45 sans-papiers en grève de la faim à Noisiel

Citation :: 45 sans-papiers en grève de la faim à Noisiel (Seine et Marne)
samedi 21 janvier 2006 par Marie-José Cloiseau.

Le Collectif des sans-papiers de Seine et Marne avait organisé le 3 janvier une conférence de presse. Etaient présent le Parision Libéré, qui a publié un arcticle dans son supplément local, et Canal Coquelicot, une télévision locale. A part l’Humanité, les journaux nationaux n’en ont pas fait état. La grève de la faim, ce n’est pas sufisamment dramatique pour que les grands medias s’y intéressent.

33 sans papiers de Seine et Marne sont en grève de la faim à Noisiel depuis le 18 décembre, rejoints par 12 autres depuis le 3 janvier. Ils demandent que la préfecture examine leurs dossiers, qu’ils ont constitués depuis des mois, voire des années. Ils ont bien reçu les accusés de réception, mais pas de réponse. Certains avaient déjà commencé une grève de la faim au mois de mai, qu’ils ont arrêtée quand la préfecture leur a promis qu’elle étudierait leurs demandes.

Depuis le 16 janvier, ils ont quitté le local qu’ils occupaient auparavant, trop petit et trop éloigné du centre, pour une salle municipale. Plus pratique, mais sans sanitaires.

Depuis, ils sont alignés contre les murs, isolés du sol par des cartons, enroulés dans des couvertures. Il y a parmi eux une femme enceinte, une autre avec un bébé de deux mois. Les enfants sont là eux aussi, les plus grands sont emmenés à l’école, les petits jouent au milieu de la pièce. Deux grévistes ont été hospitalisés cette semaine puis ramenés dans la même journée. La mère du bébé de deux mois a été hospitalisée aujourd’hui.

Pour beaucoup d’entre eux, ils vivent en France depuis de nombreuses années, parfois plus de dix ans. Leurs enfants sont nés en France et sont scolarisés. La grève de la faim est un ultime geste désespéré pour tenter de sortir de l’indifférence dans laquelle les tient la Préfecture, après de nombreuses demandes de régularisation. Avant surtout l’échéance fatidique de la fin de l’année scolaire, qui verra leur expulsion si rien n’est fait d’ici là.

Ils ont été reçus le 20 janvier à la mairie de Noisiel par le sous-préfet, et ont écrit à sa demande une lettre au préfet pour lui faire part de leurs revendications. Ils attendent la réponse, mais le préfet leur a déjà fait savoir qu’il les recevra s’ils évacuent la salle qu’ils occupent et s’ils arrêtent leur grève de la faim. Deux conditions qu’ils refusent.

Pour juger de l’état d’esprit des autorités, il suffit de lire Le Parisien Libéré du 3 janvier : "Mais il n’échappera à personne que ce regain de dynamisme prépare le dixième anniversaire de la lutte des sans-papiers, dont la manifestation nationale aura lieu le 18 mars". Cette insinuation est reprise presque mot pour mot par le préfet de Seine et Marne "Je me demande si cette action n’est pas politisée car elle correspond au dixième anniversaire de la lutte des sans-papiers". Imaginer qu’on puisse faire une grève de la faim pour commémorer un anniversaire indique bien le mépris dans lequel sont tenues ces populations.

Et les circulaires de Nicolas Sarkozy dans les préfectures, la volonté de "faire du chiffre" n’y sont pas pour rien.

A suivre...

Marie-José Cloiseau

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