Bayrou, dissident libéral !

Citation :: Bayrou, dissident libéral !

de Laurent Gantner

François Bayrou ne sortira sans doute pas vainqueur ou du moins ne peut-il guère espérer dépasser les scores Umpiens d’une droite qui ne sait décidément plus quel discours déployer pour se faire crédible aux considérations d’un électorat qui n’en est que plus déboussolé mais toujours est-il que la teneur du discours de François Bayrou - qu’elle paraisse comme celle d’une brebis galeuse aux dires des fractions les plus dires de la droite classique actuelle française ou honorée d’un sacré culot frôlant presque l’indécence - il est certain que quoi qu’en disent ses pourfendeurs ou ses plus fidèles acolytes sa tirade force le respect et mérite un coup de chapeau tant il tient compte d’un ensemble français indivisible où il n’y aurait pas à mieux servir le patronat que les personnes défavorisées, que désormais il se place comme le pilier d’une droite plus raisonnable, moins capricieuse, une sorte de voix du milieu...

Qu’on ne s’y trompe pas car les apparences sont souvent trompeuses et il m’étonnerait fort que François Bayrou parvienne dans ses programmes à dépasser les efforts de la gauche en matière de répartition et d’équilibre social si ce n’est par le subtil subterfuge de l’imitation, d’une condamnable utilisation d’une partie et une seule partie de ce qu’il conviendrait plus sérieusement d’appeler comme relevant de programmes de la gauche...

Et pourtant elle semble bien amère cette tardive rupture du cercle centriste ou alors les alliances d’alors avec l’UMP n’étaient-elles que pures duperies teintées d’un opportunisme glauque car cette soudaineté séparatiste aurait pu se concrétiser bien plus tôt lors des votes sur les bancs de l’Assemblée lors des votes dur l’éducation, en ce qui concerne la laïcité on peut comprendre leur erreur mais en matière de suppression d’allocations et de subventions on devient plus véhément devant leur silence et leur suivi, tête baissée, dans les directives gouvernementales. La différence n’est que de circonstance mais pas dans la durée chez les centristes et la gauche, unie ou pas, a tout à craindre d’un François Bayrou devenu « polarisateur du milieu », droitier s’entend mais capable de séduire la portion parfois indécise de l’électorat d’une gauche libérale qui ne démords pas. Nous savons combien ce centre parle d’un bon ton mais agit finalement au bout du compte comme une UMP un peu plus discrète ce qui amène la conscience politique à ne lui donner un avenir électoral guère plus élevé que son précédent score, pas plus de dix pour cent avec bien entendu la possibilité pour l’UMP de pratiquer un discours des plus dur toujours encline à fortifier la République en sa faveur. Cependant la possibilité d’émerger par la modération n’échappe pas à François Bayrou et les valeurs internationales que sont la justice et la liberté - hormis l’indépendance qui a charpenté tout son discours au congrès extraordinaire de l’UDF - qu’il pose le démarque dès à présent des locutions économiques autoritaires qui laissent les Etats sans vie, à la perte du débat intellectuel, racheté par la rentabilité économique.

Alors Mr Bayrou, si vous piochez dans des thèmes de fond qui ont fait les lettres d’or du socialisme, ne vous inquiétez pas celui-ci ne retiendra pas grand-chose à l’Assemblée de votre formation qui aura manqué d’engagement tandis que se succédaient les gouvernements toujours plus à droite à Matignon.

Alors qu’a-t-il donc bien pu arriver à l’UDF pour laisser filer sa part politique dans les surenchères ultra droitières si ce ne sont les collusions de multiples droites réunies en une seule par leur même extrême sur des questions qui elles ne font plus débats ! ?

De : ichlo
mardi 31 janvier 2006

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