Discutaction
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

 

 « CE PEUPLE EST ENCORE DANGEREUX »

Aller en bas 
AuteurMessage
wapasha
Langue pendue
wapasha


Nombre de messages : 4560
Localisation : Pays des Abers
Date d'inscription : 30/04/2005

« CE PEUPLE EST ENCORE DANGEREUX » Empty
MessageSujet: « CE PEUPLE EST ENCORE DANGEREUX »   « CE PEUPLE EST ENCORE DANGEREUX » EmptyMer 25 Mai à 16:21

altermonde.levillage-REÇU DE LUC DOUILLARD-mercredi 25 mai 2005
« CE PEUPLE EST ENCORE DANGEREUX »

Le carnet de Périphéries
http://www.peripheries.net/crnt61.htm#anderson

Citation :
En septembre 2004, quand l’essayiste et historien britannique Perry Anderson a publié dans la « London Review of Books » les deux articles aujourd’hui traduits au Seuil sous le titre « La pensée tiède - Un regard critique sur la culture française » [1], Jacques Chirac avait certes déjà annoncé la tenue prochaine d’un référendum sur la Constitution européenne ; mais personne ne pouvait prévoir le débat de fond, inattendu et virulent, quasi miraculeux, qui allait secouer tout le pays avant le scrutin. Du coup, le caractère quasi prémonitoire que revêt le propos d’Anderson invite à l’examiner avec une attention particulière...

Pour une fois, et ça fait du bien, on se trouve devant le diagnostic d’un « déclin français », mais sans que ce soit à l’aune des critères ultralibéraux, comme ce fut le cas par exemple en 2003 avec « La France qui tombe », de Nicolas Baverez : loin de se joindre au concert de grosses voix qui stigmatisent le pays pour son refus entêté d’embrasser enfin sans réserve cette pseudo-modernité qu’ont adoptée ses voisins, escamotant sous les indicateurs de leur « bonne santé économique » fièrement affichée la désagrégation sociale, l’exploitation et la souffrance exorbitantes qu’elle engendre, Perry Anderson attribue justement le déclin de la culture française et de son rayonnement à l’entreprise de mise au pas et de pasteurisation menée par les tenants du libéralisme, à la vague de conformisme qu’ils ont fait déferler sur la vie intellectuelle du pays. Il affirme haut et fort son attachement à cet esprit rebelle, à cette capacité de singularisation sans complexe, à ce refus de la résignation qui rendent malades de haine et de honte les éditorialistes « d’en haut » (Claude Imbert, dans « Le Point » du 19 mai, maudit le « prurit égalitaire » qui démange ses concitoyens, tandis que Philippe Val, hier, sur France-Inter, comparait les partisans du « non » à Fabien Barthez crachant sur l’arbitre...). « Si jamais le pays se réduisait à n’être qu’un spécimen de plus dans la cage du conformisme atlantique, écrit-il, il y aurait un grand vide dans le monde. »

Mais il dit aussi sa confiance dans la ténacité de cette résistance française au laminoir qui a eu raison, ou presque, de tant d’autres cultures originales (on peut penser par exemple à l’Italie, submergée par un consumérisme sauvagement individualiste, vulgaire et sans mémoire : http://www.peripheries.net/f-paso.htm). Il se souvient que « le libéralisme français classique eut une floraison fragile, poussa dans un sol ingrat », et que ce scepticisme a perduré : « Même aujourd’hui, le « laisser-faire » est l’objet d’une telle suspicion que, cas unique dans le monde occidental, le terme contemporain « néo-libéral », avec toutes ses connotations négatives, n’est guère employé, comme s’il était redondant : « libéral » suffit à lui seul, pour bien des secteurs de l’opinion, à désigner l’immonde. » Il attribue la volatilité du corps électoral - en vingt ans, sept gouvernements ayant duré une moyenne de moins de trois ans chacun - au « refus de croire aux panacées de la réforme néolibérale que tous les gouvernements, qu’ils fussent de gauche ou de droite, ont invariablement proposée aux citoyens ». Il fait remarquer que la percée électorale de Jean-Marie Le Pen, en 1984, correspond au moment où Mitterrand abandonne la vision sociale du Programme commun sur la base duquel il avait été élu : « Pour beaucoup, le système de la pensée unique n’avait laissé que cette possibilité au goût bien âcre. »

Ce qui, à ses yeux, caractérise la France, c’est un très fort individualisme, un « niveau très faible d’organisation permanente » - moins de 2% de l’électorat inscrit dans un parti politique, 7% de travailleurs syndiqués -, mais qui « se conjugue avec une tendance exceptionnelle à s’enflammer spontanément ». Il évoque ces « tornades sociales par temps clair » dont les gouvernements, dit-il, ont appris à se méfier (pas tant que ça, semble-t-il !). Il observe : « Les turbulences qui se forment régulièrement sous la surface paisible d’une société de consommation, les impulsions sporadiques - menaçantes ou résiduelles - à se porter sans crainte à la gauche de la gauche, l’impatience qui, par le passé, s’est manifestée contre l’ennui démocratique, sont autant de raisons de penser que la partie n’est pas tout à fait jouée. » En conclusion, il cite cette phrase de Raymond Aron, en 1978 : « Ce peuple, apparemment tranquille, est encore dangereux. » Et il ajoute : « Espérons-le. »

Oui, espérons-le ; espérons-le très, très fort...

Mona Chollet


[1] Perry Anderson, « La pensée tiède - Un regard critique sur la culture française », suivi de « La pensée réchauffée », réponse de Pierre Nora, Seuil,
137 pages, 11 euros.
source : http://altermonde.levillage.org/article.php3?id_article=2848

@+
Revenir en haut Aller en bas
 
« CE PEUPLE EST ENCORE DANGEREUX »
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Par le peuple, pour le peuple
» Le dangereux jeu de Washington en Iran

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Discutaction :: Ils en ont parlé ... :: Ecrits et autres ouvrages ...-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser