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 Les journaux et la souveraineté populaire

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FleurOccitane
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MessageSujet: Les journaux et la souveraineté populaire   Les journaux et la souveraineté populaire EmptyMar 21 Fév à 22:29

Citation :

Les journaux et la souveraineté populaire
vendredi 3 février 2006 par Marie-José Cloiseau.

Les journaux français se sont particulièrement illustrés, lors de la campagne référendaire du 29 mai dernier, dans leur soutien quasi unanime au vote oui. Ce soutien a même été tellement caricatural qu’il a en fin de compte été favorable au non. Il a été en outre le point de départ d’une remise en cause profonde du rôle des medias et de leur avenir dans notre pays.

Au-delà de cette campagne référendaire, la question que se sont posée les citoyens, est « pour qui roulent-ils ? »

Pour répondre à cette question, il suffit d’aller voir dans leur actionnariat : oligarchie financière, marchands de canons, les patrons de presse sont clairement du côté de la mondialisation ultra-libérale, et les Etats-nations sont pour eux un frein qu’il convient de présenter comme une survivance du passé, ringarde et nuisible pour l’épanouissement des peuples, à qui on présentera une image d’eux-mêmes moderne, n’aspirant qu’à la surconsommation et au divertissement.

A cet effet, la référence constante aux organismes supranationaux est la règle dans les journaux : l’Europe pour ce qui concerne les grands débats intérieurs, les Etats-Unis pour ce qui concerne les questions internationales. Si le peuple français n’a plus droit à une existence autonome, les autres peuples ne sont pas logés à meilleure enseigne, et les grandes campagnes promues ici ou là par de grandes officines soutenues à grand renfort de dollars US sont devenues récurrentes dans la presse.

Leur bataille pour l’Europe.

Depuis l’échec de leur campagne référendaire, les grands groupes de presse n’ont pas baissé les bras. On a pu le constater ces dernières semaines à travers les exemples significatifs que sont la question de la sécurité, le retour sur le traité constitutionnel, sur la directive Bolkenstein, le budget de la France, les plans pour l’emploi, les services publics, la TVA dans la restauration... la liste est trop longue pour qu’on puisse en faire un panorama exhaustif, mais les règles sont les mêmes : nos élus sont tenus de rendre des comptes devant les instances européennes, jamais devant leurs électeurs.

La question de la sécurité peut sembler un contre-exemple, tant le ministre de l’intérieur a réussi à la présenter comme une question d’urgence nationale et s’en est servi pour la promotion de sa campagne présidentielle. Et pourtant, on oublie trop, car les journaux ne nous l’ont pas montré sous cet angle, que les questions de sécurité, ou présentées comme telles : lutte contre le terrorisme, contre l’immigration, contre les jeunes des banlieues, contre l’ennemi intérieur somme toute, ont été imaginées en étroite collaboration avec le premier ministre britannique pour faire l’objet de propositions au niveau du Conseil de l’Europe puis du parlement européen. En la matière, la France est aux avant-postes, il n’est donc pas besoin de justifier ces mesures par un intérêt supérieur à celui de la nation française. Nous sommes à la pointe de l’innovation et de la modernité.

Il en va bien sûr tout autrement dans les domaines où les Français se font davantage tirer l’oreille. C’est là que nous avons droit régulièrement aux rodomontades, sermons, ridiculisation. La phraséologie n’a pas changé depuis la campagne référendaire. Les objectifs du gouvernement tels que nous les présentent les medias ne sont pas l’intérêt national mais l’inscription dans les traités européens. Ces derniers sont l’unique référence en matière d’évaluation. Peu importe si les Français jugeront leurs représentants sur ces actions : les échéances électorales sont encore suffisamment lointaines pour qu’on puisse, d’ici là, trouver des justifications économiques aux mesures les plus impopulaires. Les journaux ne contrôlent pas les chiffres.

Au sujet du traité constitutionnel, le parlement européen risque de « crisper les citoyens français et néerlandais » (Libération du 20 janvier). Le Monde nous inflige encore « La leçon du Parlement » (26 janvier) et affirme que les députés du Parlement Européen ont courageusement bravé les technocrates « en intervenant bruyamment » : ils ont refusé à une majorité écrasante « de se prononcer pour une remise en chantier du traité constitutionnel ». En fait, il s’agit de nous faire revoter afin que le texte entre tel quel en vigueur en 2009.

A propos du budget, l’enjeu ne consiste plus à assurer une bonne affectation de l’argent public, mais de recevoir des bonnes notes à Bruxelles : « Thierry Breton devait annoncer une bonne surprise fiscale ce lundi à la Commission européenne » (Le Monde du 23 janvier) ; la Commission européenne a « placé la France sous surveillance pour cause de déficits publics excessifs. » (La Tribune) ; La France « était sous la menace d’une reprise de la procédure pour déficit excessif. » (Le Monde 24 janvier)

Il en est de même pour tous les sujets controversés : l’enjeu consiste à ne pas décevoir Bruxelles, à recevoir des encouragements, à faire comprendre aux lecteurs qu’à 25 les choses sont beaucoup plus difficiles. Le plombier polonais est déçu bien sûr qu’on ne veuille pas de lui. Mais quid des grandes entreprises multinationales qui se cachent derrière cette image pathétique ? La directive Bolkestein n’est évoquée que sommairement dans les journaux. Pas d’analyse réelle. Le Nouvel Obs donne la parole à Philippe de Villiers, apparemment le seul habilité à critiquer le projet. La critique de gauche n’est donc pas légitime.

La TVA dans la restauration, qui n’est en fait qu’une promesse électorale, est âprement discutée, mais puisque l’Europe ne veut pas entendre l’argument, les élus s’en lavent les mains.

La meilleure illustration du mépris des journaux à l’égard du peuple français opposé aux diktats européens nous est donnée par Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro, le 23 janvier 2005, dans un éditorial en Anglais, destiné aux Happy few qui lisent cette langue. Le commun des mortels s’y reconnaîtra pourtant : “...in the view of many people in France, Europe is decidedly not a good thing. This state of affairs is not only regrettable in that it reveals a widespread propensity for short-term thinking, but it is also dangerous in that it encourages the kind of highly corporatist attitude displayed in the recent debate on the Bolkestein directive on liberalisation in the services industry”. Ce qui signifie d’après moi : “...dans l’esprit de nombreux Français, l’Europe n’est décidément pas une bonne chose. Cet état de choses n’est pas seulement regrettable en ce qu’il révèle une propension largement répandue à penser à court terme, mais il est également dangereux en ce qu’il encourage la forme d’attitude fortement corporatiste manifestée dans le débat récent sur la Directive Bolkestein sur la libéralisation de l’industrie des services »

Les pages internationales

Le mépris pour l’indépendance et la souveraineté des peuples est bien sûr présent dans les pages internationales des journaux français. Il serait certainement intéressant d’ailleurs de pouvoir disposer d’une revue de la presse étrangère sur les évènements qui se déroulent dans notre pays. La symétrie y est certainement frappante.

Les exemples ne manquent pas de l’alignement de la presse sur les positions du Département d’Etat des Etats-Unis, voire de la CIA et de ses satellites...

Au Moyen Orient, la résistance des peuples irakiens et palestiniens à l’occupation de leurs pays n’est plus présentée que comme l’œuvre de terroristes.

En Amérique Latine, le fait que des peuples ont choisi la souveraineté nationale contre l’impérialisme US est systématiquement caricaturé. Le nom du Président Chavez est toujours flanqué du qualificatif d’ancien militaire putschiste et/ou populiste. Evo Morales est un Indien Cocalero. Les luttes des Vénézuéliens et des Boliviens pour récupérer leurs ressources naturelles et la maîtrise de leur développement, qui passe par le refus des traités de libre échange, de l’intervention militaire et du modèle économique et culturel des USA, ne sont jamais évoquées. En revanche, la victoire de Michèle Bachelet a été largement plébiscitée dans les journaux français et a servi de guide pour pousser en avant celle de Ségolène Royal. Elle est bien sûr une femme, athée, qui élève seule ses enfants ; mais ce qu’on ne dit pas, c’est que la coalition qu’elle dirige est au pouvoir depuis plus de quinze ans, qu’elle ne propose rien de nouveau par rapport au précédent gouvernement de Ricardo Lagos pour réduire les inégalités dans la société chilienne qui sont parmi les plus criantes sur le continent, et que le Chili est le seul pays d’Amérique latine à avoir accepté la zone de libre échange proposée par les Etats-Unis.

Les journaux français se sont fait récemment les relais de la campagne du Centre Wiesenthal contre le Président Chavez, destinée à faire échouer l’adhésion du Venezuela au Mercosur, considéré par les Etats-Unis comme l’un des principaux obstacles à leur expansion sur le continent.

Et la campagne orchestrée par Reporters Sans Frontière contre Cuba est devenue la routine dans la presse française, qui n’a jamais consacré un article aux agressions permanentes dont l’île fait l’objet de la part des USA, au blocus internationalement condamné, ou à la protection dont jouissent sur le territoire des Etats-Unis les terroristes coupables d’attentats meurtriers contre Cuba.

Ce que les grands journaux n’ont de cesse de nous rabâcher, pour que cela nous entre bien profond dans la tête, c’est que dorénavant, les peuples ne peuvent plus être souverains. Des lois supérieures sont à l’œuvre et nous dominent. Nous n’y pouvons rien. Il n’y a pas d’alternative à la domination du capital et de son idéologie. Et ce sont eux les fidèles gardiens de cette idéologie. Leur pouvoir est celui de leurs patrons. Le journalisme indépendant devra se choisir de nouvelles voies et de nouveaux moyens, ou il disparaîtra avec ces laquais.

Marie-Jo Cloiseau

http://www.info-impartiale.net/article.php3?id_article=228
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