Cour suprême : Dieu prédit la victoire de Bush

Citation :: Cour suprême : Dieu prédit la victoire de Bush

de Alexandre Sirois

Dieu sera bon pour les conservateurs aux États-Unis cette année. C’est l’ineffable télévangéliste Pat Robertson qui l’a annoncé cette semaine, à la suite d’une de ses conversations avec le Tout-Puissant.

Après avoir connu une année d’enfer, George W. Bush « va se renforcer « , a rapporté Robertson. Il a aussi prédit que Samuel Alito, le plus récent candidat du président à la Cour suprême, sera confirmé dans ses nouvelles fonctions.

La mention du nom d’Alito par Robertson n’était pas fortuite. Les audiences de confirmation de ce juge conservateur débutent lundi au Sénat. La capitale américaine, depuis quelques jours, est le théâtre d’une lutte féroce entre les partisans du candidat de Bush et ses détracteurs.

Et le télévangéliste controversé sait fort bien que si le Sénat donne son aval à la nomination d’Alito, il s’agira d’une victoire importante pour le président mais aussi pour la droite américaine dans son ensemble.

Car plusieurs estiment que le sourire placide et le regard doux d’Alito masquent un tempérament fougueux de conservateur pur et dur. Celui d’un idéologue âgé de 55 ans qui s’oppose à l’avortement et représente une menace pour les libertés civiles.

Virage à droite

La droite se réjouit d’autant plus qu’Alito doit remplacer une conservatrice modérée, Sandra Day O’Connor, qui assurait un équilibre certain au tribunal. Elle avait l’habitude de faire pencher la balance tantôt du côté des conservateurs, tantôt du côté des libéraux.

« Avec lui, je pense que vous verrez la Cour suprême virer encore plus à droite », a indiqué à La Presse David M. O’Brien, professeur au département de sciences politiques de l’Université de Virginie.

« Sandra O’Connor était celle qui tranchait dans les dossiers de l’avortement, de la discrimination positive, de la séparation entre l’Église et l’État et même sur la question de la peine de mort. Dans tous ces cas, Alito est plus à droite qu’elle », a-t-il précisé.

Auteur d’un livre sur la Cour suprême et la politique américaine, O’Brien a qualifié de « majeure » la bataille qui s’annonce au cours des prochains jours pour la confirmation d’Alito. Elle s’apparente selon lui à celle qui a eu lieu en 1987 à la suite de la nomination de Robert Bork par Ronald Reagan. Bork devait lui aussi remplacer un juge modéré. Or, estimé trop radical par une majorité de sénateurs, il a été rejeté. Le siège libre a été attribué à Anthony Kennedy, aujourd’hui jugé trop libéral par les conservateurs.

Le vent dans les voiles

Les démocrates sont toutefois plus faibles aujourd’hui au Congrès qu’à la fin des années 80. À l’époque, ils contrôlaient le Sénat. Sous Bush, ils n’y détiennent que 44 sièges sur 100.

Aussi, si les sénateurs républicains se rangent en bloc derrière Alito, le seul recours des démocrates pour empêcher sa confirmation serait d’utiliser le filibuster. L’emploi de cette manoeuvre parlementaire d’obstruction pourrait cependant se révéler politiquement coûteux en cette année électorale.

Cette mesure exceptionnelle demeure néanmoins sur la table, a déclaré cette semaine le sénateur démocrate de l’État de New York Charles Schumer. « Si (Alito) est véritablement en marge du courant dominant et compte utiliser son poste extrêmement puissant de juge à la Cour suprême pour imposer ses vues au peuple américain, un filibuster est possible », a-t-il dit.

Pour l’instant, les attaques répétées des politiciens démocrates et de nombreuses organisations progressistes contre Alito semblent manquer de souffle. Les plus récents sondages ont démontré que le candidat a la faveur du grand public.

Il a aussi le vent dans les voiles. L’Association du Barreau américain, qui a évalué sa candidature, lui a accordé sa meilleure note cette semaine. Ce regroupement d’avocats avait pourtant été critiqué par Bush, qui lui reprochait de ne pas être assez tendre envers les juges conservateurs.

John Roberts, premier juge nommé par Bush à la Cour suprême, avait reçu une note similaire avant de récolter l’appui d’une majorité de sénateurs en septembre dernier.

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De : Alexandre Sirois
dimanche 8 janvier 2006

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