmé chacune des accusations soulevées par la CISL. Le pouvoir n’a pas répondu aux requêtes de l’OIT. La menace de sanctions économiques est donc réelle. La Commission européenne devrait décider en mai d’éventuelles sanctions. Il est vraisemblable que le pays devrait être exclu du SPG [2]. Ce n’est pas le contexte politique actuel avec des élections marquées par des fraudes massives et des centaines d’arrestations, dont de nombreux syndicalistes [3], qui devrait faire changer d’avis la Commission. Comme citoyens de ce pays, nous redoutons ces sanctions qui auront un impact très lourd sur la population. En même temps, nous serions déçus que ce processus très long n’aboutisse pas. Ce serait interprété comme un aveu de faiblesse par un régime qui ignore le langage de la diplomatie et privilégie la force. Cette fois, c’est à l’UE d’user des grands moyens.

21/4/2006

[1] voir le communiqué de la CISL sur ces élections, intitulé « Biélorussie : arrestations de dirigeants syndicaux par le régime de Lukashenko »

[2] En 2005, le Système de préférences généralisé (SPG) a octroyé au Belarus un abaissement de 10% des taxes douanières sur les produits textiles, le métal et le bois que le pays exporte en grande quantité, soit 282 millions d’euros d’économie.

[3] voir le communiqué de la CISL sur ces élections, intitulé « Biélorussie : arrestations de dirigeants syndicaux par le régime de Lukashenko »


Source/auteur : cislenligne
Mis en ligne le vendredi 21 avril 2006, par hella

http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=8313
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