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 Dérapages contrôlés de penseurs médiatiques

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FleurOccitane
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MessageSujet: Dérapages contrôlés de penseurs médiatiques   Dérapages contrôlés de penseurs médiatiques EmptyMar 13 Déc à 21:27

Citation :

Dérapages contrôlés de penseurs médiatiques
samedi 10 décembre 2005 par Christophe MIQUEU.

« Alors que l’actualité était encore marquée par les « émeutes des cités » et la promulgation du couvre feu par le gouvernement, les médias prenaient la responsabilité de jouer le rôle de caisse de résonance de propos racistes et anti républicains de certains intellectuels venus apporter leur caution au ministre de l’intérieur. Hasard ou tir tendu ? Confirmant notre analyse, c’est le ministre de l’intèrieur lui-même qui est venu en confirmer la justesse en déclarant sur les ondes et dans la presse : "M. Finkielkraut est un intellectuel qui fait honneur à l’intelligence française et s’il y a tant de personnes qui le critiquent, c’est peut-être parce qu’il dit des choses justes". Un soutien sans faille !

La révolte des quartiers populaires a donné lieu à tous les commentaires. On a souvent pu en évaluer l’opportunisme, en particulier lorsqu’ils étaient le fait de personnalités qui la veille au soir étaient à mille lieux de s’interroger sur des problèmes qu’ils ignoraient. Mais, l’actualité aidant, les discours incantatoires de spécialistes autoproclamés fleurissent, surtout si cela peut les rappeler au bon souvenir du monde médiatique. Cependant, la crise de novembre dernier a, pour la première fois, conduit certains intellectuels à se démarquer de leur incantations ordinaires et à se lâcher, confondant opinion et réflexion, pensant probablement que l’usage de l’injure « racailles » par Sarkozy avait donné le départ.

En insultant à deux reprises les habitants des quartiers populaires, Sarkozy a probablement, en raison de l’autorité légitime qu’il représente, libéré une parole haineuse, une parole raciste, longtemps renfermée chez un nombre non négligeable de nos concitoyens. C’est en effet lui qui en premier lieu et depuis longtemps s’est lâché, car il sait les bénéfices électoraux qu’il peut engranger s’il parvient à briser la frontière entre son camp et l’extrême droite. Mais profitant du contexte politique tendu que nous vivons ces dernières semaines, des intellectuels se lâchent à leur tour et se mettent à dire plus haut ce qu’ils pensaient auparavant très bas. Ainsi a-t-on pu lire les propos haineux déversés par Alain Finkielkraut lors d’une interview au journal Haaretz daté du 18 novembre, à ce point violente et explicitement raciste que le Mrap s’est fendu d’une menace de plainte pour incitation et provocation à la haine raciale, et que le « philosophe » s’est vu contraint de commencer à s’excuser portant la faute sur les difficultés de traduction et l’amalgame dont il aurait été en conséquence victime ! Et à sa suite, Hélène Carrère d’Encausse suivie d’un autre ministre de la République, Gérard Larcher, se sont lâchés en osant faire de la polygamie une des causes possibles de la crise des banlieues ! Et il est fort à craindre que nombreux soient ceux qui bientôt les suivent dans le même registre inqualifiable...

Evidemment, la réaction première serait de ranger ces discours derrière les catégories habituelles de la bêtise ou de la divagation. Mais ce serait négliger la position médiatique de leurs auteurs (qui lorsqu’ils parlent sont entendus car leur parole est relayée, à l’inverse du commun des français) et leur effet politique du fait de la répercussion dans l’opinion publique de tels discours. Cet effet est bien sûr décuplé lorsque les médias retranscrivent ces discours sans offrir aux lecteurs, spectateurs ou auditeurs le bouclier critique indispensable à leur réception, sans leur donner les informations nécessaires à une analyse du discours, et qu’ils se contentent d’en faire des « événements » (quelques articles dans la presse où les propos sont reportés, quelques interviews etc. , et on tourne la page...).

De tels discours haineux ne sont pas innocemment ou inopinément proférés. On observera d’abord qu’ils tiennent très souvent à se situer aux antipodes des discours prétendument convenus, bien-pensants, que les autres intellectuels classés dans la gauche utopiste et misérabiliste adopteraient. N’est-ce pas un tel positionnement que se plaît à développer Sarkozy depuis son retour en grâce politique ? On remarquera ensuite qu’ils prennent bien soin d’évacuer la dimension principalement sociale des révoltes des dernières semaines, pour les inscrire dans un cadre ethnico-religieux. N’est-ce pas précisément l’ambition du ministre de l’intérieur que de réduire ces événements aux causes sociales profondes à de simples violences communautaristes, et de réduire l’idée républicaine aux appels à l’ordre républicain au détriment du projet d’une république sociale ? On notera enfin qu’ils apparaissent précisément au moment où Sarkozy croit être sorti « vainqueur » de son « affrontement » contre les quartiers populaires et a besoin de justification idéologique pour légitimer à la fois ses propres discours, dont on peut supposer qu’ils vont devenir de plus en plus violents, et surtout les décisions politiques qui vont continuer à leur être associées, dont on peut être aussi assuré qu’elles vont devenir de plus en plus violentes. Il n’y a dans une telle perspective aucun dérapage des intellectuels. Leurs discours contribuent à l’expansion d’un discours politique de haine, laissant place aux affects les plus irrationnels et aux effets sociaux les plus destructeurs, dans un contexte politique bien précis. La sortie médiatique de ces intellectuels, la peur généralisée de l’autre, et la haine qui en résulte nécessairement, qu’ils véhiculent, arrivent donc à point nommé pour justifier toutes sortes de politiques sécuritaires, liberticides voire nationalistes. Ils renforcent idéologiquement les choix politiques de Sarkozy et légitiment auprès de l’opinion publique le bouleversement dans le paysage politique que ce dernier réalise en débordant les nationalistes classiques sur leur droite.

Loin de faire face objectivement à cette situation politique nouvelle pour en décrire la complexité avant de prendre position, les médias, pour les plus doués d’esprit critique, se contentent de reporter des paroles sans jamais établir de liens entre texte et contexte. En revanche, suite à l’initiative d’un parlementaire UMP réclamant avec 200 de ses collègues en mal de bouc-émissaires des poursuites judiciaires contre sept groupes de rap, le débat médiatique fait rage à propos de la part de responsabilité des rappeurs dans le déclenchement des émeutes ! Si l’on fait abstraction de l’ignorance politique à l’origine d’une telle initiative, comment mieux rappeler le degré zéro de la réflexion et la déficience critique propres à l’univers médiatique ? Imaginer un seul instant que les textes de rap aient pu avoir une quelconque influence sur les émeutes des banlieues au moment même où des intellectuels aux propos inadmissibles sont à peine critiqués, témoigne bien de l’inquiétante dérive idéologique dans laquelle nous sommes entraînés. Que dire de ce paradoxal traitement sinon d’en dénoncer le préjugé fondateur en réaffirmant que les textes de rap constituent une forme artistique contemporaine majeure, dont la force est précisément de proposer des textes qui s’inspirent et reflètent l’état de crise de notre société. Oser penser qu’ils aient pu être une cause des émeutes, c’est non seulement nier leur dimension esthétique probablement à des fins de censure, mais c’est encore passer bien vite sur le signal d’alarme que nombre de ces auteurs ont sonné par le biais de leur art comme de leurs interventions dans le débat public depuis bien longtemps. A l’inverse, disculper si rapidement les discours de haine développés depuis quelques jours au motif sans doute qu’ils sont le fait d’intellectuels médiatiques, ne peut que contribuer à amplifier les tensions.

Mais peut-être n’est-ce là que le reflet particulièrement grave et angoissant d’une France coupée en deux, où l’on préfère s’attaquer aux plus visibles des dominés, surtout lorsqu’ils sont gênants car ils montrent par leur art la cruauté d’une réalité sociale insupportable pour le plus grand nombre, plutôt que de condamner les dérapages des intellectuels développant une idéologie en passe de devenir dominante ?

Christophe Miqueu

http://www.info-impartiale.net/article.php3?id_article=180
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