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 Leçon de politique dans les rues de Turin : No Tav l’emporte

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FleurOccitane
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Date d'inscription : 30/04/2005

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MessageSujet: Leçon de politique dans les rues de Turin : No Tav l’emporte   Leçon de politique dans les rues de Turin : No Tav l’emporte EmptyMar 17 Jan à 15:22

Citation :

Leçon de politique dans les rues de Turin : No Tav l’emporte (Pisanu est battu)

Leçon de politique dans les rues de Turin : No Tav l’emporte NoTAVMontagna-2

di Claudio Jampaglia Traduit de l’italien par karl&rosa

Deux à zéro et balle au centre ou, si vous préférez, un no-tav long de 100 mille personnes. Parce qu’à la fin, entre les 70 mille du cortège et les dizaines de milliers qui les attendaient au Parc de la Pellerina, hier Turin a été la première capitale de l’Italie qui lutte contre la grande vitesse et pour un modèle de mobilité soutenable.

Ils étaient nombreux, très nombreux de la vallée, avec deux ou trois cars par village, et de tous les coins d’Italie où l’on se bat pour que les ouvrages soient faits intelligemment et avec la participation des citoyens : du Val d’Aoste, du Frioul, de Gênes, de la Toscane et même de la Sicile aux prises avec des tunnels, des cols, des ponts et toute sorte d’ ouvrages.

Autour d’eux, une mer de drapeaux blancs et rouges no-tav, ceux de la Fiom, de Refondation communiste et les banderoles les plus disparates : "Le Soleil et l’Eclair au cœur", "No-tav, no trève", "Pisanu honte de la Sardaigne", "No-tav, no-tac, oui à l’augmentation de la capacité ferroviaire existante", "L’amiante vole jusqu’à Torino, repense-s-y Chiamparino".

Tout a marché comme il fallait et comme l’avaient dit les organisateurs (les comités de la vallée et ceux de Turin) et les seuls dommages ont été provoqués par le vent. Maintenant, il y en a qui devraient s’excuser (ceux qui demandaient l’interdiction de la manifestation et des journaux comme Repubblica et La Stampa qui parlent depuis plusieurs jours de divisions du mouvement), mais il ne le feront pas, parce qu’ils ne veulent rien savoir de cette démocratie d’en bas.

Juste le temps d’apprécier la claire journée avec 13 degrés et les montagnes couronnant Turin et le cortège s’ébranle déjà de Piazza Susa. A l’avant, trois bourricots (les mêmes qui étaient sur les prés du Val Cenischia sous le calicot : "même les ânes le savent que la tav fait mal"), une voiture de la Mairie de Bussoleno avec des haut-parleurs et une banderole avec des dizaines de photos de la lutte de ces derniers mois : la résistance sur les monts du Seghino, le blitz de la police et la reconquête de Venaus.

Tout de suite derrière, les maires, une douzaine avec écharpe et d’autres sans. Toujours selon les médias cités ci-dessus, ils n’auraient pas défilé ; au contraire, ils se multiplient au bout de dix minutes avec les maires français de l’autre côté du tunnel des horreurs, une quarantaine d’administrateurs de la Savoie accompagnés par le réseau "citoyens responsables" ; il se battent depuis des années (dans une grande solitude) contre la Turin Lyon. Voir bras dessus bras dessous des écharpes tricolores italiennes et françaises, applaudies par la foule, est un évènement historique : "Les maires français démontrent que la défense de l’environnement unit l’Europe, tandis que les affaires et la dévastation la divisent", commente Roberto Musacchio, chef du groupe du PRC au parlement européen, au premier rang.

La foule augmente, devant, les no-tav font beaucoup de bruit, derrière, les Cub et les Cobas avec Pietro Bernocchi, l’historien Paul Ginsborg au bras du sociologue Marco Revelli et quelques plastrons du "Legal Team" du Forum social : les quelques policiers visibles sont conduits par un fonctionnaire immortalisé dans la nuit des matraques de Venaus, tandis qu’il traîne par terre une dame sur la soixantaine, mieux vaut ne prendre aucun risque. Tout autour, un service d’accompagnement discret surtout de la Cgil. Parce que ce qui se passe à Turin c’est qu’il n’y a pas que la Fiom à soutenir pleinement la lutte, mais il commence à y avoir des professions entières et 164 dirigeants et délégués syndicaux qui se rebellent au secrétariat confédéral. Refondation est au complet : deux secrétaires nationaux (Ferrero et Sentinelli), le chef du groupe à la Chambre des Députés Franco Giordano, la députée Marilde Provera et tout le Piémont (les élus locaux et les cercles).

Les étudiants et les lycéens de Turin arrivent : "Contre la grande vitesse, étudie avec lenteur", dit du camion le porte-parole. Avec eux va se former un tronçon avec tous les centres sociaux italiens, des désobéissants à l’antagonisme historique, on avait l’impression de retrouvailles de la belle époque, malgré les dissensions de ces dernières années. Chapeau bas aux Turinois de l’Askatasuna et du Gabrio qui ont fait les honneurs de la maison, prenant leur revanche aprés une semaine de menaces sur leurs têtes. A peine plus loin, la présence nationale, très nombreuse et bruyante, des Jeunes Communistes. A la queue du cortège, un camion de la mairie de Condove ramasse les déchets.

Après un halte devant une plaque rappelant quelques partisans turinois, sur les premiers prés de La Pellerina, la tête du cortège prend son élan et est accueillie par des applaudissements et par l’habituel "cela sera dur" qui est désormais le refrain de cette lutte. "On a l’impression d’être à Venaus", plaisante Alberto Perino, l’un des coordinateurs des comités. Pour le maire de Bussoleno, Beppe Joannas, voir toute cette foule est une victoire absolue : "Maintenant ces 100 mille personnes doivent elles aussi s’asseoir à la table des négociations, il faut leur avis et leur consentement". Entre temps, le spectacle a commencé, avec Marco Paolini et les Mercanti di Liquore, et Antonio Ferrentino, président de la communauté de montagne, a déjà annoncé de l’estrade le coup de téléphone de Prodi invitant les maires à une rencontre.

Un résultat politique net, grâce à la manifestation. "Si nous demandions aux Italiens ’you have a dream’, comme Martin Luther King, que répondraient-ils"?, chante Paolini dans l’une de ses ballades. Ici il y a une seule réponse. Ce sont les comités et les maires qui le disent, intervenant brièvement de l’estrade : "On ne fait rien sans les gens" et après les matraques "le Val de Suse va du Montcenis à la Sicile". Sur l’estrade, on ne distingue plus les artistes des maires et des militants. Beppe Grillo hurle : "Cela fait quinze ans que je répète les mêmes choses, que j’explique qu’il y a 5 milliards de tonnes de produits qui voyagent pour consommer un milliard de pétrole, qu’il y a des patates qui vont de la Westphalie à la Sicile pour être lavées, et ensuite frites et confectionnées en Suisse, que 40% des camions voyagent à vide, que la valeur ajoutée n’est plus de produire et de consommer, mais de faire tourner les marchandises".

Grillo, furieux, attaque Fassino, Bresso, Chiamparino et "la grande vitesse qui n’existe que pour me faire aller travailler le plus loin possible tandis qu’avec les technologies actuelles je pourrais le faire chez moi". "Et alors, ça suffit ! Nos salariés au Parlement ne peuvent pas nous apprendre la légalité". Il sera suivi sur le même terrain par Marco Travaglio, qui fera le récit des enquêtes et des condamnations pour corruption de tout les "petits malins des différents petits tunnels", du gouvernement et de l’opposition. Et ensuite Dario Fo ira saluer les sourires des gens et leur bonheur, tandis que Franca Rame (qui a eu un léger malaise après son intervention mais s’en est remise tout de suite) racontera le monologue contre la guerre de Cindy Sheehan, la "mère courage" qui rappelle à Bush le gâchis de vies humaines en Irak. Luca Mercalli, météorologue et scientifique, a encore le temps de rappeler à tout le monde ce que signifie le progrès et puis la nuit tombe. Tout le monde rentre, avec de grands sourires. Il y a dix ans, ils étaient seuls et isolés en Val de Suse, maintenant ils ont contaminé une bonne moitié de l’Italie ; c’est la participation, ce quelque chose qui s’appelle lutte et démocratie.

http://www.liberazione.it/notizia.asp?id=3819

De : Claudio Jampaglia
jeudi 22 décembre 2005

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=21692
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