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 Sommet des Amériques : ... crise des droits humains

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FleurOccitane
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MessageSujet: Sommet des Amériques : ... crise des droits humains   Sommet des Amériques : ... crise des droits humains EmptyVen 4 Nov à 18:35

Citation :

Sommet des Amériques : la création d'emplois ne suffira pas à elle seule pour lutter contre la crise des droits humains

Les mesures pour améliorer l'emploi et lutter contre la pauvreté seront inutiles tant que tous les droits humains, y compris le droit à la vie, à l'égalité entre les genres, à l'accès aux soins élémentaires et à la liberté de mouvement, ne seront pas garantis. Tous les droits humains doivent aller de pair, a déclaré Amnesty International à la veille du Quatrième Sommet des Amériques.

Ce sommet, qui doit se tenir du 4 au 5 novembre 2005 à Mar del Plata en Argentine, abordera la question de la création d'emplois pour lutter contre la pauvreté et renforcer la gouvernance démocratique, selon ses termes.

« Même s'il est essentiel de lutter contre le chômage, de parvenir à des niveaux de salaire décents, de respecter les droits syndicaux et d'avoir des conditions de travail acceptables, c'est une erreur de croire que la création d'emplois apportera automatiquement une solution à d'autres problèmes graves dont souffrent des millions de personnes dans toute cette région », a déclaré Amnesty International.

Ce n'est qu'en adoptant une approche intégrée des droits humains qu'il sera possible de lutter contre la pauvreté et d'assurer une bonne gouvernance, fondée sur l'état de droit.

Dans un document envoyé aux participants du sommet, Amnesty International demande aux dirigeants régionaux de prendre des mesures concrètes pour mettre un terme aux violations des droits humains et pour améliorer la protection de ces droits dans toutes les Amériques, notamment :

En faisant en sorte que tous les accords de commerce et d'investissement régionaux se développent dans le respect des normes internationales relatives aux droits humains, et que les personnes s'opposant à ces accords ne subissent pas de violences ou autres violations des droits humains.

En prenant l'engagement ferme de renforcer dans un délai défini d'importantes institutions régionales de défense des droits humains, notamment la Commission interaméricaine des droits de l'homme et la Cour interaméricaine des droits de l'homme.

En adoptant d'urgence des mesures concrètes pour mettre un terme à la violence et à la discrimination subies par les femmes partout aux Amériques.

En soutenant l'adoption d'un traité international sur le commerce des armes afin de réguler ce commerce, qui continue à coûter la vie chaque jour à des milliers de femmes, d'hommes et d'enfants - aux Amériques et dans le monde entier.

En prenant des mesures concrètes pour mettre fin à la violence et à la discrimination subies par les groupes marginalisés, notamment les peuples indigènes et les travailleurs migrants.

En rejetant fermement tous textes de loi, politiques et pratiques antiterroristes qui provoquent ou encouragent de graves atteintes aux droits humains, comme la torture, la détention arbitraire et la discrimination.

En passant de la parole aux actes, afin d'assurer la protection des défenseurs des droits humains dans toute la région, qui continuent à être menacés, torturés et tués.

En supprimant toutes les formes d'impunité, celle-ci restant une réponse inacceptable à la plupart des violations des droits humains.

« Les chefs de gouvernement des Amériques sont responsables des nombreuses promesses relatives aux droits humains qu'ils n'ont pas tenues. Ce faisant, ils ont laissé des millions de personnes sombrer dans la pauvreté et l'insécurité. »

« Les fausses dichotomies entre droits humains et commerce, droits humains et sécurité, droits humains et développement, ont plongé les Amériques dans une grave crise des droits humains. »

« Le Sommet offre une opportunité cruciale aux chefs de gouvernement d'affirmer sans équivoque que les droits humains peuvent et doivent être prioritaires, et qu'ils le seront toujours. Ils constituent la clé de la sécurité, de la prospérité et de la dignité fondamentale de tous les habitants des Amériques. »

Vous pouvez obtenir un exemplaire intégral du rapport Appel en faveur des droits humains. Message des membres d'Amnesty International aux participants du Quatrième Sommet des Amériques (index AI : IOR 62/005/2005) sur le site Internet de l'organisation.

http://www.amnesty.org

3 Novembre 2005


Source/auteur : http://www.amnesty.org
Mis en ligne le vendredi 4 novembre 2005, par Frederique

http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=7162
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FleurOccitane
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MessageSujet: Re: Sommet des Amériques : ... crise des droits humains   Sommet des Amériques : ... crise des droits humains EmptyVen 4 Nov à 18:45

Citation :

Sommet des Amériques, Mar del Plata
vendredi le 4 novembre 2005,
par : Vanessa GAERTNER , Antoine CASGRAIN

Le IVe Sommet des Amériques aura lieu les 4 et 5 novembre 2005 en Argentine à Mar del Plata. Réunissant les 34 chefs d’États des Amériques élus démocratiquement, ce Sommet cherchera - théoriquement du moins - à symboliser une avancée majeure dans les politiques visant à améliorer la qualité de vie des peuples de l’hémisphère. Sur le thème de « créer des emplois pour combattre la pauvreté et renforcer la gouvernance démocratique », les dirigeants des Amériques vont alors tenter de définir des politiques hémisphériques allant dans ce sens, l’aura de la ZLÉA moribonde les inspirant sûrement.

CONTEXTE SOCIO-POLITIQUE

34 des 35 États du continent américain - Cuba étant exclu - se réunissent pour la première fois en décembre 1994, à Miami, aux USA, lors du Ier Sommet des Amériques. Il s’agissait pour les dirigeants d’établir une stratégie de développement et de prospérité économique basée sur la préservation et le renforcement de la démocratie dans les Amériques. Initié par l’ancien président américain Bill Clinton, ce Ier Sommet avait pour but de favoriser la prospérité par le biais de l’intégration économique et du libre marché, d’éradiquer la pauvreté et de garantir le développement durable en protégeant l’environnement. Dans les faits, les 34 chefs d’États des Amériques s’engageaient à créer la Zone de Libre-Échange des Amériques (ZLÉA), dont les négociations devaient se conclurent en 2005.

Deux autres Sommets des Amériques suivirent (en avril 1998, à Santiago au Chili et en avril 2001, à Québec) pour donner forme à un processus épris de néo-libéralisme dont l’objet principal des réflexions était l’amélioration des conditions de vie des peuples des Amériques. Ironiquement, et bien que des représentants de la société civile furent autorisés à intervenir dans les négociations, les populations visées ne furent guère sollicitées mais devaient au contraire subir les décisions prises en leur nom par des dirigeants et ministres (notamment du commerce) qui ignorent totalement les véritables conditions de vie de ceux qui les ont élus démocratiquement.

Sous prétexte d’élaborer des stratégies concernant les politiques sociales, l’éducation, le développement et la consolidation de la démocratie, le respect des droits humains, les différents chefs d’États du continent américain se dissimulent derrière les Sommets des Amériques pour construire un ambitieux projet d’intégration économique entre les pays dits développés et ceux en développement, projet dans lequel, évidemment, les Etats-Unis d’Amérique ont tout à gagner. En réalité, le « renforcement de la démocratie dans les Amériques » passe essentiellement par l’expansion économique des É-U.

En janvier 2004, à Monterrey au Mexique, eut lieu un Sommet extraordinaire pour faire le point sur la Zone de Libre-Échange des Amériques. Il n’était aucunement question d’en faire un bilan social et humain pour remédier aux nombreuses difficultés que créait la ZLÉA, mais plutôt de considérer les acquis économiques et de réfléchir sur des moyens non encore utilisés pour promouvoir la croissance économique. En effet, on y a beaucoup parlé de politiques macro-économiques, de politiques fiscales, de la dette ou encore de la manière d’assurer une plus grande et fructueuse compétitivité dans la zone. La ZLÉA était considérée comme le remède miracle pour venir à bout du fléau de la pauvreté et pour renforcer la démocratie.

ZLÉA ET ENJEUX DÉMOCRATIQUES

La Zone de Libre-Échange des Amériques concerne plus de 800 millions d’habitants. Ce projet vise à accroître la liberté de circulation des biens, des services et des investissements. Toutefois, l’idée même d’autoriser la libre circulation des personnes des pays en développement vers les pays riches des Amériques donnerait des cauchemars aux dirigeants du Nord. Le but de la ZLÉA est d’éliminer toute entrave au commerce et à l’investissement et cet accord doit être conforme aux règles prescrites par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Néanmoins, la conjoncture politique et économique actuelle de certains pays à l’intérieur de la zone a changé les donnes de ce projet d’intégration économique et l’ont rendu moribond. Pensons notamment à l’attitude chaque jour plus agressive de la politique commerciale de l’administration Bush, aux attentats terroristes du 11 septembre 2001, à l’arrivée au pouvoir du brésilien da Silva - farouchement opposé à la ZLÉA - ou encore à la détérioration de la situation économique de nombreux pays latino-américains. De nombreuses manifestations un peu partout dans le monde ont alors éclaté pour exprimer le refus populaire de la création de la zone de libre-échange et ont exercé de telles pressions sur les gouvernements que ces derniers ont préféré mettre de côté les négociations de ce projet controversé lors du Sommet extraordinaire de Monterrey.

La tendance politique de l’Amérique latine tend de plus en plus vers la gauche. Des pays comme le Brésil, le Chili, le Venezuela et l’Argentine ont établi un bilan négatif des politiques néo-libérales américaines qu’ils ont longtemps subies et ne cachent plus aujourd’hui leur opposition à la volonté d’hégémonie économique des politiques de l’administration Bush. Il est vrai qu’en 10 ans, le modèle libre-échangiste est parvenu à creuser plus que jamais le fossé entre riches et pauvres en Amérique latine et qu’il est même jugé « pervers » par le président Lula da Silva (la pauvreté touche 44% de la population latino-américaine, c’est-à-dire 222 millions de personnes). En Amérique latine, on résume les années 1980 comme étant une « décennie perdue » et les années 1990’ comme des « années de désespoir ».

La ZLÉA n’est plus, du moins dans sa forme originelle. Le processus de négociation de la ZLÉA est sur le point de se morceler en plusieurs accords bilatéraux et sous-régionaux. Ainsi, pour n’en citer que quelques uns, l’Union Européenne a négocié un accord de libre-échange avec le Mexique et le Chili, ce dernier travaillant également en collaboration avec le MERCOSUR, c’est-à-dire le Brésil. Le Canada lui-même, quelque peu relégué à l’arrière-plan étant donné sa position de moins en moins crédible sur le multilatéralisme, s’est vu offrir un accord de libre-échange avec le MERCOSUR. Il s’agit maintenant de savoir si ces accords « dualistes » seront davantage à l’écoute des attentes des populations concernées ou bien s’ils ne sont qu’une manière déguisée d’asseoir le pouvoir des gouvernants au détriment de leurs peuples.

[...]

http://www.alternatives.ca/article2185.html
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FleurOccitane
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MessageSujet: Re: Sommet des Amériques : ... crise des droits humains   Sommet des Amériques : ... crise des droits humains EmptyVen 4 Nov à 18:47

(suite)

Citation :

LE VESTON-CRAVATE ET L’UNIFORME KAKI

Les accords économiques signés entre les Etats-Unis et les États de l’Amérique du Sud servent bien le projet de globalisation. Mais lorsque certains pays n’offrent pas des conditions « favorables à l’investissement », on troque la mallette pour la mitraillette. Le Plan Colombie, une initiative de Washington, a été formalisé en 2000 par le gouvernement de Pastrana. Son but officiel est la lutte contre le narcotrafic, mais il ne sert en réalité qu’à camoufler l’implication américaine dans le conflit politique colombien. Près de 2,2 milliards de dollars ont été accordés par les Etats-Unis dans le cadre du Plan Colombie, plaçant la Colombie comme le 3e plus grand receveur d’aide financière des É.U. au monde, après Israël et l’Égypte. Ces dernières années, les actions des forces militaires et paramilitaires contre les communautés locales et les militants syndicaux se sont multipliées dans ce pays.

Venezuela, le coup d’État d’avril 2002 contre le président Hugo Chavez a été court-circuité par un mouvement populaire inattendu dans les rues. Le financement de l’opposition anti-chaviste par Washington est indéniable, plusieurs haut placés étasuniens ayant maintes fois exprimé leur désir de voir la chute du gouvernement démocratiquement élu et réélu du Venezuela.

DES ALTERNATIVES POUR LES AMÉRIQUES

La prise du pouvoir par des partis progressistes dans plusieurs pays d’Amérique du Sud a changé la donne de l’intégration continentale. En 2001, à Québec, les chefs d’États n’entendaient qu’un seul type de développement continental. Le modèle monétariste, du libre marché et des privatisations, devait mener automatiquement de la prospérité à une meilleure démocratie. Ce modèle, aux accents fortement néolibéraux, a été répudié par nombre de gouvernements, en plus d’avoir à se légitimer devant des crises sociales énormes causées son application, en Argentine en 2002 et en Bolivie en 2004-2005.

Plusieurs voies alternatives d’intégration régionale ont vu le jour. Les discours de Lula au Brésil, Krishner en Argentine et Chavez au Venezuela, envisagent des mesures étatiques actives afin de régler les problèmes de pauvreté et d’inégalité criante dont souffre le sous-continent. La tendance vers les privatisations et le laissez-faire est renversée. La relance du MERCOSUR, animée par le Brésil, vise à renforcer les liens entre les économies nationales du cône sud. De pair avec la Conférence sud-américaine des nations (CSAN), le MERCOSUR indique clairement le besoin des économies sud-américaines de se développer en-dehors des institutions contrôlées par les pays du Nord (OÉA, ZLÉA).

Finalement, l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA) a été lancé officiellement en avril 2005 par les gouvernements cubain et vénézuélien. Elle fait principalement la promotion de plusieurs accords de coopération signés entre les deux pays. Dans le cadre de ces accords, Cuba a envoyé des médecins et du personnel médical au Venezuela afin d’élaborer un système de santé de qualité dans les quartiers pauvres du pays, en échange de quoi le Venezuela accorde des ressources pétrolières à prix réduit à la Grande Île. En tout, 20 000 Cubains et Cubaines sont installés au Venezuela pour cette mission. Les deux pays ont invité d’autres pays à initier ce genre d’échange axé davantage sur l’humanisme que sur le mercantilisme.

SOMMET DES PEUPLES

Le Sommet des peuples est une réponse citoyenne au Sommet des Amériques et représente la lutte populaire face à la domination néo-libérale. Les mouvements populaires qui ont éclaté depuis le début des négociations sur le ZLÉA sont parvenus à mettre en veilleuse le grand projet d’intégration économique que les Etats-Unis d’Amérique cherchaient à faire adopter. La révolte citoyenne face à la plus grande puissance mondiale a également favorisé l’arrivée au pouvoir de dirigeants socialistes en Amérique latine qui forment aujourd’hui une coalition contre des programmes aux relents de re-colonisation et de paternalisme désuet.

Le IIIe Sommet des peuples se tiendra du 1er au 5 novembre à Mar del Plata et rassemblera différents représentants d’organisations sociales et populaires qui s’opposent à la politique néo-libérale incluse dans le programme de libre échange tel qu’il est présenté par les 34 chefs d’État du continent américain. Le Sommet des peuples se veut une tribune démocratique favorisant un vrai débat dans le but de promouvoir l’émergence de stratégies économiques justes et équitables pour éradiquer la pauvreté et favoriser la démocratie.

Quatre principaux thèmes seront abordés :

1/ la promotion de l’intégration des personnes,

2/ l’abandon de la dette (le remboursement ayant été maintes fois effectuée),

3/ le renforcement de la souveraineté et le droit à l’autodétermination et

4/ l’accroissement de l’emploi et la redistribution des richesses.

RÉFÉRENCES UTILES

www.ftaa-alca.org (site officiel de la ZLÉA)

www.sommetdespeuples.org

www.alternatives.ca

www.rqic.alternatives.ca (Réseau québécois sur l’intégration continentale)

www.ameriques.uqam.ca (Observatoire des Amériques)

www.acdi-cida.gc.ca (Agence canadienne de développement international)

www.cei.ulaval.ca (Centre d’études interaméricaines)

http://www.alternatives.ca/article2185.html
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FleurOccitane
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MessageSujet: Re: Sommet des Amériques : ... crise des droits humains   Sommet des Amériques : ... crise des droits humains EmptyVen 4 Nov à 19:00

Citation :

Réseau québécois sur l'intégration continentale (RQIC), jeudi, 27/10/2005 - 11:41

Clivage entre le Nord et le Sud : enjeux du prochain Sommet des Amériques, par Meissoon Azzaria, France Bernier et Normand Pépin du Réseau québécois sur l’intégration continentale


Le prochain Sommet des Amériques, qui aura lieu à Mar del Plata en Argentine, les 4 et 5 novembre prochains, semble quelque peu trancher avec le précédent Sommet qui s’est tenu à Québec en 2001. Les négociations pour la création d’une Zone de libre-échange dans les Amériques (ZLÉA) ne sera pas le principal sujet à l’ordre du jour contrairement au Sommet de Québec. Il semble de plus en plus évident que les chefs d’État ne s’entendent plus aussi aisément sur un modèle d’intégration continentale. Un clivage Nord-Sud risque de marquer ce IVe Sommet. D’un côté, les partisans du laisser-faire et de la gouvernance démocratique minimale, dont les États-Unis sont le porte-étendard, mettent l’emphase sur le climat économique favorable qu’il faut créer pour que la croissance et la démocratie puissent se développer. Et de l’autre, les partisans d’une équation inverse, parmi lesquels on compte l’Argentine, le Brésil et le Venezuela, considèrent que les politiques néolibérales appliquées durant les années 1990 ont mené à de désastreuses pertes d’emploi. Pour eux, le non-respect des droits sociaux de base en Amérique latine provoque des crises de gouvernance et entraîne des coûts institutionnels, économiques et en vies humaines énormes.

Depuis Québec 2001, le contexte politique des Amériques s’est passablement modifié. Plusieurs changements politiques sont survenus, notamment l’arrivée au pouvoir du Parti des travailleurs de Lula da Silva au Brésil. De plus, les mobilisations contre la ZLÉA ont occupé l’avant-scène dans plusieurs pays, que ce soit en Équateur, au Brésil, et ailleurs dans les Amériques. Enfin, la volonté des pays du Sud de développer des projets d'intégration régionale et de renforcement de leurs solidarités s’affirme plus clairement. La récente initiative du gouvernement du Venezuela appelée Initiative bolivarienne, projet alternatif d’intégration à la ZLÉA pour contrer l’hégémonisme du Nord, plus précisément des États-Unis, en est un exemple probant.

Il ne faut donc pas s’étonner que le thème retenu pour ce Sommet « Créer des emplois pour combattre la pauvreté et renforcer la gouvernance démocratique » témoigne davantage des préoccupations des pays du Sud. Mais ces derniers réussiront-ils à imposer leur ordre du jour?

Pour leur part, les gouvernements des États-Unis et du Canada veulent que la reprise des négociations de la Zone de libre-échange soit inscrite dans le plan de travail qui sera adopté à Mar del Plata. Faut-il s’en étonner quand nos dirigeants politiques, les milieux de la finance et de la grande entreprise, Thomas d’Aquino en tête, ne cessent de clamer que la prospérité économique passe par le libre-échange. En témoigne d’ailleurs la signature, hors de tout débat public, du Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité (PSP) entre le premier ministre du Canada, les présidents des États-Unis et du Mexique, le 23 mars dernier au Texas. Cette négociation d’un ALÉNA-plus se fait alors qu’un bilan social exhaustif de l’ALÉNA, qui a causé beaucoup de tort aux trois sociétés, n’est pas encore entrepris, malgré les demandes répétées de la société civile et des parlementaires en ce sens.

Il est assez inquiétant de voir encore une fois le gouvernement canadien engager l’avenir du pays et tronquer les intérêts du peuple canadien pour les intérêts des grandes entreprises sans même que les parlementaires puissent en débattre, et tout en poursuivant des consultations plus formelles que réelles auprès de la société civile.

Rappelons que, comme à Québec en 2001, le IVe Sommet des chefs d’État se tiendra derrière des portes closes, avec périmètre de sécurité compris. Pendant ce temps, se tiendra en parallèle et hors des murs du Sommet officiel, un 3e Sommet des peuples.

Rappelons que le 2e Sommet des peuples, tenu lui aussi en parallèle à Québec, avait permis une mobilisation importante de la société civile. Plus de 50 000 personnes ont marché dans les rues de Québec contre le projet de la ZLÉA. Le message était donc lancé aux chefs d’État qui continuaient de prétendre que l’ouverture commerciale était le meilleur, sinon le seul moyen d’assurer la croissance économique : les traités de libre-échange ne constituent pas des questions commerciales purement et simplement réservées à des négociateurs patentés.

En ce sens, les mouvements sociaux des Amériques, qui seront présents au 3e Sommet des peuples à Mar del Plata dans quelques jours, rappelleront aux chefs d’État leurs propositions d’alternatives. Celles-ci incluent la formulation de nouveaux types de rapport entre les pays, basés sur la souveraineté nationale, la consolidation du marché intérieur et le respect des engagements en matière de droits humains, droits du travail, droits des femmes et droit de l’environnement. Les droits humains ne sont pas secondaires, ils constituent plutôt le cadre légal de tout traité international et leur respect doit avoir préséance dans tout accord commercial.

Farfelus ou idéalistes, direz-vous. Pourtant, l’essentiel de ces revendications sont contenues dans les Objectifs du Millénaire pour le développement adoptés en 2000 par l’ensemble des pays membres de l’ONU et étaient portées par ceux et celles qui en septembre dernier ont mené le projet de réforme des institutions de l’ONU, dont le secrétaire général Kofi Annan lui-même.

www.rqic.alternatives.ca

Soumis par Anonyme

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FleurOccitane
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MessageSujet: Re: Sommet des Amériques : ... crise des droits humains   Sommet des Amériques : ... crise des droits humains EmptyLun 7 Nov à 19:48

Citation :

Déclaration finale du IIIe Sommet des peuples de l’Amérique
dimanche le 6 novembre 2005,
par : Michel LAMBERT


Nous, déléguées et délégués d’organisations sociales de toutes les régions du continent, du Canada à la Patagonie, travailleurs et travailleuses, paysans, autochtones, jeunes et vieux, de toutes les races, femmes et hommes de dignité, nous sommes donné rendez-vous ici, à Mar del Plata, Argentine, pour faire entendre la voix de tous les peuples de notre Amérique, exclue par les puissants.

Comme ce fut le cas précédemment au Chili et au Québec, nous nous trouvons à nouveau face au Sommet des Amériques qui réunit les chefs d’État du continent, à l’exclusion de Cuba, parce que même si les discours officiels continuent de lancer de beaux mots sur la démocratie et la lutte contre la pauvreté, les peuples continuent d’être exclus de la prise de décisions sur nos destinées. De plus, nous nous rencontrons ici, au sein du IIIe Sommet des peuples, pour consolider notre résistance face aux calammités orquestrées par l’empire du Nord et poursuivre la construction d’alternatives. Jour après jour nous démontrons qu’il est possible de changer le cours de l’histoire et nous nous engageons à avancer plus loin dans cette direction.

En 2001, lors du sommet officiel de Québec, alors qu’encore l’absolue majorité des gouvernements s’inclinaient aveuglément devant l’orthodoxie néo-libérale et les diktats de Washington, avec l’honorable exception du Venezuela, les États-Unis ont réussi à ce que soit fixée au 1er janvier 2005 l’échéance ultime d’entrée en vigueur de son nouveau projet de domination intitulé Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) et que le Quatrième Sommet des Amériques viendrait sceller en Argentine les négociations de ce projet pervers. Mais c’est sans ZLÉA que nous avons franchi l’année 2005 et le sommet officiel d’Argentine se réalise finalement avec la paralysie des négociations sur la ZLÉA. Aujourd’hui nous sommes aussi ici pour célébrer cette impasse !

Cependant, force est de constater que les États-Unis poursuivent sans relâche leur stratégie d’imposer leur hégémonie sur le continent par l’entremise de traités de libre-échange bilatéraux ou régionaux, comme le démontrent l’approbation par quelques voix de l’accord avec l’Amérique centrale, ou encore le traité qu’ils tentent actuellement d’imposer aux pays andins. De plus, Washington a entrepris récemment de développer le Partenariat pour la Sécurité et la Prospérité de l’Amérique du Nord (PSP). Malgré l’évidence incontestable des conséquences désastreuses de l’application durant plus de dix ans de l’ALÉNA, ce projet d’intégration en profondeur (ALÉNA plus) prétend imposer la politique de « sécurité » des États-Unis à toute la région.

Le gouvernement des États-Unis ne se contente toutefois pas d’avancer ses pièces sur l’échiquier de son projet de domination du continent. Il persiste à les insérer dans un cadre hégémonique unique et n’a pas renoncé au projet de ZLÉA. Aussi, aux côtés de gouvernements qui lui sont inconditionnels, il vient à Mar del Plata avec la prétension de ressusciter le cadavre de la ZLÉA alors que nos populations ont clairement exprimé le rejet d’une telle intégration subordonnée aux États-Unis.

Si sa stratégie en faveur des grandes firmes nord-américaines s’est accompagnée d’une militarisation exponentielle du continent et de l’implantation de bases militaires étatsuniennes, le génocide George W. Bush maintenant arrive au sommet de Mar del Plata avec la prétension d’élever à un niveau d’engagement continental sa politique de sécurité au nom de la lutte au terrorisme, alors que la meilleure façon de l’éliminer serait de renverser sa politique interventionniste et colonialiste.

La déclaration officielle qui a été soumise aux discussions des gouvernements révèle la menace réelle d’une possible adoption des pires intentions des États-Unis, même si elles arrivaient à être nuancées. Cette déclaration regorge de mots vides et de propositions démagogiques pour combattre la pauvreté et générer du travail décent. Les offres qui sont lancées perpétuent un modèle qui a fait de notre continent l’un des plus misérables et injustes, avec une distribution de la richesse la pire au monde.

Il s’agit d’un modèle qui bénéficie à une minorité, qui détériore les conditions de travail, qui approfondit la migration, la destruction des communautés autochtones, la détérioriation de l’environnement, la privatisation de la sécurité sociale et de l’éducation, l’application de normes qui protègent les intérêts des grandes entreprises au dépens des droits des citoyens, comme c’est le cas dans le domaine de la propriété intellectuelle.

Au-delà de la ZLÉA, on persiste à aller de l’avant avec la Ronde de Doha afin d’attribuer plus de pouvoirs à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et imposer aux pays les moins développés des règles économiques inéquitables qui donnent préséance à l’agenda des grandes corporations. On continue de favoriser le saccage de nos biens naturels, de nos ressources énergétiques ; on privatise la distribution et commercialisation de l’eau potable ; on stimule l’appropriation et la privatisation de nos réserves aquifères et hydrographiques, en convertissant le droit humain d’un accès à l’eau en une marchandise d’intérêt pour les transnationales.

Pour imposer ces politiques, l’empire et ses complices comptent sur le chantage que permet la dette extérieure, laquelle empêche le développement de nos peuples, violant tous nos droits humains. La déclaration des Présidents n’offre aucune avenue alternative concrète, comme le seraient l’annulation et le non paiement de la dette illégitime, la restitution de ce qui a été encaissé de trop, et le remboursement des dettes historiques, sociales et écologiques à l’endroit des peuples de notre Amérique.

Nous, les délégué-e-s des divers peuples de l’Amérique, sommes venus ici non seulement pour dénoncer mais aussi pour démontrer que nous résistons aux politiques de l’empire et ses alliés. Nous construisons des alternatives populaires, fort de la solidarité et l’unité de nos peuples ; nous construisons un tissu social de bas en haut, à partir de l’autonomie et la diversité de nos mouvements, afin d’atteindre une société d’inclusion, juste et digne.

D’une seule voix, réunis au sein du IIIe Sommet des peuples de l’Amérique, nous déclarons :

1) Les négociations visant la création d’une Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) doivent être SUSPENDUES IMMÉDIATEMENT ET DÉFINITIVEMENT, ainsi que tout traité de libre-échange bilatéral ou régional. Nous endossons la résistance des peuples andins et du Costa Rica contre le Traité de Libre-Échange, celle des peuples des Caraïbes pour que les EPAs (Economic Partnership Agreement) ne signifient pas une nouvelle ère de colonialisme déguisé, ainsi que la lutte des peuples d’Amérique du Nord, du Chili et d’Amérique centrale pour renverser les accords de cette nature qui les oppriment.

2) Tout accord entre les nations doit être fondé sur les principes du respect des droits humains, la dimension sociale, le respect de la souveraineté, la complémentariété, la coopération, la solidarité, la prise en compte des assymétries économiques afin de favoriser les pays moins développés.

3) Nous nous engageons à favoriser et mettre de l’avant des processus alternatifs d’intégration régionale, comme peut l’être l’Alternative bolivarienne des Amériques (ALBA).

4) Nous assumons les conclusions et actions issues des forums, ateliers et rencontres qui se sont tenues pendant le Sommet et nous nous engageons à continuer de consolider notre processus de construction d’alternatives.

5) Il est incontournable d’annuler la dette extérieure illégitime, injuste et impayable du Sud, de façon immédiate et sans condition. Nous nous assumons comme créditeurs et exigeons le paiement de la dette sociale, écologique et historique envers nos peuples.

6) Nous assumons la lutte de nos peuples pour la répartition équitable de la richesse, avec travail digne et justice sociale, en vue de l’élimination de la pauvreté, le chômage et l’exclusion sociale.

7) Nous endossons la promotion d’une diversification de la production, la protection des semences originaires que nous considérons patrimoine des peuples au service de l’humanité, la souveraineté alimentaire des peuples, l’agriculture durable et une réforme agraire intégrale.

Cool Nous rejetons de façon énergique la militarisation du continent dont l’empire du Nord fait la promotion. Nous dénonçons la doctrine de la supposée coopération pour la sécurité hémisphérique que nous considérons comme un mécanisme de répression des luttes populaires. Nous rejetons la présence de troupes des États-Unis sur notre continent, nous ne voulons ni bases ni enclaves militaires. Nous condamnons le terrorisme mondial d’État de l’Administration Bush, qui prétend mettre à sang la rebellion légitime de nos peuples. Nous nous engageons à défendre notre souveraineté dans la région de la Triple Frontière, coeur des ressources aquifères guaraní. En ce sens, nous exigeons le retrait des troupes étatsuniennes de la République du Paraguay.

9) Nous condamnons l’immoralité du gouvernement des États-Unis qui, pendant qu’il parle de combattre le terrorisme, protège le terroriste Posada Carriles et détient en prison cinq militants patriotes cubains. Nous exigeons leur libération immédiate !

10) Nous répudions la présence de George W. Bush en ces dignes terres latino-américaines, principal promoteur de la guerre dans le monde et de la doctrine néo-libérale qui affecte même les intérêts de son propre peuple. D’ici nous transmettons un message de solidarité aux femmes et aux hommes étatsuniens qui, dans leur dignité, sentent de la honte à l’endroit de leur gouvernement que condamne l’humanité, et qui le résistent contre vents et marées.

Après Québec, nous avons construit une grande campagne et consultation populaire continentales contre la ZLÉA, y nous avons réussi à l’arrêter. Aujourd’hui, face aux prétensions de ressusciter les négociations de la ZLÉA et y ajouter les objectifs militaristes des États-Unis, au sein de ce IIIe Sommet des peuples des Amériques nous assumons l’engagement de redoubler notre résistance, de consolider notre unité dans la diversité, et de convoquer à une nouvelle mobilisation continentale, plus importante encore, pour enterrer la ZLÉA à jamais. Fort de cet effort, nous nous engageons à construire simultanément notre alternative d’une Amérique juste, libre et solidaire.

Mar del Plata, Argentine, ce vendredi, 4 novembre 2005

http://www.alternatives.ca/article2187.html
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FleurOccitane
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MessageSujet: L’ombre de la ZLEA sur un sommet présidentiel sans accord   Sommet des Amériques : ... crise des droits humains EmptyLun 14 Nov à 19:29

Citation :

L’ombre de la ZLEA sur un sommet présidentiel sans accord

jeudi le 10 novembre 2005,
par : Eduardo GUDYNAS

A l’occasion du Quatrième sommet des Amériques, qui s’est tenu les 4 et 5 novembre dernier à Mar del Plata, en Argentine, nous publions une analyse des propositions et conflits entre pays et blocs de pays américains. La presse internationale a fait ses unes sur les incidents qui ont eu lieu pendant l’une des marches de protestation, sur la popularité chez les protestataires du président Chavez et de l’ex-footballeur Diego Maradona et sur l’absence d’accord autour du document final. Mais les faits sont un peu plus compliqués, et il convient de faire quelques observations un peu plus rigoureuses sur ce qui a été une fois de plus au centre du débat : le libre-échange et le très controversé projet impulsé par les Etats-Unis : la Zone de libre-échange des Amériques.

La clôture du Quatrième sommet des Amériques fut chargée de suspens. Les heures passaient et les présidents n’arrivaient pas à un consensus pour une déclaration finale. L’écueil fut la proposition de remettre à l’ordre du jour les négociations de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA, ALCA en espagnol [1 ]) : le débat prit une telle intensité que les présidents eux-mêmes durent rajouter une session de travail en dehors de la programmation officielle. Les négociations se sont succédé dans l’après-midi du samedi 5 novembre, dans un climat étrange où les présidents quittaient un à un la ville [Mar del Plata, Argentine] tandis que leurs ministres devaient rester pour tenter de parvenir à un accord.

En milieu d’après-midi, il semblait que le Sommet se terminerait sans déclaration finale. Situation extrême que personne ne souhaitait. Quelques heures plus tard, un consensus fut atteint en décidant de faire clairement état des deux positions sur les questions commerciales. De manière inhabituelle, les sections générales typiques [de ce genre de documents] ont été maintenues, concernant le développement et le travail, mais pour ce qui est de la ZLEA, on reconnaît que certains pays sont décidés à l’obtenir, en proposant de relancer les négociations au premier semestre 2006, tandis que d’autres insistent pour dire que les conditions ne sont pas encore réunies pour parvenir à un accord commercial « équilibré et équitable ».

Ces deux positions se basent, d’un côté, sur l’initiative des Etats-Unis, du Canada, du Mexique, des pays d’Amérique centrale et des Caraïbes, de presque tous les pays andins (notamment la Colombie) et du Chili, de reprendre les négociations sur la ZLEA, tandis que s’y sont opposés les quatre membres du MERCOSUR [2 ] (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) et le Venezuela.

Malgré ces différences, tous les participants semblent être satisfaits sur un point au moins. Par exemple, pour le président Kirchner (Argentine), le MERCOSUR a montré « /qu’il était fort/ ». Pour Chávez (Venezuela), son pays et les autres membres du MERCOSUR ont été comme les « /cinq mousquetaires/ », et le résultat a été l’enterrement de la ZLEA. Même la délégation des Etats-Unis a qualifié le Sommet de succès, selon les dires du sous-secrétaire pour les Amériques, T. Shannon, qui a rajouté que si Chávez avait annoncé la mort de la ZLEA, en réalité cette idée avait ressuscité à Mar del Plata. La presse internationale a fait ses unes sur les incidents qui ont eu lieu pendant l’une des marches de manifestants à Mar del Plata, et sur l’absence d’accord autour du document final. Mais les faits sont un peu plus compliqués, et il convient de faire quelques observations un peu plus rigoureuses.

En premier lieu, au sens strict, à Mar del Plata, la ZLEA n’est pas morte, loin de là. La ZLEA en tant que telle n’a jamais existé, et l’objet des débats était de reprendre les négociations vers un futur traité hémisphérique. Ces négociations étaient au point mort depuis le sommet ministériel de Miami en 2003 [3 ].

Deuxièmement, il est important de ne pas occulter ni oublier que 27 pays latino-américains et caribéens souhaitent reprendre les négociations de la ZLEA (29 au total si l’on tient compte des Etats-Unis et du Canada). Cinq seulement s’y sont opposés. Il est clair que le groupe majoritaire souhaite plus d’accords de libre-échange. Les Etats-Unis ont le soutien du Canada et de beaucoup de nations latino-américaines, et ce soutien est tel que le texte soumis aux discussions n’a pas été présenté par Washington mais par le Panama. Il est certain aussi que dans l’autre groupe se trouvent des économies très importantes (Brésil, Argentine, Venezuela), ce qui équilibre le débat, et qui a été très fortement souligné par le président Kirchner.

La région continue à être divisée. La situation est particulièrement dramatique à l’intérieur de l’Amérique du Sud où des pays tels que la Colombie, le Pérou ou le Chili persistent à suivre le chemin des traités de libre-échange [4 ] (TLC en espagnol), et que par conséquent nous sommes loin d’arriver à une cohérence politique dans les accords MERCOSUR-CAN (Communauté andine des nations). Nos sommes encore plus loin encore d’actions concrètes qui permettent d’installer une « communauté sud-américaine ». Il serait de très bon ton que tous ces gouvernements, en particulier le chancelier brésilien Celso Amorim, réfléchissent à la réorientation de ces initiatives vers une voie qui véritablement renforce le lien politique, puisque les instruments expérimentés jusqu’à présent n’assurent pas d’unité dans les positions.

Troisièmement, il est important d’analyser les termes du débat. L’opposition du MERCOSUR n’est pas le fruit d’un désaccord sur l’instrument d’un accord de libre-échange. En réalité, ces gouvernements appuient les accords de libre-échange, mais ils attirent l’attention sur le fait que tandis qu’ils ouvrent leurs marchés à certains secteurs, ils ne bénéficient pas d’une ouverture réciproque du même type des Etats-Unis (et du Canada). Le MERCOSUR veut du « vrai » libre-échange, et par conséquent vise à démanteler le protectionnisme et les subsides agricoles. C’est une posture compréhensible, et il faut féliciter les gouvernements qui tentent d’inverser l’expérience d’accords commerciaux asymétriques où le Sud est toujours perdant. Cela dit, il nous faut comprendre que cette position est due non seulement à l’existence même du MERCOSUR, mais aussi au fait que les quatre pays (membres) sont de gros exportateurs de produits agro-alimentaires, et que c’est dans ce domaine qu’ils ont les plus gros avantages face aux Etats-Unis. Le MERCOSUR attendra la réunion de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Hong-Kong [5 ] pour savoir s’il y aura des avancées substantielles dans la suppression des subsides agricoles. On ne peut écarter non plus le fait que la position de ce bloc de pays soit en réalité une manière de faire pression sur Washington pour qu’elle modifie sa position face à l’OMC. Si cela se produit, il y aura certainement des changements de position de la part du MERCOSUR par rapport à la ZLEA.

Une fois rappelées ces circonstances, il ne faut pas oublier non plus qu’aucun des quatre gouvernements du MERCOSUR n’envisage un schéma d’intégration alternatif qui permette de promouvoir un autre type de développement. Kirchner critique durement le Fonds monétaire international (FMI), ce qui est très bien, mais il continue d’investir dans un modèle agro-exportateur de ressources naturelles, et essentiellement basées sur le soja. Ce style de développement et les relations commerciales qu’il implique n’est pas remis en cause. Lula non plus ne pense à un autre type de relations commerciales qui seraient ancrées dans un style de développement distinct, et il n’essaye même pas de réformer le système financier international.

Quatrièmement, les blocs régionaux latino-américains ont eu différents comportements à Mar del Plata. Le Marché commun centraméricain [6 ] a agi dans le cadre des accords de libre-échange avec les Etats-Unis (CAFTA-DR [7 ]), la CAN l’a fait dans l’espoir d’arriver à un accord similaire dans un futur proche. Par conséquent, dans la pratique, les deux blocs n’ont pas agi en tant que tel, mais ils sont restés cachés derrière les traités de libre-échange. Dans le cas du MERCOSUR, ce fut différent, puisque le bloc a de nouveau resserré ses rangs à Mar del Plata, malgré les discordes entre tous les membres (dont certains ont même été patents au Sommet, comme les allusions de Kirchner à son différend écologique avec [le président uruguayen] Tabaré Vazquez). Le MERCOSUR a toujours eu cette caractéristique typiquement latino-américaine de ressusciter dans les pires moments, et l’a démontré ici encore face à Bush et aux autres présidents. Malheureusement, il n’a suffi que de quelques heures et dès le lendemain Brasilia tout comme Buenos Aires sont revenues à leurs vices de ne comprendre le MERCOSUR que comme un bloc binational, écartant des discussions les associés mineurs [Paraguay et Uruguay].

Finalement, la critique idéologique du projet de la ZLEA nous vient d’Hugo Chavez du Venezuela. Dans ses longs discours apparaissent des insinuations et des aspirations à recourir à une autre voie, que l’on entrevoit dans le slogan de l’« ALBA », son initiative bolivarienne pour l’Amérique [8 ]. L’intention de changer de cap semble se trouver ici, mais il n’est encore pas possible d’interpréter la direction que prendra ce changement. Pour l’instant, l’ALBA est davantage de la rhétorique qu’un programme concret d’intégration. Ses défis majeurs se trouvent probablement non seulement dans la formulation de propositions applicables concrètes (par exemple : quelles seront les régulations douanières de l’ALBA ? Y aura-t-il une libre circulation des personnes ?), mais aussi dans la capacité à réagir face à des interpellations actuelles (par exemple, appuyer la démocratisation à Cuba). Bien sûr, nous apprécions tous les interventions de Chávez, et en particulier sa capacité à théâtraliser ces rencontres. Mon moment préféré lors de ce sommet a été pendant la plénière présidentielle, quand quelques chefs d’Etat insistaient pour reprendre les négociations de la ZLEA, et que Chávez a alors proposé de faire un référendum continental pour connaître l’opinion des peuples. Ce fut certainement une demande importante, mais nous avons encore besoin de bien plus que cela pour expérimenter une intégration alternative.

Dans ce contexte, la situation des organisations citoyennes n’est pas simple. D’un côté, elles doivent faire face aux discours récurrents de « l’unité » latino-américaine (ou sud-américaine), tandis que le désordre géopolitique continue (par exemple, la recrudescence des différends entre le Pérou et le Chili). Par ailleurs, il y a des tensions internes pour faire face aux pratiques politiques depuis la société civile, et le type de relations qu’elle établit avec la société politique. L’impact de la crise politique au Brésil, avec ses implications pour le Parti des travailleurs (PT) [9 ], et dès lors pour les syndicats et les ONG, est l’un des exemples les plus dramatiques des difficultés actuelles. Comme toujours, la dénonciation et la réaction face à des relations commerciales asymétriques et injustes sont un pas essentiel. Mais il est nécessaire de faire encore un pas supplémentaire, et d’explorer des mesures concrètes d’intégration alternative pour avoir une incidence réelle dans les débats politiques. Car ce débat ne dépasse pas pour l’instant le débat d’idées, et tandis que dans le conclave présidentiel on répète à merci les idées conventionnelles sur le libre-échange, la société civile doit profiter de l’occasion pour promouvoir un débat radicalement nouveau.

Cet article fut publié sur : http://risal.collectifs.net/article.php3 ?id_article=1520

NOTES :

[1 ] [NDLR] Lire Raul Zibechi, *L’intégration régionale après l’échec de la Zone de libre-échange des Amériques* , RISAL, mars 2005 et CETRI, *Origine, objectifs et effets de l’ALCA (Zone de Libre-Echange des Amériques)* , RISAL, août 2003.

[2 ] [NDLR] Le Mercosur, créé en 1991, est une zone régionale de coopération économique du cône Sud (marché du cône Sud) qui rassemble le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay, ainsi que d’autres nations ayant le statut de pays « associés ».

[3 ] [NDLR] Lire Mark Engler, *La déroute de l’ALCA dans une Miami en état de siège* , RISAL, 29 novembre 2003.

[4 ] [NDLR] Victor Quintana, *Traité de libre-échange andin : entre résistance et imposition* , RISAL, 7 novembre 2005.

[5 ] [NDLR] Du 13 au 18 décembre 2005.

[6 ] [NDLR] Le Marché commun centraméricain comprend le Guatemala, le Salvador, le Honduras et le Nicaragua. Il a été fondé par le Traité de Managua en 1960.

[7 ] [NDLR] Consultez le dossier « *l’Amérique centrale sous la coupe du libre-échange* » sur RISAL.

[8 ] [NDLR] Marcelo Colussi, *L’ALBA : une alternative réelle pour l’Amérique latine* , RISAL, 17 mai 2005.

[9 ] [NDLR] Consultez le dossier « *Brésil : corruption et crise politique* » sur RISAL.

http://www.alternatives.ca/article2211.html
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