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 La France inégale

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FleurOccitane
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MessageSujet: La France inégale   La France inégale EmptyJeu 23 Mar à 15:20

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La France inégale

Les inégalités restent fortes en France et tendent désormais à s’accroître. Un mouvement historique.

Il existe un pays où les inégalités de revenus entre les citoyens baissent, où l’écart hommes-femmes se réduit, où les scolarités s’allongent au profit des plus défavorisés et même où la pauvreté diminue. Ce beau pays, c’est la France. On peut toujours se frotter les yeux devant les statistiques, c’est bien ce qu’elles montrent. En 1970, les 10 % les plus riches gagnaient au minimum 4,8 fois plus que les 10 % les plus pauvres. En 1984, c’est « seulement » 3,5 fois plus, et 3,2 fois en 2002. Et les femmes rattrapent aussi lentement le salaire des hommes : il y a trente-cinq ans, les salariées du privé employées à temps plein percevaient en moyenne les deux tiers du salaire masculin, contre plus de 80 % aujourd’hui. Dans le même temps, la pauvreté se réduit : en 1970, on comptait presque 18 % de personnes vivant avec moins de 60 % du revenu médian (1) ; en 2003, on en compte 12 %. Le taux de pauvreté, défini par le nombre de personnes dont le revenu est inférieur à la moitié du revenu médian, a même été divisé par deux, de 12 % à 6 %. En particulier, la pauvreté des personnes âgées s’est considérablement réduite.
On peut multiplier les exemples de ce type. A l’école notamment, on comptait 20 % de bacheliers par génération en 1970 ; ils sont 43,5 % vingt ans plus tard et 62 % aujourd’hui. Les plus défavorisés ont profité de cet allongement des scolarités. Parmi les fils d’ouvriers nés à la fin des années 60, on comptait 20 % de bacheliers ; la proportion a presque atteint 50 % pour ceux nés dix ans plus tard.

Des données biaisées

Il n’y a cependant pas profond à creuser pour s’apercevoir que ces chiffres dressent un portrait trompeur de l’état de la France. Les données sur les revenus ne prennent en compte que 20 % environ des revenus du patrimoine, tirés des portefeuilles financiers et de la propriété immobilière. Or, ces revenus progressent plus vite que la moyenne et constituent une part considérable du revenu des catégories aisées, qui possèdent l’essentiel du patrimoine. Sur les cinq dernières années, il est probable qu’une prise en compte de l’évolution de ces revenus, comme l’Insee en convient, aboutirait à constater une légère hausse des inégalités, en rupture avec la tendance sur longue période.
En outre, un phénomène simple demeure souvent oublié : des écarts relatifs stables signifient que les écarts absolus s’accroissent. Entre 1996 et 2002, les plus démunis ont vu leurs revenus (hors patrimoine, après impôts et prestations sociales) progresser de 12 %, à peu près comme les plus riches. Mais on ne vit pas avec des pourcentages : en six ans, le 1 % le plus aisé a disposé de 5 460 euros de plus à dépenser chaque année, contre seulement 1 100 euros pour les 10 % les plus pauvres, l’écart s’est donc accru de 4 300 euros.
Concernant les inégalités hommes-femmes, les tendances de longue période cachent un arrêt du rattrapage depuis dix ans. Surtout, les données concernent des salaires en équivalent temps plein, ce qui masque les écarts de salaires réellement perçus, le temps partiel étant largement féminin. En moyenne aujourd’hui, les hommes gagnent 40 % de plus que les femmes, et toutes n’ont pas choisi de travailler moins.
En matière d’éducation, les scolarités ne s’allongent plus depuis dix ans et l’échec scolaire ne baisse plus. La proportion de bacheliers parmi les fils d’ouvriers s’est certes accrue, mais celle des fils de cadres aussi, pour atteindre désormais presque 90 %. Les inégalités à l’école se sont déplacées vers le haut et les exigences des entreprises ont augmenté…
L’école peine à assurer un bon niveau d’éducation à tous les enfants. La crise du collège en témoigne, et la tentation est de diriger plus d’enfants vers des filières spécifiques. Premières victimes : les enfants issus des milieux populaires. C’est ainsi que les fils d’ouvriers représentent 44 % des élèves de l’enseignement adapté dans le secondaire et les fils de cadres seulement 1,6 %.
Enfin, la confusion est grande parmi les élites entre le niveau scolaire des jeunes générations et celui de la moyenne des Français : en 1999, date du dernier recensement, moins de 10 % de la population disposait d’un diplôme supérieur à bac + 2 et 37 % de la population avait au mieux le certificat d’études. A la faiblesse historique du niveau de formation initiale s’ajoute l’insuffisance de formation professionnelle continue à destination des moins qualifiés. En France, seule une partie très mince des actifs disposent d’une seconde chance.
On pourrait là aussi multiplier les exemples. Sur la situation des hauts revenus, terre inconnue des statistiques (mais l’Insee devrait publier une étude sur le sujet cette année), et dont certains atteignent l’équivalent de un à quatre siècles de Smic annuel. On pourrait également évoquer la situation des « minorités visibles », ignorées des statistiques : si le taux de chômage des étrangers originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb dépasse les 35 %, c’est du fait de leur moindre niveau de diplôme, mais c’est aussi parce qu’ils font face à des discriminations. Plus généralement, le taux de chômage moyen masque des inégalités selon le sexe, l’âge, l’origine sociale ou culturelle, autant de handicaps qui se cumulent. La France des hommes, cadres, adultes et français est au plein-emploi, mais les populations les plus touchées sont aussi les moins organisées et les moins mobilisées.

La panne de l’ascenseur social

Une part du malaise social français est aussi liée au ralentissement du processus de rattrapage entre catégories sociales, comme l’a analysé le sociologue Louis Chauvel. Au milieu des années 50, les cadres touchaient en moyenne quatre fois plus que les ouvriers, mais ces derniers pouvaient espérer rattraper le salaire moyen des cadres de 1955 vers 1985, compte tenu du rythme de progression des salaires. Au milieu des années 90, les cadres ne touchaient plus « que » 2,6 fois le salaire moyen des ouvriers, mais il fallait à ces derniers trois siècles pour espérer arriver à ce niveau. Le temps de rattrapage entre catégories sociales a été multiplié par dix, avec le ralentissement de la croissance.
Les couches sociales moyennes sont composées pour partie de catégories issues des milieux parfois très modestes, qui ont progressé par leur travail et la forte croissance des Trente Glorieuses. Les mêmes observent aujourd’hui avec désespoir que bon nombre de leurs enfants « galèrent » entre stages plus ou moins sérieux, CDD et chômage et ne sont pas promis à la même progression sociale qu’eux, voire sont menacés de régression. Une partie du ressentiment de la jeunesse défavorisée vient du « no future » qui les attend : les jeunes savent qu’il existe une autre société, mais qui n’est pas pour eux (2).
Le ressentiment social dans la France de 2006 repose d’abord sur des bases objectives : non seulement les inégalités sont fortes et tendent à s’accroître après des décennies de baisse, mais l’ascenceur social est en panne. Il découle aussi du décalage qui augmente entre les discours officiels sur l’égalité des chances et la réalité quotidienne vécue par les catégories populaires et moyennes.

(1) Revenu pour lequel la moitié des ménages gagne moins et l’autre moitié gagne plus.

(2) Voir « Banlieues : la grande hypocrisie » Alternatives Economiques n° 242, décembre 2005.

http://www.alternatives-economiques.fr/site/244_004_inegalites.html
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