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 Les geôliers haut placés

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FleurOccitane
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MessageSujet: Les geôliers haut placés   Les geôliers haut placés EmptySam 13 Mai à 21:40

Citation :

Les geôliers haut placés
Amira Hass

publié le jeudi 13 avril 2006.

Il est interdit aux gens de Gaza de se trouver en Cisjordanie. Il est interdit aux Palestiniens... de se trouver dans la vallée du Jourdain (sauf ceux qui y habitent). Il est interdit aux Palestiniens d’entrer sur le territoire pris entre la clôture de séparation et la Ligne Verte (sauf ceux qui y habitent)... Il est interdit de passer... Il est interdit d’entrer... Il est interdit... Il est interdit..."

Il y a deux semaines, le jour des élections, à huit heures du matin, des conducteurs palestiniens qui voulaient sortir de Tulkarem par l’Est (Anabta), ont découvert que les permis qu’ils possédaient n’étaient pas valides. Un des soldats du barrage qui empêchait le passage des conducteurs s’est excusé : aujourd’hui, la sortie à bord d’un véhicule n’est autorisée qu’aux habitants des trois villages proches - Shoufa, Safrin et Beit Lid. Pour plus de clarté, il a expliqué aux militantes de Machsom Watch que « généralement, ici, ce n’est pas un check-point (ces check-points dont les permis sont destinés à permettre le franchissement - Note d’A. Hass), mais un barrage. Et ici, il n’y a pas de permis, il y a des procédures. »

La vie des Palestiniens sous occupation israélienne est prise, emprisonnée dans un embrouillamini d’obstacles physiques, matériels de toutes sortes et de toutes dimensions (check-points, barrages, bouclages, clôtures, murs, portes métalliques, routes interdites, monticules de terres, blocs de béton) et par tout un montage fréquemment mis à jour d’interdictions et de limitations. Il y a les interdictions permanentes, que l’on accompagne d’interdictions occasionnelles en tous genres, comme à Anabta. Même sans les raids nocturnes permanents de l’armée pour arrêter des personnes recherchées, même sans les bombardements qui ne mettent pas fin aux tirs de roquettes Qassam, la vie est totalement paralysée.

Cette vie désorganisée et emprisonnée ne se retrouve pas dans « les nouvelles » du jour, car elle est simple routine. Une routine qui ronge l’espoir d’un avenir humain.

Les geôliers haut placés Femme_soldat

Il est interdit aux gens de Gaza de se trouver en Cisjordanie. Il est interdit aux Palestiniens, y compris les habitants de Jéricho, de se trouver dans la vallée du Jourdain (sauf ceux qui y habitent). Il est interdit aux Palestiniens d’entrer sur le territoire pris entre la clôture de séparation et la Ligne Verte (sauf ceux qui y habitent). Il est interdit de passer, à bord d’une voiture privée, le check-point d’Abou Dis (qui sépare la partie nord de la partie sud de la Cisjordanie). Il est interdit d’entrer en voiture à Naplouse. Il est interdit aux Palestiniens qui habitent Jérusalem-Est d’entrer dans les villes de Cisjordanie (sauf Ramallah). Il est interdit à des citoyens de pays arabes, mariés à des Palestiniens, d’entrer en Cisjordanie.

Le soldat planté derrière le check-point ou le guichet de l’administration civile est le dernier maillon, le moins important, dans l’enchevêtrement de restrictions et de limitations. Certes, les soldats ne regimbent pas devant les ordres et les interdictions, mais ce n’est pas eux qui les inventent. Eux ne sont que des geôliers subalternes, avec derrière eux toute une batterie cachée de bureaucrates qui décrètent et peaufinent règles et règlements, perfectionnant sans cesse les méthodes d’emprisonnement et d’interdictions.

Les geôliers israéliens haut placés semblent toute particulièrement portés à se mêler de la vie de la famille palestinienne, et pas seulement quand un des conjoints est citoyen israélien. Leurs émissaires dans l’administration civile à Kedoumim ont, par exemple, interdit l’entrée en Cisjordanie (pas en Israël) à l’épouse turque d’un habitant palestinien ; à un homme dont un proche était décédé (« parce qu’il ne s’agit pas d’un parent au premier degré ») ; à une femme dont le beau-père était décédé (un beau-père n’est pas tenu pour un parent au premier degré) ; à un père dont le fils était malade (le prétexte : d’autres membres de la famille sont entrés en Cisjordanie avec un visa touristique et, d’après les registres, ils ne l’ont pas quittée à l’expiration du visa).

Des gens originaires de Gaza mais vivant en Cisjordanie, se trouvent à 70 km de leurs parents, de leurs frères et sœurs demeurés à Gaza : il en est qui ne se sont plus vus depuis cinq voire huit ans, parce qu’ils n’ont pas reçu d’autorisation de passage (par Israël). Les habitants de la Vallée du Jourdain ont de la famille à 10 km de chez eux, à laquelle ils ne sont pas autorisés à rendre visite.

Les planificateurs de la clôture de séparation se sont eux aussi découvert un faible pour la séparation des familles, et pas seulement pour les terres disponibles des Palestiniens. Si le tracé proposé aujourd’hui est approuvé, quelque 570.000 dounams de terre palestinienne (soit environ 10% du territoire de Cisjordanie) sont censés être piégés entre la clôture de séparation et la Ligne Verte. Autrement dit, pour être en fait annexés à Israël. Les habitants des villages emprisonnés derrière la clôture de séparation ont de la famille dans les villages voisins.

Un père de Azoun Atma raconte, par exemple, que sa fille qui vit à Saniria, un village situé à quelques minutes à pied, ne reçoit pas d’autorisation pour lui rendre visite. Des jeunes dont la famille possède des vergers au-delà de la clôture de séparation ne reçoivent pas de permis d’entrer par les portes de la clôture pour aller aider leurs grands-parents aux travaux de la terre. Mariages, funérailles, récolte des olives, grands événements familiaux sont célébrés - grâce aux initiatives des geôliers israélien haut placés - par téléphone, par courriel et la vidéo pour ceux qui l’ont.

On pourrait se lancer dans des conjectures sur ce que cherchent à atteindre les planificateurs de ces séparations quand ils interdisent à un petit-fils d’aider ses grands-parents à travailler leur terre, à une femme de vivre avec son mari, quand ils condamnent des villages entiers à perdre leurs terres, donc leur avenir. Ils bénéficient d’un large soutien israélien pour quasiment toute mesure qu’ils adoptent, prétendument pour la sécurité. Ils continuent à inventer des interdictions parce que personne ne proteste. Et ils sont non seulement responsables d’une désorganisation grave de la vie des Palestiniens, mais aussi de l’inculcation d’une mentalité de geôliers chez des milliers de jeunes Israéliens, soldats, employés ou policiers - mentalité enivrante du plus fort sur le plus faible.

Haaretz, 12 avril 2006 - http://www.haaretz.co.il/hasite/pag...

Version anglaise : http://www.haaretz.com/hasen/spages...

Traduction de l’hébreu : Michel Ghys

http://www.protection-palestine.org/impression2503.html
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